Eléments de correction DS n°4
1) John Maynard Keynes naît à Cambridge le 5 juin 1883, l’année de la mort de Marx et de la naissance
de Schumpeter. Il décède le 21 avril 1946, à Tilton. Il est profondément marqué par le chômage massif
qui se déclare avec la crise de 1929. Ce chômage durable lui semble remettre en cause les théories
néoclassiques qui postulent un retour automatique à l’équilibre. A bien des égards, la Théorie générale
de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie (1936) constitue une rupture majeure à la fois dans la pensée
économique (c’est la pensée classique qui domine à l’époque) et dans l’approche de la société et des
politiques économiques ; en effet, Keynes préconise une intervention plus soutenue des pouvoirs publics
pour pallier les insuffisance du marché et une fiscalité plus redistributive.
Selon Keynes, le niveau de l’emploi dépend des mécanismes macroéconomiques. Le niveau de l’emploi
n’est pas fixé sur le marché du travail (d’ailleurs pour Keynes il n’existe pas un véritable marché du
travail). Il résulte directement du niveau de la production qui lui-même résulte du niveau de la demande
effective. Celle-ci désigne pour Keynes la demande globale anticipée par les entrepreneurs (quantité de
biens de consommation et de biens de production qu’ils espèrent pouvoir vendre). Son niveau dépend
donc de la perception que les entrepreneurs ont de l’avenir.
La demande effective a plusieurs déterminants :
- la consommation (présente et anticipée), qui dépend du niveau du revenu global et de la propension
à consommer, qui est la part du revenu que les agents économiques consacrent à la consommation
(caractéristique psychologique de la consommation)
;
- l’investissement, qui dépend de l’efficacité marginale du capital (rendement escompté de
l’investissement, lié à la demande effective) et du taux d’intérêt réel.
Ainsi, selon cette analyse, les entreprises n’embauchent que si elles peuvent produire et ne produisent
que si elles peuvent vendre. Mais si l’offre correspond à la demande sur le marché des biens et services
(« l’équilibre »), rien n’indique que le niveau d’emploi (demande de travail) correspondant soit égal au
niveau d’emploi désiré par les actifs (offre de travail). Tout dépend de la demande effective. Ainsi, on
peut avoir un équilibre sur le marché des biens et services mais le niveau de production qui en découle
n’est pas suffisant pour embaucher tous les actifs : c’est l’équilibre de sous-emploi.
Keynes parle ainsi de chômage involontaire, dans le sens où les salariés acceptent d’être rémunérés à
leur productivité marginale et, pourtant, ils ne trouvent pas d’emploi à cause de l’insuffisance de la
demande effective. Ce point peut être illustré par l’analyse de Keynes sur la crise de 1929 : comment
prétendre que des millions d’hommes préfèrent la misère à un emploi jugé insuffisamment rémunéré ?
Cette crise engendre une profonde récession qui déprime la demande : les ménages qui sont au
chômage ne consomment plus et les entreprises pessimistes sur l’avenir n’investissent plus.
Dans cette optique, une baisse des salaires réels (Keynes considère par ailleurs que les salariés,
victimes d’illusion monétaire, établissent leur offre de travail en raisonnant sur leur salaire nominal)
entraînerait une hausse du chômage involontaire, car en réduisant la consommation des ménages, elle
diminuerait la demande effective [baisse des salaires réels baisse de la consommation et de
l’investissement baisse de la demande effective baisse de l’emploi hausse du chômage
involontaire].
C’est donc le niveau insuffisant de la demande effective qui explique, pour Keynes le chômage qu’il
qualifie d’involontaire. Le salaire est dans cette optique considéré comme un revenu qui détermine la
demande effective.
2) Pour la théorie néoclassique, le niveau de l’emploi se détermine sur le marché du travail. Le
marché du travail est un lieu fictif où se confrontent une offre de travail (émanant des actifs) et une
demande de travail (émanant des entreprises). L’offre et la demande de travail sont fonction du même
facteur : le taux de salaire réel (pouvoir d’achat du salaire). En effet, l’offre est une fonction croissante du
taux de salaire réel, dont la hausse augmente l’utilité du travail par rapport à celle du loisir ; la demande
de travail est une fonction décroissante du taux de salaire réel car la baisse de celui-ci, en diminuant le
coût marginal du travail par rapport à sa productivité marginale, incite à l’embauche (dans cette théorie,
On peut rappeler que l’augmentation de la consommation est inférieure à celle du revenu qui la
génère car une part seulement de la hausse du revenu réel est consacrée à un accroissement de la
consommation (c’est cette part que mesure la propension marginale à consommer)