Thermidor ou l`impossible oubli

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Thermidor ou l'impossible oubli
La Terreur survivra-t-elle à Robespierre?
Tous se réjouissaient des exécutions : ouvriers, sociétés populaires, assemblées de
section, bourgeois. Il fallait condamner les personnalités et exalter le système. Robespierre
est accusé d'avoir calomnié l'armée, de vouloir une nouvelle Saint-Barthélemy, une restauration royaliste et de nourrir une ambition insatiable. Il est affirmé que son austérité de mœurs
est fausse et donc sa vertu aussi. Les principes de gouvernement révolutionnaire et de terreur ne furent pas oubliés ; le changement n'est que très modeste. Il n'y a aucune indulgence
pour aristocrates.
La Plaine aspire à sortir de son silence
Le gouvernement révolutionnaire ne pouvait se maintenir que si le cartel contre
Robespierre n'éclatait pas. Les membres des anciens comités, Collot d'Herbois, BillaudVarenne, Vadier voulaient conserver le pouvoir. Les masses voyaient leurs sauveurs dans
Tallien, Fréron, Barras, Merlin de Thionville, mais aussi dans Legendre et Lecointre = dantonistes+ultra-terroristes repentis qui veulent prendre le pouvoir.
Les politiques de la Plaine, qui avaient rejoint les rangs de la Montagne car Robespierre déclarait le Marais fini, rejoignent la Plaine, accompagnés de vieux Montagnards assagis. Le centre a accepté de lâcher Robespierre uniquement pour reprendre le pouvoir ; bon
nombre de membres (Sieyès, Cambacérès, Thibaudeau = authentiques représentants du
tiers) nourrissent des ambitions. Les modérés veulent pouvoir enfin appliquer leur politique,
après s'être rangés derrière la coupe du CSP. Pour eux, le gouvernement révolutionnaire à
apporté ce qu'il fallait, il faut y mettre un terme ; au lieu du terrorisme, la liberté individuelle, au lieu du dirigisme, la liberté éco, au lieu de la dictature d'un clan, l'autorité de la
Convention.
Les vainqueurs de Thermidor sont divisés
Le 11 thermidor, Tallien refusait une dictature prolongée des mêmes sur les
mêmes Convention vote comité renouvelé par quart tous les mois + intervalle de 1 mois
avant réélection. Tallien entre au CSP, Merlin de Thionville et Legendre au CSG ; partage
entre les 2 groupes. Le 7 fructidor An II (24 août 1794), les commissions exécutives
(=ministères) sont rattachées aux commissions parlementaires (Cambon). Le CSP s'efface
derrière ses paires et ne conserve qu'affaires militaires et étrangères. La Commune de Paris
est supprimée, le pouvoir des sections affaibli. Mais le CSP jouit toujours d'un immense
pouvoir. Les institutions changèrent, pas les hommes. Billaud et Varenne luttèrent avec ardeur contre les Montagnards repentis, devenus mous, pas assez extrêmes pour eux.
La division intervient très vite ; à la suite d'un réquisitoire de Lecointre, Barère,
Billaud-Varenne et Collot d'Herbois (populaires parmi les sans-culottes et nouveaux meneurs) quittèrent le CSP (1er septembre). Mais la Convention flétrit Lecointre et pousse Tallien et Fréron à la démission le 15 fructidor. Les extrémistes ont donc finalement échoué
lors du 9 thermidor.
L'été de la libération
Le peuple réclamait libération des prisonniers que ce soit les accusés d'hébertismes, des bourgeois accusés d'aristocratisme, des généraux de la république ou encore des
nobles, la Convention céda le 18 thermidor (5 août). Les comités révolutionnaires doivent
désormais motiver leurs arrestations. Gaieté et goût du divertissement reprirent leurs droits.
Un Tout-Paris naissait.
Les muscadins
Le 17 fructidor, Tallien et Fréron (extrémistes) sont exclus des Jacobins alliance
avec les Girondins (opprimés+oppresseurs!) = nouvelle droite. Mobilisation rue et presse
par Cordeliers. Meneurs de la "jeunesse dorée de Fréron" : Barras, Tallien, Merlin de
Thionville et personnalités du spectacle (acteur Quesnel, Henri) et de la presse (Isidore Langlois). Grande attention à la toilette opposants les appellent "muscadins". Ils fourmillent
partout : théâtre, café, section, opinion publique.
La presse
Depuis mort d'Hébert, dominée par Jacobins ("censure de l'échafaud" Lacretelle).
Une vraie liberté fut revendiquée. Le 1er fructidor, après maintes réclamation de sections et
journaux, Tallien crie aux Jacobins : "la liberté de la presse ou la mort!". Les journalistes
s'organisent. Le 17 fructidor An II (3 septembre 1794) parut le 1er numéro du Journal de la
liberté de la presse (Babeuf).
 Les frères Bertin des Débats
 Langlois du mesuré Messager du soir
 Michaux de La Quotidienne
 Charles de Lacretelle du Républicain français
 Fréron et l'Orateur du peuple
 Tallien et l'Ami du citoyen
Anciens Feuillants et Girondins penchent pour une monarchie constitutionnelle.
Enorme importance de la presse.
Les Jacobins démasqués
La nouvelle droite (Girondins+thermidoriens anciens Jacobins) veut prendre la
place des Jacobins dans les sections parisiennes et mobiliser l'opinion contre eux ; elle veut
également obliger la Plaine à partager le pouvoir. Elle parvînt à "déjacobiniser" les sections,
grâce à l'appui du peuple qui était las des violences. Les jacobins, qui voulant expulser les
prêtres et les nobles de tous les emplois, étant responsables de massacres (notamment les
proconsuls ; Carrier et les noyades de Nantes) et s'opposant à des libérations abusives, déplaisaient plus au peuple. Il y eut des condamnations. La Convention ayant peur des Jacobins, en fit arrêter 3 le 10 vendémiaire An III (1er octobre 1794). Le 13 brumaire (3 décembre), Billaud-Varenne se laissa entraîner "Le lion n'est pas mort quand il sommeille, et à
son réveil il extermine tous ses ennemis". Paris prit peur d'événements sanglants. Le 19 et
21 brumaire An III (9 et 11 novembre 1794), des actions furent menées par la jeunesse do-
rée (=nouvelle droite) contre le club. Les comités décidèrent de sa fermeture, la Convention
approuva.
Mais seul le CSG s'ouvrit à eux, la Plaine occupait toujours la scène politique.
Les progrès de la droite
La droite (Girondins) obtint le 18 frimaire An III (8 décembre 1794), la réintégration de députés ayant protesté contre le 31 mai 1792 par la Convention. Les Thermidoriens
étaient contre, mais voulaient avoir une large majorité. Les Montagnards approuvèrent aussi
pensant ainsi, par de la clémence, sauver leurs chefs. Mais ensuite, les Girondins quittèrent
la majorité, car elle refusait la réintégration de 21 députés mis hors la loi le 31 mai. Barère,
Collot d'Herbois, Billaud-Varenne et Vadier furent poursuivis par la Convention, malgré les
Montagnards, mais le peuple les retenait. La jeunesse dorée brisait les bustes de Marat ; il
fut "dépanthéonisé".
La Convention doit juger les hommes de l'An II
La jeunesse dorée triomphait ; en mars/février 1795, les modérés étaient puissants.
Les Jacobins perdaient toujours + de sections, même les sections néo-hébertistes. 200 acteurs de l'An II perdirent leurs droits civiques et furent méprisés. Il est exigé que la Convention les juge. Les comités furent purgés en fonction de critères sociaux (pas de travailleurs
manuels) ; ils voulaient en finir avec ces "misérables sans instruction".
Le 5 ventôse An III (23 février 1795), la Convention assigne à résidence avec surveillance des municipalités les destitués depuis Thermidor. Le 12 ventôse (2 mars), ils furent arrêtés. Les émigrés pouvaient, sous condition d'effectuer un L manuel, rentrer et retrouver biens ou indemnités. Les Girondins sont réintégrés le 18 ventôse (hors-la-loi).
Les militaires s'offusquaient. Jacobins et néo-hébertistes se rapprochaient. Les
thermidoriens se divisèrent. Tallien et Fréron restaient à droite, mais les dantonistes se rapprochaient de la Montagne (Lecointre) = indépendants.
Le 2 germinal (22 mars), on débattait sur Barère, Collot d'Herbois, BillaudVarenne. Très vigoureuse défense (Cambon, Carnot). Le 8 germinal, Merlin de Thionville
propose une nouvelle assemblée élue selon constitution de 1793 qui les jugerait. Plaine et
thermidoriens refusèrent.
Chouannerie et Vendée
Avant le 9 thermidor, le royalisme avait repris de la vigueur dans l'Ouest, à cause
des répressions brutales. Meneurs : le prêtre Cottereau dit Jean Chouan, Joseph de Puisaye.
Le Gouvernement fut d'abord clément : amnisties. Le 2 décembre, la Convention (Carnot)
vota un décret accordant l'amnistie à tous ceux qui déposeraient les armes avant un mois.
Accord le 15 février avec Charrette : pardon+reconstructions+indemnisations. La liberté de
culte fut accordé même aux réfractaires. D'autres accords. Considérés par beaucoup comme
une capitulation devant les rebelles. Mais la république gagnait ainsi les paysans (religion,
sécurité), les dissociant de leurs chefs. Le 3 ventôse (21 février), la liberté de culte fut décrétée (Grégoire), mais il fut précisé que le christianisme restait "servile par sa nature, auxiliaire du despotisme par son essence, intolérant et dominateur, abrutissant pour l'espèce hu-
maine, complice de tous les crimes des rois". Lanjuinais obtint le 11 prairial (30 mai), la réouverture des églises.
La fin du dirigisme
Lors de l'hiver, les prix étaient très élevés, privant les non fortunés. Les paysans
résistaient aux réquisitions et les comités hésitaient à employer la force qui répugnait l'opinion. Le peuple ne croyait plus en la contrainte et la réquisition. L'autoconsommation paysanne augmenta. L'hiver bloquait les transports acheminant le grain venu de l'étranger. Le
peuple pensait que la fin des maximum apporterait offre et finalement baisse des prix et réclama donc la liberté totale du commerce. Le commerce extérieur fut libéré progressivement
(ennemi). Le 4 nivôse (24 décembre), le maximum fut aboli. Déjà, le peuple en a peur.
Les contrastes de la société s'accusent
La monnaie-papier s'effondra en hiver/printemps 1795, entraînant dans sa chute les
détenteurs de revenus fixes, car les échanges internationaux rendirent évidents le fonctionnement de la planche à billets pendant la guerre. Les denrées atteignirent des prix considérables. La valeur de l'assignat passe de 31% de sa valeur initiale en juillet 1794, à 20% en
décembre et 8% en mars. Sur base 100 en 1790, la prix des denrées atteint 580 en janvier
1795 et 900 en avril. Les contrastes sociaux s'étalaient aux yeux de tous ; bals et disette cohabitaient. La misère toucha salariés, petits boutiquiers, mais aussi petits rentiers, pensionnaires et employés de l'Etat colère populaire contre Convention.
Germinal
Le 12 germinal an II opposa le peuple à la bourgeoisie. Le 1er germinal (21 mars),
des femmes du faubourg Saint-Antoine avaient entraîné des sectionnaires à la Convention
pour exiger la constitution de 1793 et des remèdes contre la disette. La jeunesse dorée se
battait avec des artisans du faubourg. Aussi entre le 7 et 9. Le 10, les assemblées de sections
populaires devinrent houleuses. Dans le centre et l'ouest de Paris, on réclamait le châtiment
de Barère et Co.
La révolte débuta dans la Cité : au matin, femmes provoquèrent attroupement autour des boutiques et les sans-culottes se rassemblaient autour de Notre-Dame. Van Eck réunît une assemblée, direction la Convention, beaucoup de mécontents la rejoignirent. Entre
13 et 14h, les portes des Tuileries furent forcées. Dans l'assemblée, ils crièrent : "Du pain!
Du pain!" et lisèrent des pétitions. Les bataillons fidèles de l'Ouest avaient des difficultés à
venir à cause des attroupements. Les Tuileries sont évacuées à 18h.
La droite en sort renforcée. Le soir même, Barère, Billaud-Varenne et Collot
d'Herbois furent déportés sans jugement en Guyane. 8 députés montagnards (Charles et
Léonard Bourdon) furent décrétés d'arrestation. Le 13, la section de Gravilliers refusa de livrer Bourdon, il fallut employer le bataillon du Temple. Le 16, 8 autres députés furent décrétés d'accusation (Cambon, Lecointre ralliés depuis peu à la Montagne). Le 21 germinal
(10 avril), on décida de désarmer "tous les hommes connus ayant participé aux horreurs
commises sous la tyrannie qui a précédé le 9 thermidor" ; 1600 parisiens furent privés de
droits civiques.
Une partie des thermidoriens craignait cette évolution vers la droite. Le 12 floréal
(1er mai), Chénier et Louvet dénoncèrent le royalisme et firent voter un décret contre les
émigrés et les réfractaires. Le grondement du peuple des faubourgs évita la scission. La famine gagna Paris maladies et suicides. Le peuple regrette son roi ou Robespierre. Le mot
d'ordre pour l'insurrection à venir était : "Du pain et la Constitution de 93".
Prairial
A l'aube du 1er prairial an III (20 mai 1795), le tocsin réveille d'abord les faubourgs
Saint-Antoine et Saint-Marceau. Les femmes se rassemblent et invitent les hommes à marcher sur la Convention, cette fois armés. A 13h, le cortège débute "Du pain ou la mort" "Du
pain et la Constitution de 1793". Les troupes et disposées autour de Paris et la GN sont mobilisées. Mais les soldats étaient favorables aux insurgés, d'où peu d'actions. Les bataillons
du faubourg Saint-Antoine prennent les armes aux côtés des insurgés. A 15h30, ils permettent la percée définitive dans la Convention. Un opposant conventionnel Féraud est tué et sa
tête placée sur une pique. Ils vociférèrent. Vers 21h, ils exigèrent les députés reprissent leurs
délibérations. Les Montagnards firent adopter des motions appuyées par les tribunes : mise
en liberté des patriotes et députés arrêtés en germinal, arrestation de 5 membres. A 23h30,
des gardes nationaux fidèles de l'Ouest (Raffet, Legendre) les font sortir. La Convention libérée vote l'arrestation de 14 députés montagnards (Prieur de la Marne, Rome, Bourbotte).
Le 2 prairial, les bataillons de la section du faubourg Saint-Antoine, censés protéger la Convention, retournèrent leurs canons contre celle-ci, les autres sections suivirent.
Les députés négociateurs promirent de régler problèmes de subsistance Fin.
Comme en germinal, les masses n'étaient pas dotées de direction et hésitaient à se
saisir de la souveraineté. Cette fois, la GN a désobéit et fraternisée avec insurgés.
Les derniers jours du faubourg Saint-Antoine
Les comités rassemblèrent 40 000 hommes de confiance qui pénétrèrent dans le
faubourg SA le 4, devant son refus de désarmer, les insurgés durent capituler. A la Convention, on continua d'arrêter des députés, de +en+. Les sections furent épurées : 1200 incarcérés, 1700 désarmés (=privés de tout droit). Une commission militaire prononça 76 condamnations dont 36 à mort : Romme, Goujon, Duquesnoy se suicidèrent auparavant ; Soubrany,
Duroy et Bourbotte furent guillotinés mourants. La GN fut épurée des citoyens nécessiteux
le 28 prairial.
La République victorieuse sera-t-elle pacifique?
Début septembre 1794, l'offensive avait repris, après l'entrée des troupes françaises
à Liège et Anvers, contre les Autrichiens dans le pays de Liège, contre les Prussiens dans la
région de Trèves et contre les Anglo-Hollandais. Le 6 octobre Cologne fut prise, Bonn le 8,
puis Coblence. A la fin du mois, les Prussiens évacuèrent la rive gauche du Rhin. Pichegru
conquit la Hollande de manière spectaculaire, si bien que les Anglais durent abandonner les
Hollandais. La coalition était minée de l'intérieur ; Ferdinand III de Toscane, la Prusse, Frédéric II (intéressé par Pologne) voulaient la paix. Le roi de Prusse, mécontent du partage
austro-russe de la Pologne, négocia avec la France. Mais si beaucoup de Français se seraient
contentés de la frontière Meuse et de la paix, une minorité (Sieyès, Reubell) voyaient obsti-
nément la frontière naturelle au Rhin. Les adversaires de la République exigeaient les limites de 89. Devant le peuple patriotique, les thermidoriens cédèrent. Au traité de Bâle (5
avril 1795), la Prusse accepta. Les bataves voulaient faire une république sœur, le traité du
16 mai 1795 (27 floréal) leur impose d'être un protectorat. La Belgique est "réunie" le 1er octobre (9 vendémiaire an IV). La Hollande devait verser argent et la France se servit en
œuvres d'art.
Le 17 septembre, Dugommier, commandant l'armée des Pyrénées orientales, libéra
Bellegarde et envahit la Catalogne, il meurt, Pérignon, son successeur, s'empare de Rosas le
3 février 1795. Moncey prend Bilbao. La paix est signée à Bâle le 22 juillet 1795 ; la France
gagna la moitié espagnole de Saint-Domingue et libère Catalogne et Pays basque.
Mais l'Angleterre et l'Autriche resserre leur alliance. En mai 1795, François II
masse 2 fortes armées à la frontière française (rive droite du Rhin et Ruhr). L'armée républicaine avait fondu, désertion n'étant + aussi grave : 250 000 aux frontières du Nord et de
l'Est. Pichegru ne voulait bouger, Jourdan pris Luxembourg le 7 mai, le 6 septembre, il franchit le Rhin près de Düsseldorf, mais sans l'aide de Pichegru dut de replier sur rive gauche
du Rhin.
La Terreur blanche sévit à Lyon et Marseille
Après l'échec de la révolte royaliste de 1793, Lyon avait tout perdu : ses enfants
guillotinés et mitraillés par centaines, son nom, son âme Les canuts réduits au chômage
regrettaient la royauté. Dès février 1795, on chassait ou jetait dans le Rhône les Jacobins, en
mars on assassinait, en mai les prisons furent assaillies (massacres). Dans le Sud, les villes
blanches (Aix) s'opposaient aux villes bleues (Toulon, Arles, Nîmes). Fin février, les massacres commençaient à Nîmes, le 10 mai (21 floréal), les royalistes incendiaient les prisons
d'Aix et tuèrent 60 jacobins. Le 17 mai, patriotes et ouvriers toulonnais s'insurgèrent et voulurent délivrer les prisonniers de Marseille ; les royalistes marseillais les dispersèrent. Partout, on tua.
Le roi des modérés meurt dans sa prison
Le décret du 21 nivôse (10 janvier) et 22 germinal (11 avril) avaient permis à de
nombreux émigrés de rentrer en se faisant passer pour travailleurs manuels ou anciens Girondins. Le tribunal révolutionnaire disparut le 12 prairial (31 mai), puis les certificats de
civisme le 8 thermidor (5 août) = sanctions – redoutables. Le royalisme gagnait dans l'opinion. Certains conventionnels furent gagnés.
Les partisans du pouvoir absolu se groupaient autour du comte de Provence et du
comte d'Artois. Mais la France, à part la Bretagne, les repoussait. Monarchistes constitutionnels : Mallet du Pan, archevêque Champion de Cicé + républicains déçus. Mais le jeune
fils de Louis XVI, Louis XVII mourut dans la prison du Temple le 8 juin 1795 = découragement des royalistes, triomphe des républicains. Le comte de Provence prit le nom de
Louis XVIII et signa le 24 juin une proclamation interdisant toute restauration pacifique, il
veut rétablir les 3 ordres, consacrer l'Eglise romaine comme religion d'Etat et restaurer les
parlements.
Quiberon
Malgré les faveurs consenties, l'Ouest était toujours en effervescence. Le 4 prairial
an III (24 mai 1795), on découvrit une lettre projetant un soulèvement. Le lendemain, Hoche
brisa les débuts d'insurrection en Bretagne. Le 23 juin (5 messidor), la flotte anglaise permis
le débarquement au large d'Audierne d'émigrés. Le 25, Charrette lança en Vendée un appel
aux armes. Les 2 chefs Puisaye (soutenu par GB, pour libéralisme) et d'Hervilly (pour monarque absolu, GB=ennemi) se disputèrent Hoche bloqua chouans et émigrés dans la
presqu'île de Quiberon. Le 21 juillet (3 thermidor), il lança l'attaque finale de fort de Penthièvre le gros de la troupe = prisonnier (PuisayeGB). 748/750 émigrés = fusillés ;
chouans = acquittés. Charrette fait fusiller tous ses prisonniers.
La majorité menacée
Les monarchistes constitutionnels condamnèrent l'appel aux Anglais, mais ne pardonnèrent pas aux thermidoriens (Tallien) l'exécution des émigrés ; ils craignaient un retour
à la férocité. Il se produit un certain sursaut de révolution : les muscadins sont chassés, la
Marseillaise est jouée tous les jours pour "entretenir l'énergie des vrais républicains", des
anciens jacobins furent libérés par Convention le 6 thermidor (24 juillet) effroi et réaction
des journalistes modérés et jeunesse dorée. L'opinion se divisa fortement  coalition, mais la
Convention désirait la préserver, chacun voulant préserver la majorité. Le décret du 6 thermidor fut rapporté le 19 (8 août) et 10 députés montagnards (Fouché) furent décrétés d'accusation. Le centre, tel Robespierre, appelait à la réconciliation de tous ceux qui avaient contribué à la Révolution. La droite, après Quiberon, s'en tirait bien.
Une Constitution de maturité
Il n'était + question d'appliquer la constitution de juillet 1793. Depuis le 29 germinal (11 avril), une commission préparait une nouvelle charte : 6 anciens girondins (Daunou),
2 Plaine, 1 montagnard repenti (Thibaudeau), 1 montagnard (Berlier). La Constitution, précédée d'une Déclaration des droits et d'une Déclaration des devoirs, fut votée le 5 fructidor
an III (22 août 1795). Le régime est libéral et bourgeois. Le "bonheur commune" devient
une fin, non un droit, l'égalité passe par un nivellement, elle est enfin définie positivement :
"L'égalité consiste en ce que la loi est la même pour tous". Le droit à l'insurrection est supprimé. Le scrutin devient secret = - de violence. Il y a refus de la souveraineté, l'Etat s'efface
devant société civile. On refusa à Sieyès la séparation des pouvoirs. Le Corps législatifs est
divisé en 2 : le Conseil des Cinq-Cents qui a l'initiatives des résolutions et le Conseil des
Anciens qui les transforme en lois. Le pouvoir est confié à un Directoire composé de 5
membres choisis par CA sur proposition du CCC. Choisit les électeurs tout Français majeur
domicilié depuis 1 an au même endroit et payant – même volontairement – une contribution.
On était électeur à partir de 25 ans, membres du CCC à partir de 30, du CA à partir de 40.
Tous les renouvellements n'étaient que partiels pour éviter raz-de-marée.
Le décret des deux tiers
Les conventionnels ayant peur d'être remplacé par des individus non liés à la Révolution, décidèrent le 5 fructidor (22 août) que les 2/3 des futurs représentants devraient
être issus de la précédente assemblée. L'opinion appréciait la nouvelle constitution, mais pas
les 2/3 et le fait de donner le droit de vote aux désarmés de germinal et prairial, elle désirait
rompre (avec notamment Tallien et Marie-Joseph Chénier).
Les assemblées primaire qui devaient plébisciter constitution et décret se réunirent
entre le 20 fructidor (6 septembre 1795) et le 1er vendémiaire an IV (23 septembre). Toutes
les sections de Paris, sauf celle des Quinze-Vingts, repoussèrent les décrets. Résultats : pour
la constitution 914 853 oui et 41 832 non, pour les décrets 177 758 oui et 95 373 non. Certaines sections veulent l'insurrection au nom de la souveraineté du peuple, elles voulaient
démocratie directe  corps représentatif.
Le 13 vendémiaire
Entre le 1er et la 13 vendémiaire, la jeunesse dorée se répandit dans les sections. Le
10, on apprit que des troubles avaient eu lieu autour de Dreux et qu'on y avait vu le drapeau
blanc la section Le Peletier appela les sections à se rassembler en armes le lendemain au
Théâtre-Français peu d'échoéchec. Mais, le 11 au soir, la Convention décida de confier
les pleins pouvoirs à une commission de 5 membres (Barras), de faire appel aux officiers
destitués pour jacobinisme, aux volontaires des faubourgs et des quartiers populaires, aux
anciens terroristes sortis de prison (="patriotes de 89") pour constituer 3 bataillons. L'opinion voyait le spectre de l'an II. Dans la soirée du 12, la Convention remplace le général
Menou par Barras entouré de Brune, Carteaux et Bonaparte (modérés) ; ils disposaient de
5000 soldats et 1500 "patriotes de 89". Le comité central de l'insurrection donnait le commandement à un ancien général hébertiste Danican.
Le 13 vendémiaire, il y eut 25 000 insurgés dans Paris. Rive gauche dominait Danican, rive droite Carteaux. Les combats débutèrent à 16h30 rue Saint-Honoré où Bonaparte
surveillait l'église Saint-Roch. La canonnade fit fuir les hommes de Duncan qui tentèrent de
percer. A Saint-Roch, on résista jusqu'au matin du 14 échec des insurgés (300 morts)
Le 17, Tallien et Legendre rompirent avec la droite l'accusant d'avoir soutenu
par son silence les insurgés. Lanjuinais, lui parlait du "massacre de vendémiaire". Les électeurs choisissaient les moins marqués par le passé (le 9 thermidor). Tallien, du haut de la
Montagne, dénonça, entre autres, Lanjuinais comme complice des insurgés. Les "vieux cordeliers" voulaient casser les élections et établir un gouvernement d'exception. La Plaine ne
s'y trompa pas et ne fit renvoyer les "patriotes de 89", les officiers destitués depuis thermidor étaient réintégrés. Le Marais triomphait.
La République bourgeoise
L'installation
Des Conventionnels qu'ils étaient obligés de reprendre, les électeurs, condamnant
les régicides, choisirent les + modérés (ou des repentis reconvertis au royalisme : Lanjuinais) lors des élections de vendémiaire an IV, les parlementaires cooptés (ceux choisit par
Conventionnels pour atteindre 2/3) étaient de gauche, le tiers véritablement élu était très fortement royaliste et contre-révolutionnaire. On tira au sort, parmi les + de 40 ans, les 250
ceux qui seront au CA, les autres au CCC.
 Gauche : (300)
 Une minorité de gauche se réclame encore du jacobinisme et de l'an II.
 Au gauche, il y avait surtout les thermidoriens qui avaient fusillé les émigrés à Quiberon et réprimé l'insurrection du 13 vendémiaire ; ils restent attachés aux conquêtes révolutionnaires (ex terroristes : Barras, Tallien Merlin de Douai ; ex Girondins : Louvet, Marie-Joseph Chénier).
 Centre : formé par les "directoriaux" qui veulent faire appliquer la légalité des nouvelles
institutions (Letourneur, Daunou, Ramel, Roger Ducos = très républicain ; Carnot, Thibaudeau, Cambacérès).
 Droite : (160)
 Monarchisme constitutionnel (Anciens Feuillants : Dupont de Nemours)
réconcilier France et émigration ; où trouver leur roi?
 Extrême droite : farouchement contre-révolutionnaire (députés du Sud-est :
Lanjuinais) = Terreur blanche.
Les directeurs
Le choix des 5 directeurs fut ardu, car ils disposaient de pouvoirs très étendus : diplomatie, guerre, police générale, haute main sur l'administration provinciale et pouvoir
d'interprétation des lois. Le CCC devait dresser liste de 50 parmi lesquels CA en choisirait
5. La majorité (=ancienne Convention) choisit 45 obscurs et 5 Conventionnels notoires
CA obligé de les choisir. Il y a donc aussi les 2/3 pour l'exécutif : La Révellière-Lépeaux
(ancien Girondin, haine des prêtres), Reubell (ancien terroriste, homme de vendémiaire et
des mesures d'exception), Barras (idem), Sieyès, Letourneur. Sieyès se récuse, boudant le
refus de son projet de constitution. CCC choisit 10 noms (2/3 imposèrent Carnot et obscurs)
CA choisit Carnot (a failli être décrété d'accusation).
Querelles, rivalités entre les 5 :
 Carnot et Letourneur, élus comme Jacobins, se modèrent très vite (conservateurs), se
prononcent contre guerre. Letourneur prend la Marine. Carnot la Guerre.
 La Révellière-Lépeaux condamne le terrorisme, mais reste annexionniste, prend l'instruction publique, les Arts et Manufactures.
 Reubell et Barras très à gauche. Reubell = homme des frontières naturelles. Barras = très
ambitieux et intelligent. Barras prend la Police et l'Intérieur. Reubell la Diplomatie, les
Finances et la Justice.
L'ordre républicain
Les royalistes causent des troubles en province (Amiens, Rouen, Avignon). A
l'Ouest, Charrette a repris les armes en juin à la nouvelle arrivée de l'escadre anglaise.
Hoche peut pacifie, mais emploie toujours moyens militaires (fait rentrer l'impôt, désarme le
paysan, razzias, saisies d'otages, représailles aveugles) soumission des campagnes. Stofflet, qui a reprit les armes en janvier 1796, est pris et fusillé en février à Angers. Charette est
capturé en mars et fusillé à Nantes. Hoche écrase aussi la chouannerie paysanne. A la fin
printemps 1796, la guerre civile est terminée.
La crise économique
La débâcle financière de la Convention devient catastrophique. La dépréciation et
la hausse des prix sont fulgurantes. Les salaires ne suivent pas. Créanciers et salariés sont
misérables, l'agioteur roi. Le nombre d'assignant ne cesse de croître. Le Directoire ferme la
Bourse et suspend ventes des biens nationaux. Des députés veulent supprimer l'assignat et
créer un papier-monnaie émis par une banque de grands capitalistes qui consentirait à l'Etat
sa trésorerie. La majorité s'y oppose par tradition pour Révolution. Pour renflouer l'assignat,
les assemblées imposent un emprunt forcé de 600 millions sur les riches opposition de la
bourgeoisie + impopularité. La création du mandat territorial (nouvelle monnaie) est une catastrophe, il perd très rapidement sa valeur. En février 1797, assignats et mandats perdent
leur valeur de monnaie. Il y a un retour total au numéraire. L'équilibre dépenses-recettes
n'est pas assuré. Les impôts directs rentrent mal, les assemblées sont hostiles à la création
d'impôts indirects. La guerre coûte cher. Le régime vit au jour le jour. Les manieurs d'argent, les spéculateurs, les fournisseurs s'enrichissent.
Les classes populaires sont achevées par les crises de subsistances de 1795/96 issues des moissons déficitaires de 1794/1795. L'hiver 1795/96 est le + glacial de la Révolution extrême misère : mendicité, violent brigandage. En l'an IV, il y a un excédent de 10
000 décès sur les naissances dans la Seine. L'accusation monte contre les riches et les parlementaires avec leur indemnités en bon poids de froment, contre les marchands, les agents
de subsistances, les autorités, le gouvernement.
Agitation jacobine grandit ; dont le Directoire avait facilité la réouverture des
clubs et sociétés pour lutter contre royalistes :
 le club du Panthéon avec Babeuf
 L'Orateur plébéien et les ex Robespierristes
 La Sentinelle et l'ex Girondin Louvet
Le complot babouviste
Le club du Panthéon ouvre en novembre 1795. Au départ, bourgeois thermidoriens
anti-royalistes. Puis, anciens Robespierristes sortis de prison (Toscan Buonarroti). Maratistes, Hébertistes et Robespierristes = réconciliés.
Babeuf, d'abord thermidorien et anti-robespierriste, mais s'éloigne des thermidoriens qu'ils jugent trop modérés (le Tribun du Peuple) et se rapproche des terroristes. 1er
communiste de l'histoire de France. Son action rassemble les prolétaires modernes et les
sans-culottes (camarades qui veulent refaire un 93: Bertrand, Le Peletier – frère du martyr
de 1793 – Drouet). Dès 1789, il se sentait proche des paysans, critique de la propriété privée. Son communisme est fondé sur le partage des biens-fonds et la répartition égalitaire de
la récolte par un magasin commun. Le peuple asservi et trompé doit être libéré par une minorité insurrectionnelle très organisée et décidée à instaurer une dictature populaire (Marat,
Hébertistes) = Théorie du putsch révolutionnaire.
Le terrible hiver 1796 lui donne de l'écho Directoire fait fermé club du Panthéon
le 27 février par Bonaparte, chef de l'armée de l'Intérieur. Fin mars, Babeuf crée un "Directoire secret de salut public" de 7 membres (communistes : Babeuf, Sylvain Maréchal le Manifeste des Egaux ; robespierristes : Félix Le Peletier) qui organise propagande et complot.
Babeuf met en place agents. Les Conventionnels terroristes rendus inéligibles étendent l'organisation à la province. Sont prévus : réquisition des boulangers, distribution de pain gratuit, logement des pauvres chez les ennemis du peuple. Mais le Directoire est au courant.
Barras, informé dès février, se souvient des temps héroïques et de ses amis anciens Conventionnelsil ne dit rien. Carnot, informé en mai, entraîne les autres, Barras tente de
minimiser. Carnot s'acharne pour effacer son passé et devenir un homme d'ordre. Les
conjurés sont cueillis par la police le 21 floréal an IV (10 mai 1796). Carnot déclenche une
campagne de panique (+ tard : péril rouge). Le CCC vote, malgré Tallien, la mise en
accusation de Drouet. 245 mandats d'arrestations sont signés sous l'impulsion de Carnot.
Dans la nuit du 23 au 24 fructidor (9-10 septembre 1796), quelques centaines de
militants jacobins tentent d'entraîner les troupes casernés au camp de Grenelle. Mais les
dragons les attendent et les repoussent (10 morts). Trente accusés au Conseil de Guerre
seront fusillés en automne. Les restes de jacobinisme ont été liquidés. Après un long procès,
Babeuf et Darthé furent condamnés à mort et exécutés en mai 1797.
Un royalisme sans roi
Au printemps 1797 devaient être renouvelés 1/3 des assemblées et un directeur.
Or, 1/3 des Conventionnels reconduits vont être remplacés = risque de gros changements.
L'affaire Babeuf a isolé Reubel et Barras et leur union républicaine contre les royalistes et a
rendu la politique de Carnot, de répression, soutenue par les possédants, majoritaire au
Directoire et dans les conseils. Une grande partie des députés républicains veut se
démarquer de la gauche et se rapprocher d'un centre conservateur = ouverture vers les
monarchistes constitutionnels. La gauche dénonce un dangereux rapprochement avec le
royalisme. Le royalisme s'installe dans le régime, mais c'est pour le détruire.
Heureusement, les royalistes sont divisés. Les frères de Louis XVI complotent
depuis l'étranger contre le Directoire. Les notables modérés, basés à Clichy, (Mathieu
Dumas) désirent une monarchie constitutionnelle, mais ils n'ont pas de roi, car les frères de
Louis XVI n'apporteraient que terreur blanche et vengeance. Il leur faut un prince libéral. Le
duc d'Orléans estdeshonoré par sonpère Philippe Egalité et ils ont cherché en vain une
dynastie étrangère. Ils sont condamnés à la républiques des thermidoriens ou à la république
des chouans. Louis XVIII a accepté le plan de l'ancien Constituant Dandré : présenter des
candidats sous l'égide d'une institution philantropoique rassurante (ordre et paix), le but
étant la restauration. En 1797, le complot est dénoncé, les peines sont clémentes, beaucoup
de Clichyens s'étaient ralliés au complot. Les élections n'en sont que + passionnées.
Les républicains modérés et les royalistes constitutionnels acceptent désormais le
catholicisme avec la révolution, il devient un pillier de la société garant de la sagesse du
peuple ; les Français ne s'en étaient jamais vraiment détachés malgré la Terreur. Entre mai et
septembre, les assemblées, sous l'impulsion de Carnot, adoucissent les lois contre l'Eglise
(patience et tolérance à l'égard des prêtres réfractaires). Carnot veut néocier avec Pie VI une
pacification religieuse, mais Reubell et Delacroix obtiennent un échec, car une bulle avait
condamné la Constitution civile.
Début 1797, le ralliement a échoué. Barras domine contre Carnot avec
annexionisme et anticléricalisme.
La crise de Fructidor
Le Directoire prépare les élections et interdit le 7 ventôse an IV (25 février 1797)
le vote de ceux qui ont été inscrit sur liste d'émigrés. Le 25 ventôse (15 mars) il demande
aux assemblées d'exiger aux élus par les assemblées primaires de prêter serment de haine à
la royauté et à l'anarchie refus. Mais la bourgeoisie souhaite la paix intérieure et
extérieure, la sécurité des affaires. Elle ne regrette pas l'AR, mais craint la Terreur. La
propagande royaliste est de + très forte. Sur les sortants, 11/216 sont réélus, sinon
remplacement presque toujours par des royalistes.
Les nouveaux conseils se réunissent le 1er prairial. Pichegru est élu président du
CCC, Barbé-Marbois du CA. La droite est unie contre l'exécutif, mais reste divisée
("Jacobins blancs" : Imbert-Colomès, Willotconstitutionnels : Portalis, Mathieu Dumas).
Restauration monarchique avec coup d'Etat ou ralliement avec les républicains modérés
(Carnot, Thibaudeau). Ils sont d'accord pour attendre. Les émigrés et prêtres réfractaires
rentrent. La violence contre-révolutionnaire reprend.
Les conseils cherchent à affaiblir l'exécutif. Le Directoire s'organise, est prêt au
début de l'été. L'armée, peuplée de patriotes de l'an II, acclame les adresses à l'encontre des
conseils. Mais seul Hoche et l'armée de Sambre-et-Meuse va défendre véritablement le
régime (Moreau, Bonaparte) : le 1er juillet, il met en marche 9000 hommes sur Paris. Au
milieu du mois, ils pénètrent dans le "rayon constitutionnel" près de Corbeil, la crise se
noue. La majorité veut riposter et mettre le Directoire en accusation. Barras convainc
Carnot, en lui démontrant le complot royaliste, de ne pas donner son aide. En Août, es
soldats de Hoche investissent Paris. Dans la nuit du 17 au 18 fructidor (4 au 5 septembre),
Paris est militairement occupée. Les meneurs (Pichegru, Barthélemy) sont arrêtés. Le coup
d'Etat politico-militaire a réussi.
Le 18, le Directoire le justifie par le complot anglo-royaliste. Un arrêté décrète que
tout individu voulant rétablir la royauté ou la constitution de 1793 sera fusillé sans
jugement. C'est le retour au régime d'exception. Le 19 fructidor, les assemblées, vaincues,
sont obligées de casser les élections dans 49 département et de déporter 53 députés, des
Directeurs Barthélemy et Carnot en Guyane ; 1/3 du corps législatif est chassé. Les émigrés
et prêtres réfractaires rentrés risquent exécution ou déportation. Enfin, la loi du 3 brumaire
an IV est rétablie. Le 22 fructidor, la police a haute-main sur presse et les collaborateurs de
42 journaux doivent être déportés. Barras a gagné.
L'aventure italienne
Tout est prévu pour la campagne de 1796
La campagne d'Allemagne échoua, Pichegru, rallié à Louis XVIII était resté inactif
obligeant Jourdan à se replier. L'armistice est signée en janvier 1796 ; les Autrichiens ont
regagné Mannheim et une partie du Palatinat. La campagne d'Italie de Scherer échoua. Armée : 800 000 hommes en l'an II, + que 400 000 (maladie+désertion : solde en assignats).
Carnot fut chargé de la direction de la guerre : accentuation de la répression contre
les déserteurs et de la discipline. Les plans de guerre furent dressés par Clarke et Dupont.
Les armées de Sambre-et-Meuse (Jourdan) et de Rhin-et-Moselle (Moreau) devaient
traverser le Rhin et rejoindre le Danube. Le 29 nivôse an IV (19 janvier 1796) Bonaparte
expliqua ses idées directrices pour l'armée d'Italie (Scherer) : prendre l'offensive au
Piémont, contraindre Turin à sortir de la coalition, envahir la Lombardie Carnot transmet
Scherer démissionne. Bonaparte le remplace le 2 mars.
Le général Vendémiaire
A droite, on dénonçait le terroriste jacobin. On se méfie d'un Corse (Dupont de
Nemours), qui + est sans expérience militaire et trop jeune. Incomparable aux autres
généraux. Mais les initiés (Carnot) savait qu'il avait l'expérience d'un chef. Bonaparte sort
de l'anonymat, l'opinion est partagée.
Le destin de Bonaparte
A Autun, Brienne, à l'Ecole militaire du Champ-de-Mars, il acquis une solide
formation militaire. Passionné d'Histoire et Géographie, brillant en Mathématiques. En
novembre 1785, il est affecté au régiment de La Fère ; il aime la Corse et déteste alors la
France. De 1786 à 1793, il mène une vie de garnison. Il est jacobin. En Corse, les Bonaparte
ont misé sur la Révolution (c'est-à-dire sur la France pour Paoli), en avril 1793, ils sont
chassés avec les Français de l'île lors d'une insurrection ; Napoléon est rejeté par sa patrie.
Lors d'une mission en Avignon, alors capitaine au 4e régiment d'artillerie de
l'armée d'Italie, il fut témoin de la guerre civile dans le midi ; il rédigea le Souper de
Beaucaire, apologie de la politique montagnarde qui lui attira la bienveillance des
représentants en mission. Lors du siège de Toulon, son compatriote et représentant en
mission Saliceti, qui connaissait sa famille, le rencontra quand le commandant d'artillerie du
siège tomba, il le remplaça par Bonaparte qui devint, fin septembre, chef de bataillon. Ayant
étudié le problème, il savait qu'il fallait pour vaincre éloigner la flotte anglo-espagnole à
coups de canon. Les généraux Carteaux et Dopet refusèrent, mais le CSP le couvrit. Le 17
décembre, la flotte quittait la rade, le 19, les troupes républicaines entraient dans Toulon, le
23, il était promu général de brigade. Il restait inconnu, car il y avait beaucoup de batailles,
mais Augustin Robespierre le remarqua 7 février 1794, nommé commandant de l'artillerie
de l'armée d'Italie. Son offensive conduisant au printemps à la prise d'Oneille et de Saorge.
Il voulut poursuivre, mais Carnot le compromit avec les "tyrans" le 9 thermidor prison. Il
éttait "l'homme de Robespierre". Accusé d'avoir comploté à Gênes avec l'étranger, il est
enfermé le 6 août au Fort Carré d'Antibes et destitué de son commandement. Libéré le 14
septembre, il était un officier suspect. Salicéti (amitié entre corse) lui confia tout de même la
mission de reprendre la Corse à Paoli et aux Anglais. Mais les forces navales étaient trop
faibles inaction. En mars 1795, il devint commandant de l'artillerie de l'armée de l'Ouest,
mais Aubry, un ancien Girondin, dans un esprit de vengeance, lui confia un régiment
d'infanterie = humiliation. Sous divers prétextes, B ajourna son départ. En Août 1795, il fut
nommé chef du bureau topographique à la place d'Aubry. Napoléon édigea 2 mémoires
relatifs à une offensive en Piémont et Lombardie. Mais lorsque son protecteur Doulcet de
Pontécoulant n'appartenait + au CSP, B fut rayé des cadres de l'armée pour ne pas s'être
rendu au poste qui lui avait été assigné.
De + il souffrait de la froideur de celle qu'il aimait : Désirée Clary. A Paris, Barras,
qui avait remarqué Bonaparte à Toulon, le vit solliciter un emploi. Le 13 vendémiaire,
Bonaparte est nommé commandant de l'artillerie et exerça les fonctions du chef de l'étatmajor. Grâce à Barras et Fréron, il sortit enfin de l'ombre, acclamé par la Convention.
Réintégré dans l'armée, promu divisionnaire 10 jours + tard, il succède à Barras au
commandement en chef de l'armée de l'Intérieur (3 brumaire). Il n'a guère appris à connaître
les femmes (que petites aventures), mais fut tout de suite fasciné et séduit par Joséphine de
Beauharnais (créole mûre). Il fut son amant, voulut l'épouser, elle, n'ayant qu'enfants et
dettes. Il était envoûté. J s'inquiéta d'une telle passion. Barras, se débarassant ainsi d'une
maîtresse, la pousse à l'épouser. Ils se marièrent le 9 mars 1796. 3 jours + tard, il part por
l'Italie.
L'Italie éclairée est une proie tentante
L'Italie semble divisée, est extrêmement morcellée (p. 374). Position dominante
des Hbsbourg. Le Nord, riche, aspire à liberté et réformes, mais les divisions sont extrêmes,
coupée des paysans (union en 1789). Des despotes éclairés (Léopold en Toscane, Tanucci
à Naples, Tillot à Parme) avaient apporteé quelques réformes (limitation des privilèges) sans
pour autant bouleverser l'ordre établi. Mais ils eurent peur de la Révolution française
répression (arrestations, procès), fin des réformes. Les partisans du despotisme éclairé
devinrent, eux, + radicaux, certins rêvaient d'une république démocratique italienne "Vive
Paris, Vive la France" "Nous voulons faire comme les Français". Création de clubs à Naples
et Turin (complots), les Jacobins italiens étaient prêts à l'unité. Mais la France ne voulait que
se servir de ces patriotes (aide).
L'armée de Bonaparte
45 000 hommes. Le gouvernement lui a refusé la cavalerie lourde. Il n' avait pas de
chevaux et voitures pour transporter les canons, les canonniers étaient incompétants. Tout
reposait sur l'infanterie. Mal payés, nourris, vêtus, chaussés pillards, terreur. Bonaparte fit
venir de l'armée des Alpes Berthier pour le seconder. Tous attendait le petit corse avec
condescendance. Arrivé à Nice le 29 mars, Napoléon sut s'imposer, le 24 il haranguait les
soldats.
Le drapeau tricolore flotte sur le Piémont
Les ordres du Directoire suivaient les recommandations de Bonaparte : séparer
Piémontais et Autrichiens, contraindre la cour de Turin à la paix ou à s'allier avec la France,
chasser les Autrichiens de Lombardie. Le Piémontais Colli disposait de 18 000 hommes, son
camp était à Ceva, Beaulieu 25 000 Autrichiens, installés + au Nord. B installa son QG à
Albenga (5 avril). B envoya 1 division près de Garessio, 3 à Savone attaquer Ceva de 2
côtés. Mais Beaulieu avait envoyé des divisions car Saliceti avait envoyé une brigade à
Voltri (Gênes) pour itimider banquiers Français repoussés. B doit empêcher la jonction
des Autrichiens avec Colli.
Le 12 avril, les généraux La Harpe et Masséna contraignent Beaulieu à la
défensive. A l'Ouest, le général Augureau occupe Millesimo près de Ceva. Au Nord,
Masséna s'empare de Cairo. Le 15 au matin, Masséna a définitivement pris Dego. = Les
Autrichiens sont séparés de leur alliés. Colli subit à Ceva 3 attaques convergentes :
Augureau par l'Est, Sérurier par l'Ouest et Masséna par le Nord. Colli se replit le 17 sur
Mondovi qu'il doit abandonner le 21. Le 23, il D l'armistice signature le 28 avril de
l'armistice de Cherasco qui lui livrait Coni, Tortone et Alexandire. B préférait assurer ses
arrières. Il se fit de la pub : rappelle à Barras qu'en 12 jours : 12 000 prisonniers + 6000
morts. Les journaux parisiens publient sa lettre aux soldats.
L'entrée à Milan
Beaulieu de replia sur la rive gauche du Pô. Le 7 mai, B franchit le fleuve à
Fombio, mais l'Autrichien fuit, laissant une arrière-garde à Lodi, bientôt prise. Mais l'armée
autrichienne n'est pas détruite, malgré les annonces de victoire décisive de B pour Paris. Le
14 mai, Masséna occupa Milan, le 15, B entre triomphalement. B assure les Milanais de
défendre leur libertés contre les Autrichiens opposition au Directoire. La veille, l'ordre de
Carnot lui interdisait de poursuivre l'armée autrichienne jusqu'au Tyrol pour marcher sur se
concentrer sur le centre de l'Italie et de soutenir toute action révolutionnaire, l'obligeait à
ceder l'armée de Lombardie à Kellermann. B s'opposa à céder une partie de son armée, le
Directoire capitule devant menace de démission et le soutien de Saliceti. A Milan B laissa se
développer une propagande jacobine et unitaire (Journal des patriotes d'Italie).
Le pillage de l'Italie
Le Directoire ordonnait aux armées de vivre sur le pays et de piller. Il ordonne à B
de voler tous les trésors. B vola partout, confisqua à des échelles astronomiques, obligea les
différents suverains à payer des sommes colossales. En 1796 : 46 millions en argent et 12 en
nature + profits particuliers. Le Directoire voulait frapper tous les italiens, mais B avait
besoin des Jacobins, voulaient la paix dans les chaumières (châteaux). B écarta les
profiteurs (fournisseurs : Haller et Flachat). Le 20 mai, B décida de payer les soldes de
motié en numéraire général préféré de la République. Le Directoire n'a que très peu reçu
du pillage.
B continua les conquêtes. Les Légations pontificales sont occupées du 18 au 23
juin armistice avec Pie VI le 23 qui devait livrer Bologne et Ferrare, payer 21 millions de
livres, donner 100 œuvres d'art et 500 manuscrits précieux. Il se dirige ensuite vers la
Toscane pourtant neutre depuis février 1795 et occupe Pistoia le 26 juin ; la république
neutre de Lucques dut payer une forte somme et fournir 6000 fusils. La division Vaubois
occupa Livourne, mais Anglais = rembarquées avec marchandises convoitées. L'empereur
reçu B à dîner à Florence. Le 13 juillet, il retrouve sa femme à Florence. B est désormais le
général qui fait trembler le pape et qu'un Habsbourg invite à sa table. Il se plaint des
commissaie civils.
Les révoltes antifrançaises
Les Français par leur terreur n'apparurent plus comme des libérateurs. Des troubles
éclataient dès après l'entrée à Milan, dans la région de Pavie entre le 23 et le 26 mai. A
Binasco et Arquata-Scrivia, des soldats français furent tués. B fit brûler Binasco, livra Pavie
pendant 24h à la soldatesque. A Ferrare et à Bologne, il y eut des manifs contre les Français,
la ville de Lugo s'insurgea. Les combats de répression terrorisèrent les populations. Mais les
patriotes sont bien obligés de s'appuyer sur les armées.
L'Armée d'Italie menacée
Beaulieu, avant de se retirer dans le Tyrol, a laissé 13 000 hommes dans Mantoue,
ville protégée par la nature : 2 côtés marécageux, isolée au Nord et à l'Ouest par les eaux du
Mincio. Mais avant de poursuivre Beaulieu en Tyrol, il faut écraser cette garnison qui
pourrait prendre B à revers. Wurmser remplace Beaulieu avec 50 000 dans le Tyrol39
000 avec B. 1 corps autrichien devait descendre à l'ouest du lac de Garde pour menacer les
flancs de l'armée française, 1 autre attaquerait par l'Adige, 1 dernier viendrait par la Vénétie
en marchant d'est en ouest. Le 29 juillet, B doit évacuer l'Adige. L'ennemi est maître de
Corona, de Rivoli, de Salo, de Brescia. La menace est grande, depuis 3 jours, B avait
abandonner ses subordonnées pour retrouver J.
Castiglione
B décida de jouer la rapidité, il abandonna le siège de Mantoue et attaqua les corps
ennemis encore divisés. Le 3 août, il vainquit Quasdanovitch à Lonato et rejoignit Augureau
le 5 aoûtWurmser fuit au Tyrol le 6. Ces combats inaugurèrent la stratégie
napoléonienne : inférieur en nombre, B attaque rapidement et successivement des fractions
séparées de l'armée autrichienne.
Mantoue
B assurait au Directoire avoir écrasé toute l'armée autrichienne et que l'Italie
s'offrait à lui = faux. Wurmser avait une armée quasi intacte. Faute de matériel, seul un
blocus de Mantoue était possible (siège). Mais l'armée épuisa se reposa 3 semaine en août
1796. B crée l'embryon de la république lombarde, laissa la ville de Reggio se révolter
contre le Duc de Modène et organisa un gouvernement provisoire.
Grâce à la Vendée pacifiée, B reçu 32 000 hommes. Il prit l'offensive le 1 er
septembre, alors que W était encore à Trente. Masséna et Augureau battirent Davidovitch à
Roveredo le 4 septembre et atteignirent les arrière-gardes de W à Primolano et Bassano ; W
se réfugia dans Mantoue, tenta une sortie le 15 mais fut refoulé.
La campagne d'Allemagne
Jourdan et Moreau piétinaient pendant que Napoléon triomphait. Carnot n'a rien
coordonné échec de la campagne de printemps, les armées battent en retraite contre le
général d'Empire l'archiduc Charles. Mais Jourdan reprit l'offensive en été obligeant, le 17
août, Charles à abandonner le Danube. Munich fut occupée le 19. Les petits états de
l'Allemagne du sud devinrent neutres. Moreau se lance vers le Nord, à la poursuite de
Charles sans surveiller ses lignes de communication avec Jourdan et Bernadotte. Charles se
retourna contre Bernadotte le 23 août et contre Jourdan le 24 août l'armée de Sambre-etMeuse dut se replier sur le Main. Fin septembre, l'armée repassa le Rhin. Carnot remplaça
Jourdan, qui avait reculé, par Beurnonville, qui signa une armistice avec l'ennemi le 8
décembre Charles put concentrer ses troupes contre Moreau. Moreau avait battu La Tour
à Biberach le 2 octobre, battu à Emmendingen le 20, il se replia sur le Rhin ; l'armée de
Rhin-et-Moselle n'avait + que Kehl et Huningue. Début janvier Kehl fut évacuée et
Huningue capitula le 5 février = Ce long stationnement des troupes en Allemagne et qui
n'étaient donc pas en Italie, fut utilisé par B.
Le pont d'Arcole
De septembre à fin octobre 1796, le Directoire envoya 5000 hommes à B. B,
soutenant les révolutionnaires de Reggio, autorisa un congrès le 16 octobre dans la capitale
des Etats du Duc de Modène avec en outre les délégués de Ferrare et Bologne création
confédération cispadane et légion italienne avec cocarde "vert, blanc, rouge", adoptée par
légion lombarde le 9 octobre. Le Directoire négocie avec Gênes une neutralité bienveillante
(8 octobre), mais B dépouilla les commissaires civils lombards et confia l'autorité au général
Baraguay d'Hilliers. Paris s'inquiétait de son audace, mais étant donnée l'état des armées,
une sanction était impossible.
Le Hongrois Alvinczy et 50 000 hommes voulurent libérés Mantoue. L'armée
d'Italie était en sous-nombre revers, démoralisation du 1 au 15 novembre, mais B
envoyait bulletin de victoire. Le 15, B et Berthier prirent Alvinczy par derrière en attaquant
le pont d'Arcole. Difficilement, B s'empara d'Arcole le 17
Bonaparte triomphant
B avait perdu 7000 hommes. Après l'échec en Allemagne, Carnot voulait la paix. B
était très malade, de + J le trompait, mais il réorganise complètement son armée. Victoire
diplomatique : e 2e congrès cispadan remplaça la confédération militaire par une république.
B refusa la paix qui aurait sacrifiée Lombardie et Cispanade.
En janvier 1797, Alvinczy déclencha une offensive. Rivoli fut pris par les Français
le 14 janvier. Augureau s'efforçait de contenir Provera qui se rapprochait de Mantoue, le 14,
Masséna vole à son secours. Le 15, Joubert s'empare de Corona (10 000 prisonniers). Le 16,
Provera capitulait à La Favorité, un faubourg de Mantoue = victoire décisive. Jourdan et
Masséna à la poursuite d'Alvinczy. W enfermé à Mantoue avec garnison décimée par disette
et contagion. Le 2 février, W se rend. L'Italie s'ouvrait à B. Les soldats adulèrent B. Même
le Directoire voulait désormais l'accord de B pour accepter les conditions d'une paix et
exprima le vœu qu'il détruise le centre de l'unité romaine (Pape). Mais B, soucieux des
préparatifs de Charles, se contenta d'impser une paix le 19 à Tolentino aux envoyés de Pie
VI ; il arracha en + la Romagne et 15 millions.
En février/mars, l'armée s'étoffa de 60 000 hommes. B lança l'offensive le 10
quand Charles n'avait pas encore reçu ses renforts d'Allemagne, il n'avait que 42 000. Il
abandonna la Piave et se replia sur la rive droite du Tagliamento. Le front principa traversa
le Frioul, Masséna refoula le 13 mars les soldats de la ville de Belluno. B poursuivit Charles
jusqu'en Carinthie, le 26 mars, il occupait Villac et entrait à Klagenfurt.
Le compromis de Loeben
B négocia avec les Autrichiens préliminaires de paix signés le 18 avril à
Loeben. L'Autriche abandonnait Belgique et Milanais. Des articles secrets prévoyaient
république indépendante formée du Milanais et de l'ancien duché de Modène.
Le sacrifice de Venise
Dès le mois de mars 1797, B fit éclater des troubles révolutionnaires dans la région
de Brescia, Bergame et Crema et put ainsi défendre les républicains et priver le
gouvernement vénitien de tout moyen de répression. Puis B fait tout pour faire disparaître
Venise, qui était restée neutre plutôt que de s'allier à lui comme il l'avait voulu. Le 1 avril
1797 commencèrent les troubles antifrançais autour de Vérone et deviennent violents. B
refuse les excuses du Sénat. Le 2 mai, il déclarait l'état de guerre. Une fois le gouvernement
déchu, il exigea 3 millions, 5 vaisseaux, 20 tableaux et 500 manuscrits.
La Cour de Mombello
B s'installa au château de Mombello, près de Milan. Les admirateurs de Paris et
des cités italiennes accoururent. B planifiait l'Italie : la république cisalpine serait créée
comme prévue à Loeben : proclamation le 29 juin. A Gênes, le Directoire provoqua une
révolution, puis une république le 22 mai, prenant de court B qui vouliat la rattacher à la
république cisalpine. B voulait favoriser un courant modéré (jacobin), mi-aristocratique,
mi-bourgeois, sans prêtres, mais sans pressions anarchiques. En juin, Baraguay d'Hilliers
brise une manif démocratique. La constitution imposée à la Cisalpine s'inspira de celle de
l'an III. En Vénétie, B voulait un agitement jacobin pour menacer l'Autriche.
Fructidor permet Campo-Formio
B ne voulait pas d'une paix à bon marché qui aurait pu ternir sa gloire, avant le 18
fructidor, mais après, Reubell voulait le Rhin et Venise = poursuite de la guerre. B ne
voulait pas qu'une guerre victorieuse en Allemagne ne fisse oublier la sienne. B rentra en
relation avec l'Autriche : donna l'Istrie, la Dalmatie, Venise et la Terre-Ferme jusqu'à
l'Adige, mais laissait la Cisalpine s'étendre. La France gardait les îles ioniennes et les
possessions vénitiennes en Albanie. L'Allemagne céda ainsi la rive gauche du Rhin ; une
guerre n'était + nécessaire. Signé le 18 octobre, ce traité porta le nom de Campo-Formio
patriotes italiens consternés. La nouvelle tomba à Paris dans la nuit du 25 au 26 octobre,
le Directoire n'avait d'autre choix que de signer, l'opinion voulait la guerre.
Généraux! Où est inscrite votre gloire?
Les généraux ne croient guère à un régime militaire. Ils auraient aimé participer au
pouvoir, mais ne savaient comment. Ce qui n'est pas le cas de B qui a satisfait toute son
armée. Il savait qu'il ne fallait parfois apparaître comme "civil" pour pouvoir gouverner la
France ; il apparaissait donc sans son uniforme.
La guerre perpétuelle
Doit-on mourir pour les Antilles?
Après Campo-Formio, seule l'Angleterre était en guerre avec la République. L'opinion, comme les politiques, ne voulaient point de paix. La guerre se déroulait dans les colonies : depuis 1793, l'Angleterre occupait les comptoirs de l'Inde et Saint-Pierre-et-Miquelon.
Le véritable enjeu était la possession des Antilles. Les colons en appelaient aux Anglais, par
crainte de la révolution, de soulèvements d'esclaves. La Martinique, Sainte-Lucie, la Guadeloupe et Saint-Domingue s'étaient livrés à l'ennemi de mars à septembre 1793. Victor
Hugues, commissaire de la République, chassa les Anglais en octobre 1794. A SaintDomingue, le meneur noir, Toussaint Louverture, se rallia à la République quand elle se décida àabolir l'esclavage (février 1794) chassa les Anglais, mais garda une grande indépendance ; il signa directement avec les Anglais un traité le 31 août 1798 : accepte commerce avec Anglais. En fait, la France n'avait plus que la Guadeloupe. L'Angleterre prit la
Trinité à l'Espagne, la Guyane, le Cap et Ceylan à la Hollande pénurie de MP, sucre, café,
suppression des débouchés des îles pour France. De + et surtout, l'Angleterre avait aidé financièrement les coalitions contre la France.
Peut-on détruire Carthage?
La guerre sans merci fut décidée le 26 octobre 1797. B fut nommé général en chef
de l'armée d'Angleterre. Pour printemps 1798, 63 vaisseaux de ligne et 50 frégates seraient
concentrés dans le port de Brest ; la flotte de Méditerranée devait s'adjoindre. B demanda 50
000 hommes à Berthier, qui le remplaça en Italie. Il envoya des agents à Malte, en GB, en
Irlande. Le 8 février 1798, il partit pour Dunkerque.
La flotte anglaise connaissait des mutinerie et l'Irlande était prête à se soulever. Le
blocus anglais avait empêché le renouvellement des munitions navales. Mais le redressement avait commencé : flotte espagnole battue au cap Saint-Vincent, flotte hollandaise
anéantie le 11 octobre 1797 à Camperdown. B expliqua au Directoire la supériorité navale et
l'Angleterre et conseilla de l'attaquer au Hanovre ou en Egypte.
Les origines de l'expédition d'Egypte
Le 5 mars 1798, le Directoire accepta une expédition en Orient sous la pression de
Talleyrand, ministre des Relations extérieures, qui présenta en janvier 1798, un plan de démembrement de l'Empire ottoman refus le 14 février, il explique qu'affaiblie par l'anarchie, l'Egypte serait une proie facile. Pour que l'armée d'Angleterre soit toujours estimée, il
lui faut une victoire, pense B. Garantie B+Talleyrand : expédition courte, pas dirigée contre
la Turquie. L'expédition, préparée en secret, fut prête en mai.
Le 19, B quittait Toulon, fut rejoint à hauteur de la Sardaigne par d'autres convois
partis, entre autres, de Gênes et de Corse, et arriva le 19 juin à Malte qui ne se défendit pas.
Il y avait 300 bâtiments et 16 000 marins, 38 000 hommes, 32 généraux. Laissant 5000
hommes, B parut devant Alexandrie le 1er juillet, les troupes débarquèrent dans la nuit et occupèrent la ville le lendemain. Or, depuis 1517, cette terre appartenait à l'Empire ottoman,
mais un 2nd pouvoirs, celui des Mameluks, s'était constitué ; 24 beys les commandaient. B
écrivit au pacha, représentant de l'empire, et aux Egyptiens qu'il voulait leur restituer leurs
droits violés par les "usurpateurs" mameluks. Kléber resta à Alexandrie avec 3000 hommes.
Les autres divisions se dirigeaient vers Le Caire. Le 1 er Mameluk fut repoussé le 16 juillet à
Romanieh, idem à Chobreis. Mourad, un bey souverain, attendait l'armée au nord-ouest du
Caire. Le 21 juillet, ses cavaliers durent reculer devant les Français, en direction d'Assouan ;
B le poursuivit et le battit à nouveau à Slalieh le 11 août. Ibrahim, l'autre bey souverain, se
retira vers la Mer rouge, avec les harcèlements du général Desaix. L'Egypte est conquise,
grâce à la supériorité numérique et matérielle, mais les Mameluks ne sont pas détruits.
Aboukir
Les Anglais ont suivi tous ces mouvements, apprenant le prochain dessein français, le contre-amiral Nelson apparut le 1er août devant Aboukir, non loin d'où la flotte française était ancrée. Le Directoire avait prescrit de ranger la flotte à Corfou, mais B la voulait
à Alexandrie, mais Brueys jugeant l'entrée du vieux port impraticable préféra Aboukir et il
refusa de levée l'encre à l'approche des Anglais. Nelson s'engagea entre la flotte et la côte,
de façon à les isoler : tous les vaisseaux français furent coulés ou capturés, sauf le Guillaume Tell et le Généreux, que Villeneuve ramena à Corfou, 5000 marins disparurent.
B avait essayé de dresser les Grecs de Morée et les Albanais d'Ali de Janina contre
le sultan. Celui-ci se rapprocha du tsar Paul Ier : lui ouvrit les Détroits, signa une convention
militaire pour reprendre les îles ioniennes, puis déclara la guerre à la France le 9 septembre.
Les garnison françaises d'Albanie furent massacrées, les îles ioniennes prises, Vaubois luttait à Malte contre Nelson. Une coalition contre la France s'était nouée en Orient.
La loi du vainqueur
B avait, dès le 27 juillet, dans toute l'Egypte, tissé une administration dirigée par
des autochtones, surveillés par ses commissaires. En octobre 1798, il assure que les Français
aiment le Dieu unique, Mahomet et le Coran. B fit lever des impôts, fit des emprunts forcés
sur les négociants, imposa la patente aux corporations mécontentement répression
Mameluks organisaient attaques de soldats et civils. Révolte populaire quand déclaration
de guerre du Sultan fut connue. 22 octobre : attroupements dans rues du Caire, fermeture
des boutique, le commandant de la ville, le général Dupuy, fut tué vers 10h => multiplications. Les Français bombardèrent l'université d'El-Azhar, décapitèrent les étudiants armés.
Morts : 250 Français, 2500 Egyptiens. B s'occupait aussi de moderniser les infrastructures,
les cultures, d'outils, de diffuser la culture via l'Institut.
L'Europe conquise par les armées françaises
En Suisse et en Italie, les troupes de B ont déclenché de nouvelles révolutions. En
Suisse, des patriotes des différents cantons (territoires au statut inégal) étaient séduits par
Révolution et voulaient libérer leur canton de la tutelle aristocratique ou même transformer
la Suisse en république unitaire. Des voix réclamaient l'intervention française. B et le chancelier bâlois Ochs se rencontrèrent avec Reubell et décidèrent le 8 décembre 1797 un soulèvement précédé d'une initiative du Directoire. Le 18, il accorda sa protection aux Vaudois
qui la réclameraient. La révolution éclata à Lausanne, Bâle, Soleure, Lucerne. Résistance
militaire de Berne général Ménard intervient dans le pays de Vaud le 3 février 1798,
Brune occupa Berne le 5 mars. La Suisse formait une république unitaire, sauf Genève et
Mulhouse annexées par la France.
Les Jacobins de Cisalpine voulaient révolutionner le Piémont, la Toscane et les
Etats pontificaux. L'armée les soutint, mais le Directoire refusait une république italienne.
Mais beaucoup voulait prendre Rome, symbole du christianisme, le prétexte d'une mort accidentelle d'un général fut pris Berthier parut devant Rome le 10 février, mais le Pape accepta toutes ses exigences. Le 15 février 1798, des centaines de patriotes proclamèrent la
République romaine  Berthier entra dans Rome et exila le Pape en Toscane.
La "grande nation" impose ses lois changeantes
L'intervention militaire s'accompagna d'une pression qui transforma les républiques sœurs en Etats vassaux. Constitutions et coups d'Etat se multipliaient : Rome, République cisalpine, Suisse, Hollande. Les Jacobins sont souvent imposés dans les conseils.
Le prix de la fraternité
Le 18 janvier 1798 (29 nivôse an VI), le blocus anglais est renforcé isolement
commercial complet du reste de l'Europe. Les fabricants français y trouvaient leurs intérêts.
Le Directoire veut tirer 30 millions des trésors des cantons (Berne) (il faut financer l'armée),
mais que 10. Les commissaires civils imposèrent une contribution forcée en échange de la
protection "des amis de la liberté". Au total : 16 millions. L'Italie fut beaucoup + saignée. La
Cisalpine n'avait aucune autonomie industrielle et commerciale, les droits de douanes sur
produits français ne devaient dépasser 6%, la France avait le monopole des transports maritimes, elle devait payer 18 millions par an pour l'armée, en quelques mois il y eut un déficit
Milan dut suspendre ses paiements des anciennes propriétés ecclésiastiques furent cédées à la France. L'Italie ne pouvait guère donner +, mais l'armée d'Italie était affamée
(Brune, Suchet). Rome fut livrée au pillage, en mars 1798, la France reçu 35 millions, puis
Rome ne pouvait + payer. La France devint + sage et décida d'arrêta le saignement de l'Italie
pour le bien de la liberté. Mais les peuples haïssaient déjà les Français.
Peut-on aimer la révolution et refuser la France?
Les révoltes contre armée et administration française montraient en 1798/99 le
mécontentement général de l'Europe occupée. L'insurrection éclata dès avril 1798 dans des
petits cantons montagneux, comme Uri ou Unterwald, en mai dans le Valais, etc… La
France empêcha les projets de modérés d'aboutir de transformer la Cisalpine en un royaume,
mais les idées ne se taisent pas. Le danger principal venait des Jacobins qui rêvaient d'une
république italienne unifiée ; dès fin 1796 la Ligue noire se battait pour cela ; elle voulait se
servir des Français pour chasser les Allemands, puis se servir des forces de l'Italie unifiée
pour chasser les Français ; devint en 1798 Société des rayons (Birague). Campo-Formio
avait donné Venise à l'Autriche sentiments anti-français. De +, annexion du Piémont à la
France en février 1799 soulèvements dans le Montferrat et dans la région d'Asti.
La foi et la tradition
Les soulèvements anti-français étaient aussi liés à l'attachement à la chrétienté. Les
révoltes belges étaient liées à la conscription pendant octobre 1798, toutes les campagnes
d'Anvers et de Gand furent touchées, mais les villes restèrent fidèles et révolte vaincue. Il
fallut une bataille pour écraser la révolte du Luxembourg. Troubles dans les Etats pontificaux, meurtres de juifs (partisans de la république). En avril 1799, le département du Trasimène se soulève, la révolte devient endémique (contagieuse). La retraite française (été
1799), se fait dans une guérilla redoutable (Toscane, leader : Lorenzo Mari). Lors de la prise
de Sienne, les juifs furent brûlés vifs ou massacrés.
La république de Naples
Après Aboukir, Naples n'eut + peur de la guerre pour s'approprier les fiefs pontificaux enclavés dans le royaume. Le 23 novembre, l'armée napolitaine (général autrichien
Mack) envahit la République romaine. Ferdinand IV, le roi, entra le 29 novembre dans
Rome, l'armée aidant le peuple à massacrer juifs et jacobins. La France cria à la guerre. Le 6
décembre, les conseils déclarent la guerre aux rois des Deux-Siciles et de Sardaigne. Les
troupes de Joubert occupent le Piémont, Championnet chassait Mack de Rome le 12 décembre et s'engagea dans le royaume de Naples, l'armée napolitaine fuyait, les souverains se
réfugièrent à Palerme le 22 décembre. Le 11 janvier, Mack signe une trêve avec Championnet : France n'occupe que ½ royaume et obtient 10 millions. Mais les 2 parties voulurent reprendre combat Naples occupée le 23 janvier.
Le Directoire ordonna une administration française provisoire, Championnet désobéit et créa la République napolitaine le 24. Gouvernement composé de l'élite de la noblesse
éclairée et de la bourgeoisie. Le régime s'installa, des municipalités républicaines s'établirent. Directoire rappela Championnet, le traduit devant un conseil de guerre, ne reconnut pas
la république. Le pillage retourna citadins et paysans qui espéraient beaucoup de la République française. De +, la République napolitaine était de notables et détestée par les masses.
Ferdinand IV en profita et leva une "armée chrétienne et royale" qui en 2 mois occupa la
Calabre. La France fut obligée de quitter le sud de la péninsule.
La grande alliance des trônes
L'alliance méditerranéenne provoquée par la campagne d'Egypte et la rentrée progressive de l'Autriche dans la guerre permit à l'Angleterre de dresser une coalition contre la
France. Paul Ier, tsar de Russie, s'offusqua de la destruction de l'ordre de Malte et voyait la
Turquie comme son chasse-garder le 21 juillet 1798, il ordonna préparatifs militaires. Le
rapprochement turco-russe et l'Angleterre chassa la France de la Méditerranée (Egypte).
Ferdinand se joignit à l'alliance. Angleterre (1er décembre) et Russie (29) voulurent aider les
rois des Deux-Siciles + ralliement de la Turquie (janvier). Angleterre et Russie voulaient
que France rentre dans ses frontières de 1792, le Saint-Empire demeurerait inchangé, l'Autriche recouvrerait la Lombardie et garderait Vénétie, Belgique+Hollande=état tamponrévolutionnaires. L'Angleterre finançait très cher et la Russie fournissait 45 000
hommes. Pour réussir, il fallait l'adhésion de la Prusse ou Autriche, engagées avec la France
dans d'impossibles négociations.
A Bâle en 1795, à Campo-Formio en 1797, Prusse et Autriche avaient subordonné
leur accord à la décision de la Diète d'Empire. Les pourparlers s'ouvrir à Rastatt en no-
vembre 1797. La délégation française, dirigée par Bonaparte, devait obtenir, entre autres, la
rive gauche du Rhin. L'empereur devait sanctionner. Un incident diplomatique permit de
rompre les négociations (Bernadotte, ambassadeur à Vienne, voulut hisser le 13 avril 1798
le drapeau diplomatique sur l'ambassade =>émeute éclata =>on refusa à B mesures de réparation =>B quitte Vienne le 15 avril). France et Autriche ne voulaient guerre, mais ne parvenaient pas à s'entendre rupture la 7 juillet. Sieyès fut envoyé à Berlin en mission extraordinaire = fraîchement accueilli échec en août. La Prusse ne se rapprochait guère de la
Russie et Angleterre, mais Autriche progressivement. Elle ne signa rien (Angleterre voulait
la faire payer, Russie se moquait de ses prétentions italiennes), mais laissa les Russes s'infiltrer, en décembre, en Galicie et Moravie. De décembre à mars, le Directoire multiplia, en
vain, les démarches et donna l'ordre à Jourdan de franchir le Rhin le 1er mars 1799.
Souvorov
La France bénéficiait de la neutralité prussienne, mais les troupes du général russe
étaient encore + amoureuses de leur chef que les françaises. L'armée du Danube (Jourdan)
devait entrer en Allemagne, celle d'Italie (Scherer) devait conquérir la Vénétie, Masséna tenait la Suisse, occupa les Grisons, entra dans le Voralberg. La bataille de Stokach (24 mars)
força Jourdan à la retraite =>démission avec abandon de l'armée. Scherer ne put passer
l'Adige, recula jusqu'à l'Adda =>démission. Le 28 avril, Milan tombe. Son remplaçant Moreau dut affronter les 30 000 russes, ne put se coordonner avec Macdonald qui remontait
Naples  Souvorov les attaqua séparément : bat Macdonald à Trébie le 8 juin. Masséna, attaqué par l'archiduc Charles (Toscane), dut céder une partie de la Suisse. Joubert (armée
d'Italie) attaqua Souvorov à Novi le 15 août battu et tué. La France n'avait + que la Ligurie en Italie.
Les troupes anglo-russes débarquèrent en Hollande le 27 août, le 30, l'armée hollandaise passa à l'ennemi. Tout semblait s'écrouler.
La traversée du désert
En février, B partit avec 12 000 hommes en Syrie ; projet : conquérir les Indes ou
la Turquie, prendre les Autrichiens à revers et rentrer triomphalement sur Paris. Il traversa
l'isthme en février 1799, battit les Mameluks à El-Arich, occupa Gaza et Jaffa (résistance
donc livrée à la soldatesque) le 7 mars. Le pacha de Syrie, Djezzar, attendait les Français à
Saint-Jean-d'Acre avec l'appui d'une escadre anglaise. Le siège dura 2 mois, aussi assauts de
l'armée turque partant de Damas. Le 8 avril, à Nazareth, Junot battit l'avant-garde turque, B
refoula le gros des troupes au pied du mont Thabor le 16. Par manque d'hommes, B leva le
siège le 20 mai, de +, la peste frappait l'armée ; il avait perdu 1/3 des hommes. Mais il écrivit à Paris ramener des milliers de prisonniers. Nelson pensait être débarrasser de B. Rentré
au Caire le 11 juin, B comprend qu'il ne peut avoir de grands succès. Les Egyptiens commençaient à se révolter. Une nouvelle armée turque de 18 000 hommes débarqua le 11 juillet à Aboukir, les Français durent rendre les forts. Le chef Mustapha pacha bloqua Marmont
à Alexandrie, en Haute-Egypte, Mourad reprenait l'offensive, B les culbuta Mustapha le 23
juillet.
Apprenant la coalition qui se constituait, B proposa ses services au Directoire, qui
ne réagit que le 27 mai, B ne reçut pas la lettre (contre-ordre de Sieyès). Apprenant la perte
de "son Italie" et les défaites en Allemagne, il partit, prétextant un voyage d'études, il sélec-
tionna son état-major : Monge, Berthollet, Denon, Berthier, Murat, Marmont, Lannes et Duroc départ le 22 août.
La République sans Bonaparte
Le tsar se désolidarise de l'Autriche qu'il accuse de vouloir être hégémonique,
comme la France. L'Autriche voulait annexer le Piémont, Naples voulait Chypre. L'Angleterre comprit que la Russie, qui contrôlait grâce à la Turquie les Détroits et les îles ioniennes, voulait disposer de Malte par l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem. Les Habsbourg
étaient mécontents de Souvorov en Italie et s'inquiétait des projets anglo-russes en Hollande.
L'archiduc Charles dut partir vers le Bas-Rhin, surveiller la Hollande et laisser la Suisse à
Souvorov, remplacé en Italie un Autrichien. L'Autriche écartait russes de l'Italie, les Russes
marcheraient les 1ers sur Paris, l'Angleterre verrait la France détruite.
On laissa agir les Jacobins. Jourdan fit voter la levée en masse = 100 000 hommes.
L'énergie de 1793 était retrouvée. L'archiduc ne voulait pas attendre Souvorov, tenta de repousser Masséna, celui-ci attaqua : 2e bataille de Zürich (du 23 au 27 septembre) armées
russes et autrichiennes furent repoussées jusqu'au Rhin. Face à Lecourbe, Souvorov ordonna
la retraite le 5 octobre. Le duc d'York, en Hollande, est battu à Bergen (19 septembre), refoule les républicains à Alkmaar (2 octobre), Anglais et Russes se brisent devant Castricum
le 6 octobre Armistice le 18, le duc d'York doit se rembarquer.
Avant que B ne revienne, la France est triomphante, mais c'est lui qui a contribué
au désastre d'Aboukir, au désordre, à la guerre, et indirectement à la défaite. Les victoires de
Bergen et Zürich se sont faites sans lui. Ce que l'on oublie. Il était l'homme de CampoFormio sans la coalition, Vendémiaire sans l'échafaud, la République sans la Constitution et
les hommes de l'an III ; il devenait le sauveur suprême.
La France nouvelle
La nouvelle société française
La France du Directoire est un des pays les + peuplés d'Europe (1996 : 28 millions
en métropole, 150 000 émigrés, 20 000 guillotinés) ; Terreur et guerres ont joué un rôle infime. Population = rurale. La France militaire a mobilisé en tout 850 000 soldats.
Le retour du XVIIIe siècle
A partir de 1796-97, révolution et dénonciation semblent finies, les fêtes reprennent à Paris, certaines personnes vivent dans la gaieté. Mais les personnes ont changé (parvenus de la Révolution). La République ne doit pas être fondée sur la Vertu, Robespierre ne
la que déshonorée avec la Terreur. Ceux qui ont fait la révolution, veulent vivre comme une
élite et s'amuser.
Les nobles se sont progressivement enfuis. Loi du 8 ars 1793 reste en vigueur, les
émigrés sont bannis sous peine de mort, la loi du 13 brumaire an IV interdit toute fonction
publique à un parent d'émigré. Politique relâchée en l'an V (ralliement), mais renforcée
après le coup d'Etat du 18 fructidor. Seul 1/100 émigré est rentré officiellement (=radié des
listes), d'autres avaient de faux certificats. Beaucoup de nobles se sont uniquement cachés
(émigrés), ceux-là ne sont guère des ultras, selon Mme de Staël, ils peuvent être intégrés.
Beaucoup d'émigrés sont rentrés ; on oublie les malheurs et la fête reprend = période de ralliement, balayé par le coup d'Etat du 18 fructidor et reprise répression contre nobles et
prêtres.
Le nouveau monde
Le Directoire est dominé par parvenu de la politique et de l'argent lien financepolitique. Les "honnêtes gens" dirigent après nobles et populace (chute de Robespierre). Les
politiques s'enrichissent avec l'achat de biens nationaux et grâce à la dévalorisation de la
monnaie. La République est bourgeoise, celle des profiteurs de la débâcle des finances publiques, des débiteurs, des spéculateurs. Les marchés d'Etat donnent lieu à des trafics
d'influence, des pot-de-vin, les fournisseurs aux armées s'enrichissent considérablement
(Jean-Pierre Collot pour l'armée d'Italie).
Les profondeurs de la province
L'extrême centralisation lui a nuit, avant la Révolution, il y avait de grandes familles, une vie, un parlement, un évêque. Même les bourgeois d'Ancien Régime (fournisseurs du Roi) ont perdu beaucoup dans les villes. Les biens nationaux (terres) ont été acheté
par des bourgeois ou paysans aisés au détriment des paysans. Le paysan profite des hauts
prix de la pénurie 1795-96. Ces paysans aisés enrichis tiennent donc à la Révolution. Dans
les villes, la petite bourgeoisie s'engouffre dans les nouveaux emplois publics. L'émigration
a anéanti l'industrie du luxe.
La vie parisienne
Paris est désormais le centre, l'âme du pays. Clergé et noblesse = disparus. Les
grands hôtels sont la proie des spéculateurs. C'est le règne de l'argent. La rive droite devient
centre de la vie parisienne (Champs-Élysées). Des grands palais deviennent des lieux de bal.
Le cœur du Tout-Paris est la Chaussée-d'Antin ; la richesse se concentre. Les classes sociales populaires sont à l'est de Paris, ce qui était – net sous l'Ancien Régime interface. La
prépondérance des femmes reprend comme sous l'AR (Terreur). La catin a fait école, naissance du demi-monde. Des anciennes nobles (Mme de Condorcet) recréent leur salons littéraire, mais elles ne font + parties du monde.
Mme de Staël désire une monarchie constitutionnelle échec. Son amant, elle
alors bannie, Benjamin Constant, se lance à la conquête de Paris. Il devient propriétaire. Ce
Suisse publie en été 1796 un ouvrage de propagande thermidorienne : De la force du gouvernement actuel de la France et de la nécessité de s'y rallier. A Noël 1796, Mme de Staël
peut revenir en France. Son ancien amant, Talleyrand, vit dans la misère, sans argent et sans
emploi. Au printemps 1797, après élections royalistes, il s'associe avec Constant et les républicains des Conseils (Cabanis, Daunou, Chénier, Sieyès) pour fonder le cercle constitutionnel, destiné à soutenir le régime contre Clichy. Constant et de Staël l'impose à Barras
remplace Delacroix aux Relations extérieures le 14 juillet 1797.
La république des professeurs
Les thermidoriens haïssent nobles et prêtres. Pour retirer le peuple des mains de la
superstition et des préjugés (=religion), ils pensent qu'il faut l'instruire. L'enseignement doit
être républicanisé = instruction publique chargée de répandre les Lumières.
L'Institut avait été créé lors de la dernière séance de la Convention (3 brumaire an
IV ou 25 octobre 1795) = sorte de 3e pouvoir spirituel, 48 membres nommés par Directoire,
les autres par cooptation = députés ou dignitaires du régime (Daunou, Marie-Joseph Chénier). 3 classes : sciences physiques et mathématiques, littérature et beaux-arts, sciences morales et politiques (=nouveau). Entre l'Italie et l'Egypte, B y a beaucoup étudié "Je suis de la
religion de l'Institut". Relais des académies du XVIIIe, il regroupe l'élite intellectuelle (Cabanis, Volney, Garat), qui s'éloigne des idées innées et des explications métaphysique, elle
veut fonder une science de la formation des idées à partir des sensations ~ précurseurs du
positivisme. Le progrès des sciences mène à ne + expliquer par la Providence, le "système
du monde" est expliqué, la conception de l'univers vulgarisé (mathématiciens Lagrange et
Monge, chimistes Berthollet, Chaptal, Fourcroy, Darcet, naturalistes Lamarck, Cuvier,
Geoffroy Saint-Hilaire, médecins Pinel et Bichat). Bernardin de Saint-Pierre reste fidèle au
déisme rousseauiste. Réaction royaliste : La Harpe, Fontanes.
Condorcet et Le Peletier eurent l'idée d'un enseignement public loi du 30 frimaire an II (20 décembre 1793) sur les "premières école", mais les grandes articulations ont
été mises en place par thermidoriens : Enseignement public et laïque. Contrairement au
Montagnards, les thermidoriens donnent priorité à l'éducation des élites. Le 3 brumaire an
IV, faute d'argent, il y a – d'école et les instits sont payés par élèves et communes (Etat)
instits rares et médiocres, pas d'obligation scolaire (1793) paysans gardent enfants à
la ferme, mais beaucoup de moyens pour secondaire : dessin, histoire naturelle, langues anciennes et vivantes, mathématiques, physique, chimie, "grammaire générale" (théorie du
langage avec psychologie sensualiste), belles-lettres, histoire-géographie et législation et le
supérieur : Conservatoire des arts et métiers, Ecoles des services publics, pour l'armée, la
marine et les ponts et chaussées, 3 école de médecine (Paris, Lyon, Montpellier), ENS,
Ecole des langues orientales, Conservatoire de musique, musée des Monuments français,
Muséum, Observatoire. Le directoire créa des écoles centrales dans tous les départements :
enseignement trop élevé, il fallait tout faire (3X 3 ans), mais la plupart ne faisait pas tout, se
spécialisaient. Bon nombre de bonnes familles confient leurs enfants à des écoles privées.
La vie artistique
Succès du théâtre. Les chroniques mondaines des journaux avec vie des acteurs
débutent. On joue, Corneille, Racine, comme avant, mais aussi Voltaire et Crébillon. Succès
du vaudeville au théâtre Montansier. La France philosophe se sent proche de la vertu romaine (rhétorique, fêtes, titres, décors). Le Directoire, - héroïque, n'est pas exclusivement
romain, mais antique en général (grec, égyptien). Le style dit Directoire est né entre 1785 et
1790 quand sont créés les petits bas-reliefs "pompéiens", les fines incrustations géométriques, etc. Homme clé : David. Dès 1791, le Louvre rassemble pour les Français des tableaux issus des collections royales aristocratiques, cléricales, ainsi que les œuvres pillées
en Italie.
Le Directoire et la religion
Le Clergé a été déchiré par la Charte. Au lendemain de la Terreur, le religion catholique, toujours enracinée, renaît. Les ecclésiastiques constitutionnels veulent réorganiser
l'Eglise (évêque Grégoire, abbé Emery) : texte exprimant loyalisme envers république, mais
contre divorce et mariage des prêtres, exclusion du clergé indigne, gestion démocratique des
diocèses. L'Eglise "ralliée" reste minoritaire (15% des fidèles). Le clergé réfractaire creuse
le fossé : la république est hors la loi catholique. L'opinion ne sait que choisir, souhaite réconciliation.
Les Thermidoriens ne la souhaitent pas, sont farouchement anticléricaux. Mais
Carnot donne sa chance à l'Eglise ralliée de Grégoire, qui tient un concile en 1797. Mais les
triumvirs réagissent, le 18 fructidor se prépare. Il y a un soutien populaire issu du sansculottisme. Si la bourgeoisie se retourne en partie vers l'Eglise  peuple. L'Etre Suprême
n'était que substitution (=culte public).
La Franc-maçonnerie retrouve de l'importance sous le Directoire (Grand Orient et
Grande Loge). Mais le Directoire la soupçonne de royalisme et subventionne donc la théophilantropie : le cœur doit être ouvert à l'harmonie naturelle, rejoint culte de la nature (Bernardin de Saint-Pierre, Dupont de Nemours, MJ Chénier, Servan) et courant déchristianisateur (Rossignol, David).
Dans le calendrier républicain, le décadi devint le dimanche de la semaine de 10
jours, avec une messe autour de l'autel de la Patrie (lecture et commentaire des lois, sermon
de vertu civique, orgue et chants patriotiques). Le calendrier décadaire fut imposé + fortement à partir de 1797 par Directoire = problèmes jour de foire, de marché, de louage,
échéance des baux, tradition. Le Directoire organisa grande fêtes patriotiques : 14 juillet, 22
septembre, aussi 9 thermidor.
La fin d'un régime
La nouvelle Terreur
Après le coup d'Etat du 18 fructidor, les 2 directeurs épurés (Barthélemy et Carnot)
furent remplacés par Merlin de Douai et François de Neufchâteau. Augereau fut mécontent
de l'ingratitude des Anciens. La fonction publique fut épurée. Il fallait faire appliquer les
lois terroristes du 19 et 22 fructidor : émigrés=victimes, devaient quitter France sous 15
jours, sous peine de mort. Idem pour les prêtres réfractaires ou jugés inciviques. Automne
1797printemps 1799 : 160 condamnations de nobles à Paris, 56 à Toulon, 24 à Marseille…, 40 condamnations de prêtres, d'autres sont emprisonnés ou déportés en Guyane.
Sieyès aurait proposé l'expulsion de tous les nobles (sauf les ralliés tel Barras) le centre
s'indigne échec. On revient à 1793 par les visites domiciliaires, fouille de villages par
GN, ouverture du courrier, encouragement de la dénonciation, arrestation de suspects,
presse contrôlée (royaliste interdite) et théâtre. La Terreur vient uniquement du gouvernement qui veut briser le royalisme, il est liquidé, même le constitutionnel.
Le coup d'Etat permanent
L'exécutif est maître : François de Neufchâteau, Merlin de Douai, La Révellière,
Barras, Reubell, Ramel, Talleyrand. Sieyès se pose en réformateur. 15 jours après son retour, B écrit à Talleyrand lui vantant les mérites d'un exécutif fort avec la prière de montrer
l'écrit à Sieyès. Les élections approchent, début 1798, les Conseils s'attribuent la validation
de leurs futures collègues et la nomination du nouveau Directeur pour éviter un nouveau péril royaliste. Les royalistes s'abstinrent d'intervenir, c'est à gauche qu'il fallait faire attention.
Comme des Jacobins furent élus, le Directoire invalida des élections, choisirent d'autres
candidats, etc…
Les échéances électorales de 1799 se préparent dans la guerre des Jacobins non
"floréalisés" (Lucien Bonaparte) soutenus par l'armée (Masséna, Augereau, Jourdan, Bernadotte, Joubert, Brune). La majorité directoriale est aussi mécontente de la dictature de l'exécutif. Les élections manifestent l'hostilité à l'égard du Directoire. Les Conseils refusent les
invalidations et nomment Sieyès comme directeur. Le Directoire devient bouc-émissaire des
défaites, les Conseils prennent leur revanche. Sieyès s'allie avec les Jacobins (Lucien B); il
faut se débarrasser des membres de l'exécutif que Sieyès n'aime pas pour en devienne le
chef : l'élection de Treilhard est invalidée par les Conseils, La Révellière et Merlin sont contraints à la démission le 30 prairial (18 juin). Sieyès et Barras (Jacobin) nomme leurs amis
aux postes "cédés". Les Jacobins ont gagné, le Directoire est discrédité.
La fin du papier monnaie
Dès après le 18 fructidor, le Directoire fait voter le 9 vendémiaire (30 septembre
1797) la grande loi financière (Ramel) : rembourser l'onéreuse dette publique par vente des
biens du Clergé et des émigrés -2/3. Les rapides pertes de valeur des différents papiers
ruinaient les rentiers. Par la loi du 22 brumaire an VI (12 novembre 1797), est créée dans
chaque département une "Agence des contributions directes" pour mieux faire rentrer l'im-
pôt. A l'automne 1798 augmenta l'impôt indirect (loi sur le timbre et l'enregistrement).
Augmentation de la patente, du foncier, mobilier, création de l'impôt sur portes et fenêtres.
Corruption au sommet de l'Etat. Le numéraire, redevenu en 1797, l'instrument d'échanges,
se cache (thésaurisation) déflation (les prix baissent, l'argent est cher). L'inflation avait
dressé le peuple contre le Directoire, la déflation dresse les capitalistes. L'industrie se porte
mal.
L'armée arbitre
Le citoyen ne fait + confiance au régime, mais admire l'armée. Les soldats qui sont
restés, n'ont pas déserté (depuis 1793) sont devenus des soldats de métier. Passions républicaine, patriotique, d'aventure, de maraude se mêlent. L'autorité, qui était largement partagée
avec les hommes de troupe, passe peu à peu aux mains des officiers qui sont farouchement
républicains. Mais les conditions de vie des soldats sont misérables (mal nourris, mal
payés), le chapardage est de mise. Pour remédier aux désertion, Jourdan fait voter la loi du
19 fructidor an VI qui établit un service militaire obligatoire : le soulèvement dans les
Flandres est réprimé, beaucoup fuient, se cachent.
La crise sociale
La réduction de la dette publique (ruinant les rentiers)+déflation = les bourgeois se
dressent. Les excellentes récoltes de 1796-97-98 aggravent la chute des prix, au grand bonheur du peuple par contre, mais à la misère des bourgeois et paysans. Le peuple se désintéresse de la politique, il est las de l'agitation, des aventures, il veut ordre, paix et des chefs
non méprisables. Il y a des résistances à la conscription. Les administrations locales obéissent mal au régime discrédité. Les bandes de hors-la-loi pullulent. Les "brigands royaux"
sont maîtres de la nuit, organisent meurtres, chantages, querelles.
La crise politique
Depuis le 30 prairial, la revanche législative s'accompagne d'une poussée jacobine
(clubs, presse). Au CCC, la gauche dénonce corruption, dilapidations, veut traduire en justice les anciens directeurs. L'armée va mal : Jourdan battu à Stokach s'est repli sur le Rhin,
Moreau et Macdonald évacuent l'Italie, en Suisse Masséna recule derrière la Limath. La
France est menacée par l'étranger. Les chouanneries croient le moment venu, se coordonnent pour un assaut. Les Jacobins des Conseils décident le 10 messidor (28 juin) la levée en
masse (célibataires de 20 à 25 ans) = impopularité seulement ½ vient, le 24 messidor (12
juillet) : prise en otage de parents d'émigrés et exécution de 4 pour 1 pour assassinat de
fonctionnaire, acquéreur de biens nationaux ou prêtre constitutionnel, emprunt forcé de 100
millions sur les riches le 19 thermidor (6 août) l'argent se cache, on cherche à frauder.
Barras et Sieyès prennent peur, ils sont diffamés par Jacobins (corruption ; restauration)
Sieyès veut s'appuyer sur les modérés pour réformes. Ils ferment le club des Jacobins.
Devant l'émeute royaliste dans le Midi, la défaite de Novi (15 août) et le débarquement anglais en Hollande, les Jacobins veulent proclamer la "patrie en danger" pour une dictature de
salut public les faubourgs ne suivent pas Jacobins se tournent vers leurs généraux, mais
Jourdan et Augereau n'ont + de commandement et Sieyès "démissionne" Bernadotte.
Le complot de Brumaire
Sieyès veut réviser les institutions, ne s'est pas compromis dans le régime en y participant, attendant qu'on l'appelle comme un sauveur = forte réputation. Dans l'été 1799, il
comprend la lassitude du peuple, rallie les Jacobins récupérables (Lucien B), des républicains modérés (Daunou, Chénier, Constant, Roederer, Talleyrand) et installe des hommes
sûrs aux postes clés (Roger Ducos, Cambacérès, Fouché, Lefebvre) avec l'appui de Barras.
Sieyès méprise le peuple, mais haït avant tout l'aristocratie. Il veut – comme les thermidoriens de l'an III – par peur d'une révolution, arrêté la révolution par un pouvoir fort qui consoliderait et protègerait les résultats. Il veut un exécutif unique, un roi. Il a élaboré un coup
d'Etat s'appuyant sur la CA, dont il a le soutien ; prétextant un complot jacobin, les Conseils
seraient transférés à Saint-Cloud et Sieyès les rallierait à son plan : 1 grand électeur, 3 consuls élus pour 10 ans, 1 Sénat nommé à vie, 1 suffrage universel filtré par des "listes de notabilités". Mais il a besoin d'un appui militaire, Joubert est mort à Novi. Il pense à Moreau
quand B débarque à Fréjus.
Le retour de Bonaparte
B débarque à Fréjus le 9 octobre, Paris l'apprend le 13 au soir. J court le rejoindre
pour se faire pardonner de ses infidélités. Mais elle prend mauvaise route, B rencontre
d'abord ses frères Louis, Joseph et Lucien, qui détestent J, et ne lui font grâce d'aucun détail.
Il arrive le 16 au matin, J le rejoint le 17. B est populaire ; il est la chance et la victoire, son
arrivée incarne, à tort, le redressement (de Masséna et Brune en fait). Le CCC s'enthousiasme avec les Jacobins, ils le veulent à la tête des armées. Les Chouans sont de + en + menaçants. B ne veut être d'aucune faction, mais l'homme de la réconciliation, de l'ordre et de
la paix. Il ne sait comment s'ouvrir la route au pouvoir, il flatte les Jacobins (Moulin, Gohier), ne repousse personne.
Lucien B joue l'intermédiaire avec Sieyès ; il explique coup d'Etat et réformes institutionnelles. B donne son accord de principe, mais ne veut rencontrer Sieyès en privé, il se
méfie de ses ambitions et de celles de son frère. Mais Sieyès et B ne peuvent rien faire l'un
sans l'autre et ont les mêmes amis. Ils se rencontrent le 10 brumaire chez Lucien B accepte transfert des Conseils à Saint-Cloud, mais ne veut pas leur imposer constitution
Sieyès, mais 1 gouvernement provisoire de 3 consuls (dont il se réserve d'être) qui sera
chargé de rédiger 1 nouvelle constitution avec une commission choisie dans les Conseils
Sieyès cède
Le 18 brumaire
Le 18 au matin prétextant un complot anarchiste, l'Assemblée est réunie à 7h. La
place de la Concorde est investi par le 9e dragons de Sébastiani. Anticipant 1 décret pas encore voté, B convoque tous les chefs d'armées rue de la Victoire ; il multiplie cadeaux et
promesses. A 8h30, le décret des Anciens l'investit pour transférer les Conseils à SaintCloud. A Paris, B est acclamé, derrière lui, Murat, Marmont, Berthier, Lefebvre, Lannes,
Macdonald, les futures maréchaux d'empire. B joue sa 1ère scène parlementaire aux Tuileries
affirmons que lui et ses compagnons d'armes veulent une "République fondée sur la vraie liberté, sur la liberté civile, sur la représentation nationale". Les Conseils, contraints, s'ajournent. Devant les troupes et les généraux, B se lamente sur l'état de la France pauvre et atta-
quée alors que lui l'avait laissée riche et victorieuse. Les troupes acclament leur chef. Les
ministres (Fouché Cambacérès) rejoignent le coup d'Etat. Les Directeurs complices Sieyès
et Ducos sont là et démissionnaires. Barras est contraint à la démission. Les directeurs jacobins Gohier et Moulin refusent de s'incliner cloîtrés au Luxembourg sous la garde de Moreau. Sieyès veut coffrer préventivement 40 députés jacobins, mais B, voulant la légalité, s'y
refuse.
Le lendemain, les séances s'ouvrent à Saint-Cloud. A 14h, le CCC fait de la résistance ; les Jacobins crient "la Constitution ou la mort" et veulent que soit prêté un serment
de fidélité à la constitution de l'an III. Le CA, pris de scrupules, demande explication au Directoire, ils apprennent qu'il n'existe + car 4 (en fait 3) membres ont démissionné. A 15h30,
suspension de séance. Certains veulent élire de nouveaux directeurs plus énergiques pour
renforcer l'exécutif tout en gardant la constitution. Les hommes de loi et intellectuels brumairiens tendent au compromis, reculent devant Jacobins. Le coup d'Etat est en danger. Le
discours de B aux Anciens est consternant, il s'enfonce de + en + dans une rhétorique brutale et incohérente, il ne sait répondre aux questions échec. Au CCC, il dénonce l'hypocrisie constitutionnelle des Jacobins, il est traité de "hors-la-loi", bousculé, frappé, ses soldats le dégagent presque évanoui.
Sieyès ordonne alors de faire marcher les troupes, B hésite, il doute des troupes. Le
CCC veut mettre B hors-la-loi (=Robespierre). Lucien et B sont à cheval devant leurs
troupes. Lucien, président du CCC, ordonne aux grenadiers de chasser les factieux du CCC,
les "représentants du poignard". Les troupes de B, criant qu'on a voulu assassiner leur général, l'acclament. Devant le CCC, Murat ordonne "Foutez-moi tout ce monde dehors" = 5 minutes. Le complot est victorieux, les Anciens vote le gouvernement provisoire composé de 3
membres. On rassemble alors les députés du CCC que l'on trouve pour leur faire voter la
création d'une "commission consulaire exécutive, composée des citoyens Sieyès, Ducos, exDirecteurs, et de Bonaparte, général, qui porteront le nom de consuls de la République", 2
commissions de 25 membres remplaceront les Conseils. Les Anciens ratifient à 4h du matin.
Le coup d'Etat est ainsi couronné de "légalité".
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