Or, la protection de la propriété intellectuelle constitue désormais le fondement économique et
juridique de l’innovation.
Le fondement économique, car elle est le levier du développement des entreprises et de la
création des emplois. Elle favorise les partenariats technologiques et représente la plus grande
partie des actifs immatériels des entreprises.
Le fondement juridique également, car la propriété industrielle protége et valorise les
avantages compétitifs des entreprises innovantes. C’est la raison pour laquelle le
Gouvernement a présenté devant votre haute Assemblée le 19 septembre dernier et devant
l’Assemblée Nationale la semaine dernière un projet de loi de lutte contre la contrefaçon, afin
d’assurer aux entreprises la meilleure sécurité juridique possible dans la défense de leurs titres
de propriété industrielle. Je me félicite que ce texte ait pu, à l’Assemblée Nationale comme au
Sénat, être adopté dans un large consensus. Les débats que nous avons eus à cette occasion
ont bien montré que lutter contre la contrefaçon, ce n’est rien d’autre que de favoriser l’effort
de recherche et d’innovation de notre pays.
Mesdames et Messieurs les Sénateurs, vous avez voté la loi de lutte contre la contrefaçon pour
développer un environnement juridique favorable à l’innovation et à la recherche : je vous
engage donc à ratifier le protocole de Londres, pour exactement les mêmes raisons. Ce
protocole renforcera la situation de la France et de l’Europe dans le domaine stratégique des
brevets, et il accroîtra la compétitivité de nos entreprises en favorisant, à moindre coût,
l’accès au brevet européen.
Ne nous y trompons pas en effet : le coût du brevet européen constitue bien un obstacle qui
réduit le nombre de dépôts de brevets par les entreprises et les centres de recherche. Ce coût
constitue, au final, un frein à la création d’emplois fondée sur l’innovation. Les coûts de dépôt
du brevet européen liés à l'exigence de traductions complètes pénalisent d'autant plus les
entreprises que celles-ci sont petites : nos PME sont donc les premières défavorisées par le
régime actuel exigeant des traductions dans chaque Etat.
L’application de l’Accord de Londres apporte une réponse à ce problème en permettant de
diminuer les coûts de traduction du brevet européen de 25 à 30% selon les Etats désignés. Ce
faisant, il facilite la commercialisation des produits et services sur l’ensemble du marché
européen. Et c’est d’abord pour les entreprises françaises et européennes que le marché
européen est important, c’est pour nos entreprises que la protection des inventions sur le
marché européen est essentielle et que le coût de dépôt peut s’avérer dissuasif. Il ne faut donc
pas, au seul motif que l’on craindrait un effet d’aubaine théorique pour des multinationales
japonaises et américaines, rejeter un accord favorable avant tout à nos PME, à nos inventeurs
et à nos chercheurs.
Mesdames et Messieurs les Sénateurs, j’en suis convaincu : la diminution des coûts du brevet
européen entraînera un accroissement de la capacité des entreprises en termes de dépenses
d’innovation. Les entreprises pourront affecter les économies de traduction à leur programme
de recherche et de développement. Les PME pourront développer une stratégie offensive de
commercialisation, sur le marché européen, ce qui leur permettra de mieux amortir les
investissements nécessaires et compenser les risques.
L’Accord de Londres permet d’ailleurs aux entreprises françaises d’exercer pleinement leur
activité de veille. En effet, les traductions intégrales des brevets délivrés ne sont disponibles