Ou les programmes de fidélisation se situent-ils ?
La fidélisation permet de transférer la relation avec le client sur un autre plan que celui
de la transaction commerciale pure. Or, la plupart des programmes dits de fidélisation
sont essentiellement basés sur de la récompense transactionnelle. Il s’agit là en fait
d’une approche promotionnelle très élaborée, et non de fidélisation. En effet, dès qu’un
concurrent propose un programme de fidélisation plus attractif, le client part chez le
concurrent. C’est ce qui c’est passé quand Leclerc a lancé les « tickets E. Leclerc ».
L’enseigne Carrefour, malgré son programme de fidélisation, a vu un nombre significatif
de clients se déplacer vers Leclerc. A tel point que Carrefour a dû repenser dans
l’urgence son offre de « fidélisation » dans le but de reconquérir ses anciens clients.
Mettre en place un système de récompense n’est pas incompatible avec une stratégie
de fidélisation, à condition que cette offre quantitative soit couplée à des offres
qualitatives à valeur d’usage et d’image. Un des meilleurs exemples en la matière est le
dispositif de fidélisation de Thalys, « Cybelis ».
Comment mettre en place une stratégie de fidélisation ?
Une démarche de fidélisation nécessite une réflexion sur 5 leviers : le
marketing/juridique, les canaux, la technologie, la finance et les hommes. Le marketing
va, pour chaque segment identifié, se concentrer sur l’élaboration de l’offre en
respectant 3 notions clés : la différenciation reposant sur le duo « valeur d’usage/valeur
d’image », la récurrence et l’emblématique liée aux valeurs de la marque. La législation
étant spécifique et complexe, il est indispensable de valider le détail des offres auprès
d’un service juridique spécialisé. Une célèbre enseigne française de grande distribution
s’étant contentée de son service juridique interne a dû jeter plusieurs millions de
catalogues récompenses car elle avait totalement ignoré la loi sur les ventes à primes.
Aborder la fidélisation sous l’angle multicanal permet de placer le client au cœur de
l’entreprise. Il s’agit de mettre en cohérence le canal d’interaction et la valeur
stratégique du client. On va ainsi réserver le face à face pour les cibles stratégiques et
orienter les clients à plus faible valeur ajoutée vers le média le plus économique. Les
canaux sont donc transversaux et ciblés par segment de clientèle, les équipes de
ventes sont dimensionnées selon les segments, les ressources commerciales sont
allouées en fonction de la valeur ajoutée produite et de leur coût, les canaux de vente
sont pilotés par un compte de résultat par canal. La technologie est un élément
essentiel de la mise en œuvre d’une stratégie de fidélisation. En effet, la connaissance
client est la pierre angulaire de la fidélisation et doit sans cesse être enrichie pour
optimiser les campagnes marketing, améliorer les ventes croisées, optimiser l’efficacité
des canaux de distribution. La fidélisation s’appuie donc en priorité sur les outils du
CRM : base de données marketing clients, datamining, gestion de campagnes
marketing, centre de contact clients, internet. Dans tous les cas, l’approche
technologique doit rester le support de la philosophie et des objectifs de la démarche de
fidélisation. Compte tenu des investissements, l’aspect financier est primordial et
nécessite d’inscrire la stratégie de fidélisation dans la durée et de raisonner en compte
d’exploitation (Fig. 4). L’investissement moyen est estimé entre 0,35€ et 0,5€ par client
pour l’élaboration du dispositif de fidélisation, entre 1,5K€ et 2,3K€ par point de vente
pour la technologie et entre 10€ et 12€ par client en année 1 en ce qui concerne les
coûts d’exploitation, et entre 7,5€ et 9€/client en année 2. Quels gains peut-on
espérer ? Le seuil de rentabilité est généralement estimé entre 0,5% et 2,5% et le taux
de pression entre 1% et 4% en année 1 et entre 1% et 2,5% en année 2. Enfin, pour
assurer le succès d’une stratégie de fidélisation, l’ensemble des directions et des
fonctions de l’entreprise doit être impliqué. De fait, considérer le client comme un actif