Construction d’un organisme, mise en place d’un plan d’organisation -
Francine Brondex et Erwan Paitel
L’ovocyte accumule aussi des protéines et des acides nucléiques (synthétisés sur place), correspondant à des réserves
informatives. Ces acides nucléiques se répartissent aussi selon un gradient (RNP) opposé au gradient de vitellus. Le
cytoplasme du PA est pauvre en vitellus (petites plaquettes vitellines éparses), mais riche en protéines, et surtout
ribosomes (ARNr) et en ARNm nécessaires :
- aux 1ères divisions de segmentation : ARNm de protéines membranaires d’adhérence (cadhérines, fibronectines...)
et du cytosquelette (actine, tubuline...).
- à la réplication (histones) et à la traduction (protéines ribosomales).
- au contrôle de la destinée des cellules : ARNm de facteurs de transcriptions, de molécules de contrôle Vg1…
Rq : les synthèses ont lieu aussi lors de la prophase de méiose 1
Les organites ont aussi une répartition particulière : Les mitochondries et les granules corticaux sont situés à la
périphérie, au niveau du cortex. Les granules corticaux sont des vésicules qui contiennent des enzymes, des
glycoprotéines et des mucopolysaccharides. Des granules pigmentaires (contenant de la mélanine) sont présents
dans le cortex mais uniquement dans l’hémisphère animal.
Bilan :
L’ovocyte II a un diamètre de 1 à 2mm (selon les espèces). Il contient : 52% d’eau, 34.5% de protéines, 7.5% de
lipides, 3% de glucides et 2% d’acides nucléiques. L’ovocyte est marqué par une symétrie radiaire, autour d’un axe
passant par le pôle végétatif et par le pôle animal. Cet axe préfigure l’axe antéro-postérieur de l’embryon (pôle
animal équivalent à l’avant). L’ovocyte est aussi marqué par une polarité structurale : opposition hémisphère
animal, hémisphère végétatif (on remarque aussi la localisation du globule polaire et de la tâche de maturation).
Enfin, l’ovocyte montre une polarité moléculaire, de par la répartition des ARNm : ce sont des déterminants
cytoplasmique, les cellules qui en héritent s’engageront dans des voies de différenciation bien particulières.
2) La fécondation modifie la structure du zygote
La pénétration du noyau spermatique dans l’ovule (t = 0), qui a toujours lieu entre le PA et l’équateur, déclenche la
réaction corticale : fusion des granules corticaux avec la membrane plasmique et exocytose de leur contenu (enzymes
+ mucopolysaccharides), qui a pour conséquence :
- La membrane plasmique ovulaire se dissocie de la membrane vitelline.
- L’adjonction de protéines de structure à la membrane vitelline, pour constituer la membrane de fécondation.
L’ensemble de ces transformations des enveloppes de l’oeuf a une fonction de blocage tardif contre la polyspermie.
La fin de la réaction d’activation a lieu au t = 10 min. Le noyau spermatique s’enfonce dans le cytoplasme ovulaire en
direction de l’axe des pôles ; il entraîne dans son déplacement des granules de pigment qui constitue une traînée
spermatique.
L’oeuf, libéré de ses liens avec la membrane vitelline, est libéré dans l’espace périvitellin. La densité du PV, plus riche
en grandes plaquettes vitellines, étant supérieure à celle du PA, l’œuf s’oriente selon la pesanteur, PV vers le bas et
PA vers le haut (réaction d’équilibration). A l'issue de la réaction d’équilibration, qui dure 30 min à 18°C, tous les
œufs qui, avant la fécondation étaient orientés en tous sens, se trouvent le PA noir tourné vers le haut. A ce moment
a lieu l’émission du 2ème GP et le remplacement du fuseau de division par le pronucleus femelle.
Au t = 70 min après la fécondation, la couche pigmentaire superficielle bascule de 30° autour d’un axe de rotation
passant par le centre de l’œuf et perpendiculaire au plan méridien PA-PV-trainée spermatique : la pellicule corticale
glisse sur la masse centrale qui reste fixe. En conséquence, la couche pigmentaire remonte sur la face de l’œuf
opposée au point de pénétration du spermatozoïde, et redescend de l’autre côté. L’amplitude du mouvement est
attestée par la mise en place d’une zone dépigmentée en forme de croissant sur la face opposée au point de
pénétration du spermatozoïde, le croissant gris ou croissant dépigmenté (formé par la partie profonde de la couche
pigmentaire qui reste solidaire de la partie profonde de l’oeuf, seule la partie superficielle de la couche pigmentaire
subissant le mouvement de rotation). La position du croissant gris préfigure l’orientation dorso-ventrale de l’adulte :
Le dos du futur animal s’édifiera du côté du croissant gris, le ventre du côté opposé. Le plan de remontée et descente
maximales des pigments constitue le futur plan de symétrie bilatéral de l'animal, qui est mis en place au t = 130min
(réaction de symétrisation). Le zygote est passé d’une symétrie radiaire à une symétrie bilatérale.