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Impact des implantations étrangères sur le développement
des capacités d’absorption technologiques dans les pays
émergents
Sonia Ben Slimane
IRIS-EDOCIF, Paris Dauphin
Sonia.BenSlim[email protected]
Michel Poix
IMRI, Paris Dauphin
Résumé : L’implantation des firmes étrangères dans les pays émergents a connu une forte
progression depuis une dizaine d’années. Elle résulte d’un certain nombre de mutations récentes
affectant l’environnement international des entreprises en particulier la globalisation, la
mondialisation des échanges et l’évolution technologique. Néanmoins nous assistons à une disparité
régionale en matière de volume d’investissements étrangers. Cela traduit une différence d’attractivité
entre les pays d’accueil, par conséquent un manque de similitude dans les stratégies de
développement dans ces pays. Certes cette attractivité est conditionnée par l’importance accordée
aux facteurs économiques, à l’environnement sociopolitique, à la qualité de l’infrastructure
existante. Mais face à la complexité croissante de la technologie, d’autres facteurs influents sur le
choix de la localisation des investisseurs, à savoir l’environnement institutionnel, mais surtout
l’impact du progrès technique. L’entreprise étrangère espère profiter des externalités liées à
l’environnement de l’investissement en matière de création de laboratoires de recherche,
développement d’une main d’œuvre qualifiée et d’infrastructures spécialisées.
Du point de vue des pays d’accueil, la vision statique suppose que le développement des stratégies
d’implantation des entreprises étrangères est un besoin avant tout pour assurer leur croissance. En
effet ces relations servent à transmettre le savoir-faire en matière de gestion, de commercialisation
du pays d’origine aux pays bénéficiaires, à faciliter, à favoriser la restructuration industrielle et à
développer les capacités d’exportations. La vision dynamique suppose de comprendre non seulement
comment les entreprises émergentes maîtrisent les technologies externes mais aussi comment elles
les optimisent, en en créant de nouvelles, ou en les rendant plus utiles que celles dont elle dispose
déjà. Ceci suppose le développement d’une capacité d’absorption technologique qui permet de
capter les technologies et les connaissances externes, afin de pouvoir par la suite les maîtriser, les
optimiser et les développer localement. De ce point de vue l’apport des économies émergentes
mérite une attention particulière pour notre part. c’est pourquoi notre contribution consiste à
déterminer les facteurs de performance de ces pays que nous serons amenés à analyser sous un angle
dynamique afin de concilier les intérêts des investisseurs étrangers et des pays émergents, vu que
nous assistons aujourd’hui au développement d’une économie fondée sur la connaissance.
Mots-clés: alliance, transfert de technologie, apprentissage, capacité d’absorption, pays émergents.
Abstract: The establishment of foreign firms in emergent countres knew a strong progression since
Ten years. It results from recent changes affecting the international environment, particulary the
globalisation, the universalization of exchanges and the technological development. Nevertheless,
we attend a regional disparity in terms of foreign investment volume. It translate a difference in
attractivity between the host countries and consequently a lack of similarity in their development
strategies.
Admittedly, this attractivity is conditiond by the importance of economic factors and the quality of
existing infrastructures. But facing to the increasing complexity of technology, other factors
influence the choice in localization of investors, namely the institutional environment. The foreign
firms hopes to benefit from spillovers related to investment environment that is research
laboratories qualifications and specialized infrasructure.
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The static vision supposes that the development of this kind of strategies is a need as it allow to
economic growth. Indeed, these strategies allow to transmit the know-how in management and
marketing from developped countries to recipient ones and finally to develop their export capacities.
The dynamic vision suppose not only to understand , how the emergent countries acquire external
technologies, but also, how they optimise them by creating news or while making them more useful.
It suppose, the developpment of absorbtive capacity throug collecting external knowledge in focus to
control ans optimise them, and then develop new knowledge locally.
The contribution of emergent economies deserves a detailed attention. That’s why our contribution
consists to determine the performance conditions in these countries, since we assist to the
development of economy founded on knowledge.
Keywords: partnership, technology transfer, learning, absorptive capacity, emergent countries.
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Introduction
L’implantation des firmes étrangères dans les pays émergents a connu une forte
progression depuis une dizaine d’années. Le rôle des firmes multinationales dans
l’économie mondiale s’en est trouvé significativement accru : les 37000 entreprises
multinationales représentent aujourd’hui 25% du PIB mondial, dont 9% produit à l’étranger
par leurs filiales. Ce phénomène résulte d’un certain nombre de mutations récentes
affectant l’environnement international des entreprises en particulier, La poussée de
l’internationalisation, la complexité croissante de la technologie et la rapidi des
changements (Collins.T.M et Doorley.T.1992, [11]). Ces évolutions ont renforcé l'écart dans
le développement entre le Nord et le Sud, notamment dans l'accès à des technologies
avancées. En effet, la mondialisation rend les entreprises locales vulnérables à leurs
concurrents ayant déjà développé et perfectionné leurs compétences sur des marchés
lointains et plus exigeants. Par ailleurs, les évolutions technologiques de plus en plus
rapides- réduction de la durée de vie des produits, complexiet coûts croissants des
nouvelles technologies difficilement mobilisables, pour ne pas dire insupportables- Les
entreprises du Sud se trouvent dès lors confrontées à une incertitude technologique de plus
en plus forte, et les lacunes en interne de compétences deviennent alors rapidement
évidentes et sont source d’affaiblissement. Les pays hôtes multiplient les politiques
incitatives d’investissements, afin de bénéficier le plus possible des retombées positives
« spillovers ». Néanmoins nous assistons à une disparité régionale en matière de volume
d’investissements étrangers. Cela traduit une différence d’attractivité entre les pays
d’accueil. Certes, cette attractiviest conditionnée par l’importance accordée aux facteurs
économiques, notamment à l’environnement sociopolitique, à la qualité de l’infrastructure
existante.
Mais face à la complexité croissante des technologies, d’autres facteurs influent sur le
choix de la localisation des investisseurs, à savoir l’environnement institutionnel, mais
surtout l’impact du progrès technique. L’entreprise étrangère espère profiter des externalités
liées à l’environnement de l’investissement en matière de création de laboratoires de
recherche, de développement de main d’œuvre qualifiée et d’infrastructure spécialisées.
Les pays émergents souffrent selon les cas, soit d’une incapacifinancière relative à la
taille des entreprises, soit qu’elles ne disposent pas de capacités organisationnelles et en
matière de gestion pour pouvoir se convertir à l’innovation et au développement
technologique, soit en raison notamment de la tradition culturelle qui les freine de s’y mettre
de leur plein gré ou encore, parce qu’elles ne disposent tout simplement pas d’une base de
connaissance suffisante pour pouvoir absorber les connaissances nouvelles afin de les
internaliser pour pouvoir plus tard les utiliser dans leur stratégies de développement.
Au delà des effets statiques que peuvent engendrer ces interactions, elles constituent un
véritable mode d'acquisition de capacités technologiques et organisationnelles, un
catalyseur de développement et un moyen efficace de rattrapage technologique et
organisationnel. L’examen de ces relations nous permettra donc d'une part, de mieux
comprendre les obstacles actuels au développement des entreprises du Sud, et d'autre part
de dégager les effets dynamiques (micro-économiques et sectoriels) engendrés par ces
interactions, notamment l'étude des modalités de transfert technologiques et
organisationnels opérés ainsi que les mécanismes d’apprentissage (Bellon.B et Plunket.A.
2000. [3]) qui ont eu lieu. A cet effet la théorie évolutionniste offre une analyse pertinente
lorsqu'il s'agit de comprendre l'objet des accords(technologie de production: outils ou
procédés de production et technologie de produit), le contenu technologique des accords(
échange et création de technologie ou transfert unilatéral de technologies existantes) et les
conditions d'acquisition et d'accroissement de nouveaux savoir-faire(capacité d'absorption
technologique des partenaires et capacité organisationnelle et managériale).
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1 Les différentes formes d’implantation des entreprises étrangères dans les
pays émergents
L’implantation des entreprises étrangères dans les pays émergents a beaucoup évolué au
niveau de la structure et du contenu. La forme la plus répandue est la sous-traitance. Ce
type de relations se limite de plus en plus dans l’espace depuis une dizaine d’années
« grâce » aux évolutions technologiques et aux opportunités au niveau du coût de la main
d’œuvre encore moins chère ailleurs.
Cette évolution traduit des objectifs à priori différentes, mais aussi complémentaires. Ils
correspondent à la recherche de nouveaux débouchés, et créations de filiales moins
coûteuses et performantes pour le partenaire du Nord. Pour le partenaire hôte, c’est plutôt
une alternative pour accéder à une plateforme de connaissances nouvelles, acquérir de
nouvelles technologies qu’il ne peut acquérir seul et profiter de l’expérience du partenaire
pour pouvoir valoriser les acquis antérieurs et valoriser les compétences humaines.
Les firmes du Sud disposent certes d’un certain nombre d’atouts tels que la capacité
commerciale, la flexibilité, la capacité d’adaptation aux changements externes. Elles
souffrent néanmoins d’un certain nombre de faiblesses tant au niveau de l’acquisition de
compétences leur permettant de profiter de l'ouverture des marchés et de s'intégrer au
commerce international qu’au niveau de l'ampleur et le type des flux de connaissances
engendrés par ces relations. Elles prennent des formes variées articulées autour de la
terminologie de partenariat, selon les secteurs d'activités, le contenu des prestations
fournies ou échangées entre les partenaires. Les parties prenantes sont d’un côté des
grands groupes, souvent multinationaux et de l’autre des entreprises de petites tailles. Face
à cette diversité nous retenons le fait que le partenariat est réservé aux coopérations
développées entre non concurrents. La coopération est alors un partenariat dès lors qu'elle
met en relation des entreprises entre lesquelles les questions de concurrence ne se posent
pas d'une manière directe.
2 Enjeux de l’implantation des entreprises étrangères pour les pays
émergents
Les enjeux traditionnels pour les entreprises locales s’articulent autour de trois points
essentiels, à savoir:
La Modernisation de l’appareil de production afin d’accroître ainsi les capacités de
développement.
Le développement du marché intérieur qui se traduit par la reconquête du marché
intérieur et le développement des exportations dans le but d’éponger l’endettement ; Ce
qui exige au passage une qualité et une compétitivité qui sont loin d’être atteintes.
Combler le « gap » technologique, rattraper parfois des dizaines d’années de retard et de
bénéficier à la fois des recherches et de l’expérience d’une société avancée.
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Les formes qui répondent le plus à ces attentes sont les accords de joint-venture, les
contrats de fabrication en commun, les contrats de know-how. Les autres accords comme
ceux de la sous-traitance, les accords de licence, de clef en main ne peuvent être
considérés comme transférant la maîtrise technologique et/ou matérielle puisque des ces
derniers cas les maisons mères se réservent d’en garder le contrôle.
3 Exploration théorique par la théorie évolutionniste
L’approche évolutionniste est pleine d'enseignements, puisqu'elle nous permet
d'appréhender l'enjeu et la diversité des apprentissages possibles grâce aux accords
d’implantation des entreprises étrangères, quelque soit la nature des applications à savoir,
les accords de distribution les accords de production(concession de licence, de savoir-faire,
sous-traitance, les contrats de fourniture d'installations industrielles),ou encore les accords
de R&D et les accords d'administration générale(échanges d'informations, d'organisation de
services communs).
Centrée sur les mécanismes d’apprentissage, l’économie évolutionniste (Pavitt, 1988 [36],
Nelson et Winter, 1982 [32], Dosi,1988 [16]) caractérise l’information comme un flux de
données codifiées et la connaissance comme un stock; La connaissance comporte une
dimension non codifiable et inclut la notion de compétence. De ce fait, une information
devient une connaissance dans la mesure celui qui la détient est capable de la
comprendre, de la combiner avec d’autres savoirs et de l’utiliser et de la stocker. Par
conséquent, plus la connaissance est tacite, complexe et faiblement indépendante, et plus
les moyens de transmission informels sont nécessaires.
Ainsi, la capacité d’apprentissage des entreprises locales qualifiées « d’adaptatives »
peut être confrontée à des contraintes, tant au niveau de l’apprentissage lui-même, qu’au
niveau de leur positionnement peu concurrentiel sur le marché ou les faibles incitations de
leur environnement macro-économique. Dans cette perspective, l’accès à la connaissance
n’est pas gratuit. Il suppose d’acquérir en interne, les connaissances et les compétences
suffisantes pour savoir tirer profit des externalités (W.Cohen et D.Levinthal, 1989 [9]). Dès
lors des phénomènes cumulatifs peuvent se produire : plus une entreprise dispose de
connaissances internes, plus sa capacité à capter les externalités est grande, donc plus elle
acquiert de nouvelles connaissances. La connaissance n’est plus considérée comme une
information mais plutôt comme un savoir, une compétence, elle serait davantage incorporée
dans les hommes. Le capital humain correspond à cet effet à la somme des capacités
incorporées aux individus et ayant une efficience productive (les capacités physiques et les
connaissances générales et techniques.
Les connaissances sont assimilées à des ressources génériques et des ressources
spécifiques. Les ressources humaines peuvent être des ressources spécifiques. Cette
spécificité ne tient pas à la qualité intrinsèque- qualifications initiales- de ces ressources,
mais aux compétences qu’elles acquièrent dans le cours du processus de production conçu
dans sa dimension temporelle, comme processus de construction et d’utilisation d’une
capacité productive. Elle est le résultat d’un apprentissage et d’un enrichissement des
tâches. En effet, en considérant les externalités comme associées au capital humain, on
parvient à expliquer les divergences géographiques en matière de croissance et donc les
disparités régionales ou internationales en matière de localisation des activités
économiques.
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