autorités locales. En effet, le comptoir résulte de logiques commerciales qui font que la recherche de profit
prime sur la volonté de conquête et d’annexions territoriales.
2) Les circonstances de la Prise d’Alger en 1830
- Cette opération résulte d’une vision stratégique géopolitique car la conqûete coloniale est synonyme de
grandeur et fonctionne comme une sorte de catalyseur de la réaffirmation française. Le facteur politique est
ainsi déterminant pour expliquer l’expansion coloniale. Même si l’expédition d’Alger a pour prétexte de
réparer l’affront infligé au consul de France Derval par le dey Hussein le 29 avril 1827, le fameux « coup
d’éventail » est un casus belli anecdotique car en réalité, le débarquement à Sidi Ferruch est le résultat de la
politique de prestige dirigée par le gouvernement Polignac qui tente de redorer le blason de la France. En
effet, Charles X veut faire taire l’opposition libérale de plus en plus critique par une victoire militaire. Il
s’agit donc de renforcer le pouvoir fragile de Charles X par une politique extérieure brillante qui fait que le
problème algérien se greffe sur les enjeux de la politique intérieure française.
- Une occupation restreinte et la tentative de l’impérialisme indirect
La monarchie de Juillet hérite de la question algérienne ; elle renonce à évacuer car ce geste serait perçu
comme une preuve de faiblesse sur la scène internationale. Ainsi en 1834 la régence d’Alger est
officiellement annexée au territoire français mais l’occupation se fait a minima car elle doit coûter le moins
cher possible (ce qui explique pourquoi dans un premier temps la colonisation est orientée seulement vers les
plaines côtières et les grandes villes). La France tente d’asseoir une domination indirecte et choisit l’émir
Abd El Kader comme chef arabe sur lequel s’appuyer (traité de Tafna de 1837). Elle le laisse plus ou moins
rallier les tribus pour elle et lui fournit même des armes pour combattre. Or, dès que l’émir parvient à
constituer des forces militaires conséquentes, il retourne ses armes contre la France car ABDK est en réalité
le porte parole de l’Algérie protestataire des bédouins et des montagnards. Il se présente comme le
commandeur des croyants et s’inspire du nizam jadid ottoman pour diriger la résistance. Cependant, il ne
peut pas incarner véritablement la conscience de la population algérienne car il est rejeté par les populations
urbaines. De plus, il donne à sa lutte, qui est l’expression du refus de l’occupation étrangère, le caractère du
combat pour la foi et même si l’identité religieuse est mise en avant comme argument fédérateur, il ne
parviendra jamais à mener une politique permettant d’unifier la société. Ainsi, aucun projet n’existe pour
permettre la cohésion nationale d’autant plus que les rivalités et les divisions entre les diverses tribus font
obstacle à une résistance organisée et cohérente.
3) Napoléon III et le royaume arabe
Selon Tocqueville, le modèle de l’implantation devait être celui de l’association mais à l’inverse le début de
l’installation des colons en Algérie s’établie dans l’indifférence et l’ignorance de la population locale.
Néanmoins, la politique de Napoléon III porte les prémisses de l’assimilation et favorise les compromis
politiques pour faciliter la cohabitation entre les colons et les Arabes. Cette attitude s’explique par
l’ « arabophilie » de Napoléon qui est entouré de Saint Simoniens (dont Ismaël Urbain) plutôt sensibles à la
question algérienne. Ainsi, il souhaite sauvegarder la société arabe car il a besoin de l’appui de la population
afin d’établir son projet civilisateur qui résulte d’une politique de prestige visant à inscrire les territoires
algériens dans une perspective géostratégique plus large en Méditerranée.
En effet, la France du Second Empire se donne pour mission de prendre l’initiative en Algérie d’accoucher
d’une nation orientale en devenant selon le colonel Lapasset « le lieu de réconciliation entre le chapeau et le
turban, la croix et le croissant ».Cette politique est à l’origine de la mise en place des sénatus-consultes de
1863 et 1865 qui ont pour but de protéger les terres algériennes des appétits des colons européens. Or, le
morcellement des terres des tribus en douars qui devait favoriser la propriété individuelle a en réalité pour
principal effet de favoriser l’éclatement des bases de l’encadrement tribal et de précipiter la société arabe
dans une crise identitaire profonde.