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encore à atteindre. Il faut préserver ces progrès, assurer l’avenir de notre système de
sécurité sociale et de retraites, qui repose sur la répartition et la solidarité. Il faut avant
tout lutter contre le chômage, qui n’est pas seulement une épreuve matérielle, mais aussi
une perte d’utilité sociale dont les conséquences psychologiques sont incommensurables.
Le chômage n’est pas une fatalité.
Alors que chaque jour des entreprises françaises ferment, on nous vante désormais les
mérites d’une économie qui serait toute entière d’emplois de services, où l’on travaillerait à
temps partiel ou à distance, à partir de chez soi. Est-ce bien le monde que nous voulons,
et est-ce seulement viable ? Toute société qui veut construire un avenir collectif doit
reposer sur la production et pas seulement sur la consommation ; sur le travail et pas
seulement sur les loisirs. Je souhaite que l’on crée des emplois industriels, que l’on
retrouve la croissance, que l’on arrête cette régression sociale qui chaque jour, créée
davantage d’injustice et d’inégalité, dans les pays développés comme dans ceux en voie
de développement.
Toute politique économique allant dans le sens de l’intérêt général doit donc tendre à
favoriser l’emploi dans tous les secteurs, y compris dans le secteur public. Le service
public à la française, que nombre de pays nous envient et qui assure la cohésion de la
Nation, est efficace et ses agents sont d’une grande compétence. Ils permettent, partout
sur le territoire national, de mettre en pratique le principe d’égalité des citoyens. Il nous
faut donc le conserver et le développer. En ce soixantième anniversaire de la fin de la
seconde guerre mondiale, il faut défendre plus que jamais les avancées contenues
initialement dans le programme du Conseil National de la Résistance, notamment les
services publics à la française et les droits sociaux fondamentaux qui sont la colonne
vertébrale de la République. Les remettre en cause, c’est remettre en question la
République.
Si cette cérémonie m’a toujours tenu à cœur, c’est parce qu’à une époque où la perte
d’emploi ou la crainte de la perte d’emploi touchent tant de nos concitoyens, de tous les
âges, de tous les milieux, remettre ces médailles revient à réaffirmer que la lutte contre le
chômage n’est pas seulement une exigence économique ; c’est aussi et surtout une
exigence sociale et humaine. Défendre le travail est un impératif que doivent se fixer tous
les républicains, tous les hommes de progrès, attachés à ce que la condition de l’homme
aille toujours vers le mieux, et à ce que la société soit plus juste, plus solidaire, en
particulier à l’égard des plus démunis. Et la tâche est immense puisque, même à Paris, qui
est la capitale politique, mais aussi économique de notre pays, 1 ménage sur 8 vit
désormais en dessous du seuil de pauvreté.
Ces médailles que nous allons vous remettre maintenant matérialisent la reconnaissance
de la République pour vos états de service dans le cadre de votre vie professionnelle. Pour
ceux d’entre vous qui sont, ou ont été agents du service public, elle marque votre
attachement au service de l’Etat et de l’intérêt général.
Je souhaite que cette médaille soit utile, pour ceux qui travaillent encore, à la poursuite de
leur carrière et à leur avancement. A ceux qui sont déjà en retraite, j’espère qu’elle
rappellera les meilleurs moments de leur activité et leur donnera la satisfaction du devoir
accompli.