À Strasbourg, entre 500 et 650 salariés des hôpitaux, selon les syndicats et la police, ont
battu le pavé par un froid glacial, quasiment autant qu'à Orléans (500 selon les
organisateurs).
Ils étaient environ 250 à Rennes au slogan de "Ni amendable, ni négociable, retrait de la loi
Touraine", 1100 à Nantes, selon la police. Ils étaient quelques centaines à Marseille, 450 à
Montpellier, selon la préfecture, 350 à Tarbes, environ 200 à Lille, Besançon et Bourges, 300
à Nice et Nancy, ou encore 1 300 à Lyon selon la police (2 000 selon les organisateurs).
Vers une grève générale ? L'intersyndicale, reçue par la Direction générale de l'offre de
soins (DGOS), ne s'est vu proposer «qu'un groupe de travail sur la qualité de vie au travail»,
a regretté Denis Basset (FO). Elle se réunira mercredi pour envisager de nouvelles
mobilisations, comme une «grève générale et une manifestation nationale à Paris», selon lui.
«Il n'y a plus de place pour le patient»
À l'appel des fédérations FO-CGT-Sud-CFTC de la fonction publique hospitalière et d'une
vingtaine d'organisations, infirmières salariées, libérales ou étudiantes, infirmiers, mais aussi
aides-soignants, agents administratifs et autres personnels hospitaliers étaient appelés à
observer cette journée de grève. Plusieurs rassemblements étaient prévus, outre celui de
Paris : à Nantes, à Marseille, à Toulouse, à Lyon, à Bordeaux...À Reims, les infirmiers et
infirmières du bloc opératoire du CHU ont mis en place un barrage filtrant et distribuent des
tracts.
«On n'est pas dans une entreprise qui fabrique des boulons, on est sur de l'humain. Or, les
agents n'ont plus le temps de discuter avec les malades, alors que cela pourrait leur
permettre d'aller mieux et de contribuer à leur guérison. Il n'y a plus de place pour le
patient», déplore Chantal Berthélémy, infirmière à l'hôpital d'Epernay (Marne). «Parfois il
nous faudrait quatre jambes et quatre bras pour tout faire», poursuit cette gréviste, pour qui
«tout cela s'est accentué au regard des objectifs financiers des hôpitaux qui doivent être
rentables».
Des suicides qui interpellent
«L'absentéisme monte parce qu'on a épuisé les équipes, on rappelle les personnels sur leur
temps de repos, les départs en retraite ne sont pas remplacés», dénonce la présidente de la
Coordination nationale infirmière (CNI) Nathalie Depoire. «Quand les infirmiers qui soignent
les gens commencent à se suicider, il faut vraiment se poser des questions», renchérit Lila,
infirmière anesthésiste de 52 ans, en référence aux suicides de plusieurs soignants, dont au
moins cinq infirmiers cet été.
Dans ce contexte, l'intersyndicale réclame l'«abandon» du plan d'économies de «3,5
milliards d'euros» sur trois ans d'ici à 2017, «l'arrêt des fermetures de lits» ou encore
l'«abrogation de la loi santé» et de ses groupements hospitaliers de territoire (GHT), qui font
craindre des restructurations. De leur côté, les 17 organisations infirmières souhaitent mettre
en avant leur profession, exercée par plus de 600 000 personnes et pourtant «méprisée» par
les pouvoirs publics, selon le collectif. Valorisation des salaires en adéquation avec les
compétences ou la pénibilité du travail, inclusion des infirmières dans les discussions sur le
système de santé ou encore meilleurs droits sociaux pour les étudiants font partie des
doléances. Avec «1,2 million de personnes âgées et malades chroniques» à leur charge, les
infirmiers libéraux ont une place «légitime» dans l'organisation des soins, souligne Philippe
Tisserand, de la Fédération nationale des infirmiers (FNI).