André Gide, Les Faux-Monnayeurs

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SL 5 – Séminaire de littérature XIXe-XXIe siècles (SP 2011)
André Gide, Les Faux-Monnayeurs
Fabien Dubosson, ass. dipl.
Mardi, 15h15-17h00 (MIS 4122)
Les Faux-Monnayeurs (1926) ont valeur, dans la carrière littéraire d’André Gide, de véritable œuvre
somme. Ils sont d’abord le point de rencontre – et souvent l’aboutissement – des nombreuses
expérimentations formelles auxquelles leur auteur s’est essayé, depuis les « traités » de la période
symboliste (Les Cahiers d’André Walter, Le Traité du Narcisse) jusqu’aux « soties » de l’immédiat
avant-guerre (Le Prométhée mal enchaîné, Les Caves du Vatican), en passant par tous les « récits » qui
tentaient de cerner, à travers des figures à la frontière de l’allégorie, les questions morales les plus
épineuses (L’Immoraliste, La Porte étroite). Ils témoignent par là de la crise d’un genre – le roman –
qui se cherche des voies nouvelles depuis le relatif effacement du modèle naturaliste à la toute fin
du XIXe siècle, une crise que mettait déjà en scène une « sotie » comme Paludes. Tout en
condensant à la façon d’une épure l’ensemble de ces recherches formelles, Les Faux-Monnayeurs se
font aussi l’écho polyphonique de débats moraux et philosophiques beaucoup plus larges : ils
sont le lieu d’une interrogation incessamment relancée sur le sens du mensonge et de la sincérité,
sur les liens entre l’ « innocence » et le « démoniaque », sur les aliénations familiales et les libertés
précaires de la « bâtardise », enfin sur les rapports entre la création littéraire – toujours menacée
par l’abstraction et l’artifice – et un monde réel infiniment labile et profus.
L’approche d’un tel roman nous donnera donc l’occasion de parcourir, selon ses lignes de force,
l’ensemble de l’œuvre gidienne, d’un point de vue aussi bien formel qu’ « éthique », les deux
dimensions étant, dans la perspective de Gide, plus que jamais indissociables. Nous insisterons
aussi sur l’insertion de cette œuvre dans le contexte très large de la « crise du roman » –
notamment par le biais des réflexions menées sur le genre au sein de la NRF (notamment les
réflexions sur le « roman d’aventure ») –, et nous analyserons parallèlement son articulation au
débat sur les « valeurs » et sur la responsabilité morale de l’écrivain qui agite le monde littéraire
depuis la fin du XIXe siècle.
Edition utilisée en séminaire : André Gide, Les Faux-Monnayeurs, Gallimard/Folio.
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