Stress et conflits Stress, anglicisme, pour tension et contrainte, avec risque de cassure. Issu du latin stringere, serrer, qui en français a donné étreinte et détresse. Une personne se dit stressée lorsque subjectivement elle se sent sous pression ; quand ce qu’on exige d’elle — ou ce qu’elle exige d’elle-même — est perçu comme n’étant plus possible. Les signes du stress peuvent être similaires à ceux rencontrés dans les états d’anxiété et de dépression. Un sentiment de surmenage et d’impuissance s’associe à de l’appréhension, de l’inquiétude, des ruminations et une perte de maîtrise de soi. La personne éprouve un mal-être mental qui se complète peu à peu par des troubles physiques : difficultés de sommeil, instabilité du rythme cardiaque et respiratoire, tremblements musculaires, mal au bas du dos… Le burn out, ou épuisement, apparaît quand, au cours d’un état de stress prolongé, la personne atteint le bout de ses réserves d’énergie, que toutes ses batteries sont épuisées. On évoque parfois le terme de break down, si le patient se sent cassé, est anéanti, qu’il ne parvient plus à faire quoi que ce soit dans aucun domaine et qu’apparaît une forme de dépression grave, avec des idées suicidaires. Les professionnels de santé parlent de décompensation psychique pour mettre l’accent sur l’incapacité du patient de mettre en œuvre ses réserves de mécanismes d’adaptation. Toute situation éprouvée comme une tension n’est pas synonyme de stress. Si la personne est motivée, une surcharge temporaire de travail, même intense et épuisante, se déroulera avec volonté et dynamisme. Il suffira généralement d’une période de repos pour que la fatigue de l’effort soutenu s’envole. Certaines personnes motivées parviennent à assumer une activité lourde et sous pression car elles adhèrent aux valeurs véhiculées dans ce travail — par exemple des valeurs matérialistes ou idéalistes, artistiques, politiques, sociales et humanitaires. Cette valeur partagée constitue une protection efficace contre les effets néfastes de la pression. Le stress s’installe donc quand on se sent contraint d’évoluer au-delà de ses capacités et en désaccord avec sa vision personnelle des choses — en contradiction avec ses valeurs intimes. Dans un couple, par exemple, il y a du stress quand une acceptation réciproque des aspirations de l’autre ne se met pas en place. Dans une famille, les adolescents peuvent être stressés quand, systématiquement, les parents ne se montrent pas capables de répondre aux besoins d’autonomie de leurs enfants et qu’ils font preuve de trop de directivité ; ou au contraire, s’ils se révèlent incapables de donner de l’aide, de l’encadrement et de la protection. Dans les métiers à vocation humaniste, de la santé, de l’enseignement, de l’action sociale, apparaissent des processus de stress si les exigences administratives qui semblent parfois absurdes se multiplient et si des récriminations incessantes et agressives, voire violentes, de la part des usagers détériorent le travail et l’ambiance sur le terrain. C’est dans le registre du relationnel, qui est incontournable dans la plupart des activités humaines, que le risque de stress est réel. De multiples conflits s’enlisent si une compréhension adéquate des situations de stress n’est pas recherchée. Il faut tenir compte de ce que subissent les personnes mais aussi de ce qu’individuellement, elles sont à même de réaliser, en raison de leur personnalité. Une personne pathologiquement méfiante et méticuleuse sera en permanence stressée par des travaux que d’autres accompliraient de manière décontractée. De même, tout ce qui ressemblera à de l’autorité pourra être source de stress chez une personne manquant d’estime de soi. Ces éventuels traits de caractère pathologiques doivent être identifiés chez les patients stressés. In : L’ami Psy, écouter, comprendre et soigner la souffrance psychique. Isy Pelc, Editions Psymédic, Bruxelles 2009.