Aucune raison liée à « la culture, la coutume, la religion, la tradition ou le prétendu
“honneur”» (Convention d’Istanbul) ne saurait justifier les mutilations sexuelles féminines.
Dans les sociétés où elles sont pratiquées, les Mutilations Sexuelles Féminines (MSF) sont le
reflet d’une inégalité entre les sexes et traduisent le contrôle exercé par la société sur les femmes.
Le maintien de la pratique est sous-tendu par un ensemble de croyances culturelles, religieuses
et sociales. Les raisons invoquées par les groupes qui perpétuent l’excision peuvent varier selon
la région, l’ethnie ou la communauté et peuvent se cumuler.
De façon transversale, il est important de comprendre que l’excision constitue une norme
sociale : dans la plupart des communautés, l’excision persiste en raison d’un sentiment
d’obligation sociale très fort. Par conséquent, même lorsqu’elles sont conscientes des
répercussions sur la santé physique et psychologique de leurs filles, les familles préfèrent
perpétuer la pratique pour ne pas subir jugement moraux et sanctions sociales (comme par
exemple l’impossibilité pour une fille de se marier ; dans les sociétés où l'on choisit son
partenaire à l'intérieur du groupe (non seulement social — homogamie — mais aussi
géographique, professionnel, religieux).
L’Unicef, qui travaille de longue date à la compréhension des dynamiques qui sous-tendent la
perpétuation et l’abandon de l’excision, explique ainsi dans une étude de 2010 : « Dans les
communautés où elle est pratiquée, l’E/MGF n’est considérée ni comme dangereuse, ni comme
une violation des droits humains. Elle constitue une étape nécessaire dans la bonne éducation
d’une fille, une façon de la protéger et, dans de nombreux cas, de lui permettre de se marier. Les
parents font exciser leurs filles afin de leur garantir le meilleur futur possible. L’honneur familial et
les attentes sociales jouent un grand rôle dans la perpétuation de l’E/MGF, ce qui permet
difficilement aux familles individuelles ainsi qu’aux femmes et aux filles en tant qu’individus de
renoncer à la pratique. Même lorsque les familles sont conscientes des conséquences néfastes
de l’intervention, elles perpétuent la pratique car elles craignent les jugements moraux et les
sanctions sociales au cas où elles ne se conformeraient pas aux attentes de la société. Le
moteur principal qui entretient la pratique est souvent le désir de protéger les filles et de leur offrir
le meilleur futur possible leur assurant sécurité économique et acceptation sociale ».
Les justifications suivantes sont notamment invoquées par les groupes qui pratiquent l’excision :
Le contrôle de la sexualité des femmes et le maintien de la domination masculine :
L’excision – en prévenant le désir sexuel, empêcherait les expériences sexuelles prénuptiales
et ensuite les relations adultérines – garantissant ainsi l’honneur de la famille et du mari.
Les croyances liées à la religion : bien qu’aucun texte religieux ne prescrive la pratique –
qui a d’ailleurs précédé l’apparition des grandes religions monothéistes - certains utilisent
leurs croyances pour justifier l’excision. La pratique se retrouve aussi bien dans des
populations musulmanes, chrétiennes ou animistes.
D’autres croyances, les mythes : certaines communautés pensent que l’excision favorise la
fécondité des femmes ; qu’elle permet d’assurer une meilleure hygiène, de rendre les femmes
plus attrayantes ou même de leur ôter les parties qu’ils considèrent comme masculines ou
dangereuses telle que le gland du clitoris.
Le maintien d’une identité et d’une tradition culturelle : pour certaines communautés,
pratiquer l’excision permet de perpétuer une tradition et de protéger une identité culturelle.
L’excision est par exemple parfois associée à des rites de passage à l’âge adulte. Pratiquer
l’excision pour préserver son identité culturelle, en particulier au contact de groupes qui ne
pratiquent pas, peut jouer un rôle important, par exemple dans un contexte migratoire.
Certaines familles peuvent parfois perpétuer la pratique en migration pour s’assurer de
transmettre valeurs et identité culturelle.