Projet d’histoire économique :
Enseignant : Jean-Christian Lambelet
Assistant : Siméon Stoitzev
Le rôle du système monétaire international
et perspective comparative
Stéphane Fischhoff
Table des matières :
Introduction 1
Plan de mon travail 1
I : Pourquoi un système monétaire basé sur l’or ? 1
II : L’âge d’or de l’étalon-or (1879-1914) 2
II.1 : Introduction 2
II.2 : La coopération 3
II.3 : La crédibilité 4
II.4 : Les avantages et les inconvénients de l’étalon-or 4
II.5 : Les limites de l’ajustement automatique 5
II.6 : La mort de l’étalon-or classique 6
III : Le flottement libre (1919-1926) et le retour au nouvel étalon-or : 7
IV : Le retour désastreux à l’étalon-or (1927-1931/36) 8
IV.1 : Introduction 8
IV.2 : Une simple identité pour comprendre le fonctionnement
du système d’étalon-or 9
IV.3 : Explication des différents ratios 9
IV.4 : La première chute du système : la sortie du Royaume-Uni en 1931 11
IV.5 : Le dernier bloc-or : le dernier souffle du système 12
V : Relation entre reprise économique et durée d’arrimage à la parité-or : 12
V.1 : Introduction 12
V.2 : Un premier modèle 13
V.3 : La régression 14
VI : Biais déflationniste du régime de l’étalon-or : 14
VI.1 : Introduction 14
VI.2 : Asymétrie entre pays à surplus/déficit par rapport à la réponse monétaire 15
requise lors de flux d’or
VI.3 : Le pouvoir insuffisant des banques centrales 16
Conclusion 16
Bibliographie 18
Annexes 19
Introduction
La Grande Dépression est un sujet complexe. Comme tous les sujets complexes, il n’existe
pas de cause unique. Mon travail a pour but d’en expliciter une : le système monétaire
international. Tout au long de mon exposé, j’espère réussir à vous convaincre de l’importance
qu’a joué cette variable dans le puzzle de la Grande Crise. L’effet peut-être le plus pervers est
celui de canal de transmission de la déflation dans le monde entier. Ce que je vais essayer de
montrer également, c’est qu’un même système implémenté de façon légèrement différente
dans deux époques passablement différentes peut conduire à des résultats catastrophiques. Un
dernier point important est le lien sans cesse vérifié entre politique et économie.
Plan de mon travail
Je vais commencer par expliquer la raison pour laquelle l’or a été choisi comme métal de
référence. Ensuite, j’expliquerai les raisons du relativement bon fonctionnement du premier
système d’étalon-or entre 1879 et 1914. Je n’oublierai pas de parler de ses inconvénients.
L’échec du second système peut être compris en comparant les deux gimes et
principalement par les différences de comportements des acteurs principaux durant ces deux
périodes. Je continuerai par montrer que les pays qui ont renoncé le plus rapidement à
l’étalon-or ont connu une reprise économique plus rapide. Je finirai par expliciter le biais
déflationniste du système d’entre-guerre ; Beaucoup d’indices montrent que la déflation qui
sévit lors de la Grande Crise a été en grande partie causée par le régime monétaire
international déficient.
Les analyses que je propose dans ce travail sont très largement tirées d’Eichengreen (1992) et
de Bernanke (2000).
Lors de ma présentation orale, je reprendrai certains points théoriques que je présente dans ce
travail. Ensuite, j’appliquerai ces analyses comparatives au cas de la Suisse.
I : Pourquoi un système monétaire basé sur l’or ?
L’instrument d’échange accepté par tous les participants d’une économie n’est pas déterminé
arbitrairement. Premièrement, il faut que cet instrument d’échange soit durable afin d’être
stocké. Dans une société primitive, le blé pourrait parfaitement jour ce rôle d’échange. Les
échanges auraient lieu durant la moisson ne laissant aucun surplus à stocker. Mais dans nos
économies plus riches, les considérations de stockage sont importantes ; ainsi le choix d’un
instrument métallique est compréhensible. De plus, un métal est homogène et divisible :
chaque unité est semblable à l’autre et il peut être fondu et frappé dans n’importe quelle
quantité. Deuxièmement et plus crucial, la marchandise choisie comme moyen d’échange doit
être un bien de luxe : le désir humain pour le luxe est illimité de sorte qu’il y aura toujours
une demande pour un tel bien. Le luxe implique la rareté ainsi qu’une grande valeur unitaire :
ce bien sera donc plus facile à transporter (une once d’or vaut une demi-tonne de fonte). Il est
parfaitement envisageable, au cours de la première étape de développement d’un système
monétaire, que plusieurs instruments soient choisis comme base d’échange. Néanmoins, au
cours du temps, le « plus acceptable » sera finitivement accepté comme unique et par ce
processus deviendra encore plus acceptable. Savoir si cet instrument est l’or, l’argent ou le
tabac dépend du niveau de développement de l’économie. Au fait, chacun de ces matériaux a
été, à un moment ou un autre, le pilier des échanges. L’or finira par seul rester en tête de liste
(bien que l’argent lui fît concurrence lors de systèmes bimétalliques) : il est durable,
transportable homogène, divisible et a toujours été considéré comme un bien de luxe.
II : L’âge d’or du régime de l’étalon-or (1879-1914) :
II.1 : Introduction
Le système de l’étalon-or, qui est un régime de change fixe, a fonctionné de 1879 à 1914. Issu
de l’échec du système bimétallique, il ne survivra pas à la crise économique et financière
créée par la première guerre mondiale. Néanmoins, cette période a la réputation de grande
stabilité commerciale et financière (même si certaines crises noircissent parfois le paysage) ;
stabilité qui fut essentiellement imputée au gime de change fixe basé sur un étalon-or. C’est
d’ailleurs cette réputation qui entraînera la création d’un second régime d’étalon-or, nettement
moins performant comme nous allons le voir, après la première guerre mondiale.
Regardons maintenant comment fonctionnait ce système et quelles étaient les raisons de cette
stabilité économique.
Le succès de l’étalon-or a été imputé à ses mécanismes d’ajustement automatique. Cette
capacité d’ajustement s’expliquait par le lien établi par l’étalon-or entre les conditions
économiques nationales et internationales. Pour bien fonctionner, l’étalon-or supposait une
libre circulation internationale de l’or, autrement dit la liberté des mouvements internationaux
des capitaux. Le mécanisme d’ajustement automatique de la balance des paiements qui opérait
est connu sous le nom de mécanisme de Hume. Imaginons que suite à un choc, un pays
enregistre un déficit commercial. Ce pays va alors perdre de l’or au bénéfice de ses
partenaires commerciaux, ce qui a pour effet de contracter son offre de monnaie et de gonfler
celle de ses partenaires. La Banque centrale du pays en déficit va augmenter ses taux
d’intérêts ce qui aura pour effet un afflux de capitaux étrangers, les placements dans ce pays
devenant plus rentables par rapport au reste du monde. L’excédent ainsi créé du compte
financier contrebalance le déficit commercial. De plus, la contraction de l’offre de monnaie
réduit les prix domestiques par une pression déflationniste, ce qui améliore sensiblement la
compétitivité du pays et tend, finalement, à rétablir son équilibre commercial.
Toutefois, pour que ces mécanismes puissent fonctionner d’une façon cohérente, deux
éléments nécessaires sont requis : la coopération internationale entre banques centrales ainsi
que la crédibilité de l’arrimage des monnaies à l’or. Kindleberger (1973) parle d’un troisième
facteur de même importance pour le fonctionnement d’un régime d’étalon-or : l’hégémonie
d’une nation sur les autres (hegemonic stability theory). Au fait, ces trois éléments sont
étroitement liés : en effet, lors de périodes de manque de crédibilité du régime de change fixe,
il fallait, pour maintenir le système sur les rails une augmentation de la coopération
internationale. Cette coopération prenait souvent la forme d’un jeu appelé « suis le chef ! »
(follow the leader) et ce chef était la Banque d’Angleterre.
II.2 : La coopération
Pour qu’un système de change fixe international puisse fonctionner sans heurts, il faut une
acceptation tacite des partenaires quant aux règles du jeu et donc au cadre monétaire à
adopter. Une telle entente demande un climat politique serein. Effectivement, cette période de
fin du XIXème siècle est une période relativement calme de ce point de vue. Par acceptation
des règles il faut comprendre qu’un pays, qui suite à un déséquilibre d’une nation partenaire
dans sa balance commerciale, voit l’or affluer sur son territoire ne va pas stériliser cet afflux
mais va le retranscrire sur son offre de monnaie en l’augmentant. Cette augmentation
engendrera une poussée inflationniste, une pression à la hausse sur son taux de change et ainsi
une diminution de sa compétitivité. La croissance effectivement réalisée sera plus faible qu’en
change flottant sans contrainte (l’argument est du même type lorsqu’il s’agit d’une nation qui
doit faire face à une sortie d’or : l’effet de la contrainte de la parité sera une augmentation du
chômage). Pourtant, sous l’hégémonie de la Banque d’Angleterre, tous les pays acceptaient, à
la fin, ces mesures stabilisatrices, pourtant désagréables pour l’économie locale (La plupart
d’entre eux prirent tout de même certaines libertés en terme de gestion monétaire comme je
vais l’expliciter au point II.4). Mais c’est en période de crise que la coopération internationale
prend tout son sens. Même si la plupart du temps, la Banque d’Angleterre jouait le rôle de
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