Introduction
L’implantation des firmes étrangères dans les pays émergents a connu une forte
progression depuis une dizaine d’années. Le rôle des firmes multinationales dans
l’économie mondiale s’en est trouvé significativement accru : les 37000 entreprises
multinationales représentent aujourd’hui 25% du PIB mondial, dont 9% produit à l’étranger
par leurs filiales. Ce phénomène résulte d’un certain nombre de mutations récentes
affectant l’environnement international des entreprises en particulier, La poussée de
l’internationalisation, la complexité croissante de la technologie et la rapidité des
changements (Collins.T.M et Doorley.T.1992, [11]). Ces évolutions ont renforcé l'écart dans
le développement entre le Nord et le Sud, notamment dans l'accès à des technologies
avancées. En effet, la mondialisation rend les entreprises locales vulnérables à leurs
concurrents ayant déjà développé et perfectionné leurs compétences sur des marchés
lointains et plus exigeants. Par ailleurs, les évolutions technologiques de plus en plus
rapides- réduction de la durée de vie des produits, complexité et coûts croissants des
nouvelles technologies difficilement mobilisables, pour ne pas dire insupportables- Les
entreprises du Sud se trouvent dès lors confrontées à une incertitude technologique de plus
en plus forte, et les lacunes en interne de compétences deviennent alors rapidement
évidentes et sont source d’affaiblissement. Les pays hôtes multiplient les politiques
incitatives d’investissements, afin de bénéficier le plus possible des retombées positives
« spillovers ». Néanmoins nous assistons à une disparité régionale en matière de volume
d’investissements étrangers. Cela traduit une différence d’attractivité entre les pays
d’accueil. Certes, cette attractivité est conditionnée par l’importance accordée aux facteurs
économiques, notamment à l’environnement sociopolitique, à la qualité de l’infrastructure
existante.
Mais face à la complexité croissante des technologies, d’autres facteurs influent sur le
choix de la localisation des investisseurs, à savoir l’environnement institutionnel, mais
surtout l’impact du progrès technique. L’entreprise étrangère espère profiter des externalités
liées à l’environnement de l’investissement en matière de création de laboratoires de
recherche, de développement de main d’œuvre qualifiée et d’infrastructure spécialisées.
Les pays émergents souffrent selon les cas, soit d’une incapacité financière relative à la
taille des entreprises, soit qu’elles ne disposent pas de capacités organisationnelles et en
matière de gestion pour pouvoir se convertir à l’innovation et au développement
technologique, soit en raison notamment de la tradition culturelle qui les freine de s’y mettre
de leur plein gré ou encore, parce qu’elles ne disposent tout simplement pas d’une base de
connaissance suffisante pour pouvoir absorber les connaissances nouvelles afin de les
internaliser pour pouvoir plus tard les utiliser dans leur stratégies de développement.
Au delà des effets statiques que peuvent engendrer ces interactions, elles constituent un
véritable mode d'acquisition de capacités technologiques et organisationnelles, un
catalyseur de développement et un moyen efficace de rattrapage technologique et
organisationnel. L’examen de ces relations nous permettra donc d'une part, de mieux
comprendre les obstacles actuels au développement des entreprises du Sud, et d'autre part
de dégager les effets dynamiques (micro-économiques et sectoriels) engendrés par ces
interactions, notamment l'étude des modalités de transfert technologiques et
organisationnels opérés ainsi que les mécanismes d’apprentissage (Bellon.B et Plunket.A.
2000. [3]) qui ont eu lieu. A cet effet la théorie évolutionniste offre une analyse pertinente
lorsqu'il s'agit de comprendre l'objet des accords(technologie de production: outils ou
procédés de production et technologie de produit), le contenu technologique des accords(
échange et création de technologie ou transfert unilatéral de technologies existantes) et les
conditions d'acquisition et d'accroissement de nouveaux savoir-faire(capacité d'absorption
technologique des partenaires et capacité organisationnelle et managériale).