Les grands impératifs religieux dans la vie du musulman
Par Michel Hilal Renard
lundi 23 octobre 2000
Qu'est-ce qui définit le 'musulman', terme qui possède la même racine que 'islam'
(soumission, ou abandon, à la volonté divine) ? De toutes les écoles théologiques issues
de la prophétie muhammadienne, une même réponse parviendra : manifester sa foi en
l'unicité divine et en la Révélation au Prophète Muhammad (continuité et clôture des
révélations antérieures), se conformer, après interprétation, à la Loi de Dieu, et lui vouer
un culte marqué par l'observance des Cinq Piliers (profession de foi, prière, aumône,
jeûne de Ramadan et pélerinage), mais aussi par l'engagement dans la Voie de la
spiritualité (soufisme) aux multiples rites d'initiation.
Il existe deux modalités d'appartenance à l'islam : soit la conversion, soit la naissance
dans une famille musulmane. Historiquement tout a commencé par les conversions (la
première étant celle de Khadija, l'épouse du Prophète), mais depuis la fin de la grande
expansion de l'Islam (XIe s.), l'essor de la umma, ou communauté islamique, est
alimenté par la croissance démographique des peuples qui la constituent 2. À l'apport
extérieur des conversions initiales, du temps de la conquête arabe, s'est rapidement
substituée la reproduction endogène de la communauté. Le musulman est donc, le plus
généralement, celui qui naît musulman.
Toute la vie, extérieure et spirituelle, de l'individu est soumise à la tension d'une
conformation aux rappels du message coranique contenant la Loi révélée.
Pas de péché originel
Si les doctrines divergent sur l'appréciation de la redoutable question de la
prédétermination et de la prédestination (qadâ wa qadar), on s'accordera pour considérer
que chaque individu joue son propre sort sans culpabilité préexistante.
À la différence du christianisme, en effet, il n'est pas question de péché originel pour
l'islam puisque Dieu a pardonné à Adam après sa désobéissance et sa chute (Coran,
sourate 2, verset 37) sans faire retomber sur sa postérité une quelconque 'faute'. Dieu
s'est adressé aux hommes dans la prééternité et a recueilli de leur part un engagement
(mîthâq) par lequel ils attestaient sa précellence : 'Ne suis-Je pas votre Seigneur ? Ils
répondirent : Certes !' (Coran, 7, 172) puis l'humanité adamique a reçu la foi en dépôt
(Coran, 33, 72) et ainsi s'est constituée la fitra ou disposition spontanée de l'homme
envers Dieu qui peut, cependant, être contrecarrée par la tentation du mal (Iblis) et
l'oubli de la foi, mais également être rappelée aux hommes par les prophètes.
Actes licites et illicites
La destinée de l'homme, au long d'une vie qui lui laisse la responsabilité d'agir en bien ou
en mal, est justement de témoigner de Dieu selon des modalités dont les plus communes
forment 1) les règles morales essentielles et 2) les rites principaux que le fidèle doit
suivre dans son existence.
La théologie musulmane a défini cinq catégories d'actes engageant la responsabilité
religieuse du croyant dans sa vie quotidienne : les actes obligatoires (prescriptions
coraniques et morales majeures), les actes recommandés (solidarité et bonté), les actes
blâmables (avarice, paresse, mépris de la souffrance humaine), les actes tolérés ou
indifférents (mariage d'un musulman avec une chrétienne, relations avec les incroyants,
pieux mensonges), les actes illicites (harâm : meurtre, vol, mensonge, etc.).