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Allocution de Georges SARRE
Remise des Diplômes aux Médaillés du Travail
Vendredi 3 Juin 2005
Mesdames, Messieurs,
Chers Concitoyens,
A nom de la municipalité du XIè arrondissement, je suis très heureux de recevoir
aujourd’hui celles et ceux à qui je vais avoir l’honneur et le plaisir, avec mes collègues, de
remettre le diplôme de la Médaille du Travail.
Aujourd’hui, vous êtes 126 personnes à qui nous allons remettre les diplômes
correspondant à 50 médailles d’argent ; 40 médailles de vermeil ; 22 médailles d’or et 14
médailles Grand Or. Les médailles grand or récompensent 40 années de travail et celles
d’or 35 ans d’activité, soit la quasi-totalité d’une carrière. Cette décoration matérialise,
pour chacun de vous, la reconnaissance de la collectivité nationale en raison de vos
initiatives pendant toutes ces années consacrées à votre travail, que vous soyez employé
dans une entreprise privée ou dans le secteur public. Votre activité contribue en effet à la
vitalité de l’ensemble de l’économie française.
La médaille du travail consacre l’apport du citoyen à la collectivité nationale, à travers sa
contribution à la société durant sa carrière. C’est la reconnaissance de sa contribution à la
richesse nationale, au développement non seulement de son entreprise ou du secteur
public, mais du pays tout entier. Chacun de celles et ceux qui sont distingués aujourd’hui
l’est aussi en raison de ses qualités professionnelles, de son savoir-faire. Mais surtout,
cette médaille symbolise la valeur sociale, culturelle, morale que le travail possède, son
rôle comme facteur d’utilité collective et de statut personnel.
Cette valeur fondamentale du travail, tant pour l’équilibre personnel que pour celui de la
société, apparaît davantage depuis un certain temps en raison d’une conjoncture
économique qui demeure très morose, les plans sociaux massifs et les délocalisations
vers l’étranger se multiplient, la flexibilité et la précarité de l’emploi augmentent sans
cesse, l’existence même des services publics à la française est remise en question. Le
droit au travail, qui est inscrit dans notre Constitution, est un bien précieux qu’il faut
défendre, dans le secteur public comme dans le secteur privé, tous deux indispensables à
la bonne marche du pays. Il ne faut plus que la France régresse socialement.
Or l’économie française ne repose plus principalement, et je le regrette, sur la croissance
et la production industrielles qui ont assuré son développement après 1945. Elle est de
plus en plus dématérialisée, dépendante des fluctuations du capital boursier, lequel est
avant tout trans-national, et bouge continuellement pour trouver la rentabilité maximale,
sans souci de la pérennité des emplois ni des individus. C’est pourquoi le travail est plus
difficile à trouver et à conserver qu’avant. Pourtant, travailler n’est pas seulement un
moyen de gagner sa vie, c’est aussi ce qui lui donne du sens, ce qui permet la promotion
sociale par le mérite, qui est un des objectifs majeurs de la République.
Depuis le commencement de votre carrière, des progrès incontestables dans les conditions
de travail se sont produits, que je salue et qui ne doivent pas être remis en cause : ainsi
les journées de travail se sont écourtées et les congés se sont allongés ; les salariés ont
conquis des droits ; les femmes avancent sur le chemin d’une véritable égalité, qui reste
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encore à atteindre. Il faut préserver ces progrès, assurer l’avenir de notre système de
sécurité sociale et de retraites, qui repose sur la répartition et la solidarité. Il faut avant
tout lutter contre le chômage, qui n’est pas seulement une épreuve matérielle, mais aussi
une perte d’utilité sociale dont les conséquences psychologiques sont incommensurables.
Le chômage n’est pas une fatalité.
Alors que chaque jour des entreprises françaises ferment, on nous vante désormais les
mérites d’une économie qui serait toute entière d’emplois de services, où l’on travaillerait à
temps partiel ou à distance, à partir de chez soi. Est-ce bien le monde que nous voulons,
et est-ce seulement viable ? Toute société qui veut construire un avenir collectif doit
reposer sur la production et pas seulement sur la consommation ; sur le travail et pas
seulement sur les loisirs. Je souhaite que l’on crée des emplois industriels, que l’on
retrouve la croissance, que l’on arrête cette régression sociale qui chaque jour, créée
davantage d’injustice et d’inégalité, dans les pays développés comme dans ceux en voie
de développement.
Toute politique économique allant dans le sens de l’intérêt général doit donc tendre à
favoriser l’emploi dans tous les secteurs, y compris dans le secteur public. Le service
public à la française, que nombre de pays nous envient et qui assure la cohésion de la
Nation, est efficace et ses agents sont d’une grande compétence. Ils permettent, partout
sur le territoire national, de mettre en pratique le principe d’égalides citoyens. Il nous
faut donc le conserver et le développer. En ce soixantième anniversaire de la fin de la
seconde guerre mondiale, il faut défendre plus que jamais les avancées contenues
initialement dans le programme du Conseil National de la Résistance, notamment les
services publics à la française et les droits sociaux fondamentaux qui sont la colonne
vertébrale de la République. Les remettre en cause, c’est remettre en question la
République.
Si cette cérémonie m’a toujours tenu à cœur, c’est parce qu’à une époque la perte
d’emploi ou la crainte de la perte d’emploi touchent tant de nos concitoyens, de tous les
âges, de tous les milieux, remettre ces dailles revient à réaffirmer que la lutte contre le
chômage n’est pas seulement une exigence économique ; c’est aussi et surtout une
exigence sociale et humaine. Défendre le travail est un impératif que doivent se fixer tous
les républicains, tous les hommes de progrès, attachés à ce que la condition de l’homme
aille toujours vers le mieux, et à ce que la société soit plus juste, plus solidaire, en
particulier à l’égard des plus démunis. Et la tâche est immense puisque, même à Paris, qui
est la capitale politique, mais aussi économique de notre pays, 1 ménage sur 8 vit
désormais en dessous du seuil de pauvreté.
Ces médailles que nous allons vous remettre maintenant matérialisent la reconnaissance
de la République pour vos états de service dans le cadre de votre vie professionnelle. Pour
ceux d’entre vous qui sont, ou ont été agents du service public, elle marque votre
attachement au service de l’Etat et de l’intérêt général.
Je souhaite que cette médaille soit utile, pour ceux qui travaillent encore, à la poursuite de
leur carrière et à leur avancement. A ceux qui sont déjà en retraite, j’espère qu’elle
rappellera les meilleurs moments de leur activité et leur donnera la satisfaction du devoir
accompli.
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J’ai tenu à ce que vous soit offert aux dames un bouquet de fleurs et à vous, messieurs,
un livre qui retrace l’histoire de la Maison des Métallurgistes, cet ancien bâtiment industriel
du nord du XIè arrondissement, bien connu des syndicalistes, qui va devenir, grâce à la
Ville de Paris, un grand équipement culturel géré par la mairie du XIè.
Je vous présente pour conclure, à toutes et à tous, mes plus sincères et plus vives
félicitations.
Je vous remercie.
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