Relation avec la médecine du travail A l’initiative de Madame DEVALUKHOFF, médecin du travail au sein du service inter entreprises « Alpes Santé Travail » du secteur de Saint-Egrève, une réunion d’information sur le fonctionnement général de l’A.I.V. et du SAVU a été organisée fin 2010, dans leurs locaux. Confrontés de plus en plus régulièrement aux violences que supportent les salariés au sein de leur lieu de travail, et peu informés des relais de prises en charge psychologiques existant sur Grenoble, les médecins du travail rattachés à ce secteur souhaitaient se rapprocher de la structure A.I.V. et de son pôle psychologique afin d’en connaître le fonctionnement et les missions. Deux psychologues de l’A.I.V rattachées au dispositif du SAVU se sont ainsi mobilisées afin de présenter les domaines d’interventions de ces deux services. Souvent sollicités sur la dimension psychologique émanant d’actes violents dans l’exercice professionnel, nous souhaitions les informer des diverses manifestations psycho-traumatiques susceptibles d’apparaître chez les employés, de leur durée, et des possibilités de prises en charge qu’offrent le SAVU et l’A.I.V. Ces deux dispositifs ont en effet acquis une connaissance accrue des prises en charge victimologiques, leur positionnement étant situé au cœur de l’activité judiciaire. Systématiquement activés pour des faits de vol à main armée, ils ont l’habitude de travailler auprès de populations fragilisées par un événement dont la potentialité traumatique dépend à la fois de son contexte mais surtout du lien subjectif que lui porte la victime. Aucune règle psychique ne peut donc s’en dégager, aucun déterminisme ne peut être dicté tant chacun réagit différemment en fonction de son histoire de vie, de sa personnalité, et de la place qu’il a tenue lors de l’agression. Ainsi, l’accent a été portée sur cette variabilité interindividuelle, l’objectif étant de contrer toute catégorisation conduite de la part des médecins, mais surtout des employeurs, souvent peu avertis de ce constat clinique. D’autres éléments cliniques ont été évoqués, l’intérêt étant de sensibiliser les médecins du travail sur les divers impacts observés. Leurs prises en charge ont ensuite été communiquées afin que nos interlocuteurs aient connaissance de leurs modalités. Les interventions post-immédiates ont donc été longuement développées, particulièrement celles conduites de façon collective. Souvent alertés par l’employeur dans ce temps de l’immédiateté, les médecins ont été intéressés d’apprendre qu’ils pouvaient s’appuyer sur des psychologues spécialisés pour intervenir auprès des employés. Bien qu’ils aient un rôle indispensable à jouer dans le lien entre les directeurs et leurs salariés, ils sont conscients des limites que leur confère leur formation professionnelle initiale accès majoritairement autours des soins médicaux et non psychologiques. Le relai proposé par les psychologues sur la dimension psychique révélée à l’occasion d’une agression a donc été favorablement accueilli par ces professionnels. La question des suivis a également été abordée, beaucoup s’interrogeant sur la durée de nos interventions auprès des victimes et le cadre que celles-ci supposaient. Souvent interpellés sur cette question, les psychologues exerçant dans des services d’aide aux victimes doivent être en mesure de réfléchir en amont sur leurs actions afin que soit établi un cadre d’intervention qui soit suffisamment lisible pour les patients et les autres professionnels. La question de la durée de la prise en charge est en effet délicate, la variabilité interindividuelle étant une fois de plus centrale dans les actions qui sont entreprises. Pour étayer cette variabilité, des exemples ont donc été fournis, tous mettant en exergue le traumatisme psychique comme point d’encrage de tout entretien clinique et suivi psychothérapique. La question des orientations s’est donc posée en filigrane, celle-ci s’établissant dès lors une problématique indirecte à l’agression vient à s’exprimer. Psychiatres, Centres Médico Psychologiques, psychologues en libérales sont donc parfois activés pour qu’un relai dans la prise en charge soit assuré. Outre cette présentation, la question du travail partenarial s’est ensuite posée, les médecins percevant l’intérêt manifeste d’une collaboration plus effective sur le terrain dans leurs actions auprès des salariés victimes. Des axes d’interventions conjointes ont ainsi pu être dégagés, notamment l’activation de nos services lorsqu’une problématique victimaire émerge dans le cadre de leurs sollicitations. A l’inverse, nous avons jugé qu’un retour systématique au médecin du travail prescripteur sera réalisé, celui-ci devant avoir un minimum d’information pour adapter sa prise en charge et sensibiliser l’employeur. Des thématiques de réflexions communes ont d’ailleurs émergé : le retour au travail, la mise en place d’horaires aménagés et les mi-temps thérapeutiques. Parce qu’elles se posent constamment lors des prises en charge d’employés et de commerçants victimes d’agression, elles nécessitent qu’un lien s’établisse avec le médecin missionné, lui seul ayant la possibilité de rendre effective les préoccupations alléguées en entretien. Un travail de sensibilisation auprès des employeurs a également été proposé par nos services, et ce de manière conjointe avec la Médecine du travail. Ignorants les aspects cliniques entourant la problématique victimaire dans son ensemble, les employeurs ont parfois des réactions inadaptées à la souffrance que vivent leurs salariés, le médecin se retrouvant alors dans un entre-deux parfois inconfortable dans sa relation au patient. L’appui que peut lui apporter un psychologue dans son travail de sensibilisation est donc un atout incontestable puisque ce dernier va pouvoir plus facilement jouir de sa neutralité et de sa spécificité pour informer l’employeur des manifestations psycho-traumatiques susceptibles d’apparaître lors d’une agression, et insister sur la variabilité interindividuelle s’y afférant. Pour que ce travail d’information puisse être conduit auprès des employeurs, des plaquettes AIV ont été remises à l’ensemble des professionnels de santé présents. Ils pourront à la fois les mettre à disposition des employeurs qui souhaitent développer un regard aguerri sur les situation de victimisation qu’ils ont à connaître mais aussi les communiquer à leurs patients puisque leur rôle leur impose de participer à la mise en place de l’accompagnement et du suivi psychologique des salariés victimes d’actes violents. Désireux de tisser un véritable travail de coordination avec nos services, les médecins présents ont ainsi pu apprécier les axes d’interventions conjointes que nous leur avons proposés. Ce même travail de réflexion avait par ailleurs déjà été conduit sur le secteur de santé de la MT2i à Grenoble à l’initiative du Docteur BRUNI. Dernièrement, une de ses confrères le Docteur HEINRICH a souhaité qu’une nouvelle réunion de travail soit conduite avec nos services. Le travail de partenariat initié il y a deux années a impulsé une mobilisation des acteurs de santé travaillant auprès des entreprises et des commerces, ces derniers accueillant plus que favorablement nos actions auprès des populations touchées par un événement violent. Ce partenariat risque donc de se renforcer en 2011.