(2) L’efficacité directe de la politique monétaire comme outil de relance est conditionnée par 4
facteurs:
- le niveau de départ du taux d’intérêt: il y a un taux d’intérêt minimum à partir duquel toute
offre de monnaie supplémentaire part en thésaurisation (=encaisses oisives par opposition aux
encaisses actives utilisées pour les transactions). En effet, le taux d’intérêt ne peut plus baisser, le
cours des titres est à son maximum et les agents ont tendance à ne pas acheter d’obligations: la
demande de monnaie de spéculation augmente. Il s’agit d’une situation de trappe à liquidité (c’est la
situation dans laquelle se trouve le Japon actuellement). Pour Keynes, le taux d’intérêt est le prix de la
renonciation à la liquidité (cf. la préférence des agents pour la liquidité) et il détermine ainsi le partage
de l’épargne entre placements financiers et thésaurisation et non entre consommation et épargne.
- la sensibilité de l’investissement au taux d’intérêt, mesuré par son élasticité (le cas extrême
étant celui de l’accélérateur pur où IS est verticale, c'est-à-dire que l’investissement ne réagit pas aux
variations du taux d’intérêt).
- l’existence de capacités de productions inutilisées sinon la relance implique une reprise de
l’inflation.
- le niveau de départ du chômage.
(3) La politique budgétaire de relance repose sur le multiplicateur Keynésien, lequel s’appuie
sur plusieurs hypothèses:
- des capacités de production en partie inutilisées (sinon, inflation),
- des prix rigides,
- un sous-emploi de type Keynésien (lié à l’insuffisance de la demande),
- un taux d’intérêt constant, il n’y a donc pas d’effet d’éviction,
- en économie ouverte le multiplicateur dépend non seulement de la propension marginale à
consommer mais aussi de la propension marginale à importer (=les importations sont des fuites de
revenus à court terme).
Le cas de la zone euro: le taux de change n’est plus un objectif dans la mesure où les taux sont
mobiles. La renonciation à la variable d’ajustement que représente le taux de change pose la question
de savoir si la zone euro peut être qualifiée de zone monétaire optimale.
Zone monétaire optimale (ZMO): il s’agit d’un ensemble de régions ou de pays dont les relations
monétaires sont régies soit par des changes fixes soit une monnaie unique, tout en étant capables de
répondre à des chocs réels ou nominaux. Une zone monétaire est qualifiée d’optimale si, lors de
chocs asymétriques (=soit des chocs locaux soit des chocs communs mais dont les effets sont
différenciés ou spécifiques à chaque membre, par opposition aux chocs symétriques qui sont des
chocs communs ayant le même impact dans les différents pays) affectant la demande de produits ou
l’offre d’un de ces pays, il existe un mécanisme d’ajustement permettant de résorber le choc
rapidement. Remarque: dans le cas d’un pays isolé, si le choc est asymétrique, il peut être résorbé en
modifiant le taux de change: une dévaluation ou une dépréciation peut permettre de relancer les
exportations et limiter les importations.
Dans une ZMO, trois variables d’ajustement sont à prendre en compte:
- la mobilité des facteurs de production dont notamment celle du travail. Exemple: soit une zone
monétaire entre les pays A et B. Si un choc de productivité positif affecte le pays B, la demande de
produit se déplace alors vers du pays A vers le pays B. Un chômage et un déficit de la balance
courante apparaissent dans le pays A alors que dans le pays B, la forte activité créé des tensions
inflationnistes et un excédent de la balance courante. Si le facteur travail est mobile, le réajustement
se fera par une migration des travailleurs du pays A vers le pays B.
- les transferts budgétaires: si le pays B connaît un choc de productivité positif, un système de
transferts de revenus de pays B vers le pays A permet d’amortir la récession dans le pays A.
- la flexibilité des prix et salaires: le pays affecté par la récession peut relancer ses exportations en
modifiant le taux de change réel par une baisse des salaires et des prix.
Au regard de ces différents critères, on estime que la zone Euro n’est qu’imparfaitement une ZMO
(pas de système de fédéralisme fiscal, prix et salaires relativement rigides, migrations intra-
européennes limitées). Il appartient à la coordination des politiques budgétaires d’opérer un lissage de
la conjoncture, mais cela n’est pas mis en œuvre actuellement.