Questions sur la première partie du chapitre
(p. 353-358)
III. Se rapprocher du plein emploi
ERRATUM. Aucune question n’est posée dans le manuel sur le document 18, voir ci-dessous la question 12.
A. AGIR SUR LA DEMANDE EFFECTIVE POUR REDUIRE LE CHOMAGE
Question 1, p. 357
À l’aide du schéma et des réponses précédentes, recherchez comment il est possible de lutter contre le
chômage.
En agissant sur la demande effective. Autrement dit, en agissant sur les deux variables qui commandent les
anticipations des entrepreneurs : la consommation et l’investissement.
Question 2, p. 357
Comment évolue la consommation selon Keynes ? Que signifie « loi psychologique fondamentale » ?
La consommation est une fonction croissante du revenu : plus le revenu augmente et plus la consommation
augmente, mais celle-ci augmente moins vite que le revenu. Une part croissante du revenu est consacrée à
l’épargne.
Question 3, p. 357
Quelle est la conséquence de la loi psychologique fondamentale ? (doc. 11)
Comme une partie du revenu supplémentaire n’est pas utilisé à la consommation, les entrepreneurs n’ont pas
intérêt à augmenter leur production de biens de production proportionnellement à la hausse des revenus, sinon,
ils resteraient avec des invendus. C’est pourquoi, si la hausse du revenu favorise la hausse de la consommation et
donc de la production, l’augmentation de l’emploi qui en découle est moins importante.
Question 4, p. 357
Quelle activité économique apparaît alors indispensable pour augmenter la création d’emplois ? (doc. 12)
L’investissement est la variable clé, l’élément dynamique de la croissance.
Complément Extrait
En effet, sachant que l’écart entre le volume de la production et le volume de la consommation ne cesse de croître
au fur et à mesure que le volume de l’emploi augmente, un montant d’investissement lui-même croissant s’avère
nécessaire pour réduire le chômage.
Reprenons cette première formulation du principe de la demande effective : soit une augmentation de la
production qui requiert une utilisation de main-d’œuvre supplémentaire, donc le versement de salaires pour un
montant de 100 000 euros ; si la propension marginale à consommer vaut 0,8, la consommation augmentera de
80 000 euros et il manquera 20 000 euros de reflux vers les entreprises pour qu’elles récupèrent leurs coûts. En
économie privée et fermée, cette somme ne peut provenir que de l’autre composante de la demande,
l’investissement. Les entreprises feront des pertes si l’investissement n’augmente pas au moins de 20 000 euros.
Par conséquent, la réalisation de ce montant d’investissement est la condition nécessaire de la création d’emplois.
« La quantité de biens de consommation qu’il est rentable de produire pour les entrepreneurs dans leur ensemble
dépend de la quantité de biens d’équipements que ces mêmes entrepreneurs produisent » [TGE].
Pascal Combemale, Introduction à Keynes, La Découverte, « Repères » 258, p. 45-46
Question 5, p. 357
Qu’est-ce qui rend d’autant plus efficace l’action sur l’investissement ? (doc. 13)
Pour plus de détails, se reporter à la clé n°2 p 315 et l’exercice 1 du TD p. 311 du manuel.
L’effet multiplicateur de l’investissement.
Pour approfondir, voir le complément : « Le multiplicateur keynésien ». (8_keynes_comp1)
B. L’INTERVENTION DE L’ÉTAT AU SERVICE DU MARCHE ET DE L’EMPLOI
Question 6, p. 357
Que dénonce Keynes dans le document 14 ?
Il conteste les vertus de l’épargne présentées habituellement par les économistes. Pour Keynes, l’épargne est un
résidu, c’est la partie du revenu qui n’est pas consommée. Par conséquent, son niveau dépend de celui de la
consommation. Inciter à privilégier l’épargne à un moment donné, c’est donc proposer de réduire la part du
revenu consacrée à la consommation. Peu importe de savoir quand cette « consommation différée », selon les
néoclassiques, sera utilisée ; l’essentiel est que l’épargne se traduit immédiatement par une diminution de la
consommation. Dans cette optique, l’épargne réduit les débouchés des entreprises et par contrecoup détériore les
perspectives de ventes. Les anticipations sur la conjoncture économique future se détériorent, les entrepreneurs
estiment qu’ils vendront moins et préfèrent limiter les projets d’investissement. Un processus déflationniste
s’enclenche ; le ralentissement de l’activité provoque une hausse du chômage, une diminution des revenus, un
climat des affaires peu propice à l’investissement, etc.
Pour Keynes, c’est au contraire la consommation et plus encore l’investissement qui sont au cœur de la croissance.
« Toutes les fois que vous achetez des marchandises, vous contribuez à multiplier les emplois offerts aux
travailleurs », ironise Keynes.
L’acte d’épargne individuelle contribue donc à l’enrichissement de celui qui le pratique, mais dans le même
temps il appauvrit la communauté dans son ensemble. Ce qui est vrai au niveau microéconomique ne l’est pas
forcément au niveau macroéconomique.
Question 7, p. 357
Selon Keynes, quel est l’agent économique qui peut intervenir, et de quelles façons ? (doc. 15)
Keynes préconise une intervention de l’État. Il propose une politique fiscale ainsi qu’une action sur les taux
d’intérêt.
Le texte ne précise pas les actions possibles, mais on peut penser à une diminution des impôts sur le revenu des
ménages détenant une propension marginale à consommer la plus élevée. Par ailleurs, dans le dernier chapitre de
la Théorie générale, Keynes rappelle que « les deux vices marquants du monde économique où nous vivons sont, le
premier, que le plein emploi n’y est pas assuré ; le second, que la répartition de la fortune et du revenu y est
arbitraire et manque d’équité ». Il dénonce donc l’inégalité excessive des revenus. C’est pourquoi il préconise une
politique fiscale sur les hauts revenus, réfutant les arguments de désépargne induite par une telle politique. Un
revenu national mieux partagé favorise la consommation et la croissance. Au contraire, en se concentrant sur une
minorité de la population, les revenus ne sont pas utilisés à la consommation et à l’investissement, mais
davantage à la spéculation improductive. Cet argumentation conduit Keynes à proposer « la disparition du
rentier ».
Keynes propose aussi une politique active de baisse des taux d’intérêt qui peut aussi stimuler l’investissement.
Toutefois, Keynes souligne que l’action sur les taux d’intérêt lui paraît insuffisante. Pour les entrepreneurs, c’est
la confiance en l’avenir qui compte. Une baisse du taux d’intérêt n’aura qu’un faible effet, voire aucun effet, si les
perspectives de conjonctures futures anticipées par les entrepreneurs demeurent moroses. L’argent bon marché
ne suffit pas pour investir, si l’espoir de vendre sa production est faible.
Question 8, p. 357
Comment interprétez-vous la notion de socialisation de l’investissement ? (doc. 15)
Il revient à l’État d’intervenir parce que les entreprises privées, selon la logique économique qui leur est propre,
ne sont pas incitées à investir. Il n’est pas question de se substituer à l’investissement privé, mais de pallier son
insuffisance dans le cadre du marché.
Dans l’extrait, Keynes fait référence aux activités dont la production correspond à des biens publics et pour
lesquels la rentabilité sur le court terme est faiblement assurée. Son raisonnement rejoint en partie celui de ses
adversaires, et notamment Pigou, qui mettent l’accent sur les externalités positives et négatives et l’incapacité du
marché à réguler l’activité économique.
L’État peut aussi soutenir l’activité en finançant des grands travaux (développement d’infrastructures de
transports, scolaires, etc.), ce qui suppose l’acceptation d’un certain degré de déficit budgétaire. Il est clair que les
propositions de Keynes correspondent à ce que l’on a coutume aujourd’hui de nommer l’État-providence. Celles-
ci n’apparaissent pas de manière précise dans son ouvrage.
Question 9, p. 357
Keynes prône-t-il une économie socialiste ? (doc. 16)
Ce serait un contresens que de le penser. Pour Keynes, il ne s’agit pas de mettre en place une société socialiste. Il
n’est pas question que l’État se substitue à l’initiative privée. Il s’agit de « conserver la liberté personnelle ». Il
s’agit de corriger le marché et l’individualisme de ses excès et de ses défauts. Keynes refuse la socialisation de la
production ; il pense que la production doit être le résultat de l’initiative individuelle.
Question 10, p. 357
Pourquoi l’intervention de l’État n’est-elle pas, selon Keynes, une atteinte à la liberté individuelle ? (doc. 16)
L’intervention de l’État n’est pas, selon Keynes, une atteinte à la liberté individuelle car, si on laisse le marché
s’autoréguler, on court vers le gaspillage et pire : le délitement social. L’intervention de l’État est le « seul moyen
d’éviter la destruction des institutions économiques actuelles ».
Par-delà une théorie économique, la Théorie générale est aussi un discours politique, la volonté de démontrer la
nécessité de mettre en place une autre façon de gérer l’économie pour échapper à toutes les formes de
totalitarismes.
Question 11, p. 357
Que dénonce Keynes le texte du document 17 ?
Keynes dénonce les inégalités, du moins leur excès ; d’une part, parce que le maintien d’un chômage élevé et la
pauvreté qu’il génère menacent les démocraties (Keynes est contemporain de la montée de régimes totalitaires
dans une large partie de l’Europe dans la première moitié du XXe siècle) ; d’autre part, par cohérence avec la
démarche économique qu’il présente. En effet, si, comme il le suppose, la propension à consommer diminue
lorsque le revenu augmente, on peut estimer que les ménages les plus riches détiennent une propension à
consommer plus faible que les ménages les moins favorisés : « une faible propension à consommer, loin de
stimuler le développement du capital, ne fait que le contrarier ». Proposer, comme il le fait dans cet extrait, une
politique fiscale de redistribution des revenus des plus riches vers le reste de la population, devrait soutenir
l’activité et réduire le chômage.
La démarche de Keynes est aussi motivée par la dénonciation des comportements d’épargne des catégories
favorisées. Dans cet extrait, il conteste les arguments favorables à l’accumulation et l’épargne des catégories les
plus aisées. L’épargne n’est pas une vertu, au contraire. Il n’y a rien à redouter d’une diminution de l’épargne,
aucune raison que celle-ci contraigne l’investissement, « puisqu’un accroissement de la propension habituelle à
consommer contribue en général (c’est-à-dire hors le cas de plein emploi) à renforcer l’incitation à investir, la
conclusion qu’on a coutume d’en tirer est l’exact contraire de la vérité ». L’épargne n’est pas un préalable à
l’investissement, elle en est plutôt un frein (voir plus haut). C’est pourquoi Keynes préconise « l’euthanasie des
rentiers », c’est-à-dire de remettre en question les avantages excessifs de ceux qui gagnent leur vie en ruinant celle
des autres.
Question 12, p. 357
Quelle est la condition importante décrite par Keynes dans cet extrait pour que les politiques proposés dans
son ouvrage soient efficaces ?
Le texte est d’une étonnante actualité. Keynes a conscience des limites de son modèle dans une économie
largement ouverte sur l’extérieur. C’est pourquoi il propose une politique économique dont le cadre est le
territoire national. Pour pouvoir mener à bien une politique de soutien de la demande, il faut que le pays échappe
aux trop fortes contraintes que fait peser le commerce international. Il ne s’agit pas de réfuter l’échange
international, mais de ne pas soumettre l’économie nationale à son dictat. Formidable leçon, lorsque l’on songe
qu’à partir du milieu des années 1970, lorsque les politiques économiques d’inspiration keynésienne ont été
jugées obsolètes, la solution retenue à tous les maux a consisté à se lancer dans une course en avant à la
déréglementation et à la mondialisation.
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