Lecture des deux ouvrages suivants :
o "Idées directrices pour une phénoménologie" (1913)
o "Méditations cartésiennes" (1920)
La phénoménologie est le fil conducteur des problématiques du 20 ème siècle : voir
pour cela Heidegger, l'existentialisme de Sartre, ou de Levinas.
C'est l'époque de la priorité des sciences exactes, la philosophie est reléguée à un rôle révolu,
subalterne, accompagnateur dans son énonce clarificateur de certaines thèses scientifiques : elle est la
servante des sciences.
D'où le courage et le mérite de la phénoménologie qui relance la problématique de nos connaissances,
c'est "ce que tout le monde attendait" depuis longtemps : une nouvelle manière de penser avec les droits
fondamentaux de la philosophie remis au goût du jour.
La lecture de Husserl est ardue et contestable, mais il y a un devoir actuel d'accompagner Husserl cent
ans plus tard, et de lui donner plus d'une chance dans l'acceptation de ses prises de position, quitte à
congédier notre esprit critique immédiat.
En effet, s'appliquer à l'exercice d'approfondissement de l'effort inouï de sauvegarde des droits
traditionnels philosophiques husserliens, c'est sauvegarder dans l'urgence ; le philosophe est le
"fonctionnaire de l'Humanité" pour reprendre Husserl, une fonction à la fois fondamentalement humble
et ferme.
Les "Idées directrices pour une phénoménologie" de 1913 sont une synthèse de résultats accumulés, et
des pistes directionnelles pour une suite réflexive.
Les "médiations cartésiennes de 1920 sont une nouvelle synthèse suite à des conférences parisiennes,
dont le point de départ fut le point de vue ouvert en premier par Descartes : la reprise du projet de
Descartes laisse entrevoir donc une similarité entre leurs deux tâches. Révolution scientifique, physique
et mathématique chez Descartes, main mise de la pensée idéologique scientifique du début 20 ° pour
Husserl, mais les "méditations cartésiennes" ne sont pas "le discours de la méthode" !.. En effet, en
1900, les trois branches scientifiques partant du tronc métaphysique cartésien se passent du tronc…!
Don quel rapport faut-il penser entre les connaissances philosophiques et la science ?
Le point de départ de la phénoménologie est l'effort philosophique devant désormais constituer à
prendre la science au sérieux, et à se demander quel effort de pensée fantastique il a fallu pour en arriver
là… D'où caractériser les objets de la science en cherchant quel sens ils peuvent avoir pour l'Homme. A
partir de la science va élargir notre expérience du monde : et ceci est une démarche intrinsèquement
philosophique ; la phénoménologie de Husserl se veut une philosophie du sens : une table rase de tous
préjugés accumulés. "Qu'est-ce qui nous permet de constituer un objet de la manière la plus large et la
plus libre de tous préjugés possibles ?
Enfin, le sens inclura universellement notre présence au monde : tous les ouvrages de Husserl sont une
programmatique sur le travail méticuleux et rigoureux que demandera la phénoménologie au cours de
ses recherches, ce n'est donc en rien une doctrine.
Exemple d'étude : L'expérience de l'intersubjectivité.
C'est le sens de l'expérience en tant que situation impliquant plus qu'un seul sujet. L'intersubjectivité
allait de soi chez Kant, comme chez Descartes ; Avec Husserl ce radicalisme est remis en question d'un
point de vue transcendantal, et c'est aussi une question ayant une portée considérable dans la situation
philosophique de l'époque. Husserl ici initie un rebondissement interne dans la phénoménologie : la
question du sens conduit à un univers de pensée absolument nouveau, et d'ailleurs sa phénoménologie
sera une démarche centrée sur la question de la subjectivité, notamment avec la théorie de la perception
de Husserl.
La tradition positiviste ignore tout le mode de connaissance subjectif qui se constitue dans un objet
porteur de connaissance. L'originalité de la perception tient au fait d'un regard dirigé en zig zag, un va et
vient entre le sujet vivant et le monde des apparences : double mouvement réciproque, se portant sur tout
objet : qu'il soit matériel, mathématique, idéologique… etc. C'est l'apprentissage d'un regard nouveau sur
des objets échappant à la classification hiérarchique grecque, une expérience ne privilégiant aucune
direction : ce que Husserl nomme "l'intuition eidétique" (du grec "essence"), commençant et finissant
par le regard. Donc aucun compte rendu par un monde suffisamment riche pour donner, assumer son
propre accomplissement.
La démarche est contemplative : épuisement des richesses du monde des apparences l'inverse du
doute des apparences chez Descartes), son sens et son contenu seront l'objet de la méthode de l'intuition
eidétique.
o Descartes prend tout objet et élimine ce qui est sujet au doute, à l'instabilité
: l'Esprit légifère.
o Husserl prend tout en compte, le sens du monde peut être clarifié. Rien
ne nous assure que tel objet sera éliminable grâce à un doute lui-même
instable.
La philosophie du regard s'oppose alors à la tradition philosophique ; elle n'est ni idéaliste, ni
rationaliste, n'a pas d'étiquette traditionnelle.
-Chapitre 2 / Section 20-
Chapitre polémique, qui se distingue des autres car il se préoccupe des autres philosophies entourant
Husserl qui souhaite une philosophie phénoménologique privilégiant tous les points de vue : une
démarche se penchant sur tout le champ de tous les champs du donné intuitif… "…Cela même qui est
antérieur à tout point de vue, tout le champ du donné intuitif…"
C'est à dire tout ce qu'on peut voir et saisir immédiatement. (cf. la Gaieté nietzschéenne des retrouvailles
avec un monde complet et donné par l'œil intuitif)
La phénoménologie est donc composée selon Husserl de vrais positivistes (donné saisi de façon
originaire), mais les positivistes en tant que tels refusent une telle définition du positivisme. Husserl
entend une "nudité riche" du donné immédiat tel qu'il se présente, il a d'emblée valeur de droit. Ce
regard antérieur à tout point de vue (toute théorie) ouvre vers une saisie originaire de l'expérience, la
phénoménologie cherche à sauver la Raison de son anéantissement en élargissant sa portée.
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Le regard phénoménologique introduit à tous les autres regards. C'est une philosophie transcendantale,
donc réfléchissant aux conditions nécessaires de la possibilité de l'expérience. Une méthode rigoureuse,
systématique : les intuitions eidétiques peuvent être traduites en langage quasi scientifique. C'est une
philosophie du vécu, de la facticité, du regard pluriel et multiplié.
La psychologie dirait que j’internalise en moi la totalité du monde, c’est une particularité humaine :
capacité à former des images, d’où l’explication causale du monde existant dans mon esprit. Cependant,
le rapport causal au monde ne peut être l’unique dans le potentiel phénoménologique. La mission
phénoménologique sera de baliser le champ de l’intuition donnée, pour y inclure tous les autres regards.
A ce titre, les "méditations cartésiennes " sont un peu une phénoménologie de la phénoménologie,
l’on étudie la genèse phénoménologique de l’apparition des intuitions eidétiques au sein de la
connaissance. La phénoménologie c’est donc un mouvement intime à beaucoup d’autres philosophies :
Hegel, Descartes, Freud, Marx (matérialité porteuse de sens), Nietzsche…
La description est la première consigne phénoménologique : sans discrimination, une explication, une
analyse psycho-descriptive.
La science du 17 ° siècle se libère de tout anthropomorphisme (où l’on projette sur le monde des
propriétés spécifiques à l’Homme), c’est un effort considérable d’apprendre le monde en allant vers un
point je ne suis pas (le soleil = centre de l’univers, voir révolution copernicienne) ; Les
mathématiques sont le moyen immatériel d’y parvenir ; il y eut une correction des données terrestres en
revenant à une pure élimination de ces données immédiates dans leur essence : le fait. Mais la science
parallèlement à son énorme contribution à la connaissance phénoménologique du monde est une perte
originaire de celui-ci. C’est un fossé que la science ne peut combler, par le fait même, volontaire, de sa
méthode : la vérité scientifique se gagne au prix de la perte de la connaissance véritable (perception), à
cause de cette position minimaliste qui ne la fait avancer qu’en tant que science (… une fuite en avant).
La phénoménologie reprend le sujet vivant : une vue qui est mienne. L’expérience immédiate n’est pas
aussi naïve que ce que le scientifique veut nous faire croire. Le jeune enfant même nous rapporte au
monde en un mélange de réception et d’explication primaire du monde. L’accès à toute réalité se fait
sans réflexion théorique explicite.
Que faire de ce matériau qui nous est donné ?
Pour comprendre celui-ci de manière phénoménologique, il faut se demander ce qui rattache toujours
l’expérience à une réalité effective : se distinguent ainsi trois concepts équivalents :
o L’Etre vrai
o L’Etre réel
o L’Etre dans le monde
L’intuition en essence est la source donatrice, commune par exemple à :
- l’expérience sensible du bleu
o la fréquence d’ondulation du bleu
o au bleu artistique.
Cette multitude d’explications très distinctes est le fruit d’un niveau antérieur, réservoir originaire de
toute expérience et théorie du monde. Et cependant elles sont assez profondes pour se rejoindre dans la
phénoménologie, méthode qui rendra compte de l’intuition donatrice, la chose se donne "en chair et
en os ".
Ainsi, la science ne supplante plus toutes nos autres connaissances dans leur mode d’intelligibilité. Pour
autant que nous la privilégiions, on peut poser la loi d’équivalence des trois concepts, on pour
exemple la science pose le bleu en valeur numérique d’une longueur d’onde, qui est la cause de cette
perception du bleu. Donc elle postule en parallèle que cette perception sensible du bleu est pure
contingence : la cause seule est importante, l’effet est méprisable.
La phénoménologie remet en cause l’évidence scientifique que le sujet est dans le monde : le sujet
phénoménologique est un réservoir d’intuitions actif, capable d’attribuer un sens à un Etre réel et un Etre
vrai. Tout le monde scientifique causal est remis en cause dans le sens large que veut donner Husserl au
champ de l’intuition. La genèse du sens est dans l’Intuition donatrice qui implique à la fois l’expérience
esthétique, l’expérience ordinaire, et la loi scientifique.
Le sujet donne un mouvement à l’objet, en l’animant de sens ; celui-ci n’a de sens que pour le sujet
vivant donc (d’où le problème de l’intersubjectivité).
On voit bien que la notion de sens est la notion clef du projet phénoménologique.
" L’intentionnalité " caractérise le sujet vivant (possible similarité avec les conditions de possibilité
kantiennes…), elle est le mouvement subjectif de constitution d’un objet de sens. EXE : le triangle n’a
d’existence que par ce qu’il fait sens, le mathématicien construit du sens au travers des objets
mathématiques.
Le projet de la phénoménologie se scinde en deux étapes :
1. La constitution du sens par le sujet vivant pour tout le champ de l’expérience ?
2. Au sein de chaque expérience, quelle constitution phénoménologique ?
Le sens y fait figure de notion ontologique de l’objet, et l’intentionnalité y est le rapport d’un sujet
vivant à un objet faisant sens.
Le sujet vivant est un MOI qui procède activement à la constitution du sens de l’objet, un MOI qui peut
(intentionnalité). Je dois, et j’en suis conscient. L’expérience vécue est un donné, donnant lieu à un
monde intégrant un verre, dans lequel je peux boire. Une unité traverse le réservoir de l’intuition par la
conscience de l’expérience première : je bois, je peux boire. Ce réservoir ne cesse de grandir avec le
champ de l’expérience (à l’inverse de la théorie scientifique de l’Etre qui naît avec une telle possibilité).
L’expérience constitutive de l’Etre fonde en même temps l’expérience constitutive du monde, c’est à
dire que l’expérience première n’est pas l’acte de boire, mais être conscient de l’acte de boire.
L’objet n’a de sens que dans la mesure où j’en fonde un le sens pour moi, donc l’existence d’un objet est
corrélative au sens. Le travail de constitution du sens va être beaucoup plus délicat dans la constitution
du sens d’autrui (cf. "intropathie " en psychologie : capacité à se représenter en un monde pour entrer
avec lui en sympathie avec ses émotions… etc.).
Il y a dons deux types de perception : - certaines sont originaires, comme le verre sensé me permettre de
boire.
o d’autres ne le sont pas, comme pour autrui.
La terminologie de Husserl est la suivante : 1) objet sous leur forme originaire : "présentation à moi "
2
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