Questions autour de la Bible

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Dimanche Archives personnelles Charles Delhez 11/05/05
Questions autour de la Bible
Et Adam et Eve dans tout cela ?
Parfois le hasard fait étonnamment les choses. Ce jour-là, au cours de
sciences, le professeur avait exposé la théorie de l’évolution à ses jeunes
élèves. Ils étaient encore sous le coup de la brillante explication lorsqu’il a fallu
ranger ses cahiers et sortir ceux de religion. Au programme, l’histoire d’Adam
et Eve. Conversation fictive :
« Monsieur, vous croyez à l’évolution ? demanda à brûle-pourpoint Adrien.
- Je préférerais te dire que j’admets la probabilité de cette hypothèse, répondit le
jeune professeur de religion.
- Vous n’êtes donc pas sûr ?
- Par définition, la science essaye des explications en attendant de meilleures. Ainsi,
dans la théorie de l’évolution, il reste encore beaucoup de points d’interrogation.
- Mais vous n’êtes quand même pas contre cette théorie ? poursuivit Annick.
- Non. Je crois que, pour le moment, on n’a rien dit de plus juste et qui tienne compte
de toutes les découvertes notamment paléontologiques.
- Et vous osez encore nous parler d’Adam et Eve ! lança Noémie , avec un petit
sourire en coin.
- Sans aucun problème. C'est tout autre chose que la théorie de l’évolution.
- Ca, on peut le dire. C’est même presque le contraire…
- Pas du tout ! Cela dit autre chose et autrement. La théorie de l’évolution ne se pose
pas la question du sens de cette aventure . C’est un fait qu’elle croit observer. Mais il
reste une question que l’homme se pose depuis toujours et se posera toujours : S’ »il
y a quelque chose et non pas rien , est-ce le hasard ou un projet d’amour ? La Bible
répond : un projet d’amour, et lui donne le nom d’ « Alliance ».
- Et autrement ?
- Oui, autrement. Tu vois bien que l’histoire d’Adam et Eve n’est pas le reportage
d’un journaliste ni une page d’un livre scientifique. Cela ressemble plus à une
parabole. Il faudrait même dire que c’est un « mythe ».
- Une invention pure et simple, donc, intervint Virginie.
- Si tu veux. Dans toutes les civilisations, vois-tu, il y a des mythes, ce qui est
différent des légendes. Les légendes expliquent l’origine des villes, racontent les
actes héroïques des héros de la nation, ou des histoires de la région… Les mythes
se passent toujours à l’origine du temps, avec des personnes imaginaires. On se les
raconte de génération en génération pour répondre aux grandes questions de
l’existence : d’où venons-nous, comment faut-il vivre, où allons-nous ? C’est la
première manière de réfléchir des humains. La philosophie, avec des mots plus
compliqués, est venue après. Mais il y a peut-être autant de vérité dans les mythes
que dans la philosophie. De toute façon, la vérité, c'est ce que l’on n’a jamais fini de
chercher.
- Bon, d’accord. Mais alors l’histoire de la pomme, qu’est-ce qu’elle signifie ? reprit
Adrien.
- Puis-je te faire remarquer qu’il ne s’agit pas d’une pomme, mais d’un fruit. Ceci dit,
il s’agit, une fois encore, de répondre à une question. Laquelle, à ton avis ?
- Euh… ! (longue hésitation) A la question « Pourquoi il faut baptiser les enfants ».
- Tes grands-parents t’ont peut-être dit qu’Adam et Eve avaient péché, qu’ils avaient
désobéi à Dieu et que toute leur descendance était punie à cause d’eux. C’est ce
que l’on appelle parfois le « péché originel », celui des origines. Pour en être lavé, il
faut être baptisé.
- Oui, c’est quelque chose comme ça.
- Mais il y a peut-être une autre manière de comprendre.
- Ah oui ?
- Les mythes nous ramènent toujours à l’origine, mais c’est une manière de parler de
la racine des choses. Ainsi, la question de la création ne se situe pas seulement lors
du big bang, mais à la racine de chaque instant : pourquoi, maintenant, y a-t-il
quelque chose et non pas rien ? Et le mythe répond : parce que Dieu veut, à l’instant
présent, que tu existes.
- Si je comprends bien, l’histoire du péché d’Adam et Eve veut dire que, à l’instant
présent, Dieu veut me chasser de son paradis.
- Pas du tout ! Il veut, au contraire, t’expliquer pourquoi tu ne peux pas y entrer !
- Comment ça ?
- Chaque fois que tu commets un péché, tu ressembles à Adam et Eve : tu ne veux
pas écouter Dieu et tu déclares bien ce qui, en fait, ne t’est pas permis. Tu arranges
les choses à ton avantage. Dans la vie, en effet, tout n’est pas permis. Ainsi, tuer ou
voler. Lorsqu’on cède à la tentation, c’est parce que l’on poursuit un bien : vouloir
devenir plus riche, par exemple. Et tu déclares bons tous les moyens pour y parvenir,
même quand ils sont mauvais.
- Le serpent, qu’est-ce qu’il vient faire dans tout cela ?
- Ce mystérieux serpent a l’air de dire : l’homme n’est pas si mauvais que cela.
Quand il fait le mal, il est aussi une victime, et pas seulement un coupable. On dirait
que l’idée lui a été soufflée…
- L’histoire du péché originel, c’est donc tout à fait dépassé, essaya de conclure
Eléonore.
- Pas vraiment. Cette manière de parler veut faire comprendre que, lorsqu’on vient
au monde, le mal est déjà là, dans la famille humaine, avant même que je fasse mon
premier choix. Désormais, devenir homme, ce sera non seulement choisir le bien,
mais lutter contre le mal. A toi de choisir ton camp. Lors du baptême – tiens, le
revoilà !– , tu renonces au mal et tu choisis le bien avec Dieu…
- Mais voilà qui fait réfléchir…
- Plutôt, oui… »
Père Charles
Souvent, on parle de la pomme d’Adam et Eve…C’est la Bible en latin qui a tout
embrouillé. En effet, en latin, pomus signifie le fruit et malum veut tout aussi bien dire
le mal que la pomme. Ainsi le fruit de mal est-il devenu la pomme !
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