plein dans l’effervescence des préparatifs du festival. Les lieux sont à peine éclairés, de
quelques ampoules ou de petites bougies qui brûlent devant des tankas géants ou autour
de statues de Bouddha, les masques que porteront les danseurs sont alignés en rangées
interminables sur des bancs, les jeunes bonzes courent dans tous les sens, tout excités ou
apeurés car ils n’arrivent pas à enfiler leurs imposants costumes. Un vieux lama est assis
dans un coin, dans la pénombre. Il porte une épaisse tunique multicolore. Je le vois
occupé à plaquer de petites feuilles sur un sparadrap, qu’il se colle ensuite sur le front. Il
m’explique que ce sont des plantes médicinales et que ce remède est radical pour lutter
contre son mal de tête. Sur le banc, juste à côté de lui, je distingue quelque chose de
bizarre…C’est une main et un avant-bras, de couleur noire. Sonam m’explique que c’est
une relique d’ancêtre qui sera utilisée pour la cérémonie. Il s’agit d’une vraie main de
cadavre, qu’ils ont fait sécher…Un peu plus loin, on trouve une série de casques faits de
crânes dont ils ont coupé et gardé le sommet, monté ensuite dans une structure de bronze.
Ils ont aussi une panoplie d’ossements humains qu’ils utilisent comme instruments de
musique, en soufflant dedans, comme cette flûte de cérémonie fabriquée avec un fémur.
Ces os sont toujours ceux de femmes, qui restent pour eux l’ultime symbole de la
naissance, bien sûr, mais aussi de la mort. “You now, it’s like this in our culture, so, our
dead people are still staying with us”.
13
Procession au festival de Hemis
14
Plusieurs coups de gong retentissent et marquent le début de la cérémonie. Une série de
bonzes descendent les grands escaliers du monastère en jouant de ces espèces
d’immenses cors typiques des fêtes bouddhistes tibétaines, et en transportant un portrait
du grand lama de Hemis, qu’ils posent ensuite sur un autel au fond de la cour. Depuis le
toit du monastère, ils déroulent un tanka d’une dizaine de mètres, représentant le
Bouddha. Les musiciens sont assis à l’arrière des lamas et continuent à jouer de leurs
instruments. Ces sons sont envoûtants au possible, le ciel est d’un bleu presque
artificiel, et en levant la tête, on ne peut que s’incliner devant ces montagnes qui
s’élèvent à 360 degrés tout autour de nous. C’est sublime!
15
«Ne demeure pas dans le passé, ne rêve pas du futur, concentre ton esprit sur le moment
présent». Bouddha
16
Au monastère de Leh
17
Leh, c’est cette vieille ville ocre et poussiéreuse que l’on dirait tout droit sortie des
sables, c’est ce soleil cristallin qui brille en permanence et qui éclaire par moments la
région d’une lumiere carrément surnaturelle, c’est le paisible de ses habitants, et
l’irrésistible sérénité de cette ville, perchée à près de 4000 mètres d’altitude. Bizarrement,
alors qu’on est entourés de montagnes aux sommets enneigés, Leh m’évoque une de ces
cités du désert que l’on trouverait au Sahara ou même en Inde, à la frontière pakistanaise.