
Cette méthode est l'instrument par excellence des recherches sociologiques, car elle seule 
n'implique pas qu'il faille dresser un inventaire complet des phénomènes : quelques faits 
suffisent. Néanmoins pour être rigoureux il faut comparer non des variations isolées mais des 
séries de variations, qui peuvent comprendre des faits provenant :  
- d'une seule société, ce qui suffit lorsque les faits étudiés sont d'une grande généralité et que 
nous disposons d'informations statistiques assez étendues et variées 
- de plusieurs sociétés de même espèce lorsqu'il s'agit d'une institution, d'une règle juridique 
ou morale... Ne s'applique qu'aux phénomènes qui ont pris naissance pendant la vie des 
peuples comparés, or ils sont beaucoup moins nombreux que les phénomènes transmis. 
- de plusieurs espèces sociales distinctes : On ne peut expliquer un fait social de quelque 
complexité qu'à condition d'en suivre le développement intégral à travers toutes les espèces 
sociales. Mais pour faire des comparaisons il suffit de considérer le fait social dans plusieurs 
espèces sociales au même stade. 
 
Conclusion : Cette méthode est : 
- indépendante de toute philosophie, même si à mesure de son développement elle fournira 
des matériaux à la réflexion philosophique. Elle sera tout aussi indépendante des doctrines 
individualiste, communiste ou socialiste « auxquelles elle ne saurait reconnaître de valeur 
scientifique, puisqu'elles tendent directement, non à exprimer les faits, mais à les réformer ». 
En revanche elle fournit une attitude de réflexion (respectueuse mais non fétichiste) sur les 
institutions. 
- objective (les faits sociaux s'imposent à nous par la contrainte). 
- exclusivement sociologique : il est possible de traiter les faits sociaux scientifiquement sans 
les dénaturer, et un fait social ne peut être expliqué que par un autre fait social, ce qui est 
possible en considérant le milieu social interne comme le moteur principal de l'évolution 
collective.  
 
 
Critique interne :  
Il nous faut tout d'abord souligner la rigueur avec laquelle l'auteur de cet ouvrage majeur s'est 
appliqué, tout le long de son ouvrage, à exposer sa thèse. En effet il met systématiquement en 
place un raisonnement logique qui s'appuie sur des démonstrations, illustrées d'exemples. 
Souvent il apporte même plusieurs preuves à une affirmation. Le contenu est donc solide, et il 
est important de le souligner afin de rendre un juste hommage à cet ouvrage, qui s'impose 
aujourd'hui comme l'un des grands textes fondateurs de la sociologie. 
Émile Durkheim applique donc systématiquement sa méthode sur les exemples. Néanmoins 
une de ses illustrations (p.107, chap.V, II) s'avère être tout à fait erronée : en effet il s'appuie 
sur une notion qui n'a jamais été réellement scientifique, celle de race. Il pêche par cela même 
qu'il critique5, puisqu'il a pris une conception répandue de l'humanité mais non 
scientifiquement prouvée. En effet si des différences organiques et psychiques peuvent exister 
entre les différents membres de l'espèce humaine, elles ne recoupent absolument pas celles de 
« race », distinction que Durkheim utilise comme si elle constituait un acquis de la recherche 
scientifique, ce qui constitue bien son erreur puisque, pour une fois, il oublie de revenir sur la 
façon dont a été établie cette distinction.