Dans la pratique, la non reconnaissance des causes en présence contribue à des
erreurs diagnostiques généralisées et à des traitements spécialisés non requis. Il
s'ensuit une mésentente profonde concernant les interventions potentiellement valables
pour les troubles d'apprentissage. De façon générale, l'étendue des diagnostics erronés
et des interventions non justifiées ont miné la prévention, le traitement, la recherche, la
formation et les politiques façonnant ce domaine.
Le concept de trouble d'apprentissage étant si mal défini, il conduit à gonfler le nombre
apparent de troubles d'apprentissage. Les personnes ainsi identifiées constituent la
proportion la plus importante dans les programmes d'éducation spécialisée. On
comprend alors que soit remis en cause le domaine des troubles d'apprentissage quant
à ses pratiques et politiques (e.g. le mouvement pour l'éducation ordinaire Regular
Education Initiative). À l'extrême, on remet en cause l'existence même des troubles
d'apprentissage. Le danger de cette position, naturellement, c'est de perdre de vue les
troubles d'apprentissage causés par des difficultés mineures du système nerveux
central.
LES TROUBLES D'APPRENTISSAGE
On espérait diminuer la confusion dans les définitions et critères par le recours à des
descripteurs tels: démographie, personnalité, variables reliées à la programmation (e.g.
Keogh, et al, 1982). Cet effort s'apparente aux tentatives d'identifier des sous-
catégories (e.g. Lyon & Flynn, 1991, McKinney, 1988, Rouke & Strang, 1983), mais ne
tient pas compte de la confusion entourant le diagnostic des troubles d'apprentissage.
Selon Adelman, les chercheurs font l'erreur d'accepter comme valides les diagnostics
des sujets dans les groupes déjà identifiés, ce qui nuit à la clarté conceptuelle et
confond les difficultés d'apprentissage avec les troubles d'apprentissage.
L'identification des problèmes d'apprentissage causés par des dysfonctions
neurologiques mineures (i.e. par des troubles d'apprentissage) implique évidemment
l'évaluation des fonctions neurologiques en cause. Adelman estime que la
méthodologie actuelle ne permet pas, à partir d'évaluations neurologiques et psycho-
neurologiques, d'établir de façon valide un tel diagnostic. Dans la plupart des cas, il est
impossible de déterminer avec certitude quel facteur primaire est à l'origine du trouble
spécifique d'apprentissage. Ce dernier est ainsi identifié surtout en raison d'un sous
rendement très marqué, les causes en présence demeurant inconnues (Cf. Chalfant,
1985; Coles, 1987). L'étiquette diagnostique ne suffit donc pas à indiquer une
dysfonction sous-jacente. Cependant, pour Adelman, il demeure scientifiquement valide
de concevoir un sous-groupe (si petit soit-il), dont les problèmes d'apprentissage ont
une base neurologique et de distinguer ce groupe des problèmes d'apprentissage
causé par d'autres facteurs. Un schème utile à cet égard a trait à un déterminisme
réciproque ou à une perspective transactionnelle du comportement. Cette orientation
dépasse clairement celle d'une perspective écologique.
LES CAUSES EN PRÉSENCE
La tendance pour une compréhension du comportement à partir d'un déterminisme
réciproque a une histoire honorable (e.g. Bandura, 1978). Depuis 25 ans, l'utilité d'une
telle perspective fut étudiée par rapport aux causes et traitements des problèmes
d'apprentissage en général et des troubles d'apprentissage en particulier (e.g. Adelman,
1970-71, 1971; Adelman & Taylor, 1983, 1986a; Coles, 1987; Smith, 1991).