Thermidor ou l'impossible oubli
La Terreur survivra-t-elle à Robespierre?
Tous se réjouissaient des exécutions : ouvriers, sociétés populaires, assemblées de
section, bourgeois. Il fallait condamner les personnalités et exalter le système. Robespierre
est accusé d'avoir calomnié l'armée, de vouloir une nouvelle Saint-Barthélemy, une restaura-
tion royaliste et de nourrir une ambition insatiable. Il est affirmé que son austérité de mœurs
est fausse et donc sa vertu aussi. Les principes de gouvernement révolutionnaire et de ter-
reur ne furent pas oubliés ; le changement n'est que très modeste. Il n'y a aucune indulgence
pour aristocrates.
La Plaine aspire à sortir de son silence
Le gouvernement révolutionnaire ne pouvait se maintenir que si le cartel contre
Robespierre n'éclatait pas. Les membres des anciens comités, Collot d'Herbois, Billaud-
Varenne, Vadier voulaient conserver le pouvoir. Les masses voyaient leurs sauveurs dans
Tallien, Fréron, Barras, Merlin de Thionville, mais aussi dans Legendre et Lecointre = dan-
tonistes+ultra-terroristes repentis qui veulent prendre le pouvoir.
Les politiques de la Plaine, qui avaient rejoint les rangs de la Montagne car Robes-
pierre déclarait le Marais fini, rejoignent la Plaine, accompagnés de vieux Montagnards as-
sagis. Le centre a accepté de lâcher Robespierre uniquement pour reprendre le pouvoir ; bon
nombre de membres (Sieyès, Cambacérès, Thibaudeau = authentiques représentants du
tiers) nourrissent des ambitions. Les modérés veulent pouvoir enfin appliquer leur politique,
après s'être rangés derrière la coupe du CSP. Pour eux, le gouvernement révolutionnaire à
apporté ce qu'il fallait, il faut y mettre un terme ; au lieu du terrorisme, la liberté indivi-
duelle, au lieu du dirigisme, la liberté éco, au lieu de la dictature d'un clan, l'autorité de la
Convention.
Les vainqueurs de Thermidor sont divisés
Le 11 thermidor, Tallien refusait une dictature prolongée des mêmes sur les
mêmes Convention vote comité renouvelé par quart tous les mois + intervalle de 1 mois
avant élection. Tallien entre au CSP, Merlin de Thionville et Legendre au CSG ; partage
entre les 2 groupes. Le 7 fructidor An II (24 août 1794), les commissions exécutives
(=ministères) sont rattachées aux commissions parlementaires (Cambon). Le CSP s'efface
derrière ses paires et ne conserve qu'affaires militaires et étrangères. La Commune de Paris
est supprimée, le pouvoir des sections affaibli. Mais le CSP jouit toujours d'un immense
pouvoir. Les institutions changèrent, pas les hommes. Billaud et Varenne luttèrent avec ar-
deur contre les Montagnards repentis, devenus mous, pas assez extrêmes pour eux.
La division intervient très vite ; à la suite d'un réquisitoire de Lecointre, Barère,
Billaud-Varenne et Collot d'Herbois (populaires parmi les sans-culottes et nouveaux me-
neurs) quittèrent le CSP (1er septembre). Mais la Convention flétrit Lecointre et pousse Tal-
lien et Fréron à la démission le 15 fructidor. Les extrémistes ont donc finalement échoué
lors du 9 thermidor.
L'été de la libération
Le peuple réclamait libération des prisonniers que ce soit les accusés d'héber-
tismes, des bourgeois accusés d'aristocratisme, des généraux de la république ou encore des
nobles, la Convention céda le 18 thermidor (5 août). Les comités révolutionnaires doivent
désormais motiver leurs arrestations. Gaieté et goût du divertissement reprirent leurs droits.
Un Tout-Paris naissait.
Les muscadins
Le 17 fructidor, Tallien et Fréron (extrémistes) sont exclus des Jacobins alliance
avec les Girondins (opprimés+oppresseurs!) = nouvelle droite. Mobilisation rue et presse
par Cordeliers. Meneurs de la "jeunesse dorée de Fréron" : Barras, Tallien, Merlin de
Thionville et personnalités du spectacle (acteur Quesnel, Henri) et de la presse (Isidore Lan-
glois). Grande attention à la toilette opposants les appellent "muscadins". Ils fourmillent
partout : théâtre, café, section, opinion publique.
La presse
Depuis mort d'Hébert, dominée par Jacobins ("censure de l'échafaud" Lacretelle).
Une vraie liberté fut revendiquée. Le 1er fructidor, après maintes réclamation de sections et
journaux, Tallien crie aux Jacobins : "la liberté de la presse ou la mort!". Les journalistes
s'organisent. Le 17 fructidor An II (3 septembre 1794) parut le 1er numéro du Journal de la
liberté de la presse (Babeuf).
Les frères Bertin des Débats
Langlois du mesuré Messager du soir
Michaux de La Quotidienne
Charles de Lacretelle du Républicain français
Fréron et l'Orateur du peuple
Tallien et l'Ami du citoyen
Anciens Feuillants et Girondins penchent pour une monarchie constitutionnelle.
Enorme importance de la presse.
Les Jacobins démasqués
La nouvelle droite (Girondins+thermidoriens anciens Jacobins) veut prendre la
place des Jacobins dans les sections parisiennes et mobiliser l'opinion contre eux ; elle veut
également obliger la Plaine à partager le pouvoir. Elle parvînt à "déjacobiniser" les sections,
grâce à l'appui du peuple qui était las des violences. Les jacobins, qui voulant expulser les
prêtres et les nobles de tous les emplois, étant responsables de massacres (notamment les
proconsuls ; Carrier et les noyades de Nantes) et s'opposant à des libérations abusives, dé-
plaisaient plus au peuple. Il y eut des condamnations. La Convention ayant peur des Jaco-
bins, en fit arrêter 3 le 10 vendémiaire An III (1er octobre 1794). Le 13 brumaire (3 dé-
cembre), Billaud-Varenne se laissa entraîner "Le lion n'est pas mort quand il sommeille, et à
son réveil il extermine tous ses ennemis". Paris prit peur d'événements sanglants. Le 19 et
21 brumaire An III (9 et 11 novembre 1794), des actions furent menées par la jeunesse do-
rée (=nouvelle droite) contre le club. Les comités décidèrent de sa fermeture, la Convention
approuva.
Mais seul le CSG s'ouvrit à eux, la Plaine occupait toujours la scène politique.
Les progrès de la droite
La droite (Girondins) obtint le 18 frimaire An III (8 décembre 1794), la réintégra-
tion de députés ayant protesté contre le 31 mai 1792 par la Convention. Les Thermidoriens
étaient contre, mais voulaient avoir une large majorité. Les Montagnards approuvèrent aussi
pensant ainsi, par de la clémence, sauver leurs chefs. Mais ensuite, les Girondins quittèrent
la majorité, car elle refusait la réintégration de 21 députés mis hors la loi le 31 mai. Barère,
Collot d'Herbois, Billaud-Varenne et Vadier furent poursuivis par la Convention, malgré les
Montagnards, mais le peuple les retenait. La jeunesse dorée brisait les bustes de Marat ; il
fut "dépanthéonisé".
La Convention doit juger les hommes de l'An II
La jeunesse dorée triomphait ; en mars/février 1795, les modérés étaient puissants.
Les Jacobins perdaient toujours + de sections, même les sections néo-hébertistes. 200 ac-
teurs de l'An II perdirent leurs droits civiques et furent méprisés. Il est exigé que la Conven-
tion les juge. Les comités furent purgés en fonction de critères sociaux (pas de travailleurs
manuels) ; ils voulaient en finir avec ces "misérables sans instruction".
Le 5 ventôse An III (23 février 1795), la Convention assigne à résidence avec sur-
veillance des municipalités les destitués depuis Thermidor. Le 12 ventôse (2 mars), ils fu-
rent arrêtés. Les émigrés pouvaient, sous condition d'effectuer un L manuel, rentrer et re-
trouver biens ou indemnités. Les Girondins sont réintégrés le 18 ventôse (hors-la-loi).
Les militaires s'offusquaient. Jacobins et néo-hébertistes se rapprochaient. Les
thermidoriens se divisèrent. Tallien et Fréron restaient à droite, mais les dantonistes se rap-
prochaient de la Montagne (Lecointre) = indépendants.
Le 2 germinal (22 mars), on débattait sur Barère, Collot d'Herbois, Billaud-
Varenne. Très vigoureuse défense (Cambon, Carnot). Le 8 germinal, Merlin de Thionville
propose une nouvelle assemblée élue selon constitution de 1793 qui les jugerait. Plaine et
thermidoriens refusèrent.
Chouannerie et Vendée
Avant le 9 thermidor, le royalisme avait repris de la vigueur dans l'Ouest, à cause
des répressions brutales. Meneurs : le prêtre Cottereau dit Jean Chouan, Joseph de Puisaye.
Le Gouvernement fut d'abord clément : amnisties. Le 2 décembre, la Convention (Carnot)
vota un décret accordant l'amnistie à tous ceux qui déposeraient les armes avant un mois.
Accord le 15 février avec Charrette : pardon+reconstructions+indemnisations. La liberté de
culte fut accordé même aux réfractaires. D'autres accords. Considérés par beaucoup comme
une capitulation devant les rebelles. Mais la république gagnait ainsi les paysans (religion,
sécurité), les dissociant de leurs chefs. Le 3 ventôse (21 février), la liberté de culte fut décré-
tée (Grégoire), mais il fut précisé que le christianisme restait "servile par sa nature, auxi-
liaire du despotisme par son essence, intolérant et dominateur, abrutissant pour l'espèce hu-
maine, complice de tous les crimes des rois". Lanjuinais obtint le 11 prairial (30 mai), la ré-
ouverture des églises.
La fin du dirigisme
Lors de l'hiver, les prix étaient très élevés, privant les non fortunés. Les paysans
résistaient aux réquisitions et les comités hésitaient à employer la force qui répugnait l'opi-
nion. Le peuple ne croyait plus en la contrainte et la réquisition. L'autoconsommation pay-
sanne augmenta. L'hiver bloquait les transports acheminant le grain venu de l'étranger. Le
peuple pensait que la fin des maximum apporterait offre et finalement baisse des prix et ré-
clama donc la liberté totale du commerce. Le commerce extérieur fut libéré progressivement
(ennemi). Le 4 nivôse (24 décembre), le maximum fut aboli. Déjà, le peuple en a peur.
Les contrastes de la société s'accusent
La monnaie-papier s'effondra en hiver/printemps 1795, entraînant dans sa chute les
détenteurs de revenus fixes, car les échanges internationaux rendirent évidents le fonction-
nement de la planche à billets pendant la guerre. Les denrées atteignirent des prix considé-
rables. La valeur de l'assignat passe de 31% de sa valeur initiale en juillet 1794, à 20% en
décembre et 8% en mars. Sur base 100 en 1790, la prix des denrées atteint 580 en janvier
1795 et 900 en avril. Les contrastes sociaux s'étalaient aux yeux de tous ; bals et disette co-
habitaient. La misère toucha salariés, petits boutiquiers, mais aussi petits rentiers, pension-
naires et employés de l'Etat colère populaire contre Convention.
Germinal
Le 12 germinal an II opposa le peuple à la bourgeoisie. Le 1er germinal (21 mars),
des femmes du faubourg Saint-Antoine avaient entraîné des sectionnaires à la Convention
pour exiger la constitution de 1793 et des remèdes contre la disette. La jeunesse dorée se
battait avec des artisans du faubourg. Aussi entre le 7 et 9. Le 10, les assemblées de sections
populaires devinrent houleuses. Dans le centre et l'ouest de Paris, on réclamait le châtiment
de Barère et Co.
La révolte débuta dans la Cité : au matin, femmes provoquèrent attroupement au-
tour des boutiques et les sans-culottes se rassemblaient autour de Notre-Dame. Van Eck ré-
unît une assemblée, direction la Convention, beaucoup de mécontents la rejoignirent. Entre
13 et 14h, les portes des Tuileries furent forcées. Dans l'assemblée, ils crièrent : "Du pain!
Du pain!" et lisèrent des pétitions. Les bataillons fidèles de l'Ouest avaient des difficultés à
venir à cause des attroupements. Les Tuileries sont évacuées à 18h.
La droite en sort renforcée. Le soir même, Barère, Billaud-Varenne et Collot
d'Herbois furent déportés sans jugement en Guyane. 8 députés montagnards (Charles et
Léonard Bourdon) furent décrétés d'arrestation. Le 13, la section de Gravilliers refusa de li-
vrer Bourdon, il fallut employer le bataillon du Temple. Le 16, 8 autres députés furent dé-
crétés d'accusation (Cambon, Lecointre ralliés depuis peu à la Montagne). Le 21 germinal
(10 avril), on décida de sarmer "tous les hommes connus ayant participé aux horreurs
commises sous la tyrannie qui a précédé le 9 thermidor" ; 1600 parisiens furent privés de
droits civiques.
Une partie des thermidoriens craignait cette évolution vers la droite. Le 12 floréal
(1er mai), Chénier et Louvet dénoncèrent le royalisme et firent voter un décret contre les
émigrés et les réfractaires. Le grondement du peuple des faubourgs évita la scission. La fa-
mine gagna Paris maladies et suicides. Le peuple regrette son roi ou Robespierre. Le mot
d'ordre pour l'insurrection à venir était : "Du pain et la Constitution de 93".
Prairial
A l'aube du 1er prairial an III (20 mai 1795), le tocsin réveille d'abord les faubourgs
Saint-Antoine et Saint-Marceau. Les femmes se rassemblent et invitent les hommes à mar-
cher sur la Convention, cette fois armés. A 13h, le cortège débute "Du pain ou la mort" "Du
pain et la Constitution de 1793". Les troupes et disposées autour de Paris et la GN sont mo-
bilisées. Mais les soldats étaient favorables aux insurgés, d'où peu d'actions. Les bataillons
du faubourg Saint-Antoine prennent les armes aux côtés des insurgés. A 15h30, ils permet-
tent la percée définitive dans la Convention. Un opposant conventionnel Féraud est tué et sa
tête placée sur une pique. Ils vociférèrent. Vers 21h, ils exigèrent les députés reprissent leurs
délibérations. Les Montagnards firent adopter des motions appuyées par les tribunes : mise
en liberté des patriotes et députés arrêtés en germinal, arrestation de 5 membres. A 23h30,
des gardes nationaux fidèles de l'Ouest (Raffet, Legendre) les font sortir. La Convention li-
bérée vote l'arrestation de 14 députés montagnards (Prieur de la Marne, Rome, Bourbotte).
Le 2 prairial, les bataillons de la section du faubourg Saint-Antoine, censés proté-
ger la Convention, retournèrent leurs canons contre celle-ci, les autres sections suivirent.
Les députés négociateurs promirent de régler problèmes de subsistance Fin.
Comme en germinal, les masses n'étaient pas dotées de direction et hésitaient à se
saisir de la souveraineté. Cette fois, la GN a désobéit et fraternisée avec insurgés.
Les derniers jours du faubourg Saint-Antoine
Les comités rassemblèrent 40 000 hommes de confiance qui nétrèrent dans le
faubourg SA le 4, devant son refus de désarmer, les insurgés durent capituler. A la Conven-
tion, on continua d'arrêter des députés, de +en+. Les sections furent épurées : 1200 incarcé-
rés, 1700 désarmés (=privés de tout droit). Une commission militaire prononça 76 condam-
nations dont 36 à mort : Romme, Goujon, Duquesnoy se suicidèrent auparavant ; Soubrany,
Duroy et Bourbotte furent guillotinés mourants. La GN fut épurée des citoyens nécessiteux
le 28 prairial.
La République victorieuse sera-t-elle pacifique?
Début septembre 1794, l'offensive avait repris, après l'entrée des troupes françaises
à Liège et Anvers, contre les Autrichiens dans le pays de Liège, contre les Prussiens dans la
région de Trèves et contre les Anglo-Hollandais. Le 6 octobre Cologne fut prise, Bonn le 8,
puis Coblence. A la fin du mois, les Prussiens évacuèrent la rive gauche du Rhin. Pichegru
conquit la Hollande de manière spectaculaire, si bien que les Anglais durent abandonner les
Hollandais. La coalition était minée de l'intérieur ; Ferdinand III de Toscane, la Prusse, Fré-
déric II (intéressé par Pologne) voulaient la paix. Le roi de Prusse, mécontent du partage
austro-russe de la Pologne, négocia avec la France. Mais si beaucoup de Français se seraient
contentés de la frontière Meuse et de la paix, une minorité (Sieyès, Reubell) voyaient obsti-
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