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Comme ce procédé était relativement rentable, d’autres voies furent créées et le même schéma
se reproduisit. Ainsi, la route entre Mexico et Puebla fut inaugurée en 1804. Néanmoins, si
ces chemins étaient toujours inconfortables pour un voyage optimum et payants, ils
s’avéraient être tout de même les plus usités et les plus sécurisés. En effet, les sentiers
parallèles se révélaient trop accidentés et escarpés pour pouvoir assurer le transfert des
marchandises coloniales précieuses telles que l’argent. D’ailleurs, il y eu beaucoup de pertes
marchandes sur ces réseaux secondaires. De plus, ces chemins abritaient une partie de
l’économie parallèle et illicite de la colonie. Alors les colons, les négociants et les
commerçants ne s’interrogèrent guère et décidèrent d’emprunter ces premières « autoroutes »
car elles leur offraient toutes les commodités et les facilités dont ils pouvaient nécessiter
pendant leur voyage. Effectivement, ces derniers avaient la possibilité de séjourner, le temps
d’une halte, dans l’une de ces villes puisqu’elles leur proposaient des prestations utiles et
importantes. Cela ne fit que renforcer la dynamique économique de ces régions. En effet, elles
profitèrent du réseau routier naissant et fréquenté pour développer des services lucratifs
comme des auberges, des caves ou encore des entreprises de muletage :
Entre la Puebla et Mexico, comme entre la Vera Cruz et la Puebla, la route est
jalonnée de petits postes, auberges et points d’appui. Au milieu du XVIe siècle, avec
l’accroissement des échanges, ces postes se transforment. Aux cabanes légères du
début, quand la population indienne est encore nombreuse, tout au long de la route, le
portage humain l’emporte.
D’ailleurs, cette activité de portage humain connut un essor considérable parce qu’elle était
capitale pour le bon fonctionnement du commerce établi entre les deux continents. Les
commerçants et négociants ne pouvaient faire appels qu’aux mules et aux autochtones pour se
faire livrer ou expédier des marchandises car c’était le seul et unique moyen de transport et,
seuls les locaux maîtrisaient les routes. Grâce à tout ceci, les habitants de ces villes-étapes
avaient une vie professionnelle plus épanouie et, un sentiment de progrès social était
perceptible. Alors, ces villes, avec leur réseau routier en constante évolution, se
transformèrent en réelles plateformes terrestres et commerciales à la base de l’organisation
coloniale. Il est donc aisé de constater que ces cités devinrent actives et attractives
principalement du fait de l’activité portuaire croissante et prospère de Veracruz. Abel Juarez
Martinez le confirme pour Jalapa mais, il en fut de même pour Puebla :
CHAUNU, Pierre, 1977, Séville et l’Amérique aux XVIe et XVIIe siècles, Paris, Ed. Flammarion, p.135-136.