LES GRANDS PERSONNAGES DE LA GENESE
ADAM
Textes : Gen 1.26-31 ; Gen 2.7-9 et 15-24 ; Gen 3.1-24 ; Gen 4.1-2 ; Gen 5.2-5 ; Rom 5.12-19.
ADAM - AVANT
1. Lire Genèse 1.26-31. Qu'est-ce qui distingue l'être humain du reste de la création ?
2. Qu'est-ce que Gen 2.7-9 et 2.15-17 ajoutent à ce tableau ?
3. Lire Gen 2.18-24. A partir de ces trois passages cités, essayer de voir :
a) ce qu'Adam faisait de ses journées ;
b) quels projets il pouvait avoir ;
c) avec qui il partageait sa vie ;
d) ce qui dans son environnement le disposait à désobéir à Dieu ;
e) ce qui en lui le disposait à désobéir à Dieu ;
f) combien de temps son premier état a duré.
ADAM - PENDANT
4. Lire Gen 3.1-6. Où était-il lorsque le diable, le serpent ancien, a tenté Eve ?
5. Quel était le fond de cette tentation ?
6. Pourquoi le Nouveau Testament parle-t-il surtout du péché d'Adam, et peu du péché d'Eve ?
7. Pouvez-vous imaginer un autre scénario pour Adam ici ?
ADAM - APRES
8. Lire Gen 3.7-13. Quelles étaient les conséquences immédiates du péché d'Adam :
a) dans le regard qu'il porte sur lui-même ?
b) dans sa relation avec Eve ?
c) dans sa relation avec Dieu ?
9. Nos péchés ont-ils un effet semblable pour nous ?
10. Lire Gen 3.8-24. Quels jugements Dieu ajoute-t-il à ces conséquences immédiates ? Est-il plus
sévère pour Adam que pour Eve ?
11. Par quelles promesses et quels actes Dieu montre-t-il son amour pour Adam après son échec ?
12. Comment Adam va-t-il vivre désormais ?
NOTES POUR ANIMATEURS
Notre étude se concentre sur la personne d'Adam, mais les participants peuvent très bien vouloir
explorer d'autres aspects de ces passages. Soyons prêts à tout ! Si, pour respecter l'heure, vous ne
pouvez pas terminer l'étude, nous reprendrons la prochaine fois et nous cherons d'harmoniser les
groupes en fonction de la demande.
1. Il est créé en dernier. L'être humain est à l'image de Dieu. Cette expression a donné lieu à toutes
sortes d'explications (capable d'aimer, de raisonner, de créer) qui sont souvent trop précises.
L'expression parallèle en 5.2, à propos de Seth, nous met sur la piste de la filiation (voir Luc 3.38)
et de la représentation. L'être humain exerce l'autorité divine sur la création et crée (mais d'une autre
manière) à son tour. Il domine sur les animaux. Il a comme mission de remplir et de soumettre la
terre. Le mot créa revient 3 fois au v 27 pour souligner l'importance de l'être humain dans le plan
divin.
Arrière-plan
Comment interpréter ce qui précède, sur la création dans son ensemble ? Dans la Bible, ce que
l'auteur entend comme littéral doit être pris littéralement ; ce qu'il entend de manière figurative doit
être pris figurativement. Il faut donc discerner l'intention de l'auteur.
Dans d'autres cas, c'est le bon sens, l'observation des faits, qui permet de choisir entre
interprétations littérales et métaphoriques. Exemple : Le monde est ferme, il ne chancelle pas (Ps
93.1) n'interdit ni les séismes, ni la tectonique des plaques, ni le mouvement de notre monde autour
du soleil. Si les chrétiens avant Galilée prenaient ce verset au pied de la lettre, ils se trompaient.
L'observation permet de dire que le sens est figuratif. Il n'est pas impie de faire autant pour la
Genèse.
Nos interprétations bibliques sont faillibles, tout comme les théories scientifiques. Nous essayons
de perfectionner les unes comme les autres.
Sur le chapitre 1 de la Genèse, six interprétations au moins ont eu le soutien des chrétiens
évangéliques. Les deux premières impliquent le rejet des positions scientifiques actuelles.
1. La terre est jeune, mais Dieu lui a donné une apparence d'âge, tout comme un romancier crée un
passé pour ses personnages.
2. La terre est jeune, et les signes d'âge (roches sédimentaires, fossiles) sont dûs au déluge. C'est
l'école créationniste.
3. Dans Gen 1.1-2 se cache un jugement sur la première création, réduite au chaos, et recréée par
Dieu à partir du v 3. en six jours. Très répandue au siècle dernier, cette théorie a peu de partisans
aujourd'hui.
4. Les 7 jours sont des jours de révélation et non de création. C'est la position de Ralph Shallis.
5. Les six jours correspondent, grosso modo, à des époques géologiques. C'est la position de Daniel
Vernet.
6. Les six jours ne nous renseignent pas sur l'âge de la terre ou la durée de la création, car ils sont un
schéma littéraire permettant d'exprimer des vérités théologiques. C'est la position d'Henri Blocher.
Pour la réflexion, je recommande Création/Evolution, faut-il trancher ? de Jean Humbert, ou
Révélation des Origines, d'Henri Blocher.
2. Gen 2.7-9 et 2.15-17 ajoutent les éléments suivants :
- que l'homme a été formé à partir d'une matière préexistante, la poussière du sol, comme les
animaux, d'ailleurs (2.19) ;
- qu'il est devenu un être vivant de par le souffle de Dieu ;
- que l'homme a été placé dans un site privilégié, le jardin ;
- que dans ce jardin il y avait, à côté des arbres habituels, l'arbre de la vie et l'arbre de la
connaissance du bien et du mal.
- l'homme devait cultiver et garder le jardin (cf 1.28-29).
- il ne devait pas manger de l'arbre de la connaissance du bien et du mal, sinon il mourrait le jour
même.
L'homme doit sa vie à Dieu ; il est placé dans une situation d'abondance ; Dieu lui impose de
respecter une interdiction.
Qu'est-ce que connaître le bien et le mal ? Il serait tentant( !) de dire que c'est en avoir une
expérience personnelle, car cela va très bien avec le sens du mot connaître. Mais en 3.22 la
connaissance du bien et du mal est attribuée à Dieu aussi. Donc, ce n'est pas l'expérience directe du
bien et du mal, mais plutôt la faculté de choisir entre le bien et le mal pour soi-même, de manière
autonome. Adam doit s'en référer à Dieu pour ces questions ; Dieu ne s'en réfère à personne.
Pourquoi un arbre ? Ou parce que Dieu a sélectionné un arbre, n'importe lequel, pour permettre à
Adam d'affirmer son obéissance constante ; ou parce que l'arbre peut être un symbole de puissance
et d'abondance. Le langage est concret, mais permet une interprétation figurative ou littérale. En
tout cas, le traditionnel pommier n'a rien à voir ici. Il a son origine dans un jeu de mots : pomme =
malum en latin.
3 a) et b) Il devait cultiver le jardin et, de manière plus générale, dominer sur la terre et sur les
animaux. Ce dernier aspect est illustpar le fait de donner des noms aux animaux. Il devait garder
le jardin : contre qui ou contre quoi ? Le diable ? Les animaux sauvages ? Des hominiens non
sapiens ? La Bible ne le dit pas. Partageant sa vie avec Eve, il devait aussi faire le nécessaire pour
que les hommes se multiplient et remplissent la terre (1.28). Il n'est pas impossible qu'il ait eu des
enfants, plus tard solidaires avec lui dans sa chute. Cela expliquerait la peur de Caïn en 4.14 et
l'origine de la femme de Caïn en 4.17. Mais de nouveau la Bible tait ces questions fascinantes.
c) Eve, os de ses os, chair de sa chair, donc de la même étoffe ; elle lui est semblable, selon les
traductions plus anciennes. Elle partage avec lui l’appellation image et ressemblance de Dieu.
Qu'elle soit appelée aide n'implique pas son infériori : dans le Ps 121, Dieu est notre aide, notre
secours, et c'est le même mot. Elle est son vis-à-vis, traduction plus exacte que semblable, donc un
partenaire, un interlocuteur. La nudité de 2.25 montre la transparence de leur relation, le regard de
l'un ne comportait pas de menace pour l'autre.
Dieu lui-même est omniprésent dans la vie d'Adam. Il est, bien sûr, l'autre partenaire.
d) et e) Rien. Tout ce que Dieu avait fait était très bon (1.31). L'irruption du mal sera inexplicable,
injustifiée, non provoquée : d'où son caractère de mal.
f) Silence total. Même l'âge d'Adam à la naissance de Seth (5.3) ne nous aide pas vraiment.
4. Il était manifestement à ses côtés (3.7).
5. La tentation, c'est d'être comme des dieux, connaissant le bien et le mal, c'est à dire d'être
autonome. Le diable tord le sens de ce que Dieu avait dit, v 1, mais derrière la déformation ou la
mise en doute de la parole de Dieu il y a une insinuation plus grave, c'est que Dieu est injuste, il
prive les humains de quelque chose de valable, il est jaloux de ses privilèges, il ne veut pas de
rivaux. Le fond de la tentation ici, c'est mettre en doute la bonté de Dieu.
6. C'est Romains 6.12-19 qui insiste sur l'importance du péché d'Adam, racheté par l'obéissance du
Christ. En revanche, une certaine théologie mariale insiste sur le péché d'Eve, racheté par
l'obéissance de Marie - thème que le Nouveau Testament ignore. Une réponse à la question consiste
donc à dire que le NT parle du premier Adam pour mettre en lumière le rôle du second.
Une deuxième réponse serait à trouver dans l'idée que le mari est le chef de la femme (1 Cor 11 et
Eph 5). En effet, c'est Adam que Dieu interroge en premier. Il a écouté la voix de sa femme (v 17),
au lieu d'être un rempart contre la tentation.
Le comportement d'Adam apparaît donc d'autant plus honteux. Il laisse faire sa femme en
connaissance de cause. Puis, quand les choses tourneront au vinaigre, il rejettera la responsabilité
sur elle, et indirectement sur Dieu.
7. Résistez au diable et il fuira loin de vous (Jacques 4.7). Il aurait se porter au secours de sa
femme (juste retour des choses !) au lieu de la laisser se débrouiller seule avec l'adversaire. Sans
doute que cela n'aurait pas mis fin aux projets du diable : dans le cas de la tentation de Jésus, il s'est
retiré en attendant une autre occasion (Lc 4.13). Mais rien n'empêchait Adam et Eve de résister
librement à chaque fois.
8. Il faut rappeler la déclaration : le jour où tu en mangeras tu mourras. Dans un sens, ce jour devait
être assez long : voir 5.4. C'est le mot jour qui prend ici un sens élargi. Dans un autre sens, c'est le
mot mort qui prend un sens élargi : séparation d'avec Dieu, aliénation, mort des relations, mort de
certains espoirs. Il n'est pas possible de prendre les deux mots au pied de la lettre ; l'un ou les deux
ont un sens plus large. (Et cette configuration est typique de ces chapitres : le tout-littéral conduit à
l'impasse).
L'âge des patriarches, et donc d'Adam, pose problème. Les conditions de vie étaient-elles
différentes à cette époque ? Les chiffres ont-ils subi une altération au cours de la transmission du
texte ? Ont-ils une valeur symbolique qui nous échappe aujourd'hui ? En tout cas, il existe dans la
littérature du Moyen-Orient ancien d'autres cas de personnages bien historiques à qui l'on attribuait
des années invraisemblables : Enmebaragisi, roi de Kish, aurait régné 900 ans, mais il était assez
réel pour laisser des inscriptions derrière lui.
a) Il se rend compte qu'il est nu, donc vulnérable. Il est désécurisé. Il a besoin de se protéger. Il a
peur du regard de l'autre. Peut-être est-il déjà effrayé par la puissance de sa propre sexualité. Au
verset 12, il est incapable de reconnaître ses torts.
b) Ces éléments se retrouvent dans l'ambivalence du regard qu'il porte sur sa femme. Il se cache
d'elle, mais il se cache avec elle aussi. Au v 12, il l'accuse d'être la vraie coupable.
c) Il a peur de Dieu, il se cache de Dieu, mais quand Dieu l'appelle, il se découvre quand même.
Quand il accuse Eve d'être la vraie coupable, il va en fait plus loin : c'est la femme que tu as mise
auprès de moi, dit-il. En fait, le vrai coupable, c'est Dieu.
9. Oui, souvent. Nous sommes perturbés dans notre relation avec autrui et avec Dieu. Nous nous
sentons coupables mais rejetons la faute sur autrui. Nous nous sentons vulnérables, nous essayons
de nous cacher. Nous rendons Dieu responsable de nos malheurs....
10. Pour Adam, sa peine, c'est la peine dans le travail, c'est de devoir faire sa vie dans un univers
devenu lui aussi rebelle. Cela correspond à la peine que connaîtra Eve dans ses grossesses. Tous
deux sont privés d'accès à l'arbre de vie et chassés du jardin. Au lieu de dominer sur la terre, c'est la
terre qui dominera sur eux, puisqu'ils y retourneront dans la mort.
11. La promesse la plus importante est celle de 3.15 : la descendance (litt semence) d'Eve écrasera
la tête du serpent. On comprend les espoirs qu'elle pouvait fonder sur Caïn !
La sollicitude de Dieu se voit dans la confection de ces habits de peau. De nombreux
commentateurs y ont vu une figure du sacrifice qui couvre la faute.
12. Les projets que Dieu lui a confiés au début restent valables : il aura donc la tâche d'exercer son
autorité sur la terre, sur les animaux, de se multiplier et de remplir la terre. Découvrir, maîtriser,
inventer, aménager : cela fait toujours partie de notre humanité. Adam est toujours une créature
faite à l'image de Dieu.
Mais l'image est brouillée. Les plus nobles réalisations de l'homme auront des effets pervers. La
matière sur laquelle il travaillera est récalcitrante. Le péché brise la vie de ses enfants. Longue vie
ou pas, la mort le rattrapera.
Dans sa nouvelle condition, pourtant, Dieu le suit. Eve est consciente de l'aide de Dieu dans ses
grossesses. On commence à invoquer le nom de YHWH, l’Éternel (4.26). Il n'est pas exagéré de
dire qu'Adam va vivre par la foi en un Dieu qui pardonne, qui couvre la faute, qui accompagne dans
les différentes circonstances de la vie. Rien ne sera plus comme avant. Mais Dieu est le même
qu'avant. Et une promesse de victoire éclaire l'horizon.
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