Sociologie de la paix et
polémologie.
Mme BLANC-NOEL
Etudes stratégiques
Sécurité globale.
Élements d’histoire de la guerre, d’histoire de la pensée stratégique, pour
aboutir in fine à une réflexion sur le sens de la guerre dans le monde contemporain, dans
un système de relations internationales post westphalien,
(Les traités de Westphalie, 24 octobre 1648, concluent divers conflits opposant le Saint
Empire romain germanique à ses voisins européens dont la France, représentée par Mazarin. Ces
traités ont abouti à une nouvelle conception de la souveraineté et érigé l’état-nation souverain
comme socle du droit international)
l’Etat n’est pas le seul acteur de la
scène internationale, et les guerres ne sont pas seulement inter-étatiques, il y a aussi
des guerres infra-étatiques. Depuis les années 80-90 et surtout depuis le 11 septembre on
assiste à un changement profond dans les typologies de la guerre, les façons de mener la
guerre. On étudiera les grandes théories de la guerre et leur rapport avec les cultures des
sociétés. La guerre est le produit d’une société et de sa culture. Au début du XXIe siècle
on s'aperçoit qu’émergent des conflits entre les différentes cultures de guerre (occidentale
vs pays en voie de développement).
Remarque : Polémologie, c’est un terme auquel la prof n’adhère pas. La
polémologie est quelque chose de spécifique, inventé par un sociologue nommé Gaston
BOUTHOUL, après la seconde guerre mondiale. Son projet était de comprendre les
facteurs sociaux qui causent les guerres. Il a fondé un institut de polémologie, et une
revue «études polémologiques», mais ce Gaston était un marginal, certes génial mais
sans attaches universitaires ni disciplinaires. Aujourd’hui il ne reste plus grand chose de
sa théorie, on a parlé de l’échec de la polémologie, aujourd’hui il ne reste plus qu’un
institut de polémologie à Strasbourg et encore pas très fidèle à la théorie originaire. On a
aussi parlé d’échec sur le fond, car c’est une théorie trans-disciplinaire, et problème avec
ses thèses (selon lesquelles, notamment, la guerre serait un facteur de régulation
démographique).
Aujourd’hui la polémologie est étudiée dans le cadre des relations internationales. On
parle d’études stratégiques, mais cette étude est très minoritaire en France, maltraitée,
voire très mal en point : il n’y a plus un seul laboratoire ayant ce thème comme objet agréé
par l’Etat en province. Quasi disparition. Cette absence peut paraître étrange dans un
pays qui s’est longtemps proclamé comme 3e puissance nucléaire mondiale. Quasi
absence en France d’Histoire militaire également. La Mecque des études stratégiques en
France est l’ISC (institut de stratégie comparée) dirigé par Hervé Coutau-Bégarie. (voir le
site de l’ISC). C’est un institut privé, abrité par l’école militaire. Du coup, un peu méprisé
par le monde universitaire. Pourtant il publie énormément.
Publication : La Guerre Et La Paix, d’un auteur canadien Charles- Philippe David.
La guerre et la paix, approches contemporaines de la sécurité et de la stratégie.
Ouvrage de Charles-Philippe David.
L’auteur, Charles-Philippe David, docteur en sciences politiques à l’Université de
Princeton est professeur à l’Université du Québec à Montréal. Il est spécialiste de la
politique étrangère et de défense des États-Unis.
Réf. : Presses de Sciences Po, Paris, 2000
L’ouvrage, la guerre et la paix se divise en quatre parties : l’ordre sécuritaire, l’ordre
militaire, les stratégies de sujétion, les stratégies de paix.
Ces quatre chapitres forment un corpus de problématiques. Dans un souci de clarté nous
évoquerons les points les plus importants.
Dans un premier temps, l’auteur revient sur les concepts de sécurité et de stratégie :
Il définit la stratégie comme "le choix des objectifs de sécurité". Dès lors, elle ne peut se
comprendre qu’à travers les définitions de la sécurité. L’auteur se penche donc sur le
bouleversement qu’ont connu les études stratégiques sur la sécurité, ces dix dernières
années, en distinguant différentes écoles de pensée qui ont marqué la compréhension
du phénomène de l’évolution de la sécurité (école Idéaliste, Réaliste, Libérale,
Constructiviste, Critique).
La principale évolution que relève l’auteur est le glissement d’une sécurité militaire
(Étatique) à une sécurité humaine. Pour l’auteur ce concept, apparu la première fois
dans un rapport du PNUD en 1994, est "appelé à devenir central dans la formulation des
politiques gouvernementales et internationales". La sécurité humaine détache sécurité de
l’individu et sécurité de l’État et se veut de portée universelle (sécurité personnelle,
politique, collective, économique, alimentaire, de l’environnement et des soins de santé)
Typologie des affrontements :
Ces définitions étant éclaircies l’auteur s’attaque à une typologie des affrontements
prenants en compte les changements évoqués dans les chapitres précédents et inspiré
de Jean-Baptiste Duroselle :
La guerre intra-étatique, dominante depuis une décennie
Les guerres conventionnelles, non conventionnelles
Les guerres courtes, longues ou indéterminées (conflits civils)
Les guerres totales ou limitées
Les guerres "étranges" (psychologiques, des étoiles, contre la drogue)
La science de la paix :
Après avoir expliqué la "science de la guerre", l’auteur s’attache a expliquer les
stratégies de paix issues des recherches récentes de la "science de la paix". Sa
démarche en ce sens est assez novatrice puisque centrée sur l’Homme et non sur les
États.
En partant du constat que statistiquement, un conflit a plus de chances de reprendre
après une paix négociée ou un cessez-le-feu qu’après la victoire de l’un des adversaires,
Charles-Philippe David montre l’évolution des missions de paix, dans un contexte ou les
puissances militaires rechignent de plus en plus à l’emploi de troupes au sol pour faire la
guerre, leur emploi se multiplie an matière de sécurité humaine. Il en distingue quatre :
Le maintien de la paix.
Le rétablissement de la paix.
L’imposition de la paix.
La consolidation de la paix
Pour l’auteur, il serait avant tout souhaitable de fusionner plusieurs stratégies de paix entres
elles, pour les rendre plus efficaces, plus lisibles et peut-être plus légitimes.
Commentaire :
Charles-Philippe David tente à la fois de dresser le portrait de l’évolution de la guerre et
de la paix, mais aussi de nous montrer l’évolution de la science qui s’y rattache. La
volonté affichée est d’intégrer tous les acteurs, notamment non étatiques, aux courants
de pensée sur la guerre et la paix.
Pour le lecteur, cette réflexion est intéressante à plusieurs niveaux.
Tout d’abord, parce que l’auteur définit les causes de la guerre avant d’expliquer les
stratégies de paix. Pour mener une stratégie de paix il lui a semblé pertinent de
s’intéresser avant tout aux stratégies de guerre. Cela permet de comprendre un
phénomène dans son ensemble.
Ensuite, il s’agit d’une œuvre extrêmement bien documentée, aux références
innombrables. Le livre sert donc de remise à plat des courants de pensées sur les
stratégies de sécurité et de leurs dernières évolutions tout en engageant le lecteur à
approfondir une thématique qui lui paraît pertinente.
Enfin malgré l’abondance des références et un style scientifique, universitaire, le livre
reste à la portée d’un lecteur peu coutumier du sujet grâce à la dynamique d’écriture de
l’auteur.
En mai 2008 conférence en expertise internationale qui conclue qu’on manque d’experts
en France.
Dans le monde anglo-saxon, les Strategic Studies sont florissantes. En Angleterre, on
pratique l’histoire militaire notamment, avec un laboratoire de recherche. Très étudié aux
US, la polémologie est inconnue. La Peace Research, courant de recherche en
Norvège, fondé par Johan GALTUNG, militant pour la Paix, vivant en France.
Johan Galtung, à Oslo le 24 octobre 1930, est un politologue norvégien connu comme le
fondateur de l'irénologie, science de la paix. Il veloppe une définition positive de la paix qui inclut
la recherche d’une justice sociale et la lutte contre toute « violence structurelle » qui résulte de la
pratique du pouvoir étatique. Il est le fondateur et le directeur de « Transcend », un réseau pour la
transformation des conflits par des moyens pacifiques. « Il n'y a pas de mauvais hommes, que de
mauvaises idées. L'idée qu'il y a de mauvais hommes est mauvaise. »
Lui aussi voulait comprendre toutes les dimensions de la guerre, rapports sociologiques,
rapports de force, donc trans disciplinaire. Combiné au marxisme. Dans les années 60 et
70 ils étudiaient beaucoup les rapports de classe, de domination. Labos : SIPRI, à
Stockholm. Publie régulièrement des annuaires sur les armements dans le monde. Cette
école est connue dans le monde anglo saxon.
Ce cours donnera la part belle à l’histoire et aux cultures de guerre comparées. La
prof a choisi de nous présenter les éléments les plus inaccessibles (sources anglo
saxonnes). Fournir un background culturel, une base pour nourrir nos propres réflexions
sur l’actualité. A compléter par des lectures personnelles (cf bibliographie).
INTRODUCTION : Penser la guerre, un phénomène
social universel.
La guerre est un phénomène social universel, qu’on rencontre dans toutes les
sociétés et à toutes les époques OU PRESQUE (parfois c’est juste une guerre
symbolique). Ce phénomène social est incontournable aujourd’hui quand on étudie la
sécurité. En France, très peu de thèses de sécurités. Curieux pour un pays comme la
France, puissance nucléaire et membre du conseil de sécurité de l’ONU, actif en matière
de diplomatie (conflit israëlo-palestinien notamment). Nombreux accords militaires avec
les ex colonies aussi, amenée à intervenir régulièrement, forme les gendarmes de ces
pays. La France a aussi une industrie de la défense même si elle est surtout européenne
aujourd’hui.
Aujourd’hui on est dans une époque de mutation des relations internationales il est
donc nécessaire d’étudier ce domaine. Aujourd’hui, accélération de la mondialisation,
époque la violence porte des formes nouvelles. La guerre inter-étatique est devenue
très rare, la majorité des conflits sont infra-étatiques. Les manuels autrefois considéraient
la guerre uniquement entre Etats. D’autre part les facteurs déclenchant de violences ont
changé. Classiquement, conquête ou défense de territoire. Aujourd’hui, ils peuvent exister
mais c’est très rare car proscrit par la charte de l’ONU. Les raisons des conflits sont
beaucoup plus floues aujourd’hui, les raisons idéologiques et religieuses ont beaucoup
augmenté, révoltes à caractère social aussi (ex : émeutes de la faim en Afrique en 2008
causées par la hausse du coût des matières premières, émeutes urbaines en France en
2005). On assiste à un brouillage des concepts qui ont eu cours aux XIXe et XXe siècles.
N’existent plus ou ont été transformés. Brouillage des définitions de la guerre et de la paix.
Quand est ce que la guerre commence? Ex : banlieues en 2005, terrorisme, formes de
guerres sociales débouchant sur des émeutes. Les situations sont difficiles à qualifier, qui
sont les ennemis, en a-t-on encore, y a-t-il des ennemis fantômes, quels sont les enjeux.
Ex : conflits ethniques. Dans le cas du Rwanda, génocide et affrontement ethnique, peut-
on expliquer ce conflit (pas guerre car à l’intérieur d’un Etat) par le seul facteur ethnique
dans un pays il y avait beaucoup de mariages mixtes... Des études ont montré qu’il y
avait d’autres facteurs. Ex : surpopulation, donc pénurie de terres et de ressources,
favorisant les appels à la haine ethnique. Plus le jeu diplomatique international. Bref ce
cas Rwandais préfigure peut être de conflits à venir, conflits écologiques au sens large
(pénurie de ressources...). On peut dire qu’aujourd’hui le monde est en turbulence (J.
ROSENAU) dans lequel tout est lié. On ne peut pas étudier la science politique sans
étudier les relations internationales, les relations internationales sans la sécurité globale.
Turbulence in World Politics : A Theory of Change and Continuity
James N. Rosenau
In this ambitious work a leading scholar undertakes a full-scale reconceptualization of international
relations. Turbulence in World Politics is an entirely new formulation that accounts for the persistent
turmoil of today's world, even as it also probes the impact of the microelectronic revolution, the
postindustrial order, and the many other fundamental political, economic, and social changes under
way since World War II. To develop this formulation, James N. Rosenau digs deep into the workings
of communities and the orientations of individuals that culminate in collective action on the world
stage. His concern is less with questions of epistemology and methodology and more with the
development of a comprehensive theoryone that is different from other paradigms in the field by
virtue of its focus on the tumult in contemporary international relations. The book depicts a
bifurcation of global politics in which an autonomous multi-centric world has emerged as a
competitor of the long established state-centric world. A central theme is that the analytic skills of
people everywhere are expanding and thereby altering the context in which international processes
unfold. Rosenau shows how the macro structures of global politics have undergone transformations
linked to those at the micro level: long-standing structures of authority weaken, collectivities
fragment, subgroups become more powerful at the expense of states and governments, national
loyalties are redirected, and new issues crowd onto the global agenda. These turbulent dynamics
foster the simultaneous centralizing and decentralizing tendencies that are now bifurcating global
structures. "Rosenau's new work is an imaginative leap into world politics in the twenty-first century.
There is much here to challenge traditional thought of every persuasion." --Michael Brecher, McGill
University
Section I La guerre dans l’histoire des sociétés
humaines
A) L’héritage controversé de Carl Von CLAUSEWITZ (1780 - 1831)
CLAUSEWITZ était militaire de carrière prussien enrôlé à 12 ans, vétéran des grandes
batailles napoléoniennes (Waterloo etc...) En tant que prussien il était l’ennemi de
Napoléon, tout en admirant ouvertement son génie de la bataille. Il a eu l’occasion de
l’observer de très près. Il a eu une carrière de général et en parallèle une vie mondaine
qui l’a amené à fréquenter les intellectuels berlinois, notamment les auteurs romantiques.
Auteur d’une oeuvre immense, De La Guerre (Von Kriege). Edité en poche, écrit entre
1818 et sa mort : ouvrage inachevé car il est mort du choléra. Ce qui pose quelques
problèmes mais malgré ça c’est considéré comme une oeuvre majeure par les stratèges
du monde entier. Mais cette postérité importante pose aujourd’hui quelques problèmes,
l’oeuvre est sujette à controverse et à l’origine peut être des déboires militaires en
Afghanistan.
§1 CLAUSEWITZ et sa postérité : une référence universelle.
CLAUSEWITZ n’a pas publié de son vivant, les dix volumes de son oeuvre ont été
publiés à titre posthume par sa femme. Ce n’est que dans les années 1870 qu’il va
devenir célèbre par un concours de circonstances. L’Allemagne est victorieuse à Sadowa
le 3 juillet 1866 face à l’Autriche puis à Sedan le 1er septembre 1870 face à Napoléon, et
les allemands vont chercher une légitimation théorique à ces succès. Le grand théoricien
jusqu’alors est Henri-Antoine JOMINI mais le problème c’est qu’il n’est pas allemand mais
suisse, en plus son défaut majeur est qu’il avait surtout théorisé les enseignements de
Napoléon, et il critiquait Frédéric II. Les allemands ont donc cherché un théoricien
allemand politiquement correct. CLAUSEWITZ est un vrai allemand, francophobe et
admirateur de Frédéric II. Sa découverte est due à Helmut VON MOLTKE, vainqueur de
batailles franco allemandes. On lui a demandé comment il avait vaincu l’Autriche et la
France en quelques semaines. On lui demande quels sont ses livres de chevet, il répond
la Bible, Homère et Clausewitz. Et voilà. A la fin du XIXe siècle les autres puissances vont
observer les méthodes allemandes en matière de stratégie. C’est LE modèle stratégique.
Et quand on admire l’Allemagne on admire Clausewitz. On l’étudie en France, en Russie.
Marx, Engels, Lénine l’ont étudié. On a dit qu’Hitler le connaissait par coeur. Aux Etats
Unis aussi. Depuis les années 1980 il y a une renaissance des études clausewitziennes.
C’est la base. Même Mao l’a étudié, on peut voir une filiation forte entre De La Guerre
Prolongée de Mao et De La Guerre de Clauclau. Pourtant après la guerre de 1914
Clausewitz est entré en disgrâce, on l’a accusé d’être à l’origine de cette boucherie, puis
retour dans les années 1970. Raymond ARON s’y intéresse, le «redécouvre», en fait un
commentaire brillant et va trouver chez lui des choses insoupçonnées (la guerre de
guérilla). Clausewitz a aussi des détracteurs. Notamment Basil Henry LIDDELL HART
dans les années 1970, un anglais.
Liddell Hart est à Paris et étudia au Corpus Christi College de l'université de Cambridge. Durant
la Première Guerre mondiale, il est officier d'infanterie au Kings Own Yorkshire Light Infantry [1881-
1968]. Il combat à Ypres et participa à la bataille de la Somme.
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