Dossier de presse Salle des Mosasaures
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Remontons 250 ans en arrière. Dans une marnière proche de Maastricht, des carriers sont en train de découper des
pierres lorsqu’ils découvrent un gigantesque crâne. Auparavant, ils avaient déjà extrait des coquillages, des escargots et
d’autres fossiles. Mais cette fois, ils réalisent vite qu’ils ont trouvé quelque chose d’extraordinaire.
Deux personnes se disputent le crâne, qu’elles aimeraient intégrer à leur collection : le docteur Hoffman, un collectionneur
de fossiles de la région, et le chanoine Godding, le propriétaire du terrain. Des scientifiques essayent pour leur part de
découvrir à quel animal ce crâne aurait bien pu appartenir. Certains pensent à une sorte de cachalot, d’autres sont
convaincus qu’il s’agit d’un crocodile géant.
En 1794, alors que les scientifiques ne se sont pas encore mis d’accord, l’armée française envahit Maastricht. Les soldats
partent à la recherche des objets dignes d’intérêt et c’est ainsi que « le grand animal fossile des carrières de Maastricht »
tombe entre leurs mains. Le crâne est envoyé au Muséum national d’Histoire naturelle, où il est toujours exposé
aujourd’hui. Plus tard, le paléontologue Georges Cuvier étudiera le crâne et réalisera qu’il s’agit en fait d’un lézard marin
géant dont l’espèce est éteinte. En 1829, son collègue Gideon Mantell baptisera l’animal inconnu « Mosasaurus
hoffmanni », en référence à l’endroit où il a été découvert et à son premier propriétaire.
Mosa-quoi ?
Au cours du XIXe siècle, d’autres fossiles de mosasaures sont découverts dans les carrières de craie phosphatée de la
région de Mons. Aujourd’hui, le Muséum des Sciences naturelles à Bruxelles dispose de l’une des plus belles collections
au monde de fossiles de mosasaure. Et pourtant, ces reptiles restent méconnus du grand public. « C’est pourquoi nous
avons décidé de leur dédier un espace à part dans le musée », explique le biologiste et muséologue Gérard Cobut.
L’une des principales attractions de la salle des mosasaures est le squelette presque complet de Hainosaurus bernardi,
découvert dans le village de Ciply, dans le Hainaut. L’animal devait mesurer plus de douze mètres de long, ce qui en fait
le deuxième plus grand mosasaure jamais découvert, après le Mosasaurus hoffmani, qui, selon les estimations, aurait pu
faire au moins quinze mètres – notez que les reptiles grandissent toute leur vie, ce qui empêche de déterminer leur taille
exacte. Vous pouvez aussi admirer une magnifique collection de crânes et étudier le mécanisme particulier de leurs
mâchoires. Celles-ci étaient très mobiles, comme celles des serpents, et garnies de dents jusqu’au palais. Qui plus est,
leurs dents se renouvelaient tout au long de leur vie.
Une animation 3D sur grand écran, réalisée à partir des découvertes les plus récentes, permet aussi de comprendre
comment nageaient les mosasaures. « Jusqu’il y a peu, les experts pensaient que les mosasaures se déplaçaient en
ondulant leur corps comme les serpents marins, car ils étaient bien plus fins que les cétacés actuels », explique Gérard
Cobut. « Le plus petit mosasaure, le Carinodens belgicus, mesurait par exemple trois mètres de long, mais pesait à peine
quarante kilos, alors qu’un dauphin de trois mètres fait facilement deux cents kilos. Les fossiles de mosasaures avaient
toutefois une queue tournée vers le bas, ce qui ne cadrait pas dans ce tableau. »
Les scientifiques ont d’abord pensé que les fossiles étaient quelque peu déformés. Mais il y a quatre ans, le professeur
Lindgren (Suède) a comparé les vertèbres de la queue des mosasaures avec celles d’un requin, dont la colonne
vertébrale est tournée vers le haut. Il a découvert que les deux queues étaient identiques jusque dans les moindres
détails, mais inversées. « Sur cette base, nous pouvons supposer que les mosasaures avaient, tout comme les requins,
une nageoire caudale charnue, ce qui a ensuite été confirmé par des impressions de peau de cette nageoire dans des
fossiles bien conservés. Cela signifie que les mosasaures ne se déplaçaient pas en ondulant, mais en battant de la
queue de gauche à droite, à l’instar des requins. »
Au boulot !
Le musée ne veut pas vous servir toutes les informations sur un plateau d’argent et vous offre donc l’opportunité de vous
glisser dans la peau d’un paléontologue et d’imaginer – sur la base des connaissances actuelles – une réponse aux
questions qui taraudent encore les scientifiques. « Les paléontologues disposent plus souvent d’indices indirects que de
preuves fossiles directes », affirme Gérard Cobut. « Ainsi, si nous sommes certains que les mosasaures étaient des