DES ECONOMISTES CELEBRES ET LEURS THEORIES INTRODUCTION L’économie, en tant que discipline, est une branche des sciences sociales qui étudie l'allocation des ressources rares à des fins alternatives. Autrement dit, selon Raymond Barre, économiste, « La science économique est la science de l'administration des ressources rares. Elle étudie les formes que prend le comportement humain dans l'aménagement de ces ressources; elle analyse et explique les modalités selon lesquelles un individu ou une société affecte des moyens limités à la satisfaction de besoins nombreux et illimités ». En réalité, il n'existe pas une seule définition de l'économie, mais plusieurs définitions. Chaque définition renvoyant à des réalités sous-jacentes différentes. Karl Polanyi distinguait par exemple deux sens du terme économique : le sens substantif (l'économie est une science empirique qui étudie des procès institutionnalisés) et le sens formel (l'économie est une science déductive qui étudie l'action rationnelle) ; ce dernier sens se rapproche beaucoup de la conception qu'en avait Ludwig von Mises. Robbins Burling énumérait quant à lui cinq manières de définir l'économie L'étude des choses que les économistes étudient. L'étude des moyens matériels d'existence de l'homme. L'étude de la production, de la distribution, et de la consommation des biens et des services. L'étude des systèmes d'échange quelle que soit leur structure. L'étude de l'allocation des moyens rares à des fins alternatives. À l'origine, le terme économique vient du grec oikos (« maison ») et nomos (« administrer ») qui signifie l'art de bien administrer une maison, de gérer les biens d'un particulier ou de l'État. Elle peut alors se définir comme un art de vivre avec ses proches et son environnement. En ce sens, si la nature est notre maison, l'homme reste un être écologique ( logos = parole) tant qu'il continue à obéir à la nature et il devient un être économique lorsqu'il commence à administrer la nature. Aujourd'hui les enjeux pour l'homme sont énormes car il doit concilier l'économique et l'écologique sous peine de ruiner les deux pièces de sa maison. L'économie se définit donc comme l'administration du domaine de l'homme et l'art de vivre avec ses proches et son environnement suivant la signification première, précise, profonde ou authentique en Anthropologie ou connaissance ("Logos") de l'Homme ("Anthropos"). Un des premiers traités historiques traitant de l'économie est dû à Aristote. Remarquons que celui-ci distinguait alors l'économie de la chrématistique (de khréma-atos) qui est l'art de s'enrichir, si bien que selon lui, l'accumulation de la monnaie pour la monnaie était une activité contre nature qui déshumanise ceux qui s'y livrent (voir Les économiques et l'Éthique à Nicomaque) L'économie peut se définir comme l'allocation optimale de ressources rares. La macroéconomie est l'étude de l'économie envisagée dans sa globalité. Elle étudie les choix des individus, des entreprises et des gouvernements sur l'économie nationale et mondiale. Le rôle des économistes est d'une part d'analyser comment la société humaine produit ses richesses et les répartit, et d'autre part de proposer des explications et des possibilités d'amélioration à certains dysfonctionnements économiques et sociaux. Ils peuvent aussi réaliser des études pour estimer les effets d'une loi ou d'un projet de loi. Les résultats de ces études (qui peuvent être contradictoires d'un modèle à l'autre) sont parfois utilisés par les gouvernements pour réguler l'activité économique. L'économie est donc intimement liée à la philosophie politique, et elle a un enjeu social considérable, en particulier en ce qui concerne la répartition des richesses dans la société. Depuis la fin du XXe siècle, l'économie a aussi un enjeu écologique. En effet, l'impact des activités économiques sur les ressources naturelles (déforestation, énergies fossiles, minerais) et sur l'équilibre de la planète (climat, biodiversité...) posent la question du développement durable. Réciproquement, l'écologie devient un enjeu économique, par l'activité qu'elle génère (recyclage, dépollution, etc). Nous étudierons ci-dessous quelques uns de nos économistes les plus réputés ainsi que leurs théories Alfred Marshall Insérer sa photo Alfred Marshall (Londres 26 juillet 1842 - Cambridge 13 juillet 1924), économiste britannique, est l'un des pères fondateurs de l'école néoclassique, qui est le courant de pensée dominant actuellement en économie, et l'un des économistes les plus influents de son temps. Biographie Il est né à Bermondsey (Londres). Son père était caissier à la Banque d'Angleterre. Il suit d'abord des études scientifiques en mathématiques et en physique avant de s'intéresser à la philosophie et à la théologie. Plutôt radical au début de sa carrière, il se convertit au libéralisme à la suite d'un voyage aux ÉtatsUnis, tout en intégrant une certaine morale dans ses propos : «L'économiste, comme tout autre doit se préoccuper des fins dernières de l'homme». Après avoir enseigné à Oxford et à Bristol, il poursuivit sa carrière de professeur à Cambridge où il occupa la chaire d'économie politique de 1885 à 1908. Il eut pour élève John Maynard Keynes qui deviendra son principal critique et Arthur Pigou. Il meurt à Cambridge le 13 juillet 1924. Son Œuvre Son livre Principes d'économie politique (1890) a rassemblé les théories de l'offre et la demande, d'utilité marginale et des coûts de production dans une logique cohérente. Celui-ci est devenu le manuel économique dominant au Royaume-Uni pendant une longue période. Il a également publié Industry and Trade en 1919 et Money, Credit and Commerce en 1924. La question de la valeur La question de la valeur économique est une question qui occupait les théoriciens depuis très longtemps, puisque dès le Ve siècle, Saint Augustin s'interrogeait sur la notion de juste prix. Avant Marshall, les deux grandes théories de la valeur étaient celles : des économistes classiques britanniques qui privilégiaient une approche macro-économique et avaient analysé les phénomènes de production, et avaient mis en avant la valeur-travail, avec : o Adam Smith pour qui le prix d'un bien dépend de la rémunération du travail fourni par l'ouvrier qui le fabrique, o et avec David Ricardo qui avait affiné cette analyse en développant la notion de travail incorporé, qui englobait non seulement le travail de l'ouvrier, mais également le travail nécessaire pour produire les machines et les outils qu'il utilise; et celle plus novatrice de Léon Walras et de l'école marginaliste qui initiaient une approche microéconomique et se plaçaient résolument au niveau des consommateurs, en parlant de valeur-utilité, car pour eux seul comptait la satisfaction du consommateur, le prix du bien dépendant de son degré d'utilité : o si un bien (ou un service) est rare mais jugé très utile par les consommateurs, ceux-ci sont prêts à acquitter un prix élevé, mais ce degré d'utilité décroît au fur et à mesure où le degré de satisfaction du consommateur augmente; o Parallèlement, le prix qu'un consommateur est prêt à payer baisse au fur et à mesure où son besoin est satisfait, ce qui signifie que plus un bien est produit en grandes quantités, ou quand un service est accessible au plus grand nombre, l'individu y attache de moins en moins d'importance, et il est de moins en moins prêt à payer le prix fort. Ce sont ces deux théories en apparence opposées et inconciliables qu'il a réussit à fondre en une synthèse, car ces deux approches ne sont contradictoires qu'en apparence, et elles sont en fait complémentaires : les classiques proposent une analyse objective de la valeur en se fondant sur les coûts de production, alors que les marginalistes privilégient une approche plus subjective en mettant l'accent sur les goûts et les besoins des individus. Pour Alfred Marshall, le prix d'un bien dépend du coût des facteurs de productions et de la valeur que le consommateur est prêt à lui accorder, et il ne faut pas privilégier une approche plutôt qu'une autre. Pour résoudre ce dilemme, il a introduit la notion de temps dans l'analyse des mécanismes économiques : Sur le court terme, l'utilité l'emporte dans le phénomène de fixation du prix, par la recherche de l'équilibre entre l'offre et la demande, lequel s'établit à un prix qui exprime la valeur-utilité. Lors de l'introduction d'un produit sur le marché, l'entreprise adapte ses prix en fonction de la demande. Mais, sur le long terme, les coûts de production deviennent déterminants, car l'entreprise est obligé d'en tenir compte, et un prix d'équilibre qui ce situe entre ce que le marché est prêt à payer au maximum et le prix auquel l'entreprise doit vendre son produit au minimum, va correspondre au prix naturel tel qu'il a été défini par les économistes classiques en se fondant sur la valeur-travail. Les critiques avaient souligné que le concept d'utilité n'étaient guère opérationnel en entreprise, beaucoup moins que celui de la valeur-travail, car la satisfaction du consommateur était difficile à mesurer. Mais, selon Alfred Marshall, ce n'est pas parce que les outils d'analyse n'existent pas qu'il faut faire l'impasse sur la valeur-utilité, car dans la réalité une entreprise ne se lance pas dans la production d'un bien, si elle ne pense pas raisonnablement qu'il ne trouvera pas preneur, soit parce qu'il est trop cher, soit parce qu'il ne correspond pas à un besoin exprimé ou latent. L'équilibre partiel d'Alfred Marshall Il a reprit les théories marginalistes et néo-classiques mais s'oppose à l'approche de Léon Walras : il a une approche plus empirique de la réalité et défend l'idée d'équilibre partiel et non général. Pour lui, lorsqu'un marché est équilibré, on a pas forcément l'équilibre dans tous les marchés. La loi des rendements non proportionnels Alfred Marshall a aussi travaillé sur deux aspects contradictoires des travaux d'Adam Smith et de David Ricardo : Smith avait montré que la productivité d'une entreprise augmente grâce à la division du travail, c'était la loi des rendements croissants. De son côté, Ricardo en examinant le cas particulier de l'agriculture, avait mis en évidence le fait que les meilleures terres sont cultivées en priorité, mais la population augmentant, il faut défricher de nouvelles terres mais dont la productivité est moindre. La nature impose donc des limites à l'activité humaine, c'est la loi des rendements décroissants. Marshall, cherchait à construire un modèle théorique applicable à un champ d'application général, il ne pouvait donc se satisfaire de lois assorties d'exception ou de lois ne s'appliquant qu'à des cas particuliers. Pour lui une entreprise est soumise simultanément à ces deux lois : elle cherche à améliorer sa productivité par une meilleure organisation du travail, mais se heurte aux limites du monde physique ou de ses ouvriers. Ses rendements sont en premier décroissant puis croissant dans un second temps, c'est la loi des rendements non proportionnels. L'interventionnisme de l'État [ Alfred Marshall s'est aussi penché sur la question de savoir comment une subvention ou un impôt pouvait influer sur le degré de satisfaction des consommateurs. À l'encontre de son élève John Maynard Keynes qui pensait que l'intervention massive de l'État était importante pour relancer l'activité économique en temps de crise, Marshall, ardent défenseur du «laisser faire, laisser passer», pensait que l'intervention de l'État n'était bénéfique que pour encourager les productions rentables mais était contre-productive pour les activités en perte de vitesse qui ne devaient pas être soutenues inutilement. Croyant aux vertus de la libre-concurrence, il pensait que les entreprises devaient subir une sorte de sélection naturelle afin que seules subsistent celles qui étaient capables de s'adapter au marché. Pour réussir, alors qu'elles subissent la loi des rendements non proportionnels, elles doivent être capables de dégager en priorité, des économies internes, d'augmenter leur production et d'accroître leur part de marché, avant de bénéficier d'apports externes. La disparition d'entreprises concurrentes leur permet de développer naturellement leur activité sur le marché. Quelques autres idées Il fut réticent devant l'importance croissante du pouvoir syndical qui, pour défendre les intérêts des ouvriers, menacent de bureaucratiser la société et d'entraver la libre-entreprise en imposant des réglementations sociales trop rigides. Par contre il était très favorable à la généralisation de la formation, afin de réduire le nombre d'ouvriers non qualifiés. Il pensait que seule la formation pouvait réellement améliorer leur bien-être par de meilleurs salaires et par une valorisation de leur position sociale. Conclusion Dans Les Principes de l'économie politique il a défini la tâche de la science économique : «Nous devons étudier l'humanité telle qu'elle est. Nous ne devons pas construire un monde irréel, tel qu'il pourrait ou devrait être». Pour lui, l'idéal était de bâtir une théorie qui rende fidèlement compte de cette réalité, si complexe et si réfractaire à toute réduction, qu'il est important que la science économique ne soit jamais une science figée par des dogmes et que toutes les critiques et doutent puissent s'exprimer, car de cette façon, ils seront salutaires. Citation Selon Marshall : «L'Économie politique ou l'Économique est une étude de l'humanité dans l'activité ordinaire de la vie. Elle étudie ce qui, dans l'individu ou l'action sociale, est relié à la recherche et à l'utilisation des moyens matériels nécessités par le bien être». Bibliographie Principes d'économie politique, 1890 Industry and Trade, 1919 Money, Credit and Commerce, 1924 John Maynard Keynes Insérer la photo de JM Keynes BIOGRAPHIE Introduction John Maynard Keynes était un économiste et un mathématicien britannique (né le 5 juin 1883 à Cambridge et décédé le 21 avril 1946 à Firle, Sussex). John Maynard Keynes est né dans une famille d'universitaires. Son père, John Neville Keynes, était lecteur à l'Université de Cambridge et enseignait la logique et l'économie politique. La mère de John Maynard, Florence Ada Brown, était un auteur à succès et une pionnière des réformes sociales. Études À sept ans, il entre à Perse School. Deux ans plus tard, il entre en classe à St Faith's. Avec les années, il se montre très prometteur. Un an plus tard, il intègre le collège d'Eton (Eton College) où il est un élève brillant qui gagne, 1899 et en 1900, le prix de mathématiques. En 1901, il finit premier en mathématiques, histoire et anglais. En 1902, il gagne sa place pour le King's College de Cambridge, où il poursuit ses études de mathématiques, jusqu'en 1905. Après deux ans au service de l'État britannique, où il est affecté à l'Indian Office (ministère de l'Inde), il reprend ses études à Cambridge. Il opte alors pour l'économie, convaincu en cela par Alfred Marshall, un des plus célèbres économistes néoclassiques dont il sera alors l'élève. Un autre de ses professeurs, néoclassique lui aussi et auquel il s'opposera ensuite radicalement est Arthur Cecil Pigou. Il ne connaîtra guère d'autre tradition en science économique, mais deviendra lui-même enseignant au King's college en 1909. Parcours Inspirateur du Keynésianisme Il est l'inspirateur du keynésianisme, courant de pensée économique dont les adeptes (plus ou moins critiques du libéralisme économique) ont retenu notamment, parmi la richesse des analyses de Keynes, sa position en faveur de l'intervention active de l'État, à certains moments précis, au sein de l'économie, pour assurer le plein emploi. Ce courant s'oppose vigoureusement à l'école néoclassique et a été dominant de 1945 jusqu'aux années 1970, voire 1980 selon les pays. Richesse de l’oeuvre La figure de John Maynard Keynes est complexe : auteur extrêmement prolifique, à la fois économiste reconnu par ses pairs (bien qu'hétérodoxe) et homme d'affaires à la carrière réussie, il restera longtemps universitaire, et s'impliquera dans l'évolution politique du Royaume-Uni. Ses principaux ouvrages sont : - Les Conséquences économiques de la paix J. M. Keynes se fait connaître du grand public avec sa publication Les Conséquences économiques de la paix en 1919 où il critique le traité de Versailles. Il était en effet représentant du ministère des finances britannique à la Conférence de la Paix de Paris, et démissionna trois jours avant la signature du traité. Dans son pamphlet, il dénonce le poids des réparations exorbitantes auxquelles doit faire face l'Allemagne et prédit la ruine de l'économie germanique. - Nouvelles considérations sur les conséquences de la paix (The Revision of the Treaty, Il développera à nouveau ce sujet dans son ouvrage Nouvelles considérations sur les conséquences de la paix (The Revision of the Treaty, 1921). L'hyper-inflation allemande qui succédera à la guerre confirmera entièrement ses thèses. Le critique le plus connu de cet ouvrage fut Étienne Mantoux. - Traité des probabilités En 1921, Keynes publie le Traité des probabilités, à partir des travaux qu'il avait réalisés entre 1905 et 1908. Nombreux articles : Alors membre du Parti libéral, depuis 1912, il écrit de nombreux articles pour la presse qui en est proche, principalement le Manchester Guardian, pour qui il couvrira d'ailleurs la Conférence monétaire internationale de Gênes en 1922. À partir des articles qu'il rédige à cette occasion, il composera son Essai sur la réforme monétaire (1923), critique de la théorie monétaire classique où il prône l'abandon du système de l'étalon-or. Lorsque Winston Churchill, alors Chancelier de l'Échiquier annonce le retour à l'étalon-or à la parité d'avant-guerre, Keynes écrit Les Conséquences économiques de M. Churchill (1925), où il prédit que cette parité sera impossible à maintenir, ce qui entraînera une crise mondiale. Keynes, reconnu par ses pairs Keynes devient rapidement un des plus célèbres économistes au monde et à ce titre, il devient conseiller financier de la Couronne et gouverneur de la Banque d'Angleterre. En 1942, il est élevé au rang de Baron Keynes de Tilton. Lors des Accords de Bretton Woods en 1944, il présidera la délégation britannique. Il tente d'y faire valoir l'idée d'une monnaie et d'une banque supranationales, qui sera repoussée par les Américains (conduits par Harry White, sous-secrétaire aux Finances) soucieux de placer le dollar au centre du Système monétaire international. Vie privée Son épouse John Maynard Keynes épouse en 1925 la ballerine russe Lydia Lopokova (danseuse étoile de la compagnie des Ballets russes de Serge Diaghilev). Il ne laissera pas de descendance. Ses frères - Geoffrey Keynes Son frère Sir (1887–1982) était un brillant chirurgien, érudit et bibliophile. Ses neveux - Son premier neveu Richard Keynes (né en 1919) est un physiologiste. - Le second Quentin Keynes (1921–2003) un aventurier et un bibliophile. Ses hobbies J. M. Keynes lui-même était un grand collectionneur de livres, et réunit par exemple de nombreux manuscrits d'Isaac Newton concernant l'alchimie et les notes de John Conduitt. Une des dernières publications de Keynes fut ainsi Newton, l'Homme (Newton, The Man), parue pour le tricentenaire de la naissance du physicien (1942) sous la forme d'article puis en livre en 1946. La fin de sa vie Keynes meurt le 21 avril 1946 d'une crise cardiaque, ses problèmes de cœur s'étant aggravés suite à la charge de travail qu'il doit supporter à l'occasion des accords de Bretton Woods, et des problèmes financiers internationaux de l'après-guerre. Le keynésianisme Introduction John Maynard Keynes est à la source d'une importante évolution de la science économique avec son œuvre principale, la Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie (The general theory of employment, interest and money) paru en 1936. L'ouvrage est considéré comme le traité de science économique du XXe siècle ayant le plus influencé la façon dont le monde a abordé l'économie et le rôle du pouvoir politique dans la société. Avec la Théorie générale, Keynes a développé l'hypothèse que la demande est le facteur déterminant pouvant expliquer le niveau de la production et par conséquent de l'emploi. Aujourd'hui de nombreux courants et partis politique se revendiquent du keynésianisme en n'en retenant que l'idée d'interventionnisme. Keynes, lui-même homme d'affaires, se disait pourtant du coté de "la bourgeoisie éclairée" et insistait sur le rôle fondamental de la création privée d'entreprise. Concepts principaux Parmi les concepts novateurs apportés par Keynes, on retiendra surtout : ceux de l'équilibre de sous-emploi où le chômage est possible pour un niveau donné de la demande effective ; l'absence d'ajustement par les prix entre les demandes et les offres d'emploi, afin de résorber le chômage ; une théorie de la monnaie fondée sur la préférence pour la liquidité ; la notion d'efficacité marginale du capital comme explication de l'investissement, faisant de l'investissement la "cause" déterminante de l'épargne et reniant de ce fait la loi de Say comme quoi toute offre trouvera obligatoirement une demande. la loi psychologique fondamentale qui affirme que lorsque le revenu augmente la consommation augmente moins que proportionnellement, ce qui revient à dire que la propension à consommer est comprise entre 0 et 1. Cette propriété découverte par Keynes, sera reformulée par la suite dans le cadre de la théorie des choix inter temporels. Ces concepts ont accrédité à l'époque la possibilité de politiques économiques interventionnistes qui élimineraient les récessions et freineraient les emballements de l'économie. L'ensemble de ces notions constitue une méthodologie, et a engendré une nouvelle sous-discipline de l'économie, appelée macroéconomie. Critiques de Keynes Les critiques de Keynes et des politiques qu'il a inspirées ont toujours soutenu qu'on n'a nul besoin de mettre en cause la capacité des marchés à ajuster les offres aux demandes pour rendre compte du chômage, que les politiques publiques, qui le subventionnent (Jacques Rueff), punissent l'embauche par des taxes, ou interdisent le plein emploi des ressources, notamment en imposant des prix (New Deal) et surtout des salaires minimum, suffisent à l'expliquer. Que dans ces conditions, accroître la demande globale, a fortiori pour les produits finis, n'est qu'un expédient temporaire pour tourner ces contraintes, qui doit faire monter les prix. Ceux, notamment les syndicats, qui veulent imposer des rémunérations incompatibles avec le plein emploi, finiront par s'en apercevoir, et manipuler la demande ne réussira plus à résorber l'offre excédentaire. Les théoriciens des "anticipations rationnelles" ont même démontré que ces politiques ne pouvaient avoir d'effet que si elles réussissaient à tromper les agents économiques sur les effets qu'elles auraient, notamment sur les taux d'intérêt et les salaires réels — et cela indépendamment de leurs conceptions parfois irréalistes de l'incertitude. C'est dans les années 1970 que le problème de la « stagflation » — une inflation croissante sans réduction du chômage, conjonction qu'elle déclarait implicitement impossible — a finalement conduit à remettre en cause l'approche macroéconomique de Keynes — d'où, peut-être, le Prix Nobel d'économie attribué en 1974 aux interprétations de la conjoncture de type autrichien de Friedrich Hayek. Logiquement, c'est-à-dire si on écarte les explications circulaires de la hausse des prix du genre "inflation par les coûts" (car ces "coûts" ne sont eux-mêmes rien d'autre que des prix), la stagflation ne peut exister que si la demande est simultanément en excédent ici, et en défaut là ; on ne peut donc en rendre compte que si on sort de la "macroéconomie" proprement dite, laquelle n'envisage par hypothèse qu'un défaut, ou un excédent global de la demande. Or, justement, la critique autrichienne de Keynes prétend réfuter l'approche macroéconomique en tant que telle : pour elle les désajustements entre offres et demandes sont forcément locaux. Ce qui lui permet d'insister sur la réaction à la politique monétaire des prix relatifs des actifs échangés en amont du consommateur, dans la "structure de production", comme éléments essentiels de la conjoncture — à ce titre, la notion d'"inflation des actifs" , admise dans les années 1980, est une première prise en compte de cette approche. Ensuite, ces écarts entre les demandes et les offres ne peuvent être que le produit d'erreurs de prévision : si les gens prévoyaient parfaitement la demande pour leurs services, ils ne se retrouveraient jamais avec une demande plus faible (d'où sous-emploi) ou plus forte (d'où hausse des prix) qu'ils ne l'envisageaient. On retrouve une conclusion des "anticipations rationnelles", mais dans une approche qui y ajoute une analyse réaliste des conditions dans lesquelles les gens acquièrent l'information. En effet ces erreurs-là, les critiques de la macroéconomie affirment que la politique de conjoncture ne peut que les aggraver, en ajoutant ses propres sources d'incertitude à celles qu'engendrent les choix faits sur les marchés. — tout d'abord elle ne peut être qu'aveugle, puisque par hypothèse elle ne cherche même pas à identifier ces désajustements spécifiques. Comment en attendre alors qu'elle y distingue en outre, comme elle devrait théoriquement le faire s'agissant de "conjoncture", ceux qui ne sont dus qu'à des changements mal prévus des préférences et des techniques, et qu'il n'y aurait en principe jamais lieu de compenser par une manipulation de la demande, a fortiori globale ? — ensuite, en centralisant les décisions en dehors des marchés, la politique macroéconomique concentre les erreurs, qui se compenseraient en partie autrement, et les diffuse, pour reprendre l'expression même de Keynes, "d'une manière que pas un homme sur un million n'est capable de comprendre". Pour l'analyse autrichienne, donc, les institutions qui affectent la demande globale, notamment le monopole d'émission de la monnaie, sont la cause des crises économiques et financières évitables, et ne peuvent pas y porter remède. Plus généralement, elle affirme que les planificateurs étatiques ne peuvent pas connaître l'information nécessaire à la réalisation de leurs projets par les hommes, mais ne font au contraire que fausser son acquisition parce qu'ils ne subissent pas les conséquences de leurs choix, alors qu'ils privent de leur pouvoir de décision les seuls qui auraient véritablement intérêt à s'informer de façon adéquate, ceux qui les subiront effectivement. Ces considérations, partagées au-delà de l'école autrichienne — Milton Friedman aussi reconnaît qu'on n'a pas besoin de banque centrale, ont inspiré des politiques, notamment monétaires, qui prétendaient davantage être prévisibles que régler la conjoncture. A propos de Keynes et ses critiques, on peut consulter l'ouvrage récent: G. C. Peden, ed. _Keynes and His Critics: Treasury Responses to the Keynesian Revolution 1925-1946_. Records of Social and Economic History Series. Oxford: Oxford University Press, 2004. xv + 372 pp. Bibliography, dramatis personae, index. ISBN 0-19-726322-4. L'avenir du keynésianisme Pour autant, ces critiques n'ont pas sonné le glas du keynésanisme ; les keynésiens actuels ont redonné à la lettre initiale de la Théorie Générale un souffle nouveau, en insistant sur le rôle majeur de l'incertitude dans l'économie. Ainsi se dessine une nouvelle ligne de partage : d'un côté, ceux qui pensent qu'il est possible de se fonder sur la rationalité des acteurs pour analyser l'économie ; de l'autre, ceux qui pensent, à la suite des post-keynésiens, que l'incertitude radicale qui entache les actions humaines, y compris étatiques (?), est trop importante pour conduire ce projet à bien. En ce sens, les post-keynésiens sont moins « interventionnistes » que ceux de la première génération, mais sont tout aussi critiques vis-à-vis de la capacité du marché à se réguler de lui-même, s'appuyant en particulier sur les déséquilibres réguliers des marchés financiers et la régularité des crises financières, signe selon eux de l'incapacité de marchés mal encadrés à gérer l'incertitude. Cela n'implique pas nécessairement que l'État intervienne au sens courant du terme, puisque la régulation peut être privée — si le marché comme ensemble des relations volontaires potentielles, est par hypothèse alternatif de l'organisation, le marché libre comme norme politique inclut toute organisation fondée sur des contrats. Les courants keynésiens actuels sont les post-keynésiens et les néo-keynésiens. Principaux ouvrages 1913 — La Monnaie et les finances de l'Inde (Indian Currency and Finance) 1919 — Les Conséquences économiques de la paix (The Economic Consequences of the Peace) 1921 — Traité des probabilités (A Treatise on Probability) 1923 — Essai sur la réforme monétaire (A Tract on Monetary Reform) 1925 — Les Conséquences économiques de M. Churchill (The Economic Consequences of Mr. Churchill) 1926 — La Fin du laissez-faire (The End of Laissez-Faire) 1930 — Traité sur la monnaie (A Treatise on Money) 1936 — Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie (The General Theory of Employment, Interest and Money) 1940 — How to Pay for the War : A radical plan for the Chancellor of the Exchequer L’Offre et la demande En microéconomie, la théorie de l'équilibre partiel entre l'offre et la demande développée par Alfred Marshall tente de décrire, expliquer, et prédire le prix et la quantité des biens vendus sur les marché concurrentiels. Le modèle marshalien formalise les théories développées précédemment et est utilisé comme point de départ pour toute une série de modèles et théories économiques. La théorie de l'offre et de la demande est importante pour certains courants afin de comprendre les mécanismes à l'œuvre dans la décision d'allocation des ressources en économie de marché. L'offre et sa variation [ L'offre est la quantité d’un certain produit offert par les vendeurs pour un prix donné. L'offre tend généralement à augmenter lorsque le prix monte. La demande et sa variation La demande est la quantité d’un certain produit demandée par les consommateurs ou acheteurs pour un prix donné. La demande tend à augmenter quand le prix baisse, jusqu'au moment où cette augmentation de la demande stabilise, voire fait monter les prix. La demande est dite élastique par rapport au prix si une variation du prix d’1% entraîne une variation relative supérieure de la quantité demandée (toutes choses égales par ailleurs): . la demande est dite inélastique si une variation du prix d’1% entraîne une variation relative moindre de la quantité demandée. La théorie de l'offre et de la demande En général, la théorie veut que lorsqu'un bien est vendu sur le marché à un prix pour lequel les consommateurs demandent plus de biens que les entreprises peuvent en offrir, alors le prix du bien tend à augmenter. Inversement, le prix va tendre à diminuer quand la quantité offerte excède la quantité demandée. Le mécanisme d'ajustement du prix et de la quantité conduit le marché à atteindre un point d'équilibre. Ce point de stabilité théorique est défini comme celui où les producteurs sont prêts à vendre la même quantité de biens que les consommateurs veulent acheter. La théorie de l'"offre et de la demande" est importante dans le fonctionnement des économies de marché car elle explique le mécanisme par lequel les décisions d'allocation des ressources se font. Les recherches en matière notamment d'économie comportementale ont toutefois montré des phénomènes perturbants dans la réaction aux prix de l'offre et de la demande. La confrontation de l'offre et de la demande Insérer graph N°1 L’offre est la quantité d’un bien économique que les producteurs souhaitent vendre à un prix donné. Ses principaux déterminants sont le prix du marché et les coûts de production. En fait, les fonctions d’offre sont obtenues à partir des coûts de production de l’entreprise à long terme. Leurs courbes représentatives sont généralement des courbes croissantes et concaves du fait de la loi des rendements décroissants. Il peut en être différemment. La demande est la quantité voulue d’un bien, à un prix donné, par les consommateurs ayant les moyens de l’acheter. La courbe représentative de la fonction décrit donc cette quantité (en abscisses) en fonction du prix (en ordonnées). Ses principaux déterminant seront donc le prix du bien, le revenu, les goûts, mais aussi l’offre et la demande des biens de substitutions (ainsi l’évolution des prix du pétrole a un effet sur la demande de gaz par exemple). La courbe représentative de la fonction de demande est généralement décroissante et peut être concave ou convexe, selon les cas. En construisant les deux courbes, ou dans un cas plus simple les deux droites, ont obtient la situation du marché. La rencontre de l’offre et la demande permet de définir le point d’équilibre. Ce point définit le prix pour lequel l’offre égalise la demande, c’est à dire le point où se réalise l’échange. On appelle les coordonnées correspondantes prix d’équilibre et quantité d’équilibre. Tant que ce point n’est pas atteint, l’excédent d’offre provoque la baisse du prix ou bien la trop forte demande provoque sa montée. C’est donc par tâtonnement qu’est sensé être atteint ce prix dans la réalité. Dans la théorie microéconomique, l’offre et la demande sont fonctions du prix (noté en ordonnées par convention) mais n’interagissent pas l’une sur l’autre. Évolution de la demande [ Insérer graph N°2 Lorsque davantages de personnes désirent un bien, la quantité qui en est demandée pour un prix donné tend à augmenter. Cette hausse de la demande peut dériver d’une évolution des goûts, quand les consommateurs accroissent le désir qu’ils ont d’un bien donné. L’évolution de la demande peutêtre représentée graphiquement par une translation de la courbe de demande vers la droite. La courbe initiale D0 est alors remplacée par la courbe D1. La conséquence de ce changement est la hausse du prix d’équilibre qui passe de P0 à P1, tandis que s’accroît également la quantité d’équilibre qui passe de Q0 à Q1. Inversement, lorsque la demande diminue, les phénomènes inverses se produisent. La quantité échangée décroît ainsi que le prix. Évolution de l'offre Insérer graph N°3 Lorsque les coûts de production de l’offreur sont modifiées, la courbe de l’offre se déplace en conséquence. Si, par exemple, quelqu’un découvre une nouvelle manière de faire pousser le blé, les producteurs tenteront d’accroître les volumes vendus, si bien que la courbe S0 se déplacera vers la gauche et deviendra S1. Cette accroissement de l’offre provoque une baisse du prix d’équilibre qui passe de P0 à P1. Quant à la quantité d’équilibre, elle baisse de Q0 à Q1 car la quantité demandée est accrue par la baisse du prix. Cette évolution n’a d’effet que sur l’offre, la courbe de la demande reste elle identique. Histoire de l'offre et de la demande Les tentatives de déterminer comment l'offre et la demande interagissent ont commencé avec la Richesse des Nations d'Adam Smith publié en 1776. Dans ce livre, il fait l'hypothèse que le prix de l'offre est fixe, mais que la demande va augmenter ou diminuer selon que le prix diminue ou augmente. David Ricardo en 1817 publie Des principes de l'économie politique et de l'impôt dans lequel l'idée d'un modèle économique est pour la première fois proposée. Il explique de façon plus rigoureuse les hypothèses utilisées pour démontrer la loi de l'offre et de la demande. Durant le XIXe siècle l'école de pensée marginaliste voit le jour avec les travaux de Stanley Jevons, Carl Menger, et Léon Walras. L'idée principale est que le prix est déterminé par le prix le plus élevé, le prix à la marge. C'est une importante amélioration par rapport aux idées d'Adam Smith à propos de la détermination des prix d'offre. Finalement, la plupart des bases de la théorie moderne de l'offre et de la demande ont été finalisées par Alfred Marshall et Léon Walras qui ont combiné les idées de détermination de l'offre et les idées à propos de la détermination de la demande afin de chercher un point d'équilibre. Depuis la fin du XIXe siècle, la théorie de l'offre et de la demande a peu évolué. La plupart des travaux ont conduit à examiner les cas particuliers du modèle (oligarchie, coût de transaction, nonrationnalité). Domaine de validité La loi de l'offre et de la demande n'a de sens que lorsqu'on parle : d'homo œconomicus, c’est-à-dire uniquement en considérant les acteurs comme rationnels et uniquement préoccupés par le prix des biens qu'ils convoitent ; de concurrence parfaite entre les agents économiques (atomicité de l'offre et de la demande, produits identiques, information rapide et complète de chacun, etc.). En conséquence, il est illusoire de croire que cette loi puisse décrire la réalité.