Construction d’un organisme, mise en place d’un plan d’organisation - 1 DEVELOPPEMENT EMBRYONNAIRE ET POST-EMBRYONNAIRE D’UN VERTEBRE : MISE EN PLACE DU PLAN D’ORGANISATION Introduction : On va utiliser principalement le modèle des Amphibiens. Embranchement des Vertébrés. Un embranchement caractérisé par un plan d’organisation : présence d’un endosquelette osseux, céphalisation et cérébralisation très marquées (présence d’un encéphale). Au sein des Amphibiens : Anoures (sans queue), grenouilles et crapaud (Xénope) et Urodèles, (avec queue) Triton, Salamandre. L’oeuf ou zygote est le produit de la fécondation, c’est-à-dire de l’union de gamètes mâle et femelle (plasmogamie), suivie de la fusion de leurs noyaux (caryogamie) : le zygote est une cellule diploïde. La fécondation a lieu en milieu aquatique. Le résultat de la fécondation est donc bien une cellule unique : quels sont les mécanismes et étapes permettant de passer du zygote à un adulte pluricellulaire, caractérisé par un plan d’organisation de Vertébré ? L’œuf subit sans délai les premières divisions de segmentation qui mettent en place l’embryon. Celui-ci poursuit son développement, protégé par des enveloppes externes ; la jeune larve ou têtard, éclôt, c’est-à-dire sort des enveloppes de l’œuf pour mener une vie libre. Quelques semaines plus tard, la larve subit une métamorphose à l’issue de laquelle l’adulte est réalisé. Seul l’adulte est apte à la reproduction sexuée (sauf cas particuliers de néoténie : Axolotl). Il s’agit d’un développement dit indirect. Le développement de l’embryon concerne la mise en place du plan d’organisation, l’édification des organes (organogénèse) à la suite des divisions cellulaires initiales (divisions de segmentation). La formation des organes repose sur la différenciation progressive des cellules. La croissance concerne l’augmentation des dimensions des cellules et des organes. Développement et croissance sont le résultat d’un programme coordonné et hiérarchisé dans l’espace et dans le temps. On peut se demander quels sont les mécanismes de contrôle du développement, permettant la succession harmonieuse des différentes étapes ? I. DEVELOPPEMENT EMBRYONNAIRE DES AMPHIBIENS : ETAPES ET MECANISMES A. De l’ovocyte au zygote : quelques informations sur la fécondation 1) L’ovocyte contient les éléments nécessaires au développement précoce L’ovocyte se différencie dans l’ovaire de la femelle, à partir de cellules souches en multiplication, les ovogonies. L’ovocyte II fécondable est une cellule ayant subi la méiose, elle est en fait bloquée en métaphase II de méiose. La méiose s’achève lors de la fécondation. L’ovocyte est alors véritablement haploïde. La cellule est protégée par des enveloppes, extérieures à la mb plasmique. L’enveloppe vitelline est adjacente à la mb, elle est probablement constituée de glycoprotéines. Elle est élaborée par les cellules folliculaires dans l’ovaire. La gangue est ajoutée lors du passage dans l’oviducte. Elle possède une texture de gel très hydraté. L’ovocyte contient un ensemble de réserves nutritives : le vitellus. Il est présent dans le cytoplasme de la cellule sous forme d’agrégats de protéines et de lipides : les plaquettes vitellines. La vitellogénine est la protéine précurseur, synthétisée dans les hépatocytes. La vitellogénine est apportée jusqu’à l’ovaire par la circulation sanguine. Elle subit une endocytose à récepteur au niveau de l’ovocyte. Puis elle passe dans l’endosome puis les lysosomes où elle est clivée en phosvitine (une protéine phosphorylée) et en lipovitelline (une lipoprotéine). Les protéines sont concentrées et déshydratées : elles constituent alors des plaquettes vitellines. Chaque plaquette est délimitée par une mb (car issue d’endocytose). La vitellogenèse (accumulation du vitellus) a lieu au début de la méiose, lorsque l’ovocyte est bloqué en prophase 1. Les réserves sont réparties de façon hétérogène dans l’ovocyte : elles s’accumulent à l’opposé du noyau : pôle végétatif (75% des réserves), par opposition à la région pauvre en vitellus : pôle animal. Francine Brondex et Erwan Paitel Construction d’un organisme, mise en place d’un plan d’organisation - 2 L’ovocyte accumule aussi des protéines et des acides nucléiques (synthétisés sur place), correspondant à des réserves informatives. Ces acides nucléiques se répartissent aussi selon un gradient (RNP) opposé au gradient de vitellus. Le cytoplasme du PA est pauvre en vitellus (petites plaquettes vitellines éparses), mais riche en protéines, et surtout ribosomes (ARNr) et en ARNm nécessaires : - aux 1ères divisions de segmentation : ARNm de protéines membranaires d’adhérence (cadhérines, fibronectines...) et du cytosquelette (actine, tubuline...). - à la réplication (histones) et à la traduction (protéines ribosomales). - au contrôle de la destinée des cellules : ARNm de facteurs de transcriptions, de molécules de contrôle Vg1… Rq : les synthèses ont lieu aussi lors de la prophase de méiose 1 Les organites ont aussi une répartition particulière : Les mitochondries et les granules corticaux sont situés à la périphérie, au niveau du cortex. Les granules corticaux sont des vésicules qui contiennent des enzymes, des glycoprotéines et des mucopolysaccharides. Des granules pigmentaires (contenant de la mélanine) sont présents dans le cortex mais uniquement dans l’hémisphère animal. Bilan : L’ovocyte II a un diamètre de 1 à 2mm (selon les espèces). Il contient : 52% d’eau, 34.5% de protéines, 7.5% de lipides, 3% de glucides et 2% d’acides nucléiques. L’ovocyte est marqué par une symétrie radiaire, autour d’un axe passant par le pôle végétatif et par le pôle animal. Cet axe préfigure l’axe antéro-postérieur de l’embryon (pôle animal équivalent à l’avant). L’ovocyte est aussi marqué par une polarité structurale : opposition hémisphère animal, hémisphère végétatif (on remarque aussi la localisation du globule polaire et de la tâche de maturation). Enfin, l’ovocyte montre une polarité moléculaire, de par la répartition des ARNm : ce sont des déterminants cytoplasmique, les cellules qui en héritent s’engageront dans des voies de différenciation bien particulières. 2) La fécondation modifie la structure du zygote La pénétration du noyau spermatique dans l’ovule (t = 0), qui a toujours lieu entre le PA et l’équateur, déclenche la réaction corticale : fusion des granules corticaux avec la membrane plasmique et exocytose de leur contenu (enzymes + mucopolysaccharides), qui a pour conséquence : - La membrane plasmique ovulaire se dissocie de la membrane vitelline. - L’adjonction de protéines de structure à la membrane vitelline, pour constituer la membrane de fécondation. L’ensemble de ces transformations des enveloppes de l’oeuf a une fonction de blocage tardif contre la polyspermie. La fin de la réaction d’activation a lieu au t = 10 min. Le noyau spermatique s’enfonce dans le cytoplasme ovulaire en direction de l’axe des pôles ; il entraîne dans son déplacement des granules de pigment qui constitue une traînée spermatique. L’oeuf, libéré de ses liens avec la membrane vitelline, est libéré dans l’espace périvitellin. La densité du PV, plus riche en grandes plaquettes vitellines, étant supérieure à celle du PA, l’œuf s’oriente selon la pesanteur, PV vers le bas et PA vers le haut (réaction d’équilibration). A l'issue de la réaction d’équilibration, qui dure 30 min à 18°C, tous les œufs qui, avant la fécondation étaient orientés en tous sens, se trouvent le PA noir tourné vers le haut. A ce moment a lieu l’émission du 2ème GP et le remplacement du fuseau de division par le pronucleus femelle. Au t = 70 min après la fécondation, la couche pigmentaire superficielle bascule de 30° autour d’un axe de rotation passant par le centre de l’œuf et perpendiculaire au plan méridien PA-PV-trainée spermatique : la pellicule corticale glisse sur la masse centrale qui reste fixe. En conséquence, la couche pigmentaire remonte sur la face de l’œuf opposée au point de pénétration du spermatozoïde, et redescend de l’autre côté. L’amplitude du mouvement est attestée par la mise en place d’une zone dépigmentée en forme de croissant sur la face opposée au point de pénétration du spermatozoïde, le croissant gris ou croissant dépigmenté (formé par la partie profonde de la couche pigmentaire qui reste solidaire de la partie profonde de l’oeuf, seule la partie superficielle de la couche pigmentaire subissant le mouvement de rotation). La position du croissant gris préfigure l’orientation dorso-ventrale de l’adulte : Le dos du futur animal s’édifiera du côté du croissant gris, le ventre du côté opposé. Le plan de remontée et descente maximales des pigments constitue le futur plan de symétrie bilatéral de l'animal, qui est mis en place au t = 130min (réaction de symétrisation). Le zygote est passé d’une symétrie radiaire à une symétrie bilatérale. Francine Brondex et Erwan Paitel Construction d’un organisme, mise en place d’un plan d’organisation - 3 Il est important de noter que les facteurs cytoplasmiques (ARNm) sont redistribués eux aussi au moment des mouvements du cortex, par exemple l’ARNm de Vg1 (on y reviendra avec le contrôle). Coupe long frontale Coupe transversale La caryogamie a lieu peu après : c’est la fusion du matériel génétique mâle et femelle. B. La segmentation : du zygote à la Blastula, formation d’un ensemble pluricellulaire Phase d’augmentation rapide du nombre de cellules correspond à la segmentation. 1) Du zygote au stade blastula La segmentation de l’œuf de Grenouille est totale ou holoblastique, c’est-à-dire que la totalité du contenu de l’œuf va être répartie entre des cellules filles. Le 1er sillon de segmentation se met en place selon un plan méridien au t = 150min; il ne coïncide que dans 50% des cas avec le plan de symétrie bilatéral (par le croissant gris). Le 2nd sillon est méridien et perpendiculaire au 1er. Les deux 1ères divisions de segmentation aboutissent à la mise en place d’un embryon constitué de 4 cellules identiques, au contenu semblable, les blastomères (segmentation égale). Le 3ème sillon de segmentation est latitudinal (donc perpendiculaire aux 2 précédents) et légèrement sus-équatorial du fait de l’abondance des plaquettes vitellines au PV de l’embryon (segmentation inégale). L’embryon est alors constitué de 4 blastomères supérieurs de petite taille et pauvres en vitellus, les micromères, et de 4 blastomères inférieurs plus volumineux et riches en vitellus, les macromères. Les 4 plans de clivage qui séparent les 4 micromères des 4 macromères sont latitudinaux ; en conséquence le micromère et le macromère issus de la division d’un même blastomère sont disposés l’un au-dessus de l’autre suivant un méridien. Les plans équatoriaux de la 4ème division de segmentation sont méridiens. L’embryon est alors constitué de 16 cellules (stade 16). Les 1ères divisions de segmentation sont donc synchrones. Petit à petit, les divisions deviennent asynchrones (selon les sources dès le 4ème cycle, stade 16 ou vers le cycle 10). Les micromères se divisent plus rapidement que les macromères, la surcharge en vitellus des macromères ralentissant leurs divisions). On arrive au stade Morula. De plus, les cycles de divisions s’allongent : entre le 1er et le 10 à 12ème, les cycles ne comportent pas de phases G1 et G2, ils durent environ 35 minutes chez les anoures, ce qui est très bref pour les cellules eucaryotes. La transcription est inactivée, l’embryon utilise les ARNm et les protéines maternels. A partir du 10 (1024 cellules) au 12ème cycle (4096 cellules), les cycles se ralentissent : phase G1 et G2, reprise de la transcription. On parle de transition blastuléenne. L’expression d’ARNm de l’embryon et de la mère coexiste. La transcription de nouveaux ARNm est sous le contrôle des facteurs de transcription maternels. Francine Brondex et Erwan Paitel Construction d’un organisme, mise en place d’un plan d’organisation - 4 2) Le stade blastula A la fin de la segmentation, l’embryon est inscrit dans le volume de l’œuf de départ (pas d’augmentation du volume mais répartition du cytoplasme ovulaire entre les différents blastomères : le rapport nucléoplasmique tend à se rapprocher de sa valeur normale pour l’espèce). L’embryon est alors constitué de 6.000 cellules dont les limites ne sont discernables à l’oeil nu qu’au PV, du fait de la grande taille des blastomères. Au cours de la segmentation, les cellules s’écartent pour mettre en place une cavité de segmentation, le blastocœle, légèrement décalé vers le pôle supérieur de l’embryon. Il est rempli d’eau, de protides et de plaquettes vitellines ; son pH est de 8,5. L’embryon est une Blastula. Les cellules de la Blastula sont reliées par des connexions variées d’un point de vue structural (adhérences) et fonctionnelles (diffusion de molécules informatives) : - jonctions serrées entre les micromères de la couche externe : cohésion et étanchéité. - jonctions gap (connexons) entre les micromères les plus internes : diffusion de molécules, ainsi que des cadhérines (adhérences). - intégrines entre les micromères les plus internes et la matrice extracellulaire qui tapisse le blastocœle, (mise en place par les micromères eux-mêmes) - cadhérines entre les macromères. Les macromères sont moins cohésifs, ils n’élaborent pas de MEC. Plus précisément, on distingue 3 catégories de cellules : calotte animale, zone marginale et hémisphère végétatif. C. La gastrulation : des mouvements morphogénétiques affectent les cellules embryonnaires Quelques observations extérieures : La durée de la gastrulation est d’environ de 24h. La gastrulation est marquée extérieurement par l’apparition d’une encoche juste au-dessous du croissant gris (largement estompé durant la segmentation), à la face dorsale de l’embryon, la lèvre dorsale du blastopore. Celle-ci s’incurve latéralement vers le PV et prend la forme d’un fer-à-cheval constitué par les lèvres latérales du blastopore. Ces lèvres se rejoignent ventralement pour former la lèvre ventrale du blastopore. A la fin de ce processus, l’encoche circulaire, ou blastopore, entoure la zone dépigmentée au PV de l’embryon ; cette zone constitue le bouchon vitellin. Celui-ci s’invagine pour disparaître totalement à l’intérieur de l’embryon ; l’emplacement du bouchon vitellin n’est alors plus marqué que par une fente blastoporale (qui correspond à l’anus chez les Urodèles ; dont les bords s’accolent pour constituer une petite dépression qui se perforera secondairement quand tout le vitellus sera résorbé chez les Anoures). 1) Les marques colorées de Vogt permettent d’établir une carte des territoires présomptifs La destinée des territoires qui se sont invaginés dans l’embryon a pu être reconnue après que Vogt (1925) ait eu l’idée de marquer par des points colorés les groupes cellulaires qui constituent la Blastula : l’embryon doit être débarrassé de sa gangue et placé dans une logette remplie d’eau ; des fragments d’agar-agar sont découpés à la dimension de la plage à marquer, et imprégnés de colorant ; le fragment d'agar-agar coloré étant mis au contact de l’embryon, le colorant diffuse vers celui-ci en 10 à 15 min. Les mouvements des plages colorées sont étudiés au cours du temps sous la loupe binoculaire après microdissection. Elles nous renseignent sur les mouvements cellulaires de la gastrulation mais aussi sur le devenir des ensembles cellulaires de la blastula. On peut suivre les marques bien plus longtemps dans le développement. Actuellement des systèmes de marquages intracellulaires sont utilisés. Chaque feuillet ou organe de l’embryon plus évolué ou de la jeune larve peut être repéré en fonction de son emplacement présomptif sur la Blastula. La projection de toutes les régions repérées sur la Blastula permet d’établir une carte des territoires présomptifs (mais non déterminés : l’ablation précoce d’une région du germe sera compensée et passera inaperçue chez l’adulte). La Blastula est séparée en 2 par une ligne qui sépare les territoires sous-jacents qui s’invagineront de ceux qui resteront en surface : c’est la ligne d’invagination (en coordonnées latitudinales, de 15° PV sur la face ventrale à 40° PA sur la face dorsale) : - Le matériel situé au-dessus de la ligne d’invagination est à l’origine de l’ectoblaste, constitué de l’épiblaste (couleur conventionnelle : blanc ; tégument) et du neuroblaste (couleur conventionnelle : bleue ; système nerveux). - Le matériel situé au-dessous de la ligne d’invagination est à l’origine de l’endoblaste ou entoblaste (couleur conventionnelle : verte ; tube digestif) et du mésoblaste (couleur conventionnelle : rouge) qui forme une ceinture marginale constituée des territoires présomptifs de la corde (axe turgescent autour duquel s’édifie la colonne vertébrale), des somites (blocs métamérisés à l’origine du squelette, de la musculature squelettique, du derme, de l’appareil uro-génital), des lames latérales (délimitant la cavité coelomique et à l’origine de l’appareil circulatoire). Francine Brondex et Erwan Paitel Construction d’un organisme, mise en place d’un plan d’organisation - 5 2) Les marques colorées de Vogt montrent les mouvements des cellules au cours de la gastrulation Observations et interprétation. La marque 1 située dans le plan de symétrie, elle s’étend vers le pôle végétatif. Sa surface augmente en fait, c’est lié à une multiplication des cellules. La marque 2 a disparu au niveau de la lèvre blastoporale, la dissection montre qu’on la retrouve à l’intérieur. Elles suivent comme un mouvement sur un tapis roulant. Les marques 3 convergent et s’étendent vers les lèvres latérales du blastopore. Elles aussi entrent à l’intérieur, mais ensuite suivent un mouvement divergent. La marque 4 ne se déplace pas. Le suivi des marques colorées à la surface d’une Blastula permet de reconnaître la complexité des mouvements qui affectent l’embryon. Mais il faut aussi tenir compte des mvts internes. Invagination : au niveau de la lèvre dorsale du blastopore ; la paroi de la Blastula s’invagine dans un 1er temps. L’invagination est d’abord ponctuelle, à la limite de l’endoblaste et du mésoblaste (dorsaux). Puis, la ligne d’invagination, visible de l’extérieur, prend la forme d’un fer à cheval et se referme en un cercle. L’invagination concerne le mésoblaste précordal, puis, le mésoderme cordal et en fin le mésoderme cordal. L’invagination est associée à un mouvement d’involution (ou enroulement) : les cellules du mésoblaste tournent autour des lèvres blastoporales pour se réfléchir à l’intérieur de l’embryon, à la manière d’un tapis roulant. Les mouvements d’invagination et d’involution sont à l’origine d’une cavité nouvelle, l’archentéron, dont le plancher est constitué par l’endoblaste. Le mésoblaste précordal et cordal formant le toit de l’archentéron. L’endoblaste ne fait que s’enfoncer, sans s’enrouler, en basculant dans le blastocœle qu’il remplit (mouvement d’embolie). On peut d’ailleurs remarquer que le blastocoele finit par devenir virtuel à la fin de la gastrulation. Par ailleurs, la nouvelle disposition de l’endoblaste plus lourd entraîne un rééquilibrage. Convergence : les territoires présomptifs du mésoblaste cordal, caudal et somitique convergent en surface en direction des lèvres du blastopore. (Convergence des marques 3.) La convergence du mésoblaste cordal et somitique se poursuit en profondeur, de telle manière que le territoire présomptif cordal, très étalé sur la Blastula, se concentre dans une aire plus réduite, en position médiane et dorsale; le matériel somitique vient se disposer de part et d’autre de la corde. Epibolie : l’ectoblaste s’étend et finit par constituer à lui seul toute la surface de l’embryon ; les mouvements d’épibolie s’effectuent dans toutes les directions (à l’encontre des autres mouvements qui sont polarisés). Divergence : le mésoblaste des lames latérales (ventro-latéral) converge vers les lèvres blastoporales seulement en surface. En profondeur, ce matériel se désolidarise du matériel endoblastique, s’enfonce en coin entre l’épiblaste et l’endoblaste, puis s’étale pour finir par tapisser intérieurement tout l’espace laissé libre entre l’épiblaste et l’endoblaste : le territoire des lames latérales. En conséquence, le mésoblaste et l’endoblaste, initialement jointifs sur la Blastula, se séparent totalement. A l’issue de la gastrulation, les cellules qui faisaient partie d’une masse unique se sont regroupées par affinité et isolées en massifs. La Gastrula a conservé la forme et le volume initial de l’œuf qui est alors constitué de 3 feuillets : ectoblaste, mésoblaste, endoblaste (organisme triploblastique). Francine Brondex et Erwan Paitel Construction d’un organisme, mise en place d’un plan d’organisation - 6 Les cellules qui se sont regroupées par affinité ont contracté entre elles des liens mécaniques : par des adhérences non jonctionnelles essentiellement : molécules d’adhérence cellulaire du glycocalyx (CAM = cell adhesion molecules). Au contraire, d’autres cellules se sont séparées par rupture de leurs liens mécaniques. L’archentéron ou cavité digestive 1aire est très dilaté dans sa région antérieure qui constitue le pharynx. Il n’a pas encore de toit et ses parois latérales sont largement ouvertes sous la corde. 3) Des mécanismes cellulaires et moléculaires coordonnés dirigent les mouvements de la gastrulation On se contentera de l’exemple de l’invagination et de l’involution. Les cellules en bouteille : des cellules du cordo-mésoblaste s’enfoncent dans l’embryon au niveau de l’encoche blastoporale et s’allongent dans une direction orthogonale à la surface de l’embryon pour prendre la forme de cellules en bouteilles ; elles exercent une traction les cellules adjacentes. Elles obligent l’épithélium à se courber, à basculer dans le blastocœle et à produire l’encoche initiale du blastopore. Leur forme caractéristique est produite par la contraction de filaments d’actine dans la région apicale. Ainsi que par l’élongation de microtubules permettant l’allongement. Selon le même principe, la formation des cellules en bouteille progresse latéralement puis ventralement, ainsi se mettent en place les lèvres latérales et ventrales du blastopore. Les cellules de la zone marginales entraînées dans ce mouvement subissent donc une involution. Elles entrent alors en contact avec les cellules du toit du blastocoele et commencent à se déplacer vers le PA. Le rôle de la matrice extracellulaire : de nombreuses expériences ont mis en évidence le rôle de la matrice extracellulaire du toit du blastocoele dans la migration des cellules du mésoderme. Les cellules mésodermiques migrent sur un tapis de fibronectine qui assure le guidage du mouvement. Les molécules de fibronectine sont ancrées sur la trame de collagène et de glycosaminoglycanes. Et elles possèdent des sites de liaison (peptide RGDS) à des protéines transmembranaires des cellules motrices (de type intégrine). Les mouvements amiboïdes des cellules du mésoderme lors de leur migration sur le toit du blastocoele. Le mouvement des cellules motrices est comparable au mouvement de reptation des Amibes, qui peut être décomposé en 3 phases : ancrage, élongation, contraction. Ils font intervenir les microfilaments d’actine et de myosine et les microtubules. Les cellules se déforment : côté pôle animal (dans la direction du mouvement donc), elles acquièrent des lamellipodes (des extensions) prolongées par des filopodes. (MET). Dans les lamellipodes et filopodes, des filaments d’actine polymérisent permettant l’élongation de la cellule. La fluidité de la mb permet la déformation et un cycle d’endocytose exocytose permet l’extension de la surface membranaire au niveau du lamellipode. Des ancrages intégrine – fibronectine se mettent en place et la cellule se tracte sur ces adhérences. Elle se contracte (rôle du cytosquelette, acine myosine) : le corps cellulaire se rapproche du lamellipode. Il est important de noter le rôle central de la matrice extracellulaire et des adhérences hétérophiliques intégrine – fibronectine ainsi que le rôle du cytosquelette dans les mouvements cellulaires. Le déclenchement de ces événements est très contrôlé, dans une cascade d’inductions. Francine Brondex et Erwan Paitel Construction d’un organisme, mise en place d’un plan d’organisation - 7 D. Neurulation et organogenèse : la mise en place du plan d’organisation 1) Du stade gastrula au stade neurula La neurulation concerne la mise en place du SNC. Durant la neurulation, l’embryon s’allonge. Sa région dorsale s’épaissit pour former une plaque neurale (ou médullaire) qui fait partie intégrante du feuillet externe de l’embryon (ectoblaste). Les bords latéraux de la plaque neurale se soulèvent pour former les bourrelets médullaires, nets dans la région antérieure, plus effacés vers la fente blastoporale. La bordure externe des bourrelets constitue les crêtes neurales. Les bourrelets médullaires se soulèvent et vont à la rencontre l’un de l’autre dans le plan sagittal. Parallèlement, la plaque neurale s’enfonce à l’intérieur de l’embryon. La fusion des crêtes neurales met en continuité l’ectoblaste sur la face dorsale de l’embryon, et met en place un tube neural flanqué latéralement des crêtes neurales. La soudure est d’abord antérieure et met en place une vésicule close à l’origine de l’encéphale, puis gagne vers l’arrière pour édifier la future moelle épinière. La fusion postérieure des bourrelets médullaires se faisant par dessus la fente blastoporale, le tube nerveux est pendant un certain temps en communication avec l’archentéron par le canal neurentérique. La formation de la gouttière neurale a pour origine : - l’étirement des cellules de la plaque neurale dans l’axe dorso-ventral, dû à l’allongement des microtubules disposés perpendiculairement à la surface de l’épithélium. - le rétrécissement apical des cellules, dû à la contraction des faisceaux de microfilaments (actine et myosine). Les filaments d’actine et de myosine sont disposés en ceinture au pôle apical des cellules. Ils sont connectés aux ceintures d’adhérence. La contraction apicale d’une cellule exerce une traction sur les cellules voisines (les cellules sont adhérentes les unes aux autres), ce qui induit leur propre contraction et ceci de proche en proche (propagation d’une onde de contraction de l’axe de la plaque neurale vers sa périphérie). Les cellules du neuroderme se différencient des cellules de l’épiderme par des CAM spécifiques : présence de N-CAM (CAM de type immunoglobuline) et absence de E-Cadhérine pour les cellules neurales. Les cellules ont tendance à s’agréger avec les cellules identiques portant les mêmes protéines d’adhérence (cellules neurales entre elles). Alors qu’elles ont tendance à se séparer des cellules portant d’autres CAM (cellules neurales et épidermiques par exemple). En effet, les cadhérines et les intégrines fonctionnent par interactions homophiliques. La corde s’isole en une tigelle médio-dorsale turgescente. Le mésoblaste des lames latérales progresse ventralement pour former un anneau continu autour de l’endoblaste ; il se clive d’avant en arrière et de la face dorsale vers la face ventrale pour former une cavité, le coelome, délimitée par les lames latérales (formation du coelome par schizocoelie): - somatopleure, externe, tapissant le neuroblaste et l’épiblaste. - splanchnopleure, interne, tapissant l’endoblaste. Le coelome est à l’origine de la cavité générale de l’animal. Le mésoblaste dorsal se métamérise en arrière de la tête : il se segmente en somites disposés en 2 files longitudinales de part et d’autre de la corde (métamérie). La formation des somites consiste en une redisposition des cellules mésodermiques initialement orientées perpendiculairement à l’axe du corps ; ces cellules effectuent une rotation de 90° en se regroupant par paquets, les somites, qui apparaissent d’avant en arrière. Un étranglement se met en place entre les lames latérales et la partie dorsale du mésoblaste, et constitue la pièce intermédiaire ou gononéphrotome, à l’origine de l’appareil uro-génital. L’archentéron, ouvert dorsalement, se ferme par le rapprochement des 2 lèvres de l’endoblaste. Le tube digestif ainsi mis en place est dilaté antérieurement pour former le pharynx. La fin de la neurulation a lieu à 3 jours. Francine Brondex et Erwan Paitel Construction d’un organisme, mise en place d’un plan d’organisation - 8 2) De la Neurula au stade du bourgeon caudal Evolution du neuroblaste La partie antérieure du tube neural, dilatée, est à l’origine de l’encéphale ; 2 constrictions séparent 3 vésicules céphaliques (prosencéphale, mésencéphale, rhombencéphale). Par la suite, le SNC se régionalise à la suite de 2 nouvelles constrictions qui intéressent seulement les régions antérieure et postérieure : L’encéphale est enveloppé par le squelette crânien et ses 5 parties se distinguent par le calibre du canal neural et la différenciation de leur toit et de leur plancher : - prosencéphale à l’origine du télencéphale (ventricules latéraux I et II ; lobes olfactifs, hémisphères cérébraux) et du diencéphale (IIIème ventricule ; épiphyse ; thalamus, hypothalamus et chiasma optique). - mésencéphale (aqueduc de Sylvius ; lobes optiques ou tubercules bijumeaux ; pédoncules cérébraux) - rhombencéphale à l’origine du métencéphale (IVème ventricule ; cervelet) et du myélencéphale (toit du IVème ventricule ; bulbe rachidien) La moelle épinière est partiellement logée dans le canal vertébral et le canal neural devient le canal de l’épendyme. Les crêtes neurales sont à l’origine : - au niveau du tronc, de 2 cordons cellulaires qui se métamérisent en même temps que le mésoblaste dorsal pour former la double chaîne ganglionnaire latéro-vertébrale ; au niveau de la tête, elles participent à l’édification du squelette cartilagineux céphalique. - d’une lignée de cellules qui migrent et colonisent divers tissus où elles sont à l’origine des glandes endocrines périphériques produisant les hormones polypeptidiques et les catécholamines. Ce sont des neurones hautement spécialisés ou paraneurones. Evolution de l’épiblaste A la fin de la neurulation, l’épiderme comporte une assise de cellules reposant sur une lame basale. Des mitoses produisent un épiderme pluristratifié, caractéristique des Vertébrés. Au niveau de l’épiderme, des glandes cutanées se différencient, elles sont particulièrement abondantes chez les Amphibiens. L’épiderme s’épaissit au niveau des placodes sensorielles qui migrent en profondeur et s’associent à des éléments nerveux pour former les vésicules olfactives, les cristallins, les vésicules auditives, l’anté-hypophyse et une partie du squelette cartilagineux de la tête. Evolution du mésoblaste Au niveau des somites : Les cellules des somites au voisinage de la corde et du tube nerveux se détachent (elles deviennent des cellules mésenchymateuses). Elles constituent alors le sclérotome à l’origine de la colonne vertébrale qui se substitue à la corde. Elles forment un manchon de cellules de type chondrocytes. Elles s’ossifient progressivement et forment les os de la colonne vertébrale. Les cellules situées en position intermédiaire constituent le myotome. Il donne naissance aux muscles striés. Les bourgeons de membres se différencient aussi à partir du myotome (squelette et muscles). La partie externe, mince, ou dermatome, est à l’origine du derme qui s’associe à l’épiderme pour former la peau. Au niveau de la pièce intermédiaire : La pièce intermédiaire édifie l’appareil uro-génital. Dans la partie antérieure, elle se différencie dans un 1er temps en un pronephros. Les néphrotomes se séparent des somites, ce sont des structures métamérisées. Elles se creusent en tubule, se recourbent vers l’extérieur et s’abouchent dans un tube issu du néphrotome le plus antérieure et qui s’allonge vers l’arrière pour former le canal de Wolff ou uretère primaire. Dans un 2ème temps, un blastème néphrétique mésenchymateux plus postérieur forme un mésonephros, 2ème et définitive structure d’excrétion. Le canal de Wolff devient l’uro-spermiducte du mâle. Des canaux de Müller se mettent en place parallèlement aux canaux de Wolff (oviductes de la femelle). Les gonocytes primordiaux (futurs gamètes) apparaissent dans la somatopleure située de part et d’autre du mésentère dorsal. Puis ils migrent vers les ébauches gonadiques (tissus stériles des gonades). Celles-ci ont pour origine des crêtes génitales (origine mésodermique pas claire). Francine Brondex et Erwan Paitel Construction d’un organisme, mise en place d’un plan d’organisation - 9 Au niveau des lames latérales. Les lames latérales se rejoignent ventralement, ce qui agrandit la cavité coelomique et forme un mésentère ventral. Dorsalement, les lames latérales se rejoignent pour former un mésentère dorsal qui suspend le tube digestif dans la cavité générale. La splanchnopleure est à l’origine des muscles lisses, du myocarde, de l’endothélium des vaisseaux sanguins et de l’angioblastème précurseur des éléments sanguins ; le coeur commence à battre à 3,5 j. La somatopleure participe à la musculature de la tête et aux appendices (squelette et musculature). La corde est l’axe de soutien de l’embryon, elle joue aussi un rôle inducteur de contrôle. Au fur et à mesure de la formation du squelette vertébral, elle va disparaître. Evolution de l’endoblaste L’endoblaste est à l’origine du tube digestif et de ses glandes annexes (foie, pancréas) qui prennent naissance sous forme de diverticules. Les poumons ont pour origine un bourgeon médio-ventral en arrière du pharynx, qui se dédouble pour former des poumons sacculaires. L’anus, déjà ouvert chez les Urodèles, s’ouvre plus tard chez les Anoures, à l’emplacement du blastopore. La bouche se perfore au niveau d’une dépression ectodermique, le stomodeum, sous laquelle l’ectoblaste est au contact de l’endoblaste sans interposition de mésoblaste ; la bouche apparaît comme une perforation secondaire, indépendante du blastopore : les Amphibiens sont des Deutérostomiens. D’un point de vue morphologique, l’embryon s’allonge dès la neurulation et se modèle : il apparaît une ébauche de queue, le bourgeon caudal. La tête prend forme : apparition des 2 régions optiques plus claires, saillie des bourgeons branchiaux, formation de l’organe adhésif sous la forme d’une protubérance médio-ventrale. L’épiderme se recouvre d’une fine ciliature qui permet à l’embryon de se mouvoir sur un substratum lisse, une fois débarrassé de sa gangue. L’éclosion a lieu 4 j après la ponte ; la jeune larve ou têtard mesure 6 mm de long. C’est un organisme triploblastique (ou triblastique), coelomate, cordé, épineurien, deutérostomien. Francine Brondex et Erwan Paitel Construction d’un organisme, mise en place d’un plan d’organisation - 10 II. DEVELOPPEMENT EMBRYONNAIRE DES VERTEBRES: CONTROLES Le contrôle du développement est complexe : de nombreuses molécules interviennent et permettent un développement harmonieux, les étapes se succèdent dans l’ordre. On ne considérera que quelques exemples, attention ces exemples ne sont pas nécessairement issus du développement d’un Amphibien. On essaiera de tirer quelques règles générales. A. Des cellules totipotentes aux cellules déterminées exemple de la détermination de l’ectoderme au cours de la gastrulation On réalise des transplantations entre 2 embryons. Les 2 embryons appartiennent à 2 espèces de Triton différentes, caractérisées par leur pigmentation. On réalise d’abord une transplantation entre embryons au stade jeune gastrula. On prélève un fragment de d’ectoderme neural présomptif et on le greffe dans la région de l’épiderme présomptif. Résultat : le greffon se développe en épiderme, il adopte la destinée des cellules de l’hôte. Interprétation : dans ce cas, les cellules ont conservée leur potentialité. Elles répondent aux signaux moléculaires présents dans leur nouvelle localisation. On réalise la même expérience avec des stades gastrula âgée. Résultat : Cette fois, le greffon ne devient pas de l’épiderme mais il évolue en plaque neurale puis en tube neural. Interprétation : les cellules ont perdu leur potentialité : elles ne répondent pas aux signaux moléculaires présents dans la région hôte. Elles sont déterminées, et suivent leur différenciation quelque soit l’environnement. Généralisation : Chaque population cellulaire suit dans un premier temps un développement dit conditionné ou à régulation. Leur différenciation, l’acquisition des caractères propres dépend : (1) de leur localisation dans l’embryon et (2) des signaux moléculaires qu’elles reçoivent. Ainsi, si on les change de place, elles sont réceptives (ou compétentes) aux signaux nouveaux. Puis les populations cellulaires adoptent un développement autonome (ou mosaïque). Leur destinée est fixée, les cellules sont déterminées : elles ne sont plus capables de répondre aux signaux locaux. Elles n’ont pas encore acquis de caractéristiques morphologiques et fonctionnelles, elles ne sont pas différenciées mais déterminées. On appelle induction le processus par lequel des cellules inductrices envoient un signal, ce signal engage un groupe de cellules (induites) dans une voie de détermination puis de différenciation particulière. B. L’induction du mésoderme commence dès le stade ovocyte 1) Les blastomères végétatifs induisent les cellules sus-jacentes à fonder la lignée mésodermique Les observations ont montré que les cellules de la zone marginale acquièrent leur capacité à se déterminer en cellules du mésoderme entre le stade 32 cellules et le stade 128 cellules. (Pas les caractères mésodermiques, mais la capacité à se différencier ultérieurement). Les expériences suivantes sont réalisées sur des morulas et des blastulas. Expérience de Nieuwkoop (années 1970). Il découpe des blastulas, il isole la calotte (ou coiffe) animale et le pôle végétatif, qu’il met en contact. La calotte animale acquiert alors les caractères du mésoderme, elle a été induite en mésoderme. Une calotte animale, laissée isolée, ne conserve que des caractères indifférenciés. Interprétation : Les blastomères végétatifs envoient un signal qui provoque l’induction des cellules en mésoderme. Dale et Slack (1987) ont repris et précisé cette expérience, in vitro. Au stade 32 cellules (morulas), - ils ont associés des blastomères animaux avec un blastomère végétatif dorsal. - Rés : l’analyse histologique révèle la présence notamment de cellules musculaires et chordales. - Int : le blastomère végétatif dorsal a induit du mésoderme dorsal. - Ils ont associés des blastomères animaux avec un blastomère végétatif ventral, on observe la formation de mésenchyme, de cellules sanguines (caractères ventraux) Int : le blastomère végétatif ventral a induit du mésoderme ventral. Conclusion : Ces expériences montrent que l’induction du mésoderme est très vite polarisée (dès le stade morula) : la polarité dorsoventrale du mésoderme est aussi sous contrôle des blastomères végétatifs. Ainsi, l’activité inductrice des blastomères de l’hémisphère végétatif dépend de leur position selon l’axe dorsoventral de l’embryon, probablement depuis la polarité dorsoventrale acquise lors de la fécondation. Francine Brondex et Erwan Paitel Construction d’un organisme, mise en place d’un plan d’organisation - 11 Expérience de Gimlich et Gerhart (1984), Expérience in vivo sur des embryons au stade 64 cellules (blastulas) L’expérience témoin consiste à irradier le pôle végétatif de morulas avec des UV. On obtient alors un embryon dit ventral (sans aucune cellule à caractère dorsal), le développement est très altéré, il n’y a pas de gastrulation. (A) Expérience de transplantation : un embryon donneur normal et un embryon receveur irradié aux UV (pôle végétatif uniquement). On transplante un blastomère végétatif dorsal. Rés : la gastrulation se déroule normalement, le mésoderme se différencie et la polarité dorsoventrale se met en place normalement. Int : le blastomère végétatif dorsal a envoyé un signal déclenchant la gastrulation, un signal inducteur dorsalisant. (B) Même expérience, mais le receveur n’est pas irradié. Rés : On observe, en position ventrale, l’apparition d’un 2ème site de gastrulation et surtout la formation d’un 2ème axe dorsal. Int : Idem : le blastomère végétatif dorsal a envoyé un signal déclenchant la gastrulation, un signal inducteur dorsalisant. Conclusion : Les blastomères végétatifs dorsaux constituent un centre inducteur, appelé centre de Nieuwkoop, qui induit les blastomères sus-jacents (de la zone marginale) à produire du mésoderme dorsal. Parallèlement, le centre de Nieuwkoop est impliqué dans le déclenchement de la gastrulation. Les blastomères végétatifs ventraux induisent du mésoderme de type ventral : la régionalisation est précoce. Ces observations sont toutefois incomplètes : Comment se forment les structures mésodermiques latérales ? L’induction du mésoderme se réalisent dans un intervalle de temps réduit : les cellules restent compétentes jusqu’à environ 11h après la fécondation (entre 32 et 128 cellules environ). 2) Importance de la lèvre du blastopore: expériences sur des gastrulas Expérience de Spemann et Mangold (1924) Il s’agit encore d’une expérience de greffe croisée, entre 2 espèces de Triton, l’une pigmentée (donneur) l’autre non pigmentée (receveur). On prélève la lèvre dorsale du blastopore d’une jeune gastrula qui est ensuite implantée dans l’ectoderme ventral d’une autre gastrula. Rés : on observe la formation d’un 2ème site de gastrulation, puis d’un deuxième axe dorsal dans l’embryon receveur. On remarque, avec la pigmentation, que les cellules du receveur ont participé à la gastrulation et ont évolué en tissus mésodermiques dorsaux (somites, corde) ou même au tube nerveux. Francine Brondex et Erwan Paitel Construction d’un organisme, mise en place d’un plan d’organisation - 12 Int : Les cellules de la lèvre blastoporales (à la limite entre le territoire végétatif dorsal et le territoire mésodermique dorsal) induisent le début de la gastrulation et le mésoderme dorsal. Il s’agit du centre organisateur de Spemann, qui intervient dans la continuité du centre de Nieuwkoop mais postérieurement à celui-ci. Le centre de Spemann a les fonctions suivantes : - Initiation de la gastrulation - Spécification du mésoderme dorsal axial (chorde) - Spécification de l’ectoderme dorsal (neuroderme) et induction neural en général (non détaillé) 3) Du modèle des étapes d’induction du mésoderme aux molécules inductrices du mésoderme 2- Centre organisateur de Speman, à partir du stade blastula, groupe de cellules déclenchant la gastrulation. 1- Les blastomères végétatifs envoient des signaux d’induction du mésoderme, entre le stade 32 et 128 cellules (morula) Ce modèle reste grossier : - Quels signaux spécifient le centre de Nieuwkoop dans les stades les plus précoces (pré-morulas ?) - Comment le mésoderme est-il régionalisé finement, avec la spécification du mésoderme latéral notamment ? - Quels sont les molécules porteuses des signaux d’induction et de régionalisation du mésoderme ? Méthodes d’étude des molécules inductrices : Démarche génétique : on identifie des mutants du développement avec un phénotype perturbé de la mise en place du mésoderme Démarche biochimique : il s’agit de tester les effets d’une molécule isolée sur la prolifération ou la différenciation d’une population de cellules cible. Ici on cherche les molécules ayant un effet inducteur du mésoderme dorsal, on peut faire des tests : - in vitro : on s’attend à ce que la molécule induise du mésoderme dorsal si elle est incubée avec des cellules du pôle animal. - In vivo : un ARNm injecté dans le blastomère végétatif ventral doit aboutir à la formation de cellules musculaires et chordales voire la formation d’un 2ème axe embryonnaire. - In vivo : sur un embryon préalablement exposé aux UV, la molécule doit provoquer la formation de cellules musculaires et chordales voire la formation d’un axe embryonnaire. Par ailleurs, il faut réaliser des études de localisation de la molécule inductrice putative, in vivo et éventuellement de son récepteur. Enfin, on a en fait distingué deux catégories de molécules à effet inducteur dans le développement embryonnaire : - des peptides libérés dans le milieu extracellulaire par les cellules inductrices. Ils agissent par l’intermédiaire de récepteurs protéiques membranaires sur els cellules cible. On considère parfois que ce sont les molécules inductrices au sens strict. - Des facteurs de transcription, ce sont des inducteurs intracellulaires. Elles ont les propriétés des facteurs de transcription, c’est-à-dire la capacité de se fixer à l’ADN et d’activer ou réprimer la transcription de certains gènes. Francine Brondex et Erwan Paitel Construction d’un organisme, mise en place d’un plan d’organisation - 13 Le modèle moléculaire reprend les étapes d’induction depuis la fécondation, sans être exhaustif toutefois : Pour bien décrire une molécule inductrice, il faut toujours donner : - sa localisation (où ?), - son origine (activée par un autre inducteur, molécule maternelle…), - son action (dorsalisante/ventralisante, activation/inhibition d’autre molécules…) - son type (facteur de transcription intracellulaire, facteur de croissance extracellulaire) Etape 1 - Fécondation : à cette étape, peut-on observer des molécules (protéines ou ARNm) dont la répartition change lors de la formation du croissant gris ? On observe effectivement que la protéine Vg1 se concentre dans la zone dorso-végétative. La protéine Vg1 est présente déjà dans l’ovocyte II sous forme inactive. En fait, elle est accumulée et surtout activée (par clivage) dans la zone dorso-végétative. Vg1 fait partie de la famille des inducteurs TGFβ, peptides extracellulaires à récepteurs membranaires. Les tests biochimiques montrent que Vg1 a bien un effet inducteur du mésoderme dorsal (à forte concentration), elle fait partie des signaux moléculaires du centre de Nieuwkoop. Mais elle semble aussi impliquée dans la spécification du mésoderme ventral lorsqu’elle est présente en faible concentration. De plus, la βcaténine est présente sous forme protéine ou ARNm dès le stade ovocyte II. La βcaténine est d’abord cytoplasmique puis elle se concentre dans les blastomères végétatifs dorsaux (centre de Nieuwkoop) et dans le noyau de ces cellules. En effet, la βcaténine est une protéine facteur intracellulaire, mais son mode d’action est complexe. Elle a aussi un effet d’induction du mésoderme dorsal. La protéine maternelle VegT (présente sous forme ARNm et protéine) reste concentrée dans tout l’hémisphère végétatif. Etape 2 – Stade 32 cellules blastula : C’est l’étape d’induction de la zone marginale en mésoderme, et particulièrement de spécification du centre de Spemann. Le centre de Nieuwkoop est « actif », les molécules à l’origine de l’activité du centre de Nieuwkoop sont : - La βcaténine active la transcription de différents gènes, dont le gène siamois. Le gène siamois est exprimé dans le centre de Nieuwkoop. La protéine siamois est aussi un facteur de transcription : elle active notamment l’expression du gène goosecoïd, mais plutôt dans la zone du centre de Spemann. On voit qu’il existe des cascades d’induction. - La combinaison de Vg1 (à forte concentration) – VegT et βcaténine conduit à activer la synthèse de la protéine Nodal à concentration élevée. Il s’agit d’une autre protéine caractéristique du centre de Neuwkoop, il s’agit d’un facteur de croissance extracellulaire, indispensable à la spécification du centre de Spemann. Parallèlement, dans l’hémisphère végétatif latéral et ventral, il y a aussi induction mésodermique par d’autres voies : - La combinaison de Vg1 (faible concentration) et VegT conduit à activer une faible synthèse de Nodal, qui reste à concentration faible. - Vg1 à faible concentration active la transcription d’autres gènes, dont Wnt-8 (Attention, Wnt est une grande famille) - On remarque par ailleurs, que d’autres inducteurs moléculaires ventralisant agissent dans cette zone comme le FGF (signal extracellulaire) On remarque donc les prémisses d’une régionalisation du mésoderme. Etape 3 – Blastula jeune gastrula : Les protéines du type goosecoïd, (ou d’autres comme chordin) agissent comme inducteurs du mésoderme dorsal, grosso modo dans la région du centre de Spemann (facteurs dorsalisant). Gossecoïd est un facteur de transcritpion, qui active la synthèse de chordin qui est un facteur extracellulaire. Dans la zone marginale ventrale, Wnt-8 (ou encore BMP4) exercent leurs effets inducteurs du mésoderme ventral (facteurs ventralisant). BMP4 comme Wnt-8 est un facteur extracellulaire. Dans la zone marginale latérale, on observe un mélange avec concentration plus faible de molécules dorsalisantes (goosecoïd) et ventralisant (Wnt8), ce mélange induit les caractères du mésoderme latéral 4) Généralisation : principales propriétés des inducteurs et de l’induction embryonnaire Rappel : On appelle induction le processus par lequel des cellules inductrices envoient un signal, ce signal engage un groupe de cellules (induites) dans une voie de détermination puis de différenciation particulière. Francine Brondex et Erwan Paitel Construction d’un organisme, mise en place d’un plan d’organisation - 14 Il faut donc bien : - des cellules émettrices = inductrices qui produisent le signal, ici sous forme de molécules inductrices ou inducteurs embryonnaires. Toutefois, certaines molécules inductrices ont été stockées dans l’ovocyte : des ARNm (longue vie) et des protéines maternelles stockées dans l’ovocyte qui constitue une véritable réserve informative. - des cellules réceptrices ou cible = induites, qui décodent le message et initient une réponse cellulaire. De plus, le signal subit un transport entre la cellule émettrice et les cellules réceptrices. On distingue deux catégories de molécules inductrices : - Les facteurs de transcription sont des protéines cytoplasmiques : elles sont intracellulaires. - Les signaux extracellulaires, ou facteurs de croissance. Ils restent à l’extérieur de la cellule, agissent sans entrer dans la cellule. Ce sont des peptides de MM comprise entre 15 et 30kDa. RECEPTION DU SIGNAL - MODE D’ACTION – COMPETENCE Comment les inducteurs embryonnaires déclenchent-ils la réponse des cellules cibles ? - Les facteurs de transcription possèdent un domaine de fixation à des séquences spécifiques de l’ADN, ils agissent directement en activant ou réprimant la transcription de gènes cibles. - Les facteurs de croissance interagissent avec une protéine récepteur spécifique, interaction qui déclenchent une transduction du signal dans la cellule cible. Des seconds messagers intracellulaires agissent notamment en activant ou réprimant la transcription de gènes spécifiques. Remarque : Comme toutes les cellules conservent le même génome, la réalisation de la détermination puis de la différenciation correspond à l’expression de gènes particuliers, à la réalisation d’un programme génétique particulier. Certains gènes spécifiques sont exprimés, d’autres au contraire sont réprimés. Remarque 2 : Une fois dans un état dit déterminé, les cellules ne sont plus compétentes, elles suivent leur voie de différenciation même si on les soumet à d’autres inducteurs. La molécule inductrice doit interagir avec la cellule induite. La cellule induite doit être compétente : être capable de recevoir le signal et d’apporter une réponse cellulaire, en l’occurrence de réaliser un phénotype de différenciation particulière, notamment en exprimant certains gènes et pas d’autre. Dans le cas des facteurs de croissance, par exemple, la molécule inductrice interagit avec un récepteur membranaire de la cellule réceptrice. Ainsi pour être compétente, la cellule réceptrice doit: - posséder les récepteurs à sa surface, si le récepteur est absent la cellule ne peut recevoir le message. - réaliser la transduction du signal, si un second messager est absent, le signal n’est pas transmis - réaliser l’activation de la transcription de certains gènes, propres à la voie de différenciation TRANSPORT Le signal inducteur est en général une molécule diffusible (elle se déplace de la cellule inductrice à la cellule induite). Le transport se fait en général par diffusion, à faible distance. - Les facteurs de transcription peuvent diffuser de cellule en cellule par le biais des jonctions gap - Les facteurs de croissance diffusent dans la matrice extracellulaire. Conséquences – CODAGE DE L’INFORMATION : Le transport par diffusion crée un gradient de concentration dans l’embryon. Les molécules inductrices agissent selon un gradient de concentration. Les molécules peuvent avoir des effets différents selon leur concentration (cf. Vg1, Nodal) Un inducteur agit rarement seul : en général, une combinaison de plusieurs molécules inductrices permet la réalisation d’une voie de différenciation, voir régionalisation du mésoderme. L’induction fonctionne en fait, en cascade d’induction : ex, la βcaténine active le gène siamois, la protéine siamois active le gène goosecoïd, la protéine goosecoïd active d’autres gènes… Ceci permet une spécification de plus en plus précise de la destinée des cellules. Francine Brondex et Erwan Paitel Construction d’un organisme, mise en place d’un plan d’organisation - 15 C. La régionalisation antéropostérieure et dorsoventrale implique l’expression de gènes homéotiques On a vu que le mésoderme se régionalise progressivement en différents territoires : - selon un axe dorso-ventral : on distingue la corde, les somites, les pièces intermédiaire et les lames latérales - selon un axe antéropostérieur : si on considère les somites, les vertèbres se différencient : cervicales, thoraciques, lombaires, sacrées, caudales. Les bourgeons de membres apparaissent et se différencient. Le développement antéropostérieur du mésoderme se fait de façon concomitante à la régionalisation de l’axe neural (vésicules encéphaliques, moelle épinière) Une catégorie particulière de gènes est impliquée dans la détermination des axes de polarité : les gènes sélecteurs homéotiques. Le mutant Antennapedia a un organe « postérieur » répété vers l’avant. 1) Les gènes Hox, et la spécification antéropostérieure Chez les Vertébrés, les gènes homéotiques de la famille Hox sont organisés en 4 complexes, chacun porté par un chromosome différent. Chez la Souris, les chromosomes 2, 6, 11, et 15 sont porteurs d’un complexe de gènes homéotiques. Complexes Hox A, B C et D. Chez les Mammifères, on connaît actuellement 39 gènes. Il est probable que ces 4 complexes soient le résultat d’une duplication ayant eu lieu chez un ancêtre des Vertébrés, à partir d’un complexe ancestral (en 2 temps). Les gènes situés en position équivalente dans les différents complexes sont dits paralogues (ils sont issus de la duplication du même gène ancestral) : par exemple HoxA4, HoxB4, HoxC4, HoxD4. Ils possèdent les propriétés des gènes homéotiques : - La règle de colinéarité. Les gènes sont alignés dans le même ordre que les régions de l’organisme où ils s’expriment. De plus, leur position est en rapport avec le moment où ils sont exprimés. En fait, un gène situé à l’extrémité 3’ correspond à un gène exprimé précocement et dans la partie antérieure de l’embryon. La limite antérieure est nette en général. Postérieurement on observe plutôt un gradient progressif dans l’expression, chaque gène étant en général inhibé par celui qui s’exprime postérieurement. Les gènes homéotiques ne s’expriment pas que dans une catégorie cellulaire mais bien dans une région où coexistent différents types cellulaires. - comme chez la Drosophile, la modification du domaine d’expression d’un gène modifie l’identité de l’organe qui s’y trouve. Chez la Drosophile, mutant Antennapedia (Ant-), a des pattes à la place des antennes. L’élimination de Hoxc8, mutant Hoc8-, a la vertèbre lombaire 1 transformée en vertèbre thoracique (elle possède une côte, caractéristique des vertèbres thoracique). La délétion homozygote de HoxC8 chez la Souris provoque la transformation de la 1ère vertèbre lombaire en une 14ème vertèbre thoracique. La vertèbre lombaire a acquis un caractère plus antérieur. De même, le mutant Hoxb4- voit sa vertèbre cervicale n°2 devenir une vertèbre cervicale n°1 (marquée par la présence d’une excroissance), elle aussi devient plus antérieure. Les organes antérieurs se répètent vers l’arrière. Une mutation homéotique provoque le changement d’un organe en un autre organe fonctionnel. Inversement, des souris transgéniques ont été construites. Par exemple, la protéine Hox A-7 n’est normalement présente que dans les régions cervicales postérieures et thoraciques antérieures. Une lignée de souris transgénique a été isolée : elles produisent de façon anormale la protéine dans la tête et la région cervicale antérieure. Le thymus est absent, des côtes normalement plus postérieures (thoraciques) se forment dans le cou. Ici le domaine d’expression d’un gène est étendu vers l’avant ce qui entraîne la formation d’organes normalement thoraciques dans la région du cou. Les organes postérieurs se répètent vers l’avant. On utilise aussi l’acide rétinoïque (un dérivé de la vitamine A, dérivé isoprénique) qui modifie le profil d’expression des gènes Hox. Par exemple, l’injection d’acide rétinoïque à des embryons de Souris en gastrulation (in utero), c’est-à-dire une augmentation de la dose. Une telle injection provoque une expression de HoxA-10 au-delà de sa limite postérieure normale. Une paire de côtes (structure thoracique) se développe sur la première lombaire (en principe dépourvue) - La combinatoire génique : la combinaison de plusieurs Hox donne une identité relative aux cellules embryonnaires, le long de l’axe antéropostérieur. Chaque cellule est donc affectée d’une valeur positionnelle, valeur qui résulte de la combinatoire de l’expression de plusieurs gènes Hox. Les gènes homéotiques et la répartition de leurs produits donnent donc une information de position sur l’axe antéropostérieur, ce qui permet de fabriquer le bon organe au bon endroit. La règle de colinéarité et la combinatoire permettent donc de spécifier l’identité de chaque cellule (ou groupe de cellules) selon l’axe antéropostérieur. - ils possèdent une homéoboîte (les protéines correspondantes contiennent un homéodomaine). Il s’agit d’une séquence très conservée. L’homéodomaine de la protéine contient 60 aa. C’est la séquence de liaison à l’ADN, formant un motif HTH. Chaque protéine est capable de reconnaître des séquences d’ADN spécifiques. Les gènes homéotiques sont donc des facteurs de transcription. Francine Brondex et Erwan Paitel Construction d’un organisme, mise en place d’un plan d’organisation - 16 Le gène homéotique se caractérise par une séquence nucléotidique commune à tous les gènes homéotiques: l'homéoboîte. Le gène homéotique code pour une protéine appelée homéoprotéine. L'homéoprotéine est un facteur de transcription codé par un gène homéotique. Elle possède une séquence en acides aminés commune à toutes les homéoprotéines: l'homéodomaine. L'homéoboîte est une séquence de 180 paires de base nucléotidiques qui code pour l’homéodomaine. L'homéodomaine est une séquence de 60 acides aminés dont la conformation tridimensionnelle reconnaît spécifiquement des régions régulatrices de certains gènes. Remarque : d’autres gènes contiennent l’homéoboîte mais ne sont pas organisés en complexes. En amont : Il est important de noter que le patron d’expression des gènes homéotiques selon l’axe antéropostérieur résulte des étapes d’induction préalables : on a vu lors de l’induction du mésoderme des patterns d’expression correspondant à une information de position. Mais les cascades exactes aboutissant à l’expression des gènes homéotiques restent imparfaitement connus. En aval : De même, on a vu que les gènes homéotiques sont des facteurs de transcription, toutefois, on connaît encore mal les gènes activés ou réprimés permettant l’expression exacte de la différenciation d’une cellule. Les gènes homéotiques contrôlent la régionalisation antéropostérieure : - de l’axe nerveux - du mésoderme, les somites s’individualisent, forment des vertèbres qui ont une identité antéropostérieure : cervicales, thoraciques, lombaires, sacrées. Les gènes homéotiques (selon les règles évoquées) spécifient l’identité de chaque élément du squelette axial aisni que des territoire musculaires. - mais aussi contrôlent la mise en place et le développement des bourgeons de membres. 2) Les gènes Pax, spécification de la polarité dorsoventrale Les gènes Pax restent encore moins bien connus que les gènes Hox. On connaî 9 gènes Pax chez les Vertébrés (Pax 1 à 9). Mais on a remarqué que la répartition de l’expression des gènes Pax correspond à des zones bien spécifiques sur l’axe dorso-ventral. Par exemple, les cellules du dermomyotome expriment le gène Pax-3. Par contre la partie ventrale du somite à l’origine du sclérotome exprime Pax-1. On sait donc que les gènes Pax, par leur pattern d’expression porte aussi une information de position. D. La différenciation cellulaire est un processus contrôlé : exemple de la différenciation d’une cellule musculaire 1) Un peu d’histologie et de chronologie : du myoblaste indifférencié à la cellule musculaire différenciée On parle de muscle strié squelettique (par opposition au muscle cardiaque et aux muscles lisses viscéraux). Des images des différents stades. Une cellule de muscle squelettique (myofibrilles) est très grande (diamètre de l’ordre de 10-2mm), très allongée et elle contient plusieurs noyaux. Les myofibrilles sont regroupées en fibre musculaire. L’aspect strié vient de l’organisation très régulière des protéines musculaires : filaments épais de myosine et filaments fins d’actine. On distingue différents états cellulaires aboutissant à une myofibrille différenciée. Après la dispersion des cellules du sclérotome, les cellules du myotome s’isolent à leur tour pour donner des myoblastes. Ces cellules sont précurseurs de toute la musculature vertébrale, de la musculature striée squelettique troncale et caudale mais aussi des membres. Lorsque les cellules, après leur migration, atteignent leur emplacement, elles réalisent une série de divisions puis elles commencent leur processus de différenciation. La différenciation nécessite la fusion de plusieurs myoblastes qui donne naissance à un myotube plurinucléé. Noter que le myotube n’est pas issu de divisions successives sans cytodiérèse mais bien de fusion de plusieurs cellules. Les myotubes se modifient ensuite en myofilaments et enfin en myofibrilles contractiles. On appelle myogenèse le processus de différenciation des cellules musculaires. La mise en culture de myoblastes a permis de préciser certaines étapes. Les cellules de régions embryonnaires contenant des myoblastes sont d’abord dissociées, par digestion enzymatique (trypsine) de la matrice extracellulaire. Elles sont placées en culture dans des boîtes de Pétri contenant des éléments nutritifs, du sérum et tapissées de collagène. Après 48h, la culture contient des myoblastes en divisions actives. Puis les divisions cessent. Avec l’arrêt des divisions, les myoblastes s’alignent et forment des chaînes. Ce qui nécessite un phénomène de reconnaissance. Francine Brondex et Erwan Paitel Construction d’un organisme, mise en place d’un plan d’organisation - 17 Autoradiographie d’une culture de myoblastes. On fournit aux cellules de la thymidine tritiée, repérée par les grains d’argent. On remarque des cellules avec des grains, elles incorporent la thymidine tritiée, elles sont en division. D’autres cellules ne sont pas marquées, elles n’incorporent pas la thymidine tritiée, elles ne se divisent plus et sont alignées. On remarque déjà que l’entrée en différenciation nécessite l’arrêt des divisions. Après reconnaissance et alignement, les cellules fusionnent et forment un myotube plurinucléé. Parallèlement, la cellule devient capable de synthétiser les protéines spécifiques du muscle : protéines de structure (myosine, actine, desmines, vimentine…), des enzymes (créatine phosphokinase)… 2) Le contrôle de la différenciation d’un myoblaste Un facteur externe le FGF (Fibroblast Growth Factor). In vitro, le FGF stimule la multiplication des myoblastes. C’est un signal extracellulaire qui se lie à un récepteur membranaire et provoque la réplication et l’entrée en mitose. Signal de maintenance dans un état non différencié, stimule le maintien dans un cycle de division actif. Lorsque les myoblastes entrent en différenciation, ils perdent leurs récepteurs aux FGF (ils ne sont plus compétents) au FGF. La matrice extracellulaire : lorsqu’ils entrent en différenciation les myoblastes sécrètent de la fibronectine dans la matrice extracellulaire. Ils synthétisent parallèlement l’intégrine (51) qui leur permet d’adhérer à la fibronectine. Si l’interaction intégrine fibronectine est perturbée alors les myoblastes ne poursuivent pas leur différenciation. Ce qui suggère que ce phénomène d’adhérence est indispensable au processus de différenciation. La famille des protéines MyoD. A la fin des années 80, on a isolé une protéine appelée MyoD (Myoblast Determination protein) soupçonnée de participer à la différenciation cellulaire des myofibrilles. C’est une protéine exprimée uniquement dans la lignée des cellules musculaires. On a cloné le gène de MyoD dans un vecteur viral, de façon à ce que le gène soit sous contrôle d’un promoteur viral constitutif (activation de la transcription dans toutes les situations). Le gène de fusion a servi à la transfection de nombreux types cellulaires (pas ou peu différenciés) : neuroblastes, fibroblastes… Résultats : dans tous les cas, se transformaient en cellule de type musculaire, avec une forme allongée (myotube) et synthèse de protéines spécifiques du muscle. Interprétation : MyoD semble donc suffire à l’activation des gènes spécifiques des cellules musculaires. Il semble être un gène de commande dominante, il est capable de provoquer la différenciation de tout type cellulaire en cellule musculaire. La transcription intense de MyoD commence à la gastrula dans le mésoderme dorsal, dans les territoires présomptifs des somites. Ce pattern d’expression est sous le contrôle des inducteurs du mésoderme. MyoD code pour une protéine de 318aa. MyoD est un facteur de transcription capable de se fixer sur l’ADN et de provoquer la transcription de différents gènes. Elle se fixe sur la séquence promoteur de gènes de structure comme la créatine phosphokinase, ou du récepteur à l’acétylcholine. On a par la suite trouvé une autre protéine Myf5 qui agit de la même façon que MyoD dans la différenciation précoce des myoblastes. Ces protéines semblent agir dans des territoires spécifiques : plutôt futurs muscles des membres pour MyoD, plutôt muscles dorsaux pour Myf5 (chez certaines espèces). MyoD et Myf 5 activent donc la transcription de gènes de structure. Mais MyoD active aussi sa propre transcription. Et elle active la transcription d’autres gènes de régulation. Par exemple, la protéine myogénine est synthétisée en réponse à la MyoD. Elle est aussi un facteur de transcription, activant l’expression gènes de structure essentiellement (actine, myosine, créatine phosphokinase…). Mais aussi la synthèse de MyoD, il y a donc une boucle de contrôle positif entre les deux protéines (irréversible). Elle active enfin la transcription d’un autre gène de régulation Myf6. Toutes ces protéines de la famille MyoD sont des facteurs de transcription capables de se fixer au niveau d’un promoteur ADN et possèdent la même structure générale : ce sont des protéines HLH (hélice boucle hélice). Il est important de noter qu’elles sont actives sous forme de dimère, en général un hétérodimère. Elles peuvent être l’objet d’une inactivation. Reprenons l’exemple de MyoD, elle est présente dans les cellules souches très précocement (dès la gastrulation précoce), alors même que la phase de prolifération n’est pas terminée. Pourtant, les myoblastes se divisent et ne se différencient pas. Il existe une protéine Id, qui possède le motif HLH mais pas la région basique de fixation à l’ADN. Id et MyoD forment un hétérodimère qui n’est pas actif. On a montré que la synthèse de Id est sous le contrôle du FGF. Si FGF est présent et que les cellules possèdent le récepteur alors Id est synthétisé et MyoD n’est pas active. L’avancement de la différenciation passe par une diminution de la synthèse de Id. Francine Brondex et Erwan Paitel Construction d’un organisme, mise en place d’un plan d’organisation - 18 Lorsque la cellule est entrée en différenciation, MyoD à son tour inhibe la prolifération. En effet, elle active la synthèse de p21 qui est un inhibiteur du cycle cellulaire. Généralisation : La différenciation est l’acquisition d’une fonction et d’une morphologie spécialisée et définitive. Chez les animaux, la différenciation est irréversible. On constate dans différents cas, un antagonisme entre prolifération et différenciation : des cellules souches restent en prolifération (elles sont compétentes à des facteurs de croissance). Une partie cesse ses divisions et entrent en différenciation. Il y a un état de cellule déterminée : elle est engagée dans une voie de différenciation mais n’a pas encore les caractéristiques finales de la cellule différenciée. La différenciation est induite par des signaux extérieurs à la cellule (ici on n’a parlé que de FGF un inhibiteur) et par un programme de détermination interne (famille des MyoD) Les facteurs de transcription sont au cœur du programme de détermination : ils provoquent la synthèse de nouveaux gènes régulateurs ou de gènes de structure. E. La croissance d’un os long de Mammifère repose sur la multiplication et la différenciation cellulaire 1) Squelette, os et tissus osseux Les Vertébrés sont caractérisés par un endosquelette qui peut être cartilagineux uniquement (Chondrichtyens : Requins, raies) ou cartilagineux et osseux (Ostéichtyens : Téléostéens, Amphibiens, Oiseaux, Mammifères). Le cartilage est un tissu conjonctif semi-rigide, la composition de la matrice extracellulaire est caractéristique du cartilage. L’os est aussi un tissu conjonctif particulier, la matrice extracellulaire est minéralisée (imprégnée de sels de calcium, sous forme hydroxyapatite). De par cette rigidité, l’os joue un rôle de soutien de l’organisme (rôle principal du squelette). Mais il constitue aussi une réserve de calcium pour l’organisme. Les muscles squelettiques s’insèrent sur les os longs (via les tendons). Le tissu osseux peut avoir deux origines suivant qu'il apparaît après une ébauche cartilagineuse ou non. Il existe deux types d'os : Os longs (fémur, tibia): ossification endochondrale (avec ébauche cartilagineuse) Os plats (omoplate, crâne, mandibule): ossification membranaire (sans ébauche cartilagineuse) Un os long est subdivisé en une diaphyse et deux épiphyses aux extrémités arrondies. L’épiphyse est protégée par une couche de cartilage particulier, le cartilage articulaire. L’épiphyse est essentiellement constituée d’os spongieux. La diaphyse est elle principalement constituée d’os compact. Classiquement on dit que l'os compact a une fonction mécanique et l'os spongieux une fonction métabolique. La cavité médullaire d’un os long est remplie d’une moelle inactive (jaune). La surface externe de l’os est formée d’un tissu conjonctif dense et fibreux, le périoste. Les muscles, tendons et ligaments viennent s’insérer sur le périoste. Le périoste joue un rôle fondamental dans la croissance en longueur et surtout circonférentielle des os. L'ensemble du périoste est richement vascularisé. Structure d’un os compact La matrice extracellulaire forme les colonnes en couches concentriques : Le tissu osseux qu'il soit spongieux ou compact est constitué d'une matrice osseuse minéralisée. La partie organique est composée essentiellement de collagène de type 1. Les protéines non collagéniques (PNC) (10%-15% du contenu protéique osseux) dont des protéoglycanes mais aussi des Glycosaminoglycanes. Les cellules : Les ostéoclastes : Ce sont de grandes cellules post-mitotiques (100µm) plurinucléées, issues de la fusion de cellules. Elles sont hautement mobiles et se déplacent sur les travées osseuses et à l'intérieur des lacunes de résorption. En effet, elles sont capables de solubiliser les composants de la matrice extracellulaire osseuse, minéraux ou protéines. Les ostéoblastes synthétisent la matrice osseuse nouvelle en périphérie. Leur fonction est de synthétiser la matrice osseuse collagénique et de participer à la minéralisation de celle ci. Ils forment un tapis de cellules jointives (disposition pseudo-épithéliale) et communiquent entre eux par des structures appelées jonctions gap, elles ont des caractéristiques de cellules synthétisant beaucoup de protéines. L’ostéoblaste évolue ensuite selon plusieurs voies possibles : - soit l'ostéoblaste est emmuré dans la matrice minéralisée et il devient alors un ostéocyte - soit il s'aplatit et a une activité métabolique très réduite et devient une cellule bordante Francine Brondex et Erwan Paitel Construction d’un organisme, mise en place d’un plan d’organisation - 19 - soit enfin l'ostéoblaste peut mourir par mort cellulaire programmée ou " apoptose ". 2) Ossification enchondrale, croissance en longueur de l’os long La formation de l’os est l’ostéogenèse. On ne décrira que la croissance d’un os long, par ossification endochondrale (=enchondrale). Rappel : ex tibia, fémur… essentiellement membres. A) L’ossification enchondrale comprend la formation de tissu cartilagineux à partir d’agrégats de cellules mésenchymateuses et le remplacement ultérieur du tissu cartilagineux par des os. Chez les humains, les os longs des bourgeons de membres embryonnaires se forment à partir de nodules de cellules mésenchymateuses, eux-mêmes issus des régions où vont se différencier les os (origine : myotome des bourgeons de membre). Ces cellules deviennent des chondrocytes, cellules du cartilage, et sécrètent la matrice extracellulaire de type cartilagineuse. B) L’ensemble prend une forme générale de l’os à venir. Les cellules mésenchymateuses entourant ce nodule cartilagineux donneront le périoste. C) Les cellules situées au centre du « modèle » s’agrandissent de façon spectaculaire et sécrète une matrice extracellulaire différente. Ce sont des chondrocytes hypertrophiés. D) E) Un capillaire envahit le centre de la diaphyse qui n’était pas irriguée jusque là. La matrice cartilagineuse est dégradée, les chondrocytes hypertrophiés meurent. Et des ostéoblastes (cellules formant l’os) sont apportés par les vaisseaux sanguins. Ils sécrètent de la matrice osseuse (qui se minéralise) sur le cartilage partiellement dégradé. Dans la partie centrale, tout le cartilage est remplacé par de l’os. F) Aux extrémités de cette zone ossifiée, un front d’ossification se met en place à la limité os/cartilage. Du côté cartilage, on retrouve des chondrocytes hypertrophiés qui préparent la zone à l’invasion par les vaisseaux. Le côté osseux contient des ostéoblastes déposant la matrice osseuse. Le front d’ossification s’étend des deux côtés. G) Jusqu’à ce stade, il n’y a eu aucune croissance en longueur. Lorsque le front d’ossification atteint les extrémités du modèle cartilagineux, les chondrocytes subissent une prolifération avant de s’hypertrophier. Cette prolifération repousse vers l’extérieur les extrémités cartilagineuses de l’os. Ce sont les plaques de croissance ou cartilage de conjugaison. Aussi longtemps que l’épiphyse produit des chondrocytes, la croissance se poursuit : hypertrophie des chondrocytes, envahissement par les vaisseaux sanguins, arrivée des ostéoblastes et mise en place de la matrice osseuse. L’agrandissement de la couche périphérique du périoste permet l’accroissement en diamètre. Lorsque la maturité est atteinte, des changements hormonaux stoppe la prolifération du cartilage qui est ossifié. Le cartilage de conjugaison disparaît. De même, l’épiphyse constituée au départ de cartilage s’ossifie aussi, c’est l’ossification secondaire. Il ne subsiste que la couche de cartilage articulaire. Enfin, dans la partie centrale de la diaphyse, il y a un creusement de la région interne pour former la cavité de la moelle osseuse. Cette destruction du tissu osseux est due aux ostéoclastes, des cellules plurinucléées qui pénètrent dans l’os par les vaisseaux sanguins. L’ostéoclaste fait pénétrer de nombreux prolongements dans la matrice et provoque son acidification et sa solubilisation (destruction des protéines, capture des ions minéraux) Chez un Vertébré, la croissance nécessite la croissance de l’os. Comme chez les végétaux, les éléments squelettiques (paroi, os) sont centraux dans le processus de croissance. Toutefois, chez un Vertébré, la croissance est finie : elle n’a lieu que pendant une phase donnée (enfance et adolescence chez l’Homme) et l’individu atteint une taille définitive (par opposition à la croissance indéfinie des Angiospermes). La croissance implique aussi des processus de multiplication (mitose)… III. DEVELOPPEMENT POST EMBRYONNAIRE DES AMPHIBIENS : ETAPES ET MECANISMES Le développement des Amphibiens est indirect : à l’éclosion (fin du DE), il y une larve (le têtard) qui est rapidement autonome, elle va subir un DPE d’environ 2 mois. Quelle est l’organisation d’un têtard ? Son plan d’organisation est-il très différent de celui de l’adulte ? A la fin du DPE, le têtard subit un ensemble de modifications spectaculaires qui le feront passer à l’état d’adulte : c’est la métamorphose. Comment se déroule-t-elle ? Quels sont les mécanismes des modifications ? A. Le têtard, une larve autonome vivant en milieu aquatique 1) Stade de l’éclosion A l’éclosion, le têtard est équivalent au stade embryonnaire « bourgeon caudal ». La musculature dorsale dérivée des somites, permet des mouvements : le têtard déchire les restes de la gangue et se libère des enveloppes de l’œuf (éclosion). La larve mesure entre 5 et 6mm. La bouche n’est pas encore percée (stomodeum toujours), le têtard ne peut pas encore s’alimenter. Il utilise la fin de ses réserves, le vitellus n’est pas encore complètement épuisé, il en reste une partie sous l’archentéron. Dans un premier temps, la sortie de la gangue permet une croissance en longueur en utilisant la fin des réserves. Francine Brondex et Erwan Paitel Construction d’un organisme, mise en place d’un plan d’organisation - 20 Les narines ne sont pas percées (placode olfactive seulement), l’œil est non fonctionnel, il est protégé par un repli épidermique (Ebauche cristallinienne). L’encéphale est au stade 3 vésicules. La queue est peu développée (bourgeon caudal encore), le têtard peut bouger mais il est peu mobile. Par ailleurs, il possède un organe adhésif (agit comme une ventouse) qui lui permet de se fixer sur un support. Sur les côtés antérieurs, on peut observer plusieurs renflements : ce sont des ébauches de branchies. A ce stade, la respiration est tégumentaire. 2) Stade « branchies externes » Les branchies « externes » sont des branchies ectodermiques de 1ère génération, ce stade dure 4 à 5 jours. La croissance fait passer la larve de 5 à 10 mm environ. - La bouche est ouverte, la prise de nourriture est autonome. La bouche est pourvue de 2 mâchoires cornées (riches en kératine), entourées de 2 lèvres parsemées de petites dents cornées et de papilles gustatives. - Par ailleurs, l’anus aussi s’est percé, il débouche au niveau du tube cloacal. Le tube digestif est fonctionnel. Le régime alimentaire est d’abord herbivore : il broute les végétaux aquatiques sur les rochers. Le tube digestif est proportionnellement très long, spiralé, ce qui permet la digestion des tissus végétaux (peu digestes...) - les narines externes sont percées et fonctionnelles, elles assurent un rôle olfactif uniquement (et non pas respiratoire) - Les yeux deviennent progressivement fonctionnels. - Une ligne latérale se met en place : il s’agit d’un alignement de cellules sur le côté. Ces cellules sont sensibles aux vibrations de l’eau et donnent une information de position et de mouvement. Bilan : les différents organes sensoriels deviennent fonctionnels, une perception sensorielle du milieu extérieur est indispensable à un mode de vie autonome. - l’organe adhésif s’atrophie progressivement - La queue se développe, en particulier la musculature : des muscles en chevrons se mettent en place (dérivés des somites). Un repli épidermique forme une nageoire : la locomotion peut se faire par ondulation. Le têtard passe rapidement d’une vie fixée à une vie autonome où il se déplace. - Les branchies sont des expansions ectodermiques non protégées. La respiration n’est en fait pas uniquement branchiale, elle est aussi cutanée et buccopharyngée. L’épiderme cilié permet un renouvellement de l’eau à la surface du corps. - L’appareil urinaire est au stade pronéphros, le déchet éliminé est l’ammoniac (NH3) : c’est l’ammonotélie. Il s’agit d’un mode d’excrétion adapté à la vie aquatique. En effet, l’ammoniac est une molécule très toxique même à faible concentration. Elle ne peut être éliminée que dans une urine très diluée. En milieu aquatique, l’organisme n’est pas soumis à la dessiccation et à la déshydratation du milieu aérien. De plus, le têtard vit en eau douce : milieu hypotonique par rapport à son milieu intérieur. L’eau a tendance à entrer par osmose. Finalement, l’élimination d’une urine très diluée n’est pas problématique pour l’équilibre hydrique de l’organisme. 3) Stade dit « branchies internes » Le têtard va passer de 10 à 40mm environ, ce stade durant environ 45 jours. En fait, il serait plus juste de parler de stade branchies ectodermiques de 2ème génération. L’appareil respiratoire se modifie : les branchies de 1ère génération dégénèrent et sont remplacées par de nouvelles (toujours ectodermiques). Un repli épidermique, l’opercule, se développe de l’avant vers l’arrière et recouvre les branchies. Une cavité branchiale est alors délimitée. La cavité branchiale est ouverte sur le côté gauche au niveau du spiracle. Chaque branchie est soutenue par un arc osseux (arc branchial). Par ailleurs, entre chaque branchie, une fente branchiale se met en place. Ainsi, la cavité du pharynx communique avec la cavité branchiale (Coupe long frontale). Ainsi, la respiration fonctionne grâce à un courant d’eau de la bouche au pharynx. Puis, via les fentes branchiales, l’eau ressort par le spiracle. Ce mode de respiration et l’organisation générale sont très semblables à ceux des Poissons. Mais il existe toujours une part de respiration cutanée. L’organisation de la circulation sanguine est adaptée à ce mode de respiration. Le cœur est subdivisé en 4 cavités qui se succèdent : sinus veineux, atrium, ventricule et bulbe. Le sang suit ce trajet : le sinus veineux récolté le sang appauvri en dioxygène, de retour des organes. Après passage dans l’atrium et le ventricule, le bulbe artériel propulse le sang dans une artère aorte ventrale. Le sang dessert ensuite les 4 arcs branchiaux (de chaque côté), numérotés III, IV, V et VI. L’hématose se réalise, le sang se charge en O2. Puis il est collecté par une artère aorte dorsale qui distribue tous les organes. Francine Brondex et Erwan Paitel Construction d’un organisme, mise en place d’un plan d’organisation - 21 L’excrétion est identique au stade précédent. La nutrition, la perception sensorielle et la locomotion restent identiques par rapport au stade précédent. On peut remarquer une similitude entre l’organisation du têtard et l’organisation d’un Poisson. En fin de stade branchies internes, on passe au stade intermédiaire « prémétamorphose » caractérisé par : - l’apparition d’ébauches pulmonaires par bourgeonnement au niveau du pharynx (origine endodermique donc) - puis par l’apparition de bourgeon et d’ébauches de membres chiridiens. Les membres postérieurs apparaissent en premier. B. La métamorphose permet l’acquisition définitive du plan d’organisation La prémétamorphose correspond au début des modifications : elles sont d’abord lentes, elles ne sont visibles extérieurement que par les bourgeons des membres postérieurs. Elles se font parallèlement à une croissance toujours active. Dans un 2ème temps, on rentre dans la métamorphose proprement dite, notée climax : éclosion Branchies externes 5j Branchies internes 45j prémétam Climax 10j Au total, la métamorphose s’étale sur environ 40j dont 10j de crise ou climax. Les modifications sont alors très importantes, le têtard ne se nourrit plus, il est très vulnérable, la croissance en taille s’arrête. La métamorphose repose sur différents types de processus : - régression ou histolyse d’organes larvaires - apparition d’organes adultes (organogenèse, histogenèse) - remaniements d’organes, correspondant à un mélange des 2 précédents. Ainsi, la métamorphose correspond à un bouleversement du plan d’organisation. Par ailleurs, la métamorphose implique des modifications à toutes les échelles : - des modifications morphologiques et anatomiques - des modifications à l’échelle cellulaire - des modifications biochimiques et physiologiques - des modifications biologiques, (changement de mode de vie) On va aborder la description de la métamorphose par grandes fonctions biologiques. 1) Modifications de la locomotion et du système sensoriel Le têtard était caractérisé par une locomotion selon une nage par ondulation, grâce à la musculature de la queue. La queue subit une dégénérescence puis disparaît chez l’adulte (Anoures). Les cellules musculaires, des cellules nerveuses, les cellules épidermiques de la queue sont dégradées. Il s’agit d’un cas typique d’histolyse. L’histolyse, la destruction des cellules peut se faire selon différentes modalités : - Par autolyse. Graphe de l’activité d’hydrolases lysosomiales, mesurée dans la queue de larve de Xénope, au cours du temps. On observe que l’activité des 2 hydrolases lysosomiales est très faible au moment du préclimax puis l’activité augmente très fortement au début du climax. On peut faire l’hypothèse que les lysosomes et leurs hydrolases jouent un rôle dans les processus d’histolyse et de dégradation des cellules. Il s’agit d’autolyse ou histolyse intracellulaire : les lysosomes incorporent les constituants cellulaires qui sont digérés, hydrolysés par les enzymes du lysosomes. La cellule s’autodigère. - Par processus phagocytaire : Des fibroblastes modifiés ont acquis la capacité de phagocyter des débris de cellules formés par autolyse, voire de phagocyter des cellules entières. Ces phagocytes détruisent les constituants cellulaires au niveau de leur système lysosomial. De plus, des vésicules réalisent l’exocytose à partir des lysosomes : des enzymes sont sécrétées et elles digèrent la matrice extracellulaire. En général, complémentaire des autres voies. Francine Brondex et Erwan Paitel Construction d’un organisme, mise en place d’un plan d’organisation - 22 - Par apoptose, ou mort cellulaire programmée : Tout d'abord les cellules en apoptose vont s'isoler des autres cellules (perte des contacts entre les cellules) 2- Les cellules commencent par changer d’aspect : le premier signe visible d’une entrée en apoptose est la modification de la structure de la chromatine qui se condense contre l’enveloppe nucléaire. Ceci traduit une dégradation de l’ADN. Le cytoplasme se condense. 3- Puis la membrane s’invagine profondément, jusqu’à formation de corps apoptotiques : des petits fragments de cellule se détachent. Le noyau se fragmente ensuite. 4 et 5- la cellule va signaler son état apoptotique à son environnement notamment grâce au changement de localisation des molécules de phosphatidylsérines qui passent d'une orientation cytoplasmique vers une orientation extracellulaire. Les corps apoptotiques sont phagocytés par des cellules spécialisées (macrophage par exemple). Ils sont digérés dans la cellule phagocyte par la voie des lysosomes. Cette suite d'événements est généralement divisée en trois étapes : - une étape d'induction qui est réversible - une étape d'exécution qui est régulable - une étape de dégradation qui est irréversible. Quelle que soit la voie d’histolyse, les constituants cellulaires seront recyclés et réutilisés dans les synthèses du reste de l’organisme. Par ailleurs, la métamorphose se caractérise par la mise en place de 4 membres locomoteurs de l’adulte. Ce sont des membres de modèle chiridien, l’adulte est un Vertébré tétrapode. La croissance des membres postérieurs est la première visible dès la prémétamorphose. Les membres antérieurs se développent lors du climax, ils sont d’abord cachés par l’opercule. Ainsi, il y a acquisition d’une locomotion par le saut (membres postérieurs adaptés) et par la nage (en brasse, formation de doigts palmés). La locomotion est donc adaptée à un mode de vie amphibie. Il s’agit là au contraire de processus d’histogenèse et d’organogenèse. Les bourgeons de membres sont dérivés de territoires somitiques (myotome). La mise en place d’un membre locomoteur implique la mise en place des os constitutifs, des muscles, des nerfs, des vaisseaux sanguins… La différenciation d’une cellule musculaire ainsi que la croissance en longueur d’un os long auraient leur place ici. On peut souligner les règles générales : - nécessité de multiplication cellulaire puis de différenciation cellulaire. - Il y a aussi toujours coexistence de multiplication cellulaire et dégénérescence cellulaire (par apoptose ou autolyse) Les organes nerveux et sensoriels sont aussi modifiés en rapport avec les changements de mode de locomotion : - La ligne latérale, caractéristique d’une vie aquatique régresse. - Les narines externes (à rôle olfactif) sont complétées par des narines internes ou choanes, à rôles respiratoires - Les yeux se modifient : les yeux du têtard possédaient une rétine sensible aux faibles intensités, n’avaient pas de glandes lacrymales. La rétine s’étend en surface, les cellules sensibles se modifient : l’œil est moins sensible aux faibles intensités mais l’image prend une meilleure résolution. Des glandes lacrymales apparaissent, elles permettent l’humidification de l’œil en milieu aérien. Les yeux changent de place : ils sont plus vers l’avant. Les champs visuels droit et gauche se recouvrent, la vision devient binoculaire : il y a une meilleure perception des reliefs et des distances. Il s’agit d’une adaptation à un mode de vie prédateur. 2) Modifications du tube digestif Les larves en prémétamorphose sont devenues omnivores : elles se nourrissent de micro-organismes en suspension dans l’eau (bactéries, Protozoaires, algues unicellulaires…) mais aussi de débris de végétaux raclés. On l’a vu la bouche est adapté à « brouter » ainsi. Le tube digestif est long et spiralé, les enzymes digestives sont essentiellement des glucidases sécrétées par le pancréas. Le têtard élabore des réserves sous forme de glycogène et de triglycérides, indispensables au passage de la métamorphose. En effet, durant la métamorphose, l’alimentation cesse : des remaniements importants affectent le tube digestif et le rendent non fonctionnel : - Le pharynx se modifie : les fentes branchiales disparaissent, il y a perte de la fonction respiratoire. - la larve ne possède pas d’estomac, la métamorphose met en place un véritable estomac, avec un épithélium sécrétant des enzymes digestives, ainsi que du HCl formant ainsi un lieu acide propice à la digestion. - L’intestin se raccourcit (proportionnellement à la taille du corps) et perd son aspect spiralé. L’épithélium larvaire est détruit principalement par autolyse : les lysosomes des cellules digèrent les éléments cellulaires. Les fragments Francine Brondex et Erwan Paitel Construction d’un organisme, mise en place d’un plan d’organisation - 23 cellulaires sont éliminés dans la lumière de l’intestin (histolyse). Parallèlement, des îlots de cellules souche se multiplient et mettent en place un nouvel épithélium. Puis, les cellules épithéliales de nouvelle génération entrent en différenciation (histogenèse). Ainsi, le tube digestif subit des remaniements : avec coexistence d’histolyse et d’histogenèse. La bouche subit aussi des modifications : une véritable mâchoire inférieure articulée se met en place, avec des dents. De plus, une langue projetable permet la capture des proies. L’adulte est un prédateur, principalement insectivore. On peut d’ailleurs aussi noter des modifications biochimiques : les enzymes digestives sont, chez l’adulte, majoritairement des protéases, sécrétées par le pancréas et l’estomac. 3) Modifications de l’appareil respiratoire Rappel : les larves ont une respiration buccopharyngée, cutanée, branchiale. Les branchies subissent des processus d’histolyse caractéristiques. Les cellules dégénèrent par autolyse ou autophagie, les lysosomes digèrent les constituants cellulaires. Puis les résidus de cellules sont phagocytés par des cellules mésenchymateuses ayant acquis des propriétés de phagocytose. On peut observer les filaments branchiaux qui se flétrissent avant de disparaître. Les fentes branchiales se referment. Parallèlement, des bourgeons de poumons apparaissent dès la prémétamorphose. Ils se forment par bourgeonnement au niveau du pharynx (origine endodermique) donc. Il s’agit d’histogenèse (multiplication cellulaire puis différenciation). Les poumons sont sacculaires avec des replis (ou septas). Pendant la métamorphose, les poumons ne sont pas encore fonctionnels, la respiration est essentiellement cutanée. Ces modifications morpho anatomiques s’accompagnent d’une modification biochimique majeure : l’hémoglobine larvaire est remplacée par une hémoglobine adulte. La transition entre la forme larvaire et adulte a lieu en général en fin de métamorphose. On peut remarquer que l’hémoglobine larvaire a une affinité plus élevée pour l’O 2. Il s’agit d’une adaptation au milieu aquatique où la PO2 est en général faible : la solubilité, la capacité de diffusion de l’O2 est plus faible en milieu aquatique (d’autant plus dans une mare stagnante). A l’inverse, l’Hb adulte a une affinité plus faible pour O2, le milieu aérien est un milieu riche en O2 la solubilité, la capacité de diffusion de l’O2 est plus forte en milieu aérien. Et parallèlement, l’Hb cède plus facilement son O 2 aux muscles. 4) Modifications de l’appareil circulatoire On a montré que la circulation est adaptée à une respiration branchiale : la circulation est dite simple, il y a 4 arcs branchiaux irrigués en sortie du cœur, un cœur à 4 cavités « en série ». Après la métamorphose : - Le cœur se cloisonne partiellement : 1 oreillette droite collecte le sang de retour des organes pauvre en O 2, une oreillette gauche collecte le sang en provenance des poumons riche en O2. Puis les deux types de sang se mélange au niveau d’un ventricule unique. Via le bulbe, le sang est envoyé dans la circulation artérielle. - les artères adultes dérivent des arcs branchiaux : L’arc III se sépare de l’aorte pour former les carotides desservant la tête. L’arc IV correspond aux 2 crosses aortiques qui desservent les organes. L’arc V disparaît par histolyse. L’arc VI devient l’artère pulmonaire (et cutanée), où se réalise l’hématose. Les modifications sont en lien avec les changements de l’appareil respiratoire, mais néanmoins, il existe un mélange entre les 2 types de sang. 5) Modifications de l’excrétion et de l’osmorégulation Les contraintes du milieu aérien et du milieu aquatique sont très différentes pour l’excrétion et l’osmorégulation. - milieu aquatique eau douce : le milieu extérieur est hypotonique, l’eau tend à entrer par osmose, les ions à sortir. Mais l’eau est abondante, l’organisme ne risque pas le déficit hydrique - milieu aérien : milieu desséchant, l’eau a tendance à sortir et s’évaporer. Le déficit hydrique guette… Francine Brondex et Erwan Paitel Construction d’un organisme, mise en place d’un plan d’organisation - 24 Modalités de l’excrétion azotée : Graphique : On remarque que la quantité d’azote éliminée sous forme ammoniac est élevée avant le climax puis diminue fortement. Par contre, la quantité d’azote éliminée sous forme d’urée est très faible avant le climax puis augmente fortement au début du climax. Le têtard pratique l’ammonotélie, adaptée au milieu aquatique car il y a nécessité d’éliminer une grande quantité d’urine très diluée, ce qui évite l’effet toxique de l’ammoniac. Ce déchet est éliminé au niveau des branchies (1), de la peau (2) et des reins (3). La métamorphose signe le passage à l’uréotélie, plus adaptée à un mode de vie aérien. En effet, l’urée n’est pas toxique, elle peut être éliminée dans une urine beaucoup plus concentrée. C’est-à-dire avec beaucoup moins d’eau, ainsi l’excrétion par uréotélie permet d’économiser l’eau, de limiter les pertes en eau. Chez l’adulte, l’urée est éliminée par le rein (1) maintenant au stade mésonéphros. L’urée est aussi éliminée par la peau (très minoritairement). Remarque : on peut voir une baisse de la quantité d’urée excrétée en fin de climax : le climax est une phase d’intense élimination de déchets, l’excrétion azotée baisse globalement en fin de métamorphose., Modalités des flux ioniques et hydriques - Chez le têtard, le milieu intérieur est hypertonique : l’eau entre et les ions sortent (1). On utilise l’exemple du Na+ et du Cl-. Des systèmes permettent de rejeter de l’eau et de retenir les ions, ce qui maintient l’équilibre hydrominéral. Les ions sont absorbés au niveau de l’épithélium branchial (2), par transport actif du Na+, consommant donc de l’ATP. Le Cl- suit le Na+, « utilisant » le gradient électrique ainsi crée. On retrouve encore et toujours l’élimination d’une urine très diluée au niveau du rein (3), permettant l’élimination d’un excès d’eau. - Chez l’adulte, l’eau tend à sortir, emportant avec elle les ions ; Au niveau du tégument, il y a une absorption active de Na + en cotransport avec le Cl- (2). Par ailleurs, le tégument se modifie à la métamorphose, la kératine s’accumule. Le tégument devient plus imperméable, ce qui limite les pertes en eau (7,8). Au niveau du rein définitif, une partie des ions sont réabsorbés, ainsi que l’eau (3,4). Au niveau de la vessie, on observe le même effet de réabsorption active d’eau et d’ions (5). L’urine est concentrée en urée, contient peu d’eau, et peu d’ions (6). Enfin, la pression osmotique du milieu intérieur est plus élevée chez l’adulte : les concentrations en Na+, en Cl-, en protéines sériques sont plus élevées. Si la pression osmotique est plus élevée, il y a un effet de rétention de l’eau à l’intérieur de l’organisme. Conclusion : Le développement embryonnaire et post embryonnaire permettent l’acquisition du plan d’organisation d’un Vertébré, notamment : - Acquisition (précoce) des 3 axes de polarité - formation d’un endosquelette osseux - développement d’un encéphale volumineux protégé par une boîte crânienne - un épiderme pluristratifié - les Amphibiens sont des tétrapodes, qui acquièrent 4 membres chiridiens. Métazoaire – Triblastique – Coelomate – Vertébrés – Tétrapode - Amphibien Francine Brondex et Erwan Paitel Construction d’un organisme, mise en place d’un plan d’organisation - 25 Le développement embryonnaire est un processus complexe hautement contrôlé selon des processus d’inductions successives : revoir les caractéristiques des inducteurs. Le DE et le DPE repose sur des processus : de croissance, à comparer avec les processus de mérèse, d’auxèse chez les Angiospermes. A noter l’importance de la multiplication cellulaire et la participation des éléments squelettiques (cytosquelette, paroi pectocellulosique) - des processus de différenciation cellulaire (ex. du muscle) à comparer avec la différenciation des cellules végétales, notamment des vaisseaux du xylème, - des processus de migration cellulaire (propre aux organismes animaux) - des processus d’histolyse et d’histogenèse. La métamorphose correspond à un changement de mode et de milieu de vie : la larve et l’adulte sont adaptés à 2 modes et milieux de vie distincts. Francine Brondex et Erwan Paitel CONSTRUCTION D’UN ORGANISME, MISE EN PLACE D’UN PLAN D’ORGANISATION DEVELOPPEMENT EMBRYONNAIRE ET POST-EMBRYONNAIRE D’UN VERTEBRE : MISE EN PLACE DU PLAN D’ORGANISATION I. Développement embryonnaire des Amphibiens : étapes et mécanismes A. 1) 2) B. 1) 2) C. 1) 2) 3) D. 1) 2) De l’ovocyte au zygote : quelques informations sur la fécondation L’ovocyte contient les éléments nécessaires au développement précoce La fécondation modifie la structure du zygote La segmentation : du zygote à la Blastula, formation d’un ensemble pluricellulaire Du zygote au stade blastula Le stade blastula La gastrulation : des mouvements morphogénétiques affectent les cellules embryonnaires Les marques colorées de Vogt permettent d’établir une carte des territoires présomptifs Les marques colorées de Vogt montrent les mouvements des cellules au cours de la gastrulation Des mécanismes cellulaires et moléculaires coordonnés dirigent les mouvements de la gastrulation Neurulation et organogenèse : la mise en place du plan d’organisation Du stade gastrula au stade neurula De la Neurula au stade du bourgeon caudal II. Développement embryonnaire des Vertébrés: contrôles A. Des cellules totipotentes aux cellules déterminées exemple de la détermination de l’ectoderme au cours de la gastrulation B. L’induction du mésoderme commence dès le stade ovocyte 1) Les blastomères végétatifs induisent les cellules sus-jacentes à fonder la lignée mésodermique 2) Importance de la lèvre du blastopore: expériences sur des gastrulas 3) Du modèle des étapes d’induction du mésoderme aux molécules inductrices du mésoderme 4) Généralisation : principales propriétés des inducteurs et de l’induction embryonnaire C. La régionalisation antéropostérieure et dorsoventrale implique l’expression de gènes homéotiques 1) Les gènes Hox, et la spécification antéropostérieure 2) Les gènes Pax, spécification de la polarité dorsoventrale D. La différenciation cellulaire est un processus contrôlé : exemple de la différenciation d’une cellule musculaire 1) Un peu d’histologie et de chronologie : du myoblaste indifférencié à la cellule musculaire différenciée 2) Le contrôle de la différenciation d’un myoblaste E. La croissance d’un os long de Mammifère repose sur la multiplication et la différenciation cellulaire 1) Squelette, os et tissus osseux 2) Ossification enchondrale, croissance en longueur de l’os long III. Développement post embryonnaire des Amphibiens : étapes et mécanismes A. 1) 2) 3) B. 1) 2) 3) 4) 5) Le têtard, une larve autonome vivant en milieu aquatique Stade de l’éclosion Stade « branchies externes » Stade dit « branchies internes » La métamorphose permet l’acquisition définitive du plan d’organisation Modifications de la locomotion et du système sensoriel Modifications du tube digestif Modifications de l’appareil respiratoire Modifications de l’appareil circulatoire Modifications de l’excrétion et de l’osmorégulation