Permanence des soins et sécurité
Le médecin de garde se trouve investi d’une mission d’utilité publique. Il lui
serait difficile, voire impossible, de mener à bien cette mission si sa sécurité
n’était pas assurée ; Il est donc nécessaire de mettre tout en œuvre pour que les
zones de « non droit » ne le soient plus et qu’en tout état de cause elles ne
deviennent des zones de « non permanence des soins ».
D’une façon générale, la violence urbaine en France est en progression ; en
grande partie expliquée par la précarité, l’impunité et le manque d’éducation.
L’Institut des Hautes Etudes de la Sécurité Intérieure ferait état de
500.000 crimes et délits en 1960 contre plus de 16 millions en 1999. Cependant,
dans un rapport officiel, le Ministère de l’Intérieur qui se base sur les dépôts
effectifs de plaintes annonce seulement 3,8 millions. Il faut noter que beaucoup
de gens, découragés par l’absence de suite, ne vont plus se plaindre.
Les médecins sont-ils particulièrement exposés aux violences urbaines ? Il
est difficile de l’affirmer en l’absence totale de statistiques. Le vécu
d’insécurité et d’exposition aux violences est pourtant, en France, bien réel.
A ce jour, quarante praticiens ont été tués dans l’exercice de leur fonction
depuis 1961. Dans la plupart des cas, ces homicides ont été le fait de
déséquilibrés et sont, si on peut dire, inhérents aux risques du métier.
Il est certain que les médecins, mais également d’autres professions de
santé, notamment les pharmaciens, ont du faire face, depuis une dizaine d’années
environ, à une multiplication des « violences ordinaires », des agressions et des
menaces qu’elles soient simplement verbales ou physiques sans que l’on sache s’ils
ont été davantage concernés que le reste de la population.
Une enquête effectuée par la Gironde, en 1996, montrait qu’un tiers des
médecins interrogés avaient subi une agression, dans un cas sur 10 celle-ci s’était
accompagnée de violences même si, elles n’avaient donné lieu qu’une fois sur 4 au
dépôt d’une plainte ; dans 2 cas sur 10, les médecins disaient avoir été malmenés
ou maltraités sans que le préjudice fut décelable.
A l’origine de ces comportements agressifs, on trouve : l’obtention de
certificats de scolarité ou d’arrêt de travail (17%) suivie de la demande de
médicaments (16%), l’argent (15%), les bons de toxiques (8%), ou encore les vols
d’ordonnances (4%).