S i lie une lexie prédicative au nom standard de son « ie » (1er, 2e etc) argument. S 1(courir) = coureur. S 3 (voler[qqch.]) =
victime.
Ces relations structurent le lexique d'une façon qui évoque la dérivation morphologique. V 0 (arrachage) = arracher
arrach + -âge = arrachage mais le système est plus large : V0 (erreur) = se tromper. La théorie Sens-Texte'appelle
dérivation sémantique le type de lien encodé par les fonctions lexicales paradigmatiques.
Les collocations (expressions semi-idiomatiques) sont une contradiction au principe de compositionalité sémantique (=
le sens d'un énoncé est la résultante de ta composition du sens des éléments qui le constituent). L'expression AB (ou
BA), formée des lexies A et B, est une collocation si, pour produire cette expression, le locuteur sélectionne A (la base)
librement d'après son sens (A), alors qu'il sélectionne B (le collocatif) pour exprimer un sens (C) en fonction de A
Fonctions lexicales syntagmatiques
Certains sens très généraux, universellement exprimés dans toutes les langues, tendent à s'exprimer de façon
collocationnelle. Les collocations engendrées sont décrites au moyen de fonctions lexicales syntagmatiques.
- Collocatif modificateur de la base : modificateur = un élément de la phrase qui fonctionne auprès de la base comme
un adjectif épithète si la base est nominale, ou comme un adverbe si la base est verbale ou adjectivale. (22) a.
course— modif → effrénée b. courir→ modif à fond de train c. gros modif← bobo d. sale -modif← regard.
La fonction lexicale Magn associe à une lexie l'ensemble des lexies ou expressions linguistiques qui expriment auprès
d'elle (en tant que modificateurs) l'intensification, c'est-à-dire le sens général 'intense', 'très', 'beaucoup', etc.
Magn(courir} = grand, gros < énorme, immense = grand < immense = vite < à fond de train, à perdre haleine. Le symbole
« inférieur à » indique une gradation des différents éléments de la valeur.
La fonction lexicale Bon associe à une lexie l'ensemble des lexies ou expressions linguistiques qui expriment auprès d'elle
le sens général 'bon', 'bien'... — évaluation positive ou l'approbation du locuteur. Bon(colère) = saine, sainte
Ces fonctions simples peuvent se combiner pour former des fonctions lexicales complexes, comme AntiMagn
(combinaison de Anti et Magn, c'est-à-dire le contraire d'un intensificateur) ou AntiBon.
- Collocatif verbe support : verbe support = collocatif verbal sémantiquement vide dont la fonction linguistique est de
«verbaliser» une base nominale, c'est-à-dire de la faire fonctionner dans la phrase comme si elle était un verbe.
(23) a. éprouver— compl. d'objet → du regret = regretter
Tous les sens lexicaux contenus dans la phrase (24a) sont aussi contenus dans l'expression (24b), où n'apparaît pas le
verbe support ÉPROUVER : (24) a. Jean éprouve du regret. b. le regret de Jean. Un verbe support peut servir à faire
fonctionner la base de la collocation comme sujet. Cette opposition, base qui est complément ou sujet du verbe
support, nous permet d'introduire ici deux nouvelles fonctions lexicales syntagmatiques : Operi etFunci.
La fonction lexicale Operj associe à une lexie prédicative nominale L l'ensemble des verbes supports qui prennent
l'expression du « ie » (1er, 2e etc) argument de L comme sujet et prennent L comme complément d'objet direct ou
indirect. (26) Nicolas donne un coup à Alceste. Oper1 :
1. la lexie COUP est, sémantiquement, un prédicat à deux arguments : coup de X sur Y ;
2. en (26), Nicolas est l'expression du premier argument de COUP (et Alceste l'expression de son second argument)
3. dans cette phrase, donne est utilisé comme verbe support (sémantiquement vide) ; il prend Nicolas (premier
argument de coup) comme sujet et coup comme complément d'objet direct.