B. L’INTERVENTION DE L’ÉTAT AU SERVICE DU MARCHE ET DE L’EMPLOI
Question 6, p. 357
Que dénonce Keynes dans le document 14 ?
Il conteste les vertus de l’épargne présentées habituellement par les économistes. Pour Keynes, l’épargne est un
résidu, c’est la partie du revenu qui n’est pas consommée. Par conséquent, son niveau dépend de celui de la
consommation. Inciter à privilégier l’épargne à un moment donné, c’est donc proposer de réduire la part du
revenu consacrée à la consommation. Peu importe de savoir quand cette « consommation différée », selon les
néoclassiques, sera utilisée ; l’essentiel est que l’épargne se traduit immédiatement par une diminution de la
consommation. Dans cette optique, l’épargne réduit les débouchés des entreprises et par contrecoup détériore les
perspectives de ventes. Les anticipations sur la conjoncture économique future se détériorent, les entrepreneurs
estiment qu’ils vendront moins et préfèrent limiter les projets d’investissement. Un processus déflationniste
s’enclenche ; le ralentissement de l’activité provoque une hausse du chômage, une diminution des revenus, un
climat des affaires peu propice à l’investissement, etc.
Pour Keynes, c’est au contraire la consommation et plus encore l’investissement qui sont au cœur de la croissance.
« Toutes les fois que vous achetez des marchandises, vous contribuez à multiplier les emplois offerts aux
travailleurs », ironise Keynes.
L’acte d’épargne individuelle contribue donc à l’enrichissement de celui qui le pratique, mais dans le même
temps il appauvrit la communauté dans son ensemble. Ce qui est vrai au niveau microéconomique ne l’est pas
forcément au niveau macroéconomique.
Question 7, p. 357
Selon Keynes, quel est l’agent économique qui peut intervenir, et de quelles façons ? (doc. 15)
Keynes préconise une intervention de l’État. Il propose une politique fiscale ainsi qu’une action sur les taux
d’intérêt.
Le texte ne précise pas les actions possibles, mais on peut penser à une diminution des impôts sur le revenu des
ménages détenant une propension marginale à consommer la plus élevée. Par ailleurs, dans le dernier chapitre de
la Théorie générale, Keynes rappelle que « les deux vices marquants du monde économique où nous vivons sont, le
premier, que le plein emploi n’y est pas assuré ; le second, que la répartition de la fortune et du revenu y est
arbitraire et manque d’équité ». Il dénonce donc l’inégalité excessive des revenus. C’est pourquoi il préconise une
politique fiscale sur les hauts revenus, réfutant les arguments de désépargne induite par une telle politique. Un
revenu national mieux partagé favorise la consommation et la croissance. Au contraire, en se concentrant sur une
minorité de la population, les revenus ne sont pas utilisés à la consommation et à l’investissement, mais
davantage à la spéculation improductive. Cet argumentation conduit Keynes à proposer « la disparition du
rentier ».
Keynes propose aussi une politique active de baisse des taux d’intérêt qui peut aussi stimuler l’investissement.
Toutefois, Keynes souligne que l’action sur les taux d’intérêt lui paraît insuffisante. Pour les entrepreneurs, c’est
la confiance en l’avenir qui compte. Une baisse du taux d’intérêt n’aura qu’un faible effet, voire aucun effet, si les
perspectives de conjonctures futures anticipées par les entrepreneurs demeurent moroses. L’argent bon marché
ne suffit pas pour investir, si l’espoir de vendre sa production est faible.
Question 8, p. 357
Comment interprétez-vous la notion de socialisation de l’investissement ? (doc. 15)
Il revient à l’État d’intervenir parce que les entreprises privées, selon la logique économique qui leur est propre,
ne sont pas incitées à investir. Il n’est pas question de se substituer à l’investissement privé, mais de pallier son
insuffisance dans le cadre du marché.
Dans l’extrait, Keynes fait référence aux activités dont la production correspond à des biens publics et pour
lesquels la rentabilité sur le court terme est faiblement assurée. Son raisonnement rejoint en partie celui de ses
adversaires, et notamment Pigou, qui mettent l’accent sur les externalités positives et négatives et l’incapacité du
marché à réguler l’activité économique.
L’État peut aussi soutenir l’activité en finançant des grands travaux (développement d’infrastructures de
transports, scolaires, etc.), ce qui suppose l’acceptation d’un certain degré de déficit budgétaire. Il est clair que les
propositions de Keynes correspondent à ce que l’on a coutume aujourd’hui de nommer l’État-providence. Celles-
ci n’apparaissent pas de manière précise dans son ouvrage.
Question 9, p. 357