PARLEMENT EUROPÉEN
DIRECTION GÉNÉRALE DES ÉTUDES
Division des affaires internationales et constitutionnelles
PN/IV/WIP/2003/01/0143 + 0144
PN/ip/ir
Luxembourg, le 27 juin 2003
NOTE D'INFORMATION
SUR LA SITUATION POLITIQUE ET ÉCONOMIQUE
DU TADJIKISTAN ET SES RELATIONS
AVEC L'UNION EUROPÉENNE
Cette note a été préparée à l'attention des membres du Parlement européen. Les avis qui y sont
exprimés sont de l'auteur et ne reflètent pas nécessairement la position du Parlement européen.
Sources: European Commission
Economist Intelligence Unit (EIU)
Eurostat
Oxford Analytica
Reuters
World Markets Country Analysis
2
SOMMAIRE
Pages
NOTE DE SYNTHÈSE ................................................................................................................. 3
I. SITUATION POLITIQUE ........................................................................................................ 5
II. SITUATION ECONOMIQUE ................................................................................................ 12
III. RELATIONS ENTRE LE TADIJKISTAN ET L'UNION EUROPÉENNE ......................... 15
ANNEXES
Pour des informations complémentaires, veuillez contacter M. Pedro Neves, Parlement
européen, DG IV, Luxembourg, Division des affaires internationales et constitutionnelles,
Tél.: 4300 22548 / Fax: 4300 27724, e-mail: [email protected]
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NOTE DE SYNTHÈSE
Le Tadjikistan fait partie des États composant la région de l'Asie centrale. Il a constamment subi
les pressions de ses puissants voisins russes et chinois. Il fut conquis par la Russie tsariste à la
fin du XIXème siècle. En 1929, le pays est devenu une des républiques de l'URSS et il a obtenu
son indépendance le 9 septembre 1991. La désintégration du système d'économie planifiée, à
laquelle le pays n'était pas préparé, entraîna une grave crise économique et sociale. La guerre
civile de 1992 à 1997, qui fut la résultante de conflits entre différents groupes politiques
souhaitant accéder au pouvoir, a contribué à aggraver la situation. Le 27 juin 1997, "l'accord
général sur l'établissement de la paix au Tadjikistan" fut signé à Moscou par le président Imomali
Rakhmonov et Said Abdulla Nuri pour l'Union de l'Opposition Tadjike. L'accord prévoit un
processus du reconciliation nationale. Dans ce cadre, les postes gouvernementaux auraient
être partagés par les deux parties. Toutefois, Le président Rakhmonov s'est octroyé l'essentiel des
instruments du pouvoir. L'élection présidentielle et les élections législatives, qui n'ont pas été
reconnues par l'OSCE, ont vu la victoire du président et de sa formation, le parti démocratique
du peuple (PDP), selon des scores dignes de l'époque soviétique (97% des suffrages à la
présidentielle en novembre 1999 et 65% des voix pour le PDP aux législatives de 2000). Suite au
référendum de juin 2003 qui a obtenu, selon la commission électorale Tadjike, plus de 93% de
voix favorables, le président Rakhmonov pourra rester probablement au pouvoir jusqu'en 2013
voire plus. En ce qui concerne sa politique extérieure, le Tadjikistan s'efforce de résoudre les
contentieux avec ses voisins ouzbeks (question de la minorité ouzbèke), kirghizes (problèmes de
frontières) et afghans (trafique de drogue). Ainsi, il est devenu le meilleur allié de Moscou en
Asie centrale et la sécurité de l'État tadjik dépend largement des Russes. En conséquence, la
coopération militaire entre les deux pays est renforcée, surtout au nom de la lutte contre l'ennemi
commun: Le terrorisme. Les relations americano-tradjikes sont cordiales car Douchanbé a
annoncé en fin septembre 2001 (avant le chute des talibans) qu'elle mettait son aéroport à
disposition des forces américaines. Cependant, vu les étroites relations militaires russo-tadjikes,
le coopération militaire avec Washington n'a pas encore connu un grand essor.
L'économie du Tadjikistan a été gravement affectée par la guerre civile. Une économie de
pénurie a remplacé l'économie soviétique. Suite aux Accords de paix (1997), le gouvernement
tadjik a commencé à procéder timidement aux nécessaires réformes structurelles. Ce processus
n'est pas encore terminé, mais il commence à porter ses fruits car le pays a enregistré une
croissance proche de 10% du PIB en 2001 qui malheureusement, selon des observateurs, devrait
fléchir en 2002/2003. Néanmoins, la Banque mondiale estime que le chômage concerne
actuellement entre 30% et 40% de la population active et qu'il atteindrait 60% des jeunes. Il
semble que 80% de la population soit en dessous le seuil de pauvreté. La moyenne des salaires
actuels est de dix dollars par mois. Selon, l'EIU
1
, le PIB par habitant ne dépassait pas 175 dollars
en 2002. Le pays est ainsi l'un des trois pays les plus pauvres du monde en dehors du continent
africain.
Les relations entre le Tadjikistan et l'Union européenne ont été longtemps limitées par
l'instabilité politique frappant le Tadjikistan. De fait, ces relations se limitent quasiment à l'aide
humanitaire et financière de l'UE. En mars 2000, le Conseil a décidé d'étendre au Tadjikistan
l'assistance financière exceptionnelle déjà accordée à l'Arménie et à la Géorgie. En outre,
1
Economist International Unit.
4
Douchanbé perçoit l'aide humanitaire de l'UE par le biais de l'ECHO. Ainsi, depuis 1992, elle a
perçu 145 millions d'euros. Pour ce pays en grande difficulté, cette aide fut grandement
bénéfique. La Commission a approuvé, en avril 2003, l'octroi de 10 millions d'euros au
Tadjikistan pour couvrir pendant un an les besoins humanitaires essentiels de ce pays. Les fonds
prélevés sur le budget de l'ECHO sont destinés aux groupes les plus vulnérables de la population
(en particulier les personnes âgées, les enfants et les invalides). Quelques 80.000 personnes
recevront une aide alimentaire ou seront bénéficiaires de projets de sécurité alimentaire axés sur
les familles; 250.000 personnes bénéficieront d'un meilleur accès à l'eau potable et aux
équipements sanitaires, et des médicaments essentiels seront fournis aux dispensaires dans tout le
pays.
5
I. SITUATION POLITIQUE
1. Introduction
1.1. Géographie
Le Tadjikistan fait partie, avec le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Turkménistan et l'Ouzbékistan,
de l'Asie centrale. En termes de peuplement et de civilisation, l'Asie centrale, au sens large,
représente tout l'espace le monde turc des steppes est entré en contact avec les civilisations
persane, chinoise, et russe
1
.
Le pays est devenu indépendant le 9 septembre 1991. Doté d'une superficie de 144.000
kilomètres carrés (la moitié se situant à une altitude supérieure à 2000 mètres) et comptant
6,5 millions d'habitants (estimation de juillet 2001), le Tadjikistan est un pays relativement
modeste. Il est enclavé en Asie Centrale, et séparé du reste du monde par des chaînes
montagneuses et des étendues désertiques. Il possède des frontières communes avec
l'Afghanistan, la Chine, le Kirghizistan et l'Ouzbékistan. La population est majoritairement
composée de Tadjiks (65%), mais compte une forte minorité ouzbèke (25%). La minorité russe,
déclinante, ne représente plus que 3% de la population totale. La langue officielle est le tadjik,
quasiment identique au perse parlé en Iran. Le russe demeure très utilisé dans le monde politique
et des affaires. La capitale est Douchanbé, avec 600.000 habitants. 85% de la population est
musulmane (80% sunnites, 5% chiites).
Les lignes de divisions politiques sont d'ordre régionale et ethnique. Les quatre clans régionaux
principaux sont Leninabad au nord, la région de Kulyab dans le sud-est, le Gharm au centre et le
Badakhstan au sud-ouest. Leninabad est traditionnellement la région la plus riche, mais ses
factions ont perdu le pouvoir en 1992. Lors de la guerre civile, les membres du gouvernement
étaient majoritairement issus du Kulyab. Les éléments islamistes de l'Union de l'Opposition
Tadjik (UOT) ont leurs places fortes à l'est et au sud-est. Les divisions au sein de la population
sont accentuées par la forte minorité ouzbèke, qu'on retrouve surtout au nord.
1.2 Historique
Le Tadjikistan fut conquis par la Russie tsariste à la fin du XIXème siècle. En 1924, il devint
République autonome au sein de l'Ouzbékistan puis publique socialiste de l'URSS en 1929.
Malgré son indépendance retrouvée vis à vis de l'Ouzbékistan, les deux centres principaux de la
culture tadjike, Samarcande et Boukhara, restèrent aux mains ouzbèkes.
L'indépendance vis à vis de l'URSS fut acquise en 1991. La désintégration du système
d'économie planifiée, à laquelle le pays n'était pas préparé, entraîna une grave crise économique
et sociale. La guerre civile qui s'ensuivit, résultante de conflits entre différents groupes politiques
qui souhaitaient reprendre les rênes du pays, ne fit qu'aggraver la situation. Elle éclata en mai
1992, dura 5 ans et coûta la vie à environ 50.000 personnes. On estime à 600.000 le nombre de
1
Voir Annexe I.
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