comme technique de limitation des affrontements militaires.
La guerre n’a pas disparu complètement, mais c’est un affrontement
sans violence généralisée qui oppose les deux blocs issus de la seconde
guerre mondiale : cette guerre-là est contrôlée, froide. L’Europe, elle,
s’est préservée de nouveaux désastres en construisant, sous
l’impulsion de la France et de l’Allemagne, une union institutionnelle.
La guerre froide prendra fin pacifiquement, symbolisée par un mur
que le peuple abat, à Berlin. L’empire soviétique s’écroule, presque
paisiblement, sous le poids de sa propre incompétence, deux ans plus
tard, en 1991.
Pour les Français, le XXe siècle s’achève sur les guerres des Balkans,
barbares et meurtrières, mais localisées et sans incidence sur le sol
français. Elles témoignent de l’affirmation d’une nouvelle justification
d’interventionnisme, la guerre d’ingérence, qui va déboucher sur le
débat juridique de « la responsabilité de protéger ».
Accent mis sur la paix
Pendant la dernière décennie du XXe siècle, pas moins de huit
interventions militaires menées au nom de la communauté
internationale affichent un objectif humanitaire, qui l’emporte
largement sur la justification sécuritaire (Somalie, Haïti, Bosnie-
Herzégovine, Rwanda, Sierra Leone, Kosovo, Timor oriental, RDC),
comme le souligne un excellent ouvrage collectif sur cette
question, Justifier la guerre ?, dirigé par Pierre Hassner et Gilles
Andréani (Presses de Sciences Po, 2013).
A l’aube du XXIe siècle, l’Europe aborde donc un monde où la guerre
interétatique est de plus en plus rare. Mieux : on « euphémise » la
notion de conflit, remarque Camille Grand, directeur de la Fondation
pour la recherche stratégique à Paris. L’accent n’est plus mis sur la
guerre mais sur la paix, qu’il faut « imposer », puis « maintenir », dans
le jargon des institutions internationales. On ne parle pas de guerre,
on est dans la « gestion de crises », dans la « prévention de conflits »
ou, à défaut, la « résolution de conflits ».