La gestion de la crise de 1929 par les différentes démocraties

La gestion de la crise de 1929 par les différentes démocraties libérales
Intensité et profondeur de la crise aux incidences sociales fortes voire dramatiques ont eu
pour conséquence une intervention des Etats malgré le contexte global d’un libéralisme
économique triomphant (« laissez-faire », croyance en l’équilibre du marché autorégulateur).
Commet les différentes démocraties libérales des années 30 sortent transformées par la
gestion de cette dépression ?
Les réponses nationales :
A)le choix entre 2 grandes politiques économiques :
-la déflation conforme à l’orthodoxie libérale
Buts ? réduire les grandeurs économiques de production, les prix, les salaires afin de défendre
la valeur de la monnaie (qui rassure les milieux d’affaires car une monnaie forte assure de
meilleure placement)
Comment ? maintien de l’équilibre budgétaire (réduction des dépenses publiques, réduction
des salaires des fonctionnaires), stabilisation de la balance commerciale (par une compression
des prix de revient afin de rendre les produits du pays plus compétitifs).
Effets pervers ou inefficaces : agitation sociale et grèves (contre la réduction des salaires), les
autres pays dévaluent leur monnaie pour rendre leurs produits plus compétitifs, compression
du budget de l’Etat alors que ses charges augmentent en raison de l’urgence de la crise
sociale (aide aux pauvres, indemnisation du chômage)
Ex :
La France des années 34/35 sous les ministères de Laval et Tardieu
(Allemagne de 1933/35)
-une politique de relance économique (les prémices des politiques keynésiennes)
But ? stimuler les productions, l’investissement et la consommation afin de faire repartir
l’économie
Comment ? par le rôle moteur de l’Etat qui va augmenter ses dépenses (acceptation du déficit
budgétaire qui était loin d’être accepté par les hommes politiques marqués par l’orthodoxie
libérale de la maîtrise des dépenses !)- déficit budgétaire testé empiriquement par les Anglais
et les Américains (Roosevelt ) de manière timorée ou prudente (alors qu’elle est théorisée
peu à peu par le célèbre économiste anglais Keynes (Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt
et de la monnaie, 1936) [surtout c’est que ce déficit doit être comblé par l’augmentation des
recettes fiscales issue de la reprise ( attendue) ]
*Quels sont ces dépenses d’Etat ? une politique de grands travaux, une politique de hauts
revenus ou d’augmentation de salaires, des commandes de l’Etat diverses
+ accepter la dévaluation de la monnaie nationale afin de rendre les produits compétitifs
+politique monétaire volontariste : injection de liquidités, baisse des taux d’intérêt afin de
relancer la consommation et l’investissement
B)le New Deal apporte une transformation globale de la société américaine (1932-1938)
1-l ‘échec de l’orthodoxie libérale républicaine sous Hoover (1929-1932)
faiblesse financière d’un Etat « interventionniste » demi-mesures inefficaces+mesures
protectionnistes inefficaces+indicateurs économiques indiquent une dépression durable (les
prix diminuent, ¼ actifs au chômage)
2-les Cent-Jours du 1er New Deal (Roosevelt et Brain Trust)
But relancer et sortir du cercle vicieux de la crise économique
Comment ? :
mesures conjoncturelles (l’Etat injecte des liquidités qui manquent cruellement pour
l’économie par le déficit budgétaire)
Mesures structurelles réorienter l’économie pour le bien collectif (Etat entre patronat et
syndicats)
*Janvier 33 : Banking Act contrôle plus strict des banques et des mouvements spéculatifs
*mai 33 : AAA (Agricultural Adjustment Act (nouveaux crédit pour réduire les dette des
paysans, indemnités pour diminuer les stocks afin de faire remonter les cours des produits
agricoles
*Juin 33 : National Industrial Recovery Act (code de concurrence loyale entre entreprises
d’une même branche en échange d’indemnités, fixation d’un salaire minimum, diminution du
temps de travail (40 h), conventions collectives autorisées dans les entreprises qui favorisent
la réémergence des syndicats)
[*Janvier 34 : dévaluation de 41% du dollar]
Une politique de grands travaux afin d’enrayer le chômage de masse ex : Tennesse Valley
Authority
Incohérences : augmentation des prix agricoles alors que des millions de personnes souffrent
de malnutrition
Des limites :Adhésion relative des entreprises au NIRA (Ford n’a jamais signé ces accords)
Mais un retour à une conjoncture favorable : les prix et les revenus augmentent, le chômage
commence à baisser.
3-Un Second et un troisième New Deal plus social et plus keynésien(1935-38)
Doit contrer les agitations sociales et des démagogues à gauche et les Républicains qui
critiquent le « socialisme » en complète contradiction avec le modèle américain .
Conséquence : invalidation par la Cour suprême de l’AAA et du Nira (Etat s’immisce trop
dans le marché)
1935 orientation plus sociale contrôle fédérale des services publics (eau, électricité), le
Wagner Act satisfait les droits des syndicats, une vaste politique de lutte contre le chômage
est mis en place les indemnisations sont remplacés par une dizaine de million d’emplois
publics. Le Social Security Act lance un système d’assurance chômage, vieillesse et
d’invalidité.
Après la rechute économique de 1937 ; accroissement du déficit budgétaire et meilleure
coordination des actions fruit d’une audience plus large aux idées de Keynes
4-des résultats
des résultats économiques surtout qualitatifs et structurels
-grands travaux améliorent les infrastructures du pays
-développement de la tertiarisation de l’économie plus porteur
-gain de productivité notable (meilleurs rationalisation des techniques de production)
-constitution de grands groupes industriels et financiers (conséquence : début de l’ère des
managers)
une politique sociale ambitieuse mais limitée
-recul de la paupérisation
-début d’une protection sociale des plus faibles (des Farmers aux invalides)
Des institutions politiques renforcées et redéfinies
-rôle de la cour suprême en 1935 garant du modèle
-une capacité accrue d’intervention du pouvoir fédéral afin de résoudre la crise : une fonction
présidentielle renforcée
retour d’une certaine confiance sociale fruit d’un volontarisme politique hors pair de
Rooosevelt
Le Royaume-Uni face à la dépression des années 30 qui commence à partir de 1931 : « une
crise économique qui n’affecte pas en profondeur le système politique »
Remarque : pas de prospérité pendant les années 20 mais un marasme économique depuis la
crise de 21.
Le gouvernement Labor-libéraux de Baldwin contre les conservateurs pendant le début de la
crise est divisé entre ceux qui veulent une déflation budgétaire et ceux qui veulent une
politique de relance.
1931 : crise financière, attaque contre la livre sterling le stock d’or anglais diminue fortement
Mac Donald forme un nouveau cabinet d’union nationale. Assainissement des dépenses +
dévaluation de la monnaie (la stabilisation à un cours plus bas permet de rassurer les
investisseurs. Les grandes mesures de redressement : refonte du système douanier avec
l’abandon notable du libre-échange (importations frappées de taxes de 10 à 33 %, Accords
d’Ottawa en 1932 met en place un système de préférence impériale avec les territoires de
l’Empire dont le Commonwealth, refonte industrielle (crédits bon marché grâce à la baisse
des taux d’intérêt) soutien des prix agricoles, développement de la demande intérieure tout en
achetant « british », politique de logement, politique de concentration industrielle.
En fait une forte stimulation de la demande intérieure a permis de réduire les effets de la crise
en relançant les productions agricoles et industrielles et d’assurer les revenus des classes
moyennes.
Les insuffisances
Mais toujours en 1936 1,5 millions de chômeurs pas de véritable politique de l’emploi comme
le préconise pourtant Keynes, maintien d’une population pauvre (marches de la faim en
octobre 32 et 36. Malgré la progressivité de l’impôt, la société britannique reste une société de
classes même si le développement économique des classes moyennes à préserver le régime
des dérives extrémistes .
Remarque pas de risque politique extrémiste . Grande stabilité des gouvernements d’Union
nationale où pourtant les conservateurs sont surreprésentés (Gouvernement Mac Donald1931-
1935, gouvernement Baldwin 1935-1937, Chamberlain 1937-1940). ET ce malgreé les autres
crises politiques : 36 crise de succession dynastique (Edouard VIII abdique en faveur de son
frère George VI, 1937, l’Eire de de Valera se sépare du Commonwealth a près la difficile
indépendance de 1921 (problème des protestants de l’Ulster contre les catholiques irlandais
La France : une « crise plus tardive mais plus profonde » (1930-1935) qui là, va affecter
toute la société
Comme en Angleterre , la crise date de 1931, la chute des productions industrielles et
agricoles qui a pour conséquence le déficit budgétaire et de la balance des paiements (moins
de recettes fiscale, plus de dépenses).
Mais cette crise n’est pas seulement conjoncturelle elle relève l’archaïsme structurel de son
capitalisme et de son économie (majoritairement rural et investissant peu dans l’appareil
productif, donc peu de compétitivité)
La crise démarre vraiment du fait de la dévaluation de la Livre qui surenchérit les produits de
français (de plus de 20% par rapport aux produits anglais). Ainsi malgré les barrières
douanières , les importations sont plus avantageuses.
Pas d’audace des politiques, refus de dévaluer et que des mesures ponctuelles (relève des
tarifs douaniers, des contingentement, stockage des productions agricoles, prime à l’arrachage
des vignes). La politique économique reste celle de la déflation (baisse des grandeurs
économiques dont celles des productions, des prix et des salaires) qui devrait permettre la
reprise des exportations. Le modèle de cette politique déflationniste reste les décrets-lois de
Pierre Laval de 1935, réduisant de 10 % les dépenses de l’Etat
Ces mesures déflationnistes précipitent la crise sociale et politique
La déflation entraîne une perte de revenus pour les classes moyennes, les paysans et les
industriels. Alors qu’une certaine bourgeoisie libérale, les pensionnés de guerre ont vu soit
une garantie de leurs pensions pour ces derniers, soit ont fait de bonnes affaires immobilières
et boursière avec la reprise de l’activité économique dans certains secteurs porteurs
(électricité, aéronautique, industries pétrolières). La crise tend à provoquer les divisions
sociales entre fonctionnaires et privés, paysans et politique dans un climat de défiance envers
la classe dirigeante de la IIIème République.
La paralysie de la IIIème République
Gouvernement Radical d’Herriot 1932-34 pratique une politique de déflation favorable aux
milieux d’affaires ce qui va à l’encontre d’une politique de relance des socialistes -leurs alliés
au Parlement d’où une forte instabilité gouvernementale dans ce régime parlementaire et de
partis qu’est la IIIème République
Discrédit de la société renforcée par les scandales financiers qui se multiplient, dont celui de
l’israélite Staviski habilement exploité par les médias de droite et surtout l’extrême droite qui
lance une véritable campagne d’antisémitisme et d’antiparlementarisme
C’est dans ce contexte qu’éclate la journée du 6 février 34
Réunion complexe de ligues de droite et d’extrême droite légaliste (Anciens Combattants) ou
voulant déstabiliser le régime (l’Action française monarchiste de C. Maurras). Tous
néanmoins opposés à la politique des radicaux
Climat de manifestations et d’agitations qui tournent à l’affrontement le soir du 6 février (15
morts, des centaines de blessés)
Le Parlement cède devant la rue, Daladier cède la place de Président du Conseil à
Doumergue. La gauche interprète le 6 février comme une tentative de coup d’Etat fascise ce
qui va lancer la dynamique de coalition du Front populaire
Le Front populaire essaie de juguler la crise par une timide politique de relance
Augmentation des salaires (Accords Matignon juin 36), reconnaissance du droit syndical dans
les entreprises, les 15 jours de congés payés, durée de travail par semaine de 40 H (limitation),
l’Onib créé en 1936 (l’office national interprofessionnel du blé) garantit le prix du blé des
agriculteurs par l’Etat. Nationalisations de la SNCF en 1937, de l’aéronautique et l’armement
Une ressemblance avec le New Deal , plus que les réformes c’est un nouvel esprit qui souffle
sur le pays menant à un climat d’euphorie et créant une véritable mystique du Front populaire.
Un état de grâce rapidement dissous avec l’abandon des Républicains d’Espagne pendant leur
guerre civile (1936-39) et les difficultés économiques (fuite des capitaux, inflation et
contrainte de la dévaluation) et les dissensions entre les Socialistes et les radicaux regroupés
autour de Daladier et représentant les classes moyennes inquiète de l’agitation communiste.
Le Front populaire est vidé de sa substance avec l’introduction dans son gouvernement de
ministres de droite qui rassure les milieux d’affaires.D’où finalement l’arrivée au pouvoir de
Daladier qui instaure un véritable exécutif fort permettant par une dévaluation drastique de
rassurer les industriels du pays, de stimuler l’industrie par la poursuite du réarmement
commencée sous le Front populaire , d’ailleurs !
Une crise également morale un pays touché par le malthusianisme, divisé politiquement et qui
se remet difficilement de la dépression des années 30 . Des éléments qui ne sont pas de bonne
augure pour la préparation à la guerre face à l’expansionnisme nazi
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