La guerre déclarée à la raison
Si le vrai discernement a subi un revers terrible au cours des dernières décennies, c’est parce que la raison
elle-même a éattaquée au sein de lÉglise. Comme Francis Schaeffer l’avait annoncé il y a une trentaine d’années
dans Dieu, illusion ou alité ? tout en mettant en garde contre ce danger , l’Église est en train de se conformer
à l’irrationalité de la philosophie du monde. Par conséquent, une foi hasardeuse a envahi la communauté évangé-
lique. Nombreux sont ceux qui renoncent à la doctrine au profit de l’expérience personnelle. D’autres disent vouloir
laisser certaines distinctions essentielles établies par lÉcriture afin de parvenir à une unité externe entre tous les
chtiens professants. Le christianisme authentique marq par une foi biblique intelligente semble perdre du ter-
rain même parmi les évanliques les plus conservateurs.
L’ABANDON DE LA VERITE OBJECTIVE
L’Église visible contemporaine est devenue d’une tolérance surprenante à l’égard d’enseignements aber-
rants et d’idées saugrenues et d’une intorance effrayante à l’égard de la saine doctrine. Le concept évangélique
bien connu de la “ vérité est devenu presque totalement subjectif. La vérité est considée comme une notion va-
riable, toujours plus subjective et de moins en moins absolue. Laisser entendre que l’on puisse recourir à quelque
critère objectif pour distinguer entre la rité et l’erreur revient à être comptement en calage avec l’esprit de
notre époque. Dans certains milieux, l’Écriture elle-même a été écartée et n’est plus un critère fiable pour tester la
vérité. Après tout, il y a tant de manières différentes d’interpréter la Bible ! Qui peut dire quelle interprétation est la
bonne ? Et nombreux sont ceux qui croient qu’il existe une vérité au-dede la Bible.
Tout ce relativisme a eu des effets désastreux sur la capacité du chtien type à discerner entre la vérité et
l’erreur, le vrai et le faux, le bien et le mal. Les enseignements les plus évidents de l’Écriture sont désormais remis
en question parmi ceux qui déclarent croire en la Bible. Par exemple, certains chrétiens n’ont plus la certitude que
l’homosexualité doive être considée comme un ché. D’autres prétendent que les revendications ministes sont
compatibles avec le christianisme biblique. Les visions, radios, livres et magazines chrétiens servent un
salmigondis d’opinions absurdes allant du simplement fantasque au carrément dangereux et le chrétien moyen
est hélas bien mal équi pour faire la part entre les mensonges et la vérité.
Le seul fait de laisser entendre qu’il est nécessaire de faire le tri entre les mensonges et larité est consi-
par beaucoup comme la marque d’une dangereuse intolérance. Il est une notion de plus en plus répandue selon
laquelle toutbat ayant trait à la doctrine est mauvais en soi. Le souci de l’orthodoxie est jugé incompatible avec
l’unité chtienne. La doctrine elle-même est cataloge comme objet de division et ceux qui lui donnent de
l’importance sont dénoncés sous prétexte qu’ils manqueraient d’amour fraternel. Nul n’a le droit de critiquer les
croyances d’autrui, peu importe à quel point ces croyances peuvent sembler contraires à l’enseignement biblique.
Un article paru cemment dans le magazine chtien américain Christianity Today illustre cette tendance.
Sous le titre La chasse à l’hérésie ”, cet article brosse le portrait de deux leaders chrétiens bien connus qui avaient
été en butte à de cinglantes attaques à la suite décrits controversés ”.
L’un d’eux est un auteur à succès et un orateur apprécié dans le monde des conférences universitaires aux
États-Unis. Il a écrit un livre dans lequel il encourage les homosexuels à établir des relations de cohabitation per-
manente (tout en restant malgtout libataires). Selon lui, la communau évanlique souffre d’ homophobie ”.
Il est convaincu qu’une cohabitation permanente entre homosexuels est la seule alternative à la solitude pour les
gens qu’il croit nés avec une orientation homosexuelle ”. L’épouse de cet homme a publié un article dans un
magazine homosexuel, dans lequel elle “ préconise avec enthousiasme ” les relations sexuelles monogames entre
homosexuels. Cet auteur-orateur indique être en désaccord ts profond avec sa femme quant à son approbation
des relations homosexuelles, mais sa propre conception semble permettre aux homosexuels de se livrer à d’autres
PROJET DÉGLISE MAI 2001 ARTICLE 29.B
VERITE OU ERREUR : OPINIONS OU VERITE
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formes d’intimité physique à l’exception du rapport sexuel proprement dit.
L’autre leader chrétien dont l’article de Christianity Today brosse le portrait est une femme qui, en com-
pagnie de son mari, est l’orateur-vedette d’une émission chrétienne radiotévisée bien connue dans tous les
États-Unis. Le minisre de ce couple n’est pas le produit étrange de quelque secte marginale, mais une institution
bien établie et très respectée au sein du monde évangélique. Cette femme est également présidente d’une des plus
grandes organisations d’étudiants évangéliques du monde. Elle a écrit un livre dans lequel elle rapporte des expé-
riences spirituelles assez singulières. Elle die cet ouvrage à son alter ego masculin une personne imaginaire
appee “ Eddie Bishop, qui entretient une relation amoureuse avec elle dans ses rêves. Cette femme déclare
avoir également des visions de “l’enfant Jésus qui est au-dedans [d’elle] . Il lui apparaît sous les traits d’un enfant
idiot ” baveux, émac et nu-pieds, vêtu d’un maillot de corps déchi et dont “ la tête [est] entièrement chauve et
pence d’un cô ”. Cette femme a engagé les services d’une religieuse catholique qui lui sert de “ directeur spi-
rituelet l’aide à interpter sesves et ses fantasmes. Dans son livre, elle mélange le mysticisme, la psychologie
jungienne, les expériences hors du corps, les idées féministes, un cu religieux subjectif et ses fantasmes roman-
tiques, ce qui aboutit à un amalgame extraordinaire. Sinrement, ce livre est tellement bizarre que sa lecture dé-
range.
Mais ce qui est remarquable à propos de cet article de Christianity Today, c’est qu’il n’a pas été écrit pour
ler les idées aberrantes qui sont enseignées par ces deux leaders évangéliques. Loin de ; la raison qui avait
motivé les rédacteurs du magazine était le fait que ces personnes étaient en butte à des attaques à cause de leurs
opinions.
Dans le mouvement évangélique moderne, on a le droit de défendre les doctrines les moins convention-
nelles et les moins bibliques tant qu’on accorde le même privilège à tout le monde. De nos jours, il ne reste plus
guère qu’un seul tabou : c’est l’intolérance de ceux qui osent montrer du doigt les erreurs d’autrui. Quiconque a
aujourd’hui assez d’audace pour laisser entendre que les idées ou les doctrines d’un autre sont erronées ou non bi-
bliques est immédiatement rejeté et considé comme étant animé d’un esprit de querelle et de division, dénué
d’amour et en contradiction avec les principes chrétiens. On a tout à fait le droit dembrasser n’importe quelle
opinion qui nous chante, mais on n’a pas le droit de critiquer les opinions d’autrui peu importe si elles sont en
contradiction flagrante avec la Bible.
Quand on accorde davantage de valeur à la torance quà la vérité, la cause de la vérité en tit toujours.
L’histoire de l’Église enmoigne. L’Église a prospéré et s’est affermie uniquement lorsque le peuple de Dieu dé-
fendait avec hardiesse la vérité et la saine doctrine. La forme, l’ère puritaine et les grands réveils en sont tous des
exemples. A l’inverse, les périodes de clin dans l’histoire de l’Église ont toujours été marqes par un accent
excessif mis sur la tolérance laquelle conduit inéluctablement à l’insouciance, à la mondanité, au compromis
doctrinal et à une grande confusion dans l’Église.
A LA DERIVE DANS UN OCEAN DE SUBJECTIVITE
Cependant, le fait que l’Église perde ses amarres plus particulièrement à notre époque repsente un risque
plus grand que jamais. En effet, au cours des cent dernières anes, le monde a chan d’une manière spectaculaire
et très effrayante. Nos contemporains ne considèrent plus la vérité comme avant. En fait, le monde dans lequel nous
vivons est dominé par une philosophie qui est hostile à l’idée même de vérité absolue.
Depuis le but de la civilisation jusqu’à la fin du dix-neuvme siècle, quasiment toutes les philosophies
humaines avaient admis la cessité de la vérité absolue. Larité était universellement considérée comme ce qui
est vrai et pas faux, factuel et pas erroné, correct et pas incorrect, moral et pas immoral, juste et pas injuste, bon et
pas mauvais. Pratiquement tous les philosophes qui s’étaient sucdepuis l’époque de Platon avaient admis
l’objectivité de la vérité. La philosophie elle-même était une qte de la compréhension la plus poussée qui soit de
la vérité. Une telle recherche était psumée possible, voire cessaire, parce que la vérité était perçue comme étant
la même pour tout individu. Cela ne signifiait évidemment pas qu’il y avait unanimité sur ce quétait la rité. Mais
quasiment tout le monde s’accordait à penser que ce qui était vrai, quoi que ce t, l’était pour tous.
Tout cela changea au dix-neuvième scle avec la naissance de l’existentialisme. Cette philosophie remet en
cause la notion de finition précise, introduisant le concept selon lequel la rité suprême est subjective (dont
l’origine se trouve dans la pensée de l’individu) plutôt quobjective (qui existe bel et bien hors de l’individu).
L’existentialisme donne la primauté à l’expérience individuelle et au choix personnel, minimisant ou écartant les
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normes absolues telles que la rité, la bonté et la morali. On pourrait définir à juste titre l’existentialisme comme
l’abandon de l’objectivité. L’existentialisme est fondamentalement anti-intellectuel, opposé à la raison et irration-
nel.
Le philosophe danois Søren Kierkegaard fut le premier à utiliser le terme d’“ existentialisme ”. La vie et la
philosophie de Kierkegaard furent centrées sur ses exriences avec le christianisme. Les concepts chtiens et la
terminologie biblique se retrouvent dans nombre de ses écrits. Il écrivit beaucoup à propos de la foi et se consirait
certainement chrétien. Un grand nombre de ses idées germèrent en réaction légitime contre le formalisme pesant de
l’Église luthérienne officielle de son pays. Il était choqué à juste titre par le ritualisme srile de l’Église, et vérita-
blement outré de voir que des gens qui n’avaient aucun amour pour Dieu se disaient chrétiens tout simplement sous
prétexte qu’il leur était arrivé de ntre dans un pays chrétien ”.
Cependant, dans sa action contre l’absence de vie qui caractérisait l’Église officielle, Kierkegaard avança
une antitse erronée. Il partit du postulat que l’objectivité et la vérité étaient incompatibles. Pour s’opposer au ri-
tualisme sans passion et aux formules doctrinales dénuées de vie qu’il voyait dans le luthéranisme danois, Kierke-
gaard élabora une approche de la religion qui était de la passion pure, une passion complètement subjective. Selon
sa théorie, la foi signifiait le rejet de la raison et l’exaltation des sentiments et de l’expérience personnelle. C’est
Kierkegaard qui inventa l’expression “ saut de la foi ”. Pour lui, la foi était une exrience irrationnelle, avant tout
un choix personnel. Il consigna cette réflexion dans son journal le 1er août 1835 : Il s’agit de trouver une vérité qui
soit vraie pour moi, de trouver l’idée pour laquelle je puisse vivre et mourir ”.
De toute évidence, Kierkegaard avait déjà reje comme étant en soi sans valeur la croyance selon laquelle
la vérité est objective. Son journal se poursuit par ces penes :
A quoi servirait-il de couvrir la prétendue vérité objective ? [...] Que m’apporterait le fait que la vérité se
tienne devant moi, froide et nue, sans se soucier de savoir si je la reconnais ou non, et provoquant en moi un
frisson de crainte plutôt qu’une confiante dévotion ? [...] Je me retrouve tel un homme qui a loune
maison et rassemblé tout le mobilier et l’équipement ménager, mais qui n’a pas encore trouvé la bien-aimée
avec qui partager les joies et les peines de sa vie. [...] C’est ce côté divin de l’homme, son action vers
l’intérieur, qui veut tout dire et non une masse d’informations [objectives].
Ayant rejeté l’objectivité de la rité, Kierkegaard en était réduit à aspirer à une exrience existentielle,
laquelle, croyait-il, lui procurerait un sentiment de contentement personnel. Il se tenait au bord du précipice et se
préparait à faire son saut de la foi. Enfinitive, l’idée pour laquelle il choisit de vivre et de mourir fut le christia-
nisme, mais c’est une forme particulièrement subjective de christianisme qu’il embrassa.
Bien que Kierkegaard ait été quasiment inconnu de son vivant, ses écrits ont subsisté et ont, depuis lors,
profonment influencé toute la philosophie. Son concept de “ vérité qui est vraie pour moi ” s’est insinué dans la
pensée populaire et a ouvert la voie au rejet radical de toutes les normes objectives auquel s’est livrée notre géné-
ration.
Kierkegaard sut comment donner à l’irrationalisme une apparence de profondeur. Dieu n’existe pas; Il est
éternel ”, écrivit-il. Il était d’avis que le christianisme était plein de paradoxes existentiels ”, qu’il considérait
comme de véritables contradictions, preuve que la rité était irrationnelle.
Se servant de l’exemple d’Abraham, qui avait é prêt à sacrifier Isaac (cf. Ge 22.1-19), Kierkegaard insi-
nua que Dieu avait appeAbraham à violer la loi morale en faisant rir son fils. Pour Kierkegaard, le fait
qu’Abraham ait été dispoà suspendre ” ses convictions éthiques symbolisait le saut de la foi qui est demandé à
tout homme. Kierkegaard croyait que cet incident était la preuve que “ l’Individu [Abraham] est au-dessus du gé-
ral [la loi morale] ”. Sur la base de cette conclusion, le philosophe danois tint ce raisonnement : Abraham re-
présente la foi [...]. Il agit en vertu de l’absurde ; car l’absurde c’est justement qu’il soit comme Individu au-dessus
du général ”. Et Kierkegaard de conclure :Aussi bien puis-je comprendre [le ros tragique], mais non Abraham,
bien qu’avec une certaine déraison je lui porte plus d’admiration quà tout autre homme ”.
On n’a pas de mal à se rendre compte à quel point un tel raisonnement relègue toute rité dans le domaine
de la subjectivité pure au point même de rejoindre l’absurdité ou la démence. Tout devient relatif. Les absolus
sont dématérialisés. La différence entre la rité et le non-sens devient sans importance. Tout ce qui compte, c’est
l’expérience personnelle.
Qui plus est, l’expérience de l’un est aussi valable que celle de l’autre — même si les exriences de cha-
cun conduisent à des conceptions contradictoires de la rité. La vérité qui est vraie pour moi peut être difrente
de la vérité d’un autre. En fait, nos croyances peuvent être en contradiction flagrante, il n’en demeure pas moins que
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la vérité , d’autrui n’invalide nullement la mienne. Comme la vérité est authentifiée par l’expérience per-
sonnelle, elle est uniquement pertinente pour l’individu qui fait le saut de la foi. Voilà en quoi consiste
l’existentialisme.
L’existentialisme a eu une influence considérable sur la philosophie profane. Friedrich Nietzsche, par
exemple, rejeta lui aussi la raison et insista sur la volonde l’individu. Nietzsche ignorait sans doute totalement les
œuvres de Kierkegaard, mais leurs ies emprunrent des voies parallèles sur les points essentiels. A la différence
de Kierkegaard, toutefois, Nietzsche ne fit jamais le saut de la foi vers le christianisme. Au contraire, il tira la con-
clusion que Dieu est mort. La vérité qui était “ vraie pour lui ”, semble-t-il, s’avéra être l’inverse de la vérité que
Kierkegaard avait choisie. Et pourtant, leur épistémologie (la manière dont ils parvinrent à leurs conclusions) était
exactement la même.
Par la suite, d’autres existentialistes, tels que Martin Heidegger et Jean-Paul Sartre, affinèrent les idées de
Kierkegaard tout en adrant à l’athéisme de Nietzsche. Heidegger et Sartre croyaient tous les deux que la raison est
futile et la vie fondamentalementnuée de sens. Ces idées ont constit une grande force dans la pensée du ving-
tième siècle. Alors que le monde continue de devenir plus ate, plus cularisé et plus irrationnel, il est utile de bien
comprendre qu’il est propulsé dans cette direction par de fortes influences existentialistes.
L’INVASION DE LÉGLISE PAR LEXISTENTIALISME
Mais ne croyez pas que l’influence de l’existentialisme se limite au monde sans affecter l’Église. s
l’instant où Kierkegaard maria les idées existentialistes au christianisme, cela devait inévitablement aboutir à la
théologie néo-orthodoxe.
Le terme de o-orthodoxie est emplo pour identifier une forme existentialiste du christianisme. Dans la
mesure la néo-orthodoxie nie la base objective fondamentale de la rité la vérité absolue et l’autorité de
l’Écriture il convient de la concevoir comme un pseudo-christianisme. Elle a connu son heure de gloire au milieu
du vingtième siècle avec les écrits de Karl Barth, Emil Brunner, Paui Tillich et Reinhold Niebuhr. Ces hommes se
sont faits l’écho du langage et de la pene de Kierkegaard, parlant de la primau de l’“ authenticité personnelle
tout en minimisant ou en niant l’importance de la vérité objective. Barth, le père de la o-orthodoxie, a reconnu
explicitement sa dette envers Kierkegaard.
L’attitude de la néo-orthodoxie à l’égard de l’Écriture est un conden de l’ensemble de la philosophie
existentialiste : la Bible elle-même n’est pas objectivement la Parole de Dieu, mais elle devient la Parole de Dieu
quand elle me parle individuellement. Dans la néo-orthodoxie, ce même subjectivisme est impo à toutes les doc-
trines du christianisme historique. On utilise des termes familiers, mais en les refinissant ou en les employant
d’une manièrelibérément vague, et ce, pour communiquer non pas une signification objective, mais un symbo-
lisme subjectif. Aps tout, toute vérité ” communiquée à l’aide de termes théologiques est unique pour la per-
sonne qui pratique la foi. Ce que la Bible signifie devient sans importance. La vraie question est ce quelle signifie
pour moi. Tout cela fait écho d’une manière retentissante au concept dévelop par Kierkegaard de la “ vérité qui
est vraie pour moi ”.
Ainsi, alors que les théologiens o-orthodoxes semblent souvent affirmer des croyances traditionnelles,
leur système ritable difre radicalement de la conception historique de la foi chtienne. En niant l’objectivité de
la rité, ils relèguent toute théologie dans le domaine du relativisme subjectif. Il s’agit d’une théologie qui est
parfaitement adaptée à l’époque à laquelle nous vivons.
Or c’est précisément pour cela qu’elle est si fatale.
L’ouvrage que Francis Schaeffer publia en 1968, intitulé Dieu, illusion oualité ?, contenait une analyse
trante de l’influence de Kierkegaard sur la pene et la théologie modernes. Schaeffer y appelait la frontre
entre le rationalisme et l’irrationalisme la “ ligne du désespoir . Il notait quà un moment du dix-neuvième siècle,
l’existentialisme avait fait passer la pensée profane en dessous de la ligne du sespoir. La néo-orthodoxie reli-
gieuse nétait autre qu’une nouvelle réponse appore par certains théologiens qui avaient cidé de prendre le train
de l’existentialisme en marche, se conformant ainsi à ce qu’avait déjà fait le monde en matière d’art, de musique et
de culture rale : La néo-orthodoxie n’a pas apporté de nouveau. Elle n’a fait que dire en langage théologique
ce que la philosophie existentialiste avait dit en langage profane ”. Et il concluait en écrivant qu’avec
l’avènement de la o-orthodoxie, la théologie est passée, elle aussi, en dessous de laligne du désespoir” ”.
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Schaeffer poursuivait en analysant la manière dont la o-orthodoxie fait finalement place au mysticisme
radical :
Karl Barth a ouvert la voie au saut existentialiste en théologie [...].
Barth a eu beaucoup de disciples, tels Reinhold Niebuhr et Paul Tillich. Des différences existent entre eux
sur des points de tail, mais leur combat est le me: c’est le combat de l’homme moderne qui a renoncé
[au rationalisme]. [En ce qui concerne] ces tologiens, [...] Leur nouveau système ne peut pas être soumis
à vérification, il appelle seulement la foi.
Un tel système, fait remarquer Schaeffer, n’a aucune intégrité. Ceux qui l’épousent ne peuvent vivre avec
les percussions de leur propre absence de logique. “ Ainsi, dans la pratique, l’homme ne peut rejeter complète-
ment [le rationalisme] ; il doit l’admettre si peu que ce soit sous peine de connaître [...] une forme de folie ”. Et c’est
ainsi que les hommes ont é forcés à sombrer à un niveau de sespoir encore plus profond: “ celui du mysticisme
pourvu de tout contenu ”.
LE MYSTICISME : LIRRATIONALISME MONTE EN GRAINE
Le mysticisme est l’idée selon laquelle la réalité spirituelle se trouve en regardant à l’intérieur. Ce courant
de pensée est parfaitement adapté à l’existentialisme religieux ; il est en effet sa conséquence iluctable. Le mys-
tique dédaigne l’entendement rationnel et cherche la vérité par un autre moyen : à travers les sentiments,
l’imagination, des visions personnelles, des voix intérieures, l’illumination individuelle ou d’autres moyens pure-
ment subjectifs. La vérité objective devient pratiquement superflue.
Les exriences mystiques s’authentifient donc par elles-mes; autrement dit, elles ne sont soumises à
aucune forme de vérification objective. Elles sont uniques pour celui qui les fait. Comme elles ne proviennent ni ne
pendent d’aucun processus rationnel, elles sont invulnérables à lafutation par quelque moyen rationnel que ce
soit.
Arthur L. Johnson écrit :
L’expérience convainc le mystique de telle sorte, et à un tel point, qu’il est tout à fait incapable de douter de
sa valeur et de l’exactitude de ce qu’il est convaincu qu’elle dit.
[...] Dans sa forme la plus brute, ce point de vue affirme que le fait de croire que quelque chose est comme
ceci ou comme cela le rend ainsi. C’est l’idée qu’en définitive, la ali est purement mentale; par consé-
quent, on a la possibilide créer la réalité que l’on désire, quelle qu’elle soit. C’est ainsi que le mystique
crée la vérité à travers son expérience. Dans une forme moins excessive, cette conception semble dire
qu’il existe des “réalis de rechange”, tout aussi réelles les unes que les autres, et que celles-ci
s’imposent au mystique au cours de ses expériences. Quelle que soit la forme que prend la rité, son
critère d’évaluation est, encore, une expérience purement individuelle et subjective qui ne procure aucun
moyen de vérification ni aucune sauvegarde contre l’erreur. Néanmoins, le mystique le considère incon-
testable par autrui.
Tout cela a pour conséquence concte qu’il est quasiment impossible de raisonner avec un mystique
convaincu. Ces gens- sont en général hors de portée de la raison.
Le mysticisme est donc diamétralement oppo au discernement. C’est une forme extrême de foi hasar-
deuse.
Le mysticisme est le grand creuset dans lequel a eu lieu la fusion entre la o-orthodoxie, le mouvement
charismatique, les évangéliques anti-intellectuels etme quelques segments du catholicisme romain. Cela a pro-
duit des mouvements tels que la Troisième vague (mouvement néo-charismatique accordant une importance
excessive aux signes, aux miracles et aux prophéties personnelles), “ Renovaré (organisation mélangeant les en-
seignements du monachisme, le mysticisme catholique ancien, la foi orientale et d’autres traditions mystiques), le
mouvement du combat spirituel (qui cherche l’affrontement direct avec les puissances démoniaques) et le mou-
vement proptique moderne (qui encourage les croyants à rechercher une révélation extrabiblique individuelle
directement de la part de Dieu). Cette pouse du mysticisme a également ouvert le mouvement évangélique à des
concepts du Nouvel Age tels que le contrôle subliminal des penes, la grison intérieure, la communication avec
les anges, le “ channeling (ou “ canalisation ” d’esprits), l’analyse des rêves, la confession positive et une foule
d’autres thérapies et pratiques provenant tout droit de l’occultisme et des religions orientales.
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