Demofoonte : Opéra napolitain en trois actes (1743)
Le compositeur : Niccolo Jommelli (1714-1774)
Livret de Pietro Metastasio
En langue italienne
Argument :
Démophon, roi de Chersonèse de Thrace, doit chaque année sacrifier une jeune vierge de son peuple. Il demande
à l'oracle d'Apollon quand prendra fin cette cruelle exigence. L'oracle répond : "Quand l'innocent usurpateur d'un
trône se connaîtra lui-même." La suite de l'opéra donnera la solution de l'énigme. Démophon a des filles, mais il
les a fait élever en lieu sûr, afin qu'elles échappent au sacrifice. Son ministre Matusio, qui a lui aussi une fille,
Dircéa, veut faire de même, mais le roi, refusant le tirage au sort, condamne la jeune fille. Il ignore toutefois que
Dircéa est mariée secrètement à son propre fils, Timante, héritier du trône, à qui il destine Creusa. Celle-ci est en
fait aimée du fils cadet du roi, Cherinto. Creusa, offensée du dédain de Timante, veut s'en aller et repousser
Cherinto. Démophon découvre alors le mariage secret de Timante et Dircéa. Il les condamne à mort, puis les
gracie. Mais Matusio apprend, par une lettre de sa défunte femme, que Dircéa n'est pas sa fille, mais celle du roi :
elle est donc la soeur de Timante. Heureusement, celui-ci apprend d'un document laissé par sa mère qu'il n'est
pas fils du roi, mais de Matusio. Il peut donc aimer Dircéa sans obstacle, mais la prophétie se réalise : il était
usurpateur sans le savoir, et le sacrifice des vierges peut donc cesser. Démophon donne Creusa pour épouse à
Cherinto, son unique héritier légitime.
Demofoonte s’inscrit dans le cadre de la habilitation de l’opéra napolitain du 18è siècle
Opéra baroque rarement joué, d’un très grand compositeur, un des plus célèbres de son époque. Ce natif de
Naples aura produit une synthèse originale des styles italiens, allemands et français et sera célébré à sa mort
comme « le plus grand compositeur d’Europe », « le plus profond et le plus grand artiste parmi les musiciens »,
« un Horace ».
Riccardo Muti, natif de Naples également, est un des plus grands chefs vivants, à l’égal d’un Claudio Abbado.
Ancien directeur musical de La Scala de Milan, dont il a démissionné en 2005.
Il sera à la tête d’un ensemble de jeunes chanteurs et de jeunes musiciens de l’Orchestra Giovanile Luigi
Cherubini
Fidélio : Opéra en deux actes (1814)
Le compositeur : Ludwig Von Beethoven
Livret de Joseph Von Sonnleithner d’après Léonore ou l’Amour conjugal de Jean-Nicolas Bouilly
Dialogues par Martin Mosebach
En langue allemande
Durée : environ 2h (sans compter l’entracte)
Œuvre fétiche de Gerard Mortier. Seule incursion de Beethoven dans le domaine lyrique, Fidelio a été la
partition la plus remaniée du compositeur. Il aura fallu 2 versions préalables (1805, 1806) pour aboutir à la
version définitive de 1814. Œuvre donnée au Châtelet en 2006. Dernière production à l’Opéra de Paris en 1982.
Argument : En Espagne, dans une prison près de Séville à la fin du 18è siècle. Florestan a été jeté en prison par
le gouverneur Pizarro dont il avait dénoncé les agissements illégaux. Léonore, épouse de Florestan, est
déterminée à sauver son mari. Déguisée en jeune garçon, sous le nom de Fidelio, elle parvient à s’introduire
auprès du geôlier Rocco, à gagner sa confiance et à libérer Florestan, aidée en cela par l’arrivée providentielle du
Ministre venu mettre fin à l’arbitraire tyrannique de Pizarro.
Hymne à l’amour conjugal et à la liberté, le livret met en scène une héroïne au caractère d’une force
exceptionnelle, une femme incarnant l’aspiration à un idéal humaniste et fraternel. C’est un des très rares
exemples dans l’histoire de l’Opéra où la femme n’est ni victime ou soumise, ni l’instrument perfide de la
fatalité.
L’opéra s’apparente, dans sa forme, à un singspiel allemand (cf la flûte enchantée), alternant numéros
traditionnels (airs, duos, trios, quatuor, ensembles et chœur) et dialogues parlés.
Musique d’une « sobriété opulente » (dixit Berlioz), où l’effectif orchestral, utilisé souvent avec parcimonie, est
au service de l’expression la plus profonde, la plus dense.
Pour beaucoup d’observateurs, l’écriture orchestrale est plus habile que l’écriture vocale, même si Beethoven y
semble précurseur en matière de chant, en s’émancipant, tout particulièrement au 2è acte, du bel canto
traditionnel et en jetant les bases du chant wagnérien. En outre, le rôle de Léonore, un des plus prisés du
répertoire pour soprano, exige de l’interprète une voix large, capable de graves opulents comme d’aigus
lumineux.
Mise en scène de Johan Simons ( Simon Boccanegra)
Très belle distribution avec Angela Denoke, soprano (Katia, Emily dans L’Affaire M, Marie dans Wozzeck),
Jonas Kaufmann, ténor (Cassio dans Otello, Alfredo dans Traviata) et Franz- Josef Selig, basse (Roi Marke dans
Tristan, Gurnemanz dans Parsifal)
Macbeth : Melodramma en 4 actes (1847)
Le compositeur : Giuseppe Verdi (1813-1901)
d’après la tragédie de William Shakespeare
En langue italienne
Durée : environ 2h
Après Luisa Miller, Macbeth illustre une autre de ces pièces charnières dans l’œuvre du compositeur : premier
opéra de Verdi inspiré de Shakespeare avant Otello et Falstaff. Opéra révisé en 1865.
Argument : Suite à une prédiction de sorcières, Macbeth devient, avec l’aide de sa femme Lady Macbeth, roi
d’Ecosse, après avoir assassiné le roi Duncan. La prédiction prévoyant également que Banco, ami de Macbeth,
deviendrait père de rois…, Macbeth le fait assassiner, ne pouvant empêcher la fuite de Macduff, fils de la
victime. Ce dernier finira par châtier le tyran, permettant à Malcom, héritier légitime, de ceindre la couronne.
Livret tiré de la pièce de Shakespeare : efficacité théâtrale, dimension fantastico-dramatique. Verdi souhaitait
que ses interprètes respectent la situation dramatique et le poète plus que le compositeur.
Musique d’une tension dramatique, d’une violence, d’une théâtralité en tous points exceptionnelles pour
l’époque de la composition. Verdi souhaitait pour Lady Macbeth, personnage central de l’œuvre, une interprète
« laide et monstrueuse », dont la voix devrait être « âpre, étouffée, sombre ».
Peu d’airs véritables, mais plutôt des ariosi, insérés dans la trame des récitatifs, permettant une continuité
dramatique
Mise en scène de Dmitri Tcherniakov (cf Eugène Onéguine)
Le chef, invité régulier du théâtre Mariinski, va diriger Don Carlo cette saison. C’est le directeur musical de
l’Opéra de Novosibirsk (Russie).
Distribution 5 étoiles, avec le superbe Carlos Alvarez, baryton, dans le rôle-titre (Iago d’Otello, Simon
Boccanegra) et la magnifique Violeta Urmana, soprano, (Kundry dans la précédente production de Parsifal),
dans celui de Lady Macbeth.
Eugène Onéguine : Scènes lyriques en 3 actes et 7 tableaux (1879)
Le compositeur : Piotr Ilyitch Tchaikovski (1840-1893)
D’après le poème d’Alexandre Pouchkine
En langue russe
Durée : environ 2h
Opéra romantique par excellence qui s’est imposé sur toutes les scènes internationales comme « l’œuvre témoin
du romantisme russe »
Argument : Tatiana, jeune fille réservée et romantique, vit dans un domaine retiré avec sa mère Mme Larina et sa
sœur Olga.
Par le biais d’un jeune poète, Lenski, épris d’Olga, elle rencontre Eugène Onéguine, être froid et cynique dont
elle tombe éperdument amoureuse. Il la repousse, prétextant qu’il n’est pas fait pour le bonheur, pour une vie
rangée. Lors d’un bal en l’honneur de Tatiana, Eugène Onéguine danse avec Olga. Lenski, fou de jalousie, le
provoque en duel. Onéguine le tue et choisit la fuite.
Quelques années plus tard, Tatiana, devenue princesse Grémine, retrouve Onéguine lors d’un bal à St
Petersbourg. Se rendant compte qu’il est passé à côté d’un grand amour, il la supplie de revenir à lui mais il est
trop tard : Tatiana est mariée et ne saurait trahir la confiance de son mari.
Tchaïkovski se décrivait lui-même comme un peintre réaliste des sentiments. Afin de rendre justice au poème de
Pouchkine, le compositeur souhaitait que l’on chante comme on parle.
« Il se peut qu’Onéguine n’ait rien de dramatique. Cela n’a aucune espèce d’importance. De toute façon, en quoi
consiste un effet dramatique ? Vous en trouverez peut-être dans Aïda, par exemple, mais je vous jure que pour
rien au monde je n’aurais écrit un opéra sur un tel sujet. Qu’est-ce que je demande à un sujet d’opéra ? Des
personnages qui ressentent en leur âme ce que je ressens moi-même, afin que je puisse les comprendre et
compatir à leurs tourments. Ceux que vivent Aïda, Radamès, les africains et les dieux me laissent totalement
froid, comme les scènes de foule dans lesquels ils apparaissent. Je recherche un drame intime, poignant, basé sur
des situations que j’ai ou aurais pu vivre. »
Eugène Onéguine est une oeuvre sans effet de théâtre, « alla Tchekov », une chronique intime orientée vers la
vie intérieure des personnages et placée sous le signe du fatum.
La musique, d’un lyrisme contenu, intense et profond est imprégnée de rythmes populaires (danse paysanne,
mazurka, polonaise, valse).
Opéra admirablement écrit pour les voix
Production donnée au théâtre du Bolchoï en 2007, et qui a reçu un accueil critique enthousiaste. De plus,
caractère évènementiel de la venue du Bolchoï, plus connu pour son ballet que pour son orchestre et sa troupe de
chanteurs
Extrait de presse :
« Le Bolchoï, un des six théâtres membres de l'association, propose une des premières les plus marquantes de la
saison 2006/07. Cette nouvelle version de Eugène Onéguine a été saluée par les critiques pour son mariage réussi
de tradition et d‘innovation.
Le metteur en scène Dmitri Tcherniakov, qui avait réalisé plusieurs spectacles dans les opéras et théâtres
dramatiques de Moscou, Saint-Pétersbourg, Novosibirsk, Kazan, Vilnus, etc., est connu pour sa capacité à éviter
habilement les clichés en simplifiant au maximum les décors, costumes et scénographies pour mettre en valeur
l'aspect dramatique. Dans Eugène Onéguine, Tcherniakov ne s'intéresse pas au conflit entre la province et la
capitale Saint-Pétersbourg. Il se concentre plutôt sur l'aspect émotionnel, c’est-à-dire sur l’indifférence et la
disparition de la sincérité qui caractérisaient selon Pouchkine (auteur d’Eugène Onéguine) la société civilisée.
L'orchestre, dirigé par Vedernikov, privilégie une interprétation sobre, et le choeur est irréprochable. Quant aux
décors et aux costumes, minimalistes, ils sont marqués par la stylistique Art nouveau »
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