Service de presse de Travail.Suisse – No 2 – 2 février 2009 – Congé paternité
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Mais ce questionnement ne doit pas pour autant devenir le gouvernail de la politique. La
politique ne se résume pas à gérer l’argent à disposition, mais bien plutôt à définir, selon
une vision et des valeurs, les buts que l’on veut atteindre ensemble.
La crise que nous connaissons actuellement fait prendre conscience que le capital ne peut
et ne doit pas être au centre des préoccupations. Hypnotisée par les gains sans précédents
obtenus par la mondialisation et la libre circulation des capitaux, notre classe politique
s’est concentrée sur des actions de dérégulation du système économique, sur
l’affaiblissement progressif de l’Etat et de ses moyens d’action. Le capitalisme débridé a
pris le dessus, celui-là même qui accorde de moins en moins de mesures sociales, sans
doute parce qu’il n’est plus nécessaire de contrer le communisme – le mur de Berlin n’est-
il pas tombé ? Inutile de chercher ailleurs : c’est bien cette vision à court terme qui nous a
mené dans les difficultés actuelles.
Le néo-libéralisme soutenu par la majorité des élu-e-s du Parlement depuis de nom-
breuses années s’est aussi diffusé au sein de la population. Les citoyen-ne-s raisonnent
d’abord comme des comptables, leurs choix sont guidés par l’économisme ambiant :
« Combien ça coûte ? Peut-on se le permettre ? ». Trop souvent, poser la question tient
lieu de réponse. Devant un choix de société majeur, le principe de « solidarité » a-t-il en-
core un sens pour notre classe politique et pour nos concitoyen-ne-s ? Le défendre est de-
venu « ringard ».
De « nouvelles » valeurs sont nécessaires
La crise a peut-être ceci de bon qu’elle force notre société à retrouver les valeurs qui per-
mettent à tous ses membres d’exister et de prospérer dans la paix. Notre société s’est dé-
tournée de l’élément principal qui fait sa richesse, le travail. Pas le travail comme simple
élément numéraire au bilan, mais le travail humanisé, valorisé parce que réalisé par un
être humain, le travail qui fait sens parce qu’il permet à tous et à toutes de vivre digne-
ment.
Le capital n’a plus la cote, tant mieux. Replaçons les êtres humains au centre de nos pré-
occupations. Faut-il de nouvelles valeurs pour cela ? Non, les valeurs défendues par Tra-
vail.Suisse sont connues, elles ont été débattues et adoptées lors de son congrès en dé-
cembre 2007. La qualité de vie est primordiale. Pour pouvoir l’atteindre, nous devons
entre autres conditions pouvoir planifier notre vie librement, nous devons pouvoir pren-
dre des décisions en toute conscience et responsabilité.
Travail.Suisse plaide pour que les travailleurs et travailleuses puissent concilier leur vie
professionnelle avec leur vie de famille. Une bonne compatibilité passe par le fait de per-
mettre aux pères de passer davantage de temps en famille et par le fait de permettre aux
femmes de devenir mères tout en exerçant une activité professionnelle. Offrir un congé de
paternité payé aux pères est une des mesures qui permettra à notre société, par un rac-
courci de perspectives, de replacer l’être humain au centre de ses préoccupations. Certes,