1. Parc national de Doñana (Espagne) (N 685bis) Année d

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1.
Parc national de Doñana (Espagne) (N 685bis)
Année d’inscription sur la Liste du patrimoine mondial 1994
Critères (vii)(ix)(x)
Année(s) d’inscription sur la Liste du patrimoine mondial en péril Néant
Décisions antérieures du Comité voir page http://whc.unesco.org/fr/list/685/documents/
Assistance internationale
Demandes approuvées : 0
Montant total approuvé : 0 dollars EU
Pour plus de détails, voir page http://whc.unesco.org/fr/list/685/assistance/
Fonds extrabudgétaires de l’UNESCO
Néant
Missions de suivi antérieures
1998 : mission de suivi réactif UNESCO ; 1999, 2001, 2004 missions conjointes Centre du patrimoine
mondial, UICN et Convention de Ramsar (réunions d’experts « Doñana 2005 » sur la restauration
hydrologique des marais)
Facteurs affectant le bien identifiés dans les rapports précédents
a) Pollution toxique après accident minier en 1998 ;
b) Impacts de l’agriculture ;
c) Extension du parc national.
Matériel d’illustration voir page http://whc.unesco.org/fr/list/685/
Problèmes de conservation présentés au Comité du patrimoine mondial en 2010
En 2009, le Centre du patrimoine mondial et l’UICN ont reçu des rapports d’ONG sur plusieurs projets
en rapport avec des raffineries de pétrole situées non loin du bien, à savoir l’expansion de la raffinerie
de La Rábida et la construction d’un oléoduc pour la raffinerie de Balboa en Estrémadure, ainsi que des
informations sur deux déversements d’hydrocarbures mineurs liés à la raffinerie de La Rábida, survenus
les 30 juillet et 15 septembre 2009 et qui ont atteint la ligne de rivage du bien.
Le 2 février 2010, un rapport sur l’état de conservation du parc national de Doñana a été soumis par
l’État partie. Le rapport offre un vue d’ensemble de l’état des projets d’expansion de raffinerie et
d’oléoduc susmentionnés ainsi que des informations sur le risque de déversements accidentels
d’hydrocarbures en conséquence d’une intensification du trafic maritime de et vers le Détroit de
Gibraltar. Le rapport fournit également un résumé détaillé de la mise en œuvre du projet de restauration
« Doñana 2005 ».
a) Expansion de la Raffinerie de La Rábida
La raffinerie de La Rábida est implantée à l’extérieur des limites du bien et a été construite à la fin des
années 1960, avant l’inscription du parc national de Doñana sur la Liste du patrimoine mondial. L’État
partie note que le projet d’expansion destiné à accroître la capacité de production de distillat moyen de
la raffinerie a fait l’objet d’une évaluation d’impact environnemental (EIE), qui a été approuvée par le
secrétaire d’État espagnol chargé du changement climatique en mars 2009. Le rapport indique par
ailleurs que la Direction générale pour la Biodiversité, responsable du réseau Natura 2000 en Espagne,
n’inclut pas le bien sur la liste des sites susceptibles d’être directement affectés par la raffinerie de La
Rábida.
Le Centre du patrimoine mondial et l’UICN considèrent que, bien que l’expansion de La Rábida risque
peu d’avoir des impacts directs sur les valeurs et l’intégrité de Doñana, elle peut avoir d’importants
impacts indirects et cumulatifs sur le bien en raison du risque accru de déversements accidentels
d’hydrocarbures en conséquence d’une intensification du trafic maritime de et vers le Détroit de
Gibraltar, comme évoqué au point c) ci-dessous. Ils demandent à l’État partie de faire parvenir une
copie de l’EIE pour La Rábida au Centre du patrimoine mondial dès que possible, dans laquelle les
impacts probables du projet d’expansion sur la valeur universelle exceptionnelle du bien auront été mis
en avant.
b) Construction d’un oléoduc pour la raffinerie de Balboa en Estrémadure
Le rapport de l’État partie indique que le projet d’oléoduc pour la raffinerie de Balboa fait actuellement
l’objet d’une EIE et que le gouvernement espagnol n’envisage pas de commencer ni d’autoriser de
quelconques travaux ni constructions dans le voisinage du bien susceptibles affecter sa valeur
universelle exceptionnelle. L’EIE pour l’oléoduc de Balboa en est à son stade final et des informations
complémentaires sont collectées pour résoudre un certain nombre de problèmes, notamment l’impact
éventuel de l’oléoduc sur l’aquifère de la région. La partie de l’oléoduc de Balboa qui pourrait
potentiellement affecter le bien, de l’avis de l’État partie, est la section qui traverse la province de Huelva
vers le terminal de pétrole brut et de dépôt dans le port de Palos de la Fontera. Le ‘rapport de projet’
initial pour ce développement, réalisé avant l’EIE et publié par le promoteur (Refinería Balboa-Grupo
Alfonso Gallardo), indique sept autres tracés possibles pour cet oléoduc de pétrole brut. Le rapport de
l’État partie indique que, selon le ‘rapport de projet’ du promoteur, le bien pourrait être affecté par
certains des itinéraires proposés. Les autres tracés définitifs de l’oléoduc seront analysés plus en détail
lors de la préparation de l’EIE afin d’identifier l’option la moins préjudiciable pour l’environnement.
Le Centre du patrimoine mondial et l’UICN accueillent avec satisfaction l’intention du gouvernement
espagnol de n’envisager ni autoriser de quelconques nouveaux travaux ni constructions en rapport avec
l’oléoduc dans la zone de patrimoine mondial. Toutefois, ils considèrent que l’oléoduc de Balboa peut
avoir des impacts directs et indirects sur les valeurs et l’intégrité du bien, et demande à l’État partie de
soumettre une copie de l’EIE de l’oléoduc de Balboa au Centre du patrimoine mondial dès qu’elle sera
disponible, incluant des informations sur les impacts potentiels sur le bien.
c) Risque de déversements accidentels d’hydrocarbures en conséquence d’une intensification du trafic
maritime de et vers le Détroit de Gibraltar
L’État partie signale la probabilité d’une intensification du trafic maritime de et vers le Détroit de Gibraltar
en raison des projets de raffinerie et reconnaît que cela peut augmenter le risque d’accidents et de
déversements. Le rapport indique que de vastes procédures de sécurité sont en place pour prévenir les
cas de risque grave, catastrophe ou désastre. Il précise que le Plan d’urgence spécial pollution côtière
2008 pour l’Andalousie a donné lieu à l’élaboration du Plan d’autoprotection pour la zone naturelle de
Doñana, qui est presque achevé et qui inclura la ligne de rivage du bien du patrimoine mondial. De plus,
l’État partie signale qu’une EIE du trafic maritime sera entreprise pour évaluer les risques de
déversements accidentelsd’hydrocarbures.
Le Centre du patrimoine mondial et l’UICN partagent le point de vue de l’État partie quant à la probabilité
de voir l’intensification du trafic maritime accroître le risques d’accidents et de déversements et
demandent à l’État partie de soumettre une copie de l’EIE du trafic maritime et du Plan d’autoprotection
pour la zone naturelle de Doñana au Centre du patrimoine mondial dès qu’ils seront disponibles. Ils
notent que malgré l’existence du Plan d’urgence spécial pollution côtière 2008, le déversement
accidentel du 30 juillet 2009, concernant la raffinerie de La Rábida, a fait que des hydrocarbures ont
atteint la ligne de rivage de Doñana, en raison des courants marins dominants dans la région. Le Centre
du patrimoine mondial et l’UICN considèrent que les récents déversements mineurs de 2009 sont
révélateurs de possibles déversements plus graves susceptibles d’affecter la valeur universelle
exceptionnelle et l’intégrité du bien. Ils notent par ailleurs que le gouvernement portugais a fait part
d’inquiétudes concernant les impacts potentiels de ces projets sur l’environnement marin portugais. Le
Centre du patrimoine mondial et l’UICN recommandent d’encourager l’État partie à entreprendre une
évaluation environnementale stratégique (EES) des impacts actuels et possibles des raffineries dans la
région, en considérant la valeur universelle exceptionnelle de Doñana comme paramètre, afin
d’envisager des alternatives à l’intensification du trafic maritime et au risque accru de déversements
accidentels dans cette région sensible.
d) Mise en œuvre du projet de restauration « Doñana 2005 »
Le projet de restauration« Doñana 2005 », qui entend améliorer de manière significative l’état de
conservation du parc, a été lancé en réponse au déversement d’avril 1998 au réservoir minier
d’Aznalcollar qui a causé une grave pollution de plus de 4 000 ha des rivières Agrio et Guadiamar en
amont du bien. L’État partie fait savoir que la mise en œuvre du projet de restauration à ce jour a permis
de réduire la quantité de sédiments transportés vers les marais du parc national de Doñana et a favorisé
la colonisation par des amphibiens, reptiles et certaines espèces de poisson. Des huit actions du projet
visant à garantir la restauration hydro-écologique des bassins et cours d’eau alimentant les marais du
bien, l’État partie signale que cinq sont achevées ou en cours, et que deux sont encore à l’état de projet
en attente d’autorisation. Trois actions transversales supplémentaires de suivi, recherche et
dissémination, sont en cours. Le rapport précise que les résultats partiels du suivi hydro-écologique
effectué ces dernières années suggèrent que les cinq actions achevées du projet sont parvenues à
restaurer les marais du bien. Ces actions ont permis le rétablissement des valeurs naturelles dans les
bassins incluant : i) la restauration des zones humides, ce qui a réduit la quantité de sédiments
transportés vers les marais du parc national de Doñana et favorisé la colonisation par des amphibiens,
reptiles et certaines espèces de poisson ; ii) la restauration du marais de la Gallega et de la ferme de
Caracoles, ce qui a permis le rétablissement du profil naturel et des niveaux de crue ; et iii) la
communication du marais de la Gallega avec le marais de Hinojos, ce qui a permis le rétablissement
des processus hydrologiques qui rendront possibles de plus longues périodes d’inondation dans les
marécages du parc national de Doñana.
Le Centre du patrimoine mondial et l’UICN accueillent avec satisfaction les progrès qui ont été accomplis
dans la restauration des marais du bien grâce au projet de restauration « Doñana 2005 ». Ils regrettent
qu’aucun rapport sur le projet n’ait été préparé plus tôt comme demandé par le Comité. Qui plus est,
d’importants travaux supplémentaires sont nécessaires pour pleinement restaurer la structure et la
fonction de l’écosystème marécageux de Doñana. L’UICN note que deux des actions non achevées,
les actions 5 et 6 (qui entendent restaurer les entrées d’eau dans les marécages du bien depuis la
rivière Guadiamar), sont essentielles pour la restauration du bien et devraient être rapidement mises en
œuvre. Qui plus est, plusieurs des actions signalées comme achevées par l’État partie ne le sont en
réalité que partiellement. Cela inclut la restauration du cours d’eau El Partido (action 3), qui est
partiellement achevée puisque la berge n’a pas encore été restaurée. Ils encouragent vivement l’État
partie à fournir les ressources appropriées pour compléter le programme de restauration prévu,
poursuivre les dispositions de suivi à long terme et envisager l’actualisation du projet de restauration
« Doñana 2005 » afin d’y inclure la restauration d’autres zones bordant le bien dont les champs de
Cantaritas (à l’est du bien) ou encore les champs de Cochinato, Los Garridos et Huerta Tejada (au nord
du bien). Ces zones marécageuses, une fois restaurées, formeront d’importants corridors écologiques,
pouvant également aider à atténuer les effets probables du changement climatique sur le bien et
préserver ses valeurs sur le long terme.
e) Autres problèmes de conservation préoccupants
Le Centre du patrimoine mondial et l’UICN notent que des progrès significatifs ont été réalisés
concernant la préservation du lynx d’Espagne, l’espèce de félins la plus menacée d’Europe. Toutefois,
tandis que le programme de reproduction en captivité a particulièrement bien réussi comme l’a signalé
l’État partie, l’UICN a reçu des rapports indiquant que les taux de mortalité des lynx sauvages sont
élevés, 24 des 57 lynx morts à Doñana ces 10 dernières années ayant été tués sur la route. Le Centre
du patrimoine mondial et l’UICN recommandent que l’État partie envisage de traiter cette mortalité du
lynx d’Espagne par collision avec des véhicules en revoyant les aménagements routiers et en planifiant
et mettant en œuvre des corridors biologiques stratégiques.
L’UICN a reçu des rapports d’ONG concernant un certain nombre d’autres problèmes de conservation
préoccupants. Cela inclut les prélèvements excessifs et la pollution de l’aquifère de Doñana (on estime
à 1 000 le nombre de sondages illégaux dans la région) ainsi que la prolifération de champs de fraises
illégaux en dehors des limites du bien. Le Centre du patrimoine mondial et l’UICN considèrent que ces
questions sont des menaces potentiellement sérieuses pour les valeurs du bien et encouragent l’État
partie à évaluer l’utilisation régionale actuelle de l’aquifère, d’élaborer un plan afin de garantir que les
entrées d’eaux dans les marécages du bien sont maintenues, et d’envisager de reprendre les champs
illégaux et ceux situés dans les zones sensibles en bordure du bien afin de restaurer les corridors
écologiques. L’UICN a également reçu des informations concernant des parcs éoliens côtiers implantés
et en projet près de Doñana, susceptibles d’affecter la population d’aigles impériaux du bien. Le Centre
du patrimoine mondial et l’UICN demandent à l’État partie de soumettre toutes les évaluations d’impact
environnemental préliminaires pour les parcs éoliens à proximité du bien au Centre du patrimoine
mondial dès qu’elles sont disponibles.
En conclusion, le Centre du patrimoine mondial et l’UICN sont préoccupés par les multiples problèmes
de conservation qui affectent le bien, susceptibles de conduire, de façon cumulative, à une perte
progressive de sa valeur universelle exceptionnelle. Les nombreuses questions de développement qui
affectent les zones entourant le bien indiquent qu’il est nécessaire de garantir la prise en compte des
valeurs de Doñana dans l’aménagement du territoire. Le Centre du patrimoine mondial et l’UICN
recommandent que l’État partie entreprenne un examen des documents d’aménagement pour les zones
adjacentes au bien, en consultation avec le parc national de Doñana, afin de garantir que les futurs
développements ne compromettent pas les valeurs du bien.
L’UICN note que le changement climatique reste un facteur incertain susceptible d’affecter de manière
préjudiciable le bien et qu’il devrait être en permanence pris en compte dans la mise en œuvre et le
développement de la restauration hydro-écologique des marécages. L’UICN note qu’un récent rapport
du WWF ‘Flux environnementaux dans les marais du parc national de Doñana’ (2009) montre que les
entrées d’eau douce dans les marécages du bien ont été réduites de 80%, et que cela se traduit par la
diminution concomitante des communautés de végétaux des marais sur plus de 60 à 80% du bien
depuis 1990, ce qui, à son tour, a sérieusement affecté les espèces clés de l’avifaune dont le butor
étoilé (Botaurus stellaris), la marmaronette marbrée (Marmaronetta angustirostris) et le foulque à crête
(Fulica cristata). L’UICN considère que la stratégie d’atténuation et d’adaptation au changement
climatique la plus efficace pour le bien consiste à ramener les entrées d’eau douce à leurs niveaux
historiques, à créer un réseau de corridors écologiques adjacents au bien en reprenant les terres
agricoles illégales et celles situées dans les zones sensibles (par exemple le long des cours d’eau), et
à garantir que l’aménagement du territoire autour de Doñana prenne en compte sa valeur universelle
exceptionnelle.
Analyse et conclusions du Centre du patrimoine mondial et de l’UICN
Néant
Décision adoptée: 34 COM 7B.26
Le Comité du patrimoine mondial,
1. Ayant examiné le document WHC-10/34.COM/7B,
2. Rappelant la décision 29 COM 7B.25 adoptée à sa 29e session (Durban, 2005) ;
3. Invite l'Etat partie à terminer le projet de restauration "Doñana 2005" et à en prolonger les résultats,
ainsi qu'à conserver et améliorer la gestion du bien, et encourage non seulement la création d'un
système permanent d'évaluation de l'efficacité de la gestion pour aider ce processus mais aussi une
évaluation et la révision des plans d'aménagement de l'ensemble des terres adjacentes par les autorités
locales compétentes afin de garantir qu'ils prennent en compte la valeur universelle exceptionnelle du
bien, et de ne pas autoriser de développements susceptibles de l'affecter ;
4. Note avec inquiétude le risque élevé de déversements accidentels d'hydrocarbures en conséquence
d'une intensification du trafic maritime de et vers le Détroit de Gibraltar en raison du projet d'expansion
de la raffinerie de La Rábida et du projet d'oléoduc de Balboa, pouvant potentiellement affecter la valeur
universelle exceptionnelle y compris les conditions d'intégrité du bien ;
5. Demande à l'Etat partie de soumettre une copie de l'évaluation d'impact environnemental (EIE) de
l'expansion de la raffinerie de La Rábida, de l'EIE de l'oléoduc de Balboa, de l'EIE du trafic maritime, de
l'EIE du parc éolien côtier et du Plan d'autoprotection de la zone naturelle de Doñana au Centre du
patrimoine mondial dès qu'ils seront disponibles ;
6. Demande également à l'Etat partie d'inviter une mission conjointe de suivi réactif Centre du patrimoine
mondial/UICN sur le bien pour évaluer son Etat de conservation ;
7. Demande enfin à l'Etat partie de soumettre au Centre du patrimoine mondial un rapport, d'ici le
1er février 2011, sur l'Etat des projets des raffineries de La Rábida et de Balboa et l'ensemble des
autres développements susceptibles d'affecter la valeur universelle exceptionnelle du bien, sur la
poursuite de la mise en œuvre du programme de restauration, sur les résultats du suivi et des
évaluations de l'efficacité de la gestion, et sur la réglementation et les impacts de l'aménagement des
terres adjacentes au bien sur son Etat de conservation, pour examen par le Comité du patrimoine
mondial à sa 35e session en 2011.
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