enregistre un déficit commercial. Ce pays va alors perdre de l’or au bénéfice de ses
partenaires commerciaux, ce qui a pour effet de contracter son offre de monnaie et de gonfler
celle de ses partenaires. La Banque centrale du pays en déficit va augmenter ses taux
d’intérêts ce qui aura pour effet un afflux de capitaux étrangers, les placements dans ce pays
devenant plus rentables par rapport au reste du monde. L’excédent ainsi créé du compte
financier contrebalance le déficit commercial. De plus, la contraction de l’offre de monnaie
réduit les prix domestiques par une pression déflationniste, ce qui améliore sensiblement la
compétitivité du pays et tend, finalement, à rétablir son équilibre commercial.
Toutefois, pour que ces mécanismes puissent fonctionner d’une façon cohérente, deux
éléments nécessaires sont requis : la coopération internationale entre banques centrales ainsi
que la crédibilité de l’arrimage des monnaies à l’or. Kindleberger (1973) parle d’un troisième
facteur de même importance pour le fonctionnement d’un régime d’étalon-or : l’hégémonie
d’une nation sur les autres (hegemonic stability theory). Au fait, ces trois éléments sont
étroitement liés : en effet, lors de périodes de manque de crédibilité du régime de change fixe,
il fallait, pour maintenir le système sur les rails une augmentation de la coopération
internationale. Cette coopération prenait souvent la forme d’un jeu appelé « suis le chef ! »
(follow the leader) et ce chef était la Banque d’Angleterre.
II.2 : La coopération
Pour qu’un système de change fixe international puisse fonctionner sans heurts, il faut une
acceptation tacite des partenaires quant aux règles du jeu et donc au cadre monétaire à
adopter. Une telle entente demande un climat politique serein. Effectivement, cette période de
fin du XIXème siècle est une période relativement calme de ce point de vue. Par acceptation
des règles il faut comprendre qu’un pays, qui suite à un déséquilibre d’une nation partenaire
dans sa balance commerciale, voit l’or affluer sur son territoire ne va pas stériliser cet afflux
mais va le retranscrire sur son offre de monnaie en l’augmentant. Cette augmentation
engendrera une poussée inflationniste, une pression à la hausse sur son taux de change et ainsi
une diminution de sa compétitivité. La croissance effectivement réalisée sera plus faible qu’en
change flottant sans contrainte (l’argument est du même type lorsqu’il s’agit d’une nation qui
doit faire face à une sortie d’or : l’effet de la contrainte de la parité sera une augmentation du
chômage). Pourtant, sous l’hégémonie de la Banque d’Angleterre, tous les pays acceptaient, à
la fin, ces mesures stabilisatrices, pourtant désagréables pour l’économie locale (La plupart
d’entre eux prirent tout de même certaines libertés en terme de gestion monétaire comme je
vais l’expliciter au point II.4). Mais c’est en période de crise que la coopération internationale
prend tout son sens. Même si la plupart du temps, la Banque d’Angleterre jouait le rôle de