L’ENFANT ET LES PERSONNAGES IMAGINAIRES Mémoire suivi par Annabel Salerno « Maître de conférences » Betty RUFFIN IUP MV3 2004-2005 Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires Remerciements Je tiens tout d’abord à remercier Annabel Salerno qui m’a suivie dans l’élaboration de ce mémoire tout au long de l’année. Elle m’a guidée vers le « bon » sujet, elle m’a orientée dans le choix des textes et de l’étude menée. Sa présence et son aide m’ont été très précieuses, et je lui en suis vraiment reconnaissante. J’aimerais aussi remercier tous les enfants que j’ai interviewés : Ophélie, Anne-Sophie, Clémence, Julien, Marine, Kenny, Nicolas, Marie, Audrey, Alexandre, Aymerick et Valentin, ainsi que leurs parents sans qui mon étude n’aurait pas pu se réaliser. Ils ont été très coopératifs et attentifs, et m’ont beaucoup appris. Merci aussi à tous ceux qui m’ont aidée, quoique indirectement, dans l’écriture de ce mémoire. Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires SOMMAIRE 1. Revue de littérature 1.1. L’enfant, un consommateur actuel et en devenir 1.1.1. Le développement cognitif et l’âge de l’enfant 1.1.1.1. Le développement cognitif de l’enfant 1.1.1.2. L’influence de l’âge de l’enfant 1.1.2. La mémorisation 1.1.3. L’importance de l’affectif 1.1.4. L’implication 1.1.5. L’ensemble évoqué 1.1.6. La socialisation de l’enfant 1.1.6.1. Les parents 1.1.6.2. Les pairs 1.1.6.3. Les médias 1.2. L’enfant et les marques 1.2.1. L’importance de la marque pour l’enfant 1.2.2. L’influence de différentes variables 1.2.2.1. L’impact des variables sociodémographiques 1.2.2.2. L’effet de la promotion 1.2.2.3. L’importance du packaging 1.2.3. L’attitude de l’enfant envers une nouvelle marque Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires 1.3. L’enfant et la publicité 1.3.1. La publicité télévisuelle sinon rien 1.3.2. L’annonce publicitaire 1.3.2.1. Définition 1.3.2.2. L’attitude de l’enfant envers l’annonce publicitaire 1.3.2.3. Comment créer une annonce publicitaire efficace ? 1.3.3. L’influence de la publicité sur l’enfant 1.3.4. La création de stéréotypes 1.3.5. La publicité à destination des enfants est-elle efficace ? 1.4. L’enfant et les personnages imaginaires 1.4.1. Qu’est-ce qu’un personnage imaginaire en marketing ? 1.4.1.1. Définition 1.4.1.2. Distinction entre différents types de personnage 1.4.1.3. La signification du personnage imaginaire 1.4.2. Pourquoi utiliser un personnage ? 1.4.2.1. Pour que la marque soit reconnue 1.4.2.2. Pour créer une relation avec l’enfant 1.4.2.3. Pour fidéliser l’enfant 1.4.3. Comment les enfants le perçoivent-ils ? 1.4.4. Comment bien choisir et bien utiliser un personnage ? Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires 1.5. Personnalité de marque et relation à la marque 1.5.1. Définitions 1.5.2. L’échelle de personnalité de la marque de Jennifer Aaker et son adaptation 1.5.3. Transposition d’une échelle de personnalité aux marques 1.5.4. Personnalité de marque et image de soi 1.5.5. La relation à la marque 2. Méthodologie 2.1. Mise en place de la problématique 2.2. Objectifs et questions d’étude 2.3. Conception de l’étude 2.3.1. Définition de la population 2.3.2. Composition de l’échantillon 2.3.3. Méthode d’accès aux interviewés 2.3.4. Guide d’entretien 2.3.4.1. Composition du guide d’entretien 2.3.4.2. Pré-tests 2.3.4.3. Questionnaires 2.3.5. Déroulement d’un entretien 2.3.6. Analyse des résultats Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires 3. Résultats 3.1. L’âge de l’enfant a un effet sur ses attentes et donc influence son point de vue 3.1.1. Le jeune enfant est plus sensible à la promotion 3.1.2. Le jeune enfant est plus sensible au personnage 3.2. L’implication de l’enfant pour la catégorie de produit a une influence sur : 3.2.1. Son degré d’expertise en matière de noms de produits 3.2.2. Son degré d’expertise en matière de noms d’enseignes 3.2.3. Sa connaissance du personnage et sa précision dans la description de celui-ci 3.3. Les parents ont une influence sur leurs enfants 3.3.1. Par rapport à leur lieu et à leurs habitudes de consommation 3.3.2. Par rapport à leur fréquence de consommation du produit 3.3.3. Les copains n’influencent pas encore l’enfant 3.4. Les enfants sont sensibles à la publicité et à la communication en général 3.4.1. Les enfants sont très sensibles à la publicité télévisuelle 3.4.2. Les enfants sont sensibles au packaging du produit 3.5. Le personnage véhicule sa personnalité de marque 3.5.1. Proximité, qualité de l’output et qualité de l’interaction 3.5.2. Le personnage provoque une attitude favorable envers la marque Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires 4. Discussion 4.1. Synthèse des résultats 4.2. Limites de l’étude 4.2.1. Taille de l’échantillon 4.2.2. Echantillon de convenance 4.2.3. Sélection d’une seule marque : Quick 4.2.4. Les limites cognitives de l’enfant 4.3. Voies de recherche 4.4. Implications managériales Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires « L’enfant, comme tout être humain, est un être de langage »1. En prononçant ces mots lors d’une conférence à Lyon en 1984, Françoise Dolto ne s’imaginait probablement pas quelle importance ils pourraient prendre vingt ans plus tard pour les professionnels du marketing. Pourtant, c’est dans les années soixante que certains chercheurs tels que Mac Neal ont commencé à reconnaître le marché potentiel de l’enfant, et ont donc commencé à s’y intéresser et à analyser ce nouvel acteur de la consommation. Et, au milieu des années soixante-dix, ces recherches sont reconnues en marketing. Aujourd’hui, de nombreuses entreprises ont compris l’importance de toucher et de fidéliser l’enfant qui est non seulement consommateur, prescripteur, mais aussi le consommateur de demain. Le rôle de prescripteur de l’enfant n’est vraiment pas à négliger quand on sait que l’enfant influence plus ou moins directement 43% des achats familiaux (Brée, 1990) ou quand on sait que 85% des enfants vont faire les courses avec leurs parents, 80% d’entre eux pour se faire acheter quelque chose (Muratore, 1999). Pour certaines de ces entreprises, l’enfant représente même leur cœur de cible ; c’est notamment le cas des entreprises de jouets, de jeux vidéo, de presse enfantine ou encore de céréales… Les chiffres sont impressionnants ; par exemple, les ventes de l’ultrafrais pour enfants ont atteint 465,9 millions d’euros en 2004, ce qui représente 13% du marché global2. Nestlé a d’ailleurs revu complètement sa gamme de produits pour enfants – Yoco. Pour cela, ils ont investi 10 millions d’euros sur les six premiers mois de l’année 2005, avec notamment un nouveau plan merchandising et un nouveau logo Nestlé. Cette nouvelle gamme répondant aux besoins nutritionnels des 3-10 ans mise sur un packaging plus informatif et plus ludique. En effet, le « Contrat Enfance et Nutrition » mis en avant tend à rassurer les mamans, tandis que le personnage Yoco ainsi que les couleurs attrayantes… séduisent les enfants3. Cependant, les marketeurs savent qu’ils ne peuvent pas faire n’importe quoi pour attirer les enfants ; en effet, ceux-ci sont quasiment des experts en marketing dès le primaire, 1 Dolto F. (1987), Tout est langage, Livre de poche Déniel P. (2005), Nestlé donne un nouveau visage à Yoco, LSA, 1889, p77 3 Eschwège A. (2005), Yoco veut conjurer l’obésité des enfants, Marketing Magazine, 93, p46 2 Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires comme le souligne Olivier Lazzarini, directeur général de Marketing Store4. D’autre part, Pascale Petit, directrice du consulting de l’agence Regenere, ajoute que les enfants détestent le mensonge – Françoise Dolto ne l’aurait pas contredite puisqu’en 1984 elle disait « l’enfant a besoin de la vérité et y a droit », les paroles dites et non dites pouvant marquer la vie d’un enfant et ce, souvent à son insu. C’est pourquoi les entreprises ont tout intérêt à trouver une cohérence entre d’une part leurs actions marketing et d’autre part leurs produits et leur image. Sinon, si les enfants décèlent qu’un produit n’est pas légitime, c’est le « buzz » assuré. A l’inverse, « si on frappe juste, c’est un raz-de-marée » souligne Pascale Petit. A l’heure actuelle, les enfants deviennent plus exigeants. Ainsi la publicité, et notamment la publicité télévisuelle – ce média étant le média de prédilection des enfants – ne suffit plus à les séduire. En effet, on remarque qu’elle a certes un effet déclencheur, mais il semble intéressant de l’accompagner de hors médias tel que l’essai des produits par les enfants, l’animation, ou encore la présence sur des salons. Certaines enseignes en sont entièrement satisfaites. En ce qui concerne les jeux concours, les enfants ne s’y intéressent pas lorsqu’ils savent que la chance de gagner est trop mince. En revanche, fans de télévision, les enfants la regardent beaucoup, et notamment les émissions qui leur sont destinées. Les chaînes développent ainsi pour chaque émission une mascotte, ce qui ravit les enfants… et la chaîne ! Les enfants y trouvent des repères, ils reconnaissent mieux l’émission en l’associant à la mascotte et les chaînes, quant à elles, peuvent lancer des produits dérivés à l’effigie de cette dernière. Quoiqu’il en soit, il est primordial pour les entreprises pouvant déclarer « Vos enfants m’intéressent » de segmenter leur offre en fonction de l’âge de l’enfant. Selon Olivier Lazzarini, « il y a d’abord les enfants de 0-3 ans, âge préscolaire, à qui on ne s’adresse pas directement mais à leurs parents, puis les 4-7 ans scolarisés en cours d’acquisition de la lecture et de l’écriture et les 8-10 ans qui se préparent à entrer au collège ». Chastellier (2003), de son côté, s’est davantage intéressé au « marketing jeune », c’està-dire aux 8-24 ans. Il segmente donc ces jeunes en quatre groupes : les 8-11 ans, le kid 4 Rose L. (2004), L’enfant, roi des marques, Marketing Magazine, 90, pp39-46 Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires marketing, les 11-14 ans, le badge marketing, les 14-18 ans, le pur marketing, et les 18-24 ans, l’underground marketing. Par exemple, pour les 8-11 ans, Ronan Chastellier (2003) dénombre trois types de produits différents : les produits maternants – qui se basent sur une relation régressive entre l’enfant et sa mère – les produits émotionnels et les produits émancipateurs qui correspondent à une recherche de maturité de la part de l’enfant. L’âge apparaît ainsi comme une variable clé de segmentation chez l’enfant. Cependant, d’autres facteurs tels que le développement cognitif, l’environnement familial et amical… rendent les enfants différents. Mais dans tous les cas, quelque soit son âge, l’enfant est toujours attiré par les plus grands et par les produits ciblant la tranche d’âge supérieure, c’est ce qu’on appelle l’aspiration « ascensionnelle ». Ces quelques données générales sur le marketing et l’enfant donnent à réfléchir sur les stratégies que les entreprises adoptent et/ou devraient adopter pour toucher le plus efficacement l’enfant. Nous nous intéresserons dans ce mémoire à l’une des stratégies qu’est l’utilisation d’un personnage imaginaire, tout en tenant compte de la personnalité de la marque. Autrement dit, nous essaierons de répondre à la problématique suivante : Comment la personnalité d'une marque par le biais d'un personnage imaginaire parvient-elle à influencer la qualité de la relation à cette marque ? Notre cible étant bien évidemment les enfants, et plus particulièrement les 8-11 ans. Dans un premier temps, nous allons procéder à une revue de littérature, bien que non exhaustive, de l’enfant dans le domaine de la consommation : l’enfant en tant que consommateur, l’enfant et les marques, l’enfant et la publicité, l’enfant et les personnages, et enfin, nous nous intéresserons à la personnalité de marque et à la relation à la marque. Dans un second temps, nous décrirons l’étude exploratoire que nous avons menée auprès de douze enfants âgés de 8 à 11 ans. Et enfin, nous synthétiserons les résultats obtenus pour ensuite en discuter en les mettant en relation avec la théorie existante. Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires 1. Revue de littérature 1.1. L’enfant, un consommateur actuel et en devenir De nombreux paramètres entrent en compte dans l’apprentissage de la consommation de l’enfant : son développement cognitif et son âge, sa mémorisation, son affectif, son implication, son ensemble évoqué et sa socialisation qui se fait grâce à plusieurs acteurs. 1.1.1. Le développement cognitif et l’âge de l’enfant Chez l’enfant, le développement cognitif et l’âge sont étroitement liés. Tous deux jouent un rôle primordial dans son comportement de consommation. 1.1.1.1. Le développement cognitif Le développement cognitif est un pré requis incontournable pour appréhender les attitudes et le savoir faire des enfants. Jean Piaget (cité par Brée, 1993), célèbre psychologue Français, a élaboré un schéma des différents stades du développement cognitif. Il détecte quatre stades en fonction de l’âge de l’enfant : le stade sensori-moteur (de 0 à 2 ans) : c’est la période où s’organise l’espace de l’action. L’enfant prend conscience de l’ensemble des relations qui coordonnent les positions et les déplacements des objets et des sujets. Cependant, il ignore toute représentation abstraite, et son lien avec le monde extérieur se limite aux actions et aux mouvements. Cette période reste tout de même la moins étudiée, notamment à cause des problèmes de communication avec l’enfant qui conduisent à des difficultés sur le plan méthodologique. le stade préopératoire (de 2 à 7 ans) : les capacités symboliques de l’enfant se développent mais le comportement reste encore lié à la perception directe. C’est pendant ces cinq années également que l’enfant apprend à maîtriser le langage, c’est en partie pourquoi il devient plus curieux vis-à-vis du monde qui l’entoure. Ce stade de développement, malgré les nombreux exploits accomplis par l’enfant, est surtout défini par ses insuffisances. A l’inverse de la première, cette période a tout de suite intéressé les chercheurs. Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires le stade opératoire concret (de 7 à 12 ans) : l’enfant peut désormais effectuer des opérations plus complexes telles que la hiérarchisation ou la sériation mais en se limitant à des objets concrets. L’élément fondamental de ce stade est l’accès à la conceptualisation ; en d’autres termes, l’enfant peut maintenant saisir les objets également grâce à leurs liaisons internes. Cela signifie par exemple qu’à partir de sept ans, un enfant sera capable d’utiliser plusieurs attributs pour évaluer un produit, et ne se contentera plus de le juger à partir d’une seule caractéristique tels que la taille ou le prix. Ce progrès considérable se traduit par la découverte de la notion de conservation et par la relation d’ordre. le stade de la pensée opératoire formelle (à partir de 12 ans) : l’enfant qui devient un adolescent a recours aux modes de pensée abstraite, de la même manière qu’un adulte. Ces stades de développement cognitif ne se remplacent pas, mais viennent au contraire se compléter. Chaque phase vient élargir et compléter l’efficacité de la phase précédente (Brée, 1987). Le développement cognitif de l’enfant dépend également de facteurs personnels ou environnementaux. Par exemple, un enfant de 11 ans peut atteindre le stade opératoire formel, c’est-à-dire avant l’âge théorique. Néanmoins, l’ordre de ces phases ne peut être modifié. 1.1.1.2. L’âge Le comportement de consommation de l’enfant varie beaucoup en fonction de son âge. En effet, plus l’enfant grandit, plus il accumule et retient des informations et en recherche, soit par le biais de ses différents agents de socialisation (Mizerski, 1995), soit en utilisant d’autres sources d’informations en fonction de ses besoins (Roedder John, 2001). Les enfants deviennent ainsi des consommateurs mieux informés car ils peuvent utiliser diverses informations collectées pour évaluer et comparer les différentes offres. En d’autres termes, l’enfant fait des choix qui sont basés, à partir de 7-8 ans, sur plusieurs critères. Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires D’autre part, en grandissant, l’enfant connaît davantage et commence à être habitué à la publicité (Mizerski, 1995), et notamment la publicité télévisuelle. Contrairement aux plus jeunes, un enfant entrant dans le stade opératoire commence à comprendre l’intérêt économique de la publicité, et s’aperçoivent donc de son intention persuasive « ils montrent le produit meilleur qu’il n’est » (Roedder John, 2001). Ils deviennent de plus en plus sceptiques, et essayent d’analyser et de critiquer la publicité. De plus, plus ils grandissent, plus les enfants ont de forts stéréotypes (Belk, Mayer et Driscoll, 1984). L’âge est également déterminant en ce qui concerne la sensibilité de l’enfant au cadeau. En effet, plus l’enfant est âgé et moins il est sensible à des offres mobilisant l’affect comme le cadeau. En revanche, la prise en compte par l’enfant des marques sur une gamme de produits n’est pas fonction de son âge (Muratore, 2002). Par ailleurs, l’âge de l’enfant influence également sa reconnaissance des personnages. En effet, plus il grandit, plus l’enfant reconnaît les personnages imaginaires, et plus il est apte à distinguer un personnage d’un être humain (Mizerski, 1995). De même, plus l’enfant grandit, mieux il décèle le lien entre un personnage, la marque dont il est l’emblème et la classe de produits à laquelle la marque appartient. En grandissant, l’enfant accroît également sa reconnaissance visuelle, il cite plus facilement et plus rapidement la marque qu’il attribue aussi mieux à la catégorie de produits à laquelle elle appartient (Roedder John, 2001). L’âge semble donc être un bon indicateur des capacités de l’enfant à comprendre les aspects symboliques de la consommation (Rouen Mallet, 2002). 1.1.2. La mémorisation Tout d’abord, il est évident que la mémorisation de l’enfant augmente avec son âge (Roedder John, 2001). Les enfants ont une forte mémoire visuelle, plus importante d’ailleurs que leur mémoire cognitive (Rouen-Mallet, 2002). Grâce à son étude, Rossiter (1976), avance que les enfants ont une riche base de données d’informations sur les produits, base de données qui est davantage stockée dans leur mémoire visuelle que verbale. En effet, les enfants, à qui on a demandé de reproduire d’après leurs souvenirs un paquet de céréales, ont réalisé des dessins Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires très précis, mentionnant notamment le nom de la marque ou les couleurs. Cela montre bien que les enfants savent extraire et utiliser à bon escient les informations stockées en mémoire dans leurs décisions d’achat. Mais l’information en provenance de l’environnement est reçue dans la mémoire à court terme ; les données sont donc accessibles immédiatement, mais cette réserve atteint vite ses limites temporelles et quantitatives à moins qu’elle ne soit transférée dans la mémoire à long terme (Brée, 1993). Brissy (cité par Rouen Mallet, 2002) parvient à la même conclusion en 1996, à savoir que la « photo mentale » faite par les enfants du packaging est excellente. Ils respectent l’organisation générale tout en précisant les différents éléments spécifiques de la marque tels que le nom, le logo, le personnage ou les couleurs. Mac Neal ajoute que le packaging facilite l’apprentissage de la marque pour l’enfant. Ayant réalisé une étude similaire à celle de Rossiter, Mac Neal observe que le devant du paquet de céréales est le côté que les enfants mémorisent le mieux, c’est également celui qu’ils utilisent pour associer les différents éléments de la marque. Par ailleurs, plus l’enfant est « âgé », plus il inclut d’éléments à son dessin, comme les couleurs de fond, les slogans, le nom du fabricant… Il note cependant une différence importante par rapport à l’étude de Rossiter vingt-six ans plus tôt : les enfants les plus jeunes se rappellent davantage d’une marque de céréales (67% en 1976, 90.6% en 2002). D’après Rossiter, la mémoire visuelle est même probablement plus importante dans la prise de décision pour les enfants que pour les adultes. Concernant la publicité, la mémoire a également un rôle important. En effet, la mémorisation d’une marque ou d’une publicité est souvent associée à une attitude favorable ; c’est-à-dire un achat ou une intention d’achat (Mizerski, 1995). De même, lorsqu’un personnage imaginaire est présent dans une publicité télévisuelle, l’enfant a tendance à mieux la retenir ; il retient surtout ce que fait le personnage (Brée, 1990). L’attention et la mémorisation des enfants en matière de noms de marque tend à augmenter avec l’âge (Rossiter, 1976). Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires 1.1.3. L’importance de l’affectif La dimension affective est à prendre en considération dans le comportement de l’enfant. En effet, les actes d’achat sont guidés par des facteurs à dominante affective (Brée, 1987). Mais, bien qu’étant l’aspect le plus important chez l’enfant, Piaget (cité par Brée, 1987) reconnaît dès 1963 qu’affectif et cognitif sont indissociables. Et toute la difficulté pour les chercheurs en comportement du consommateur enfantin réside dans cet équilibre. Brée ajoute, en 1990, que deux facteurs dominent le raisonnement de l’enfant : l’égocentrisme et l’hypertrophie de l’élément affectif. Si le premier s’atténue vers l’âge de 7-8 ans, le deuxième, quant à lui, reste très fort jusqu’au stade opératoire formel, c’est-à-dire jusque 12 ans. Cela a comme conséquence que l’enfant s’implique dans tout ce qu’il fait, pour des choses importantes ou anodines. C’est d’ailleurs pour cette raison que les enfants sont « passionnés » par les publicités ; ils ont autant de plaisir à regarder une publicité qu’un dessin animé. Rouen Mallet (2002) arrive à la même conclusion, c’est-à-dire que la facette affective est prépondérante dans la formation de la sensibilité de l’enfant aux marques et ce, tous produits confondus. Cette facette serait le reflet du plaisir et de l’attirance que ressent l’enfant vis-à-vis des marques ; l’affectif est donc très important dans le processus de choix de l’enfant, quelque soit son âge. C’est pourquoi il est important de tenir compte des dimensions hédonique et ludique dans le comportement de l’enfant. Car l’enfant fait son choix davantage en fonction des émotions agréables et du plaisir associés au produit considéré. Concernant l’évolution de l’affectif par rapport à l’âge, les avis sont partagés. Rouen Mallet (2002) affirme que, étant donné que plus l’enfant grandit, plus il est sensible aux marques, et donc plus le score moyen de cette facette est élevé. Cependant, Muratore (2002) pense que l’affectif est le plus développé chez les plus jeunes. Dans tous les cas, la dimension affective est caractéristique du comportement des enfants et devient beaucoup moins importante à l’âge adulte. Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires 1.1.4. L’implication L’implication est sans conteste une variable déterminante dans la compréhension du comportement du consommateur. Ceci est également valable pour l’enfant. Il est donc primordial d’en tenir compte, d’autant plus que l’implication apparaît comme un outil plus pertinent que les variables sociodémographiques (Rouen Mallet, 2002). En effet, plus un enfant s’intéresse à une classe de produits, plus il sera attentif à ce que lui présentent ces produits (Muratore, 2002). A l’inverse, si l’enfant ne se sent pas du tout concerné par le produit, il se contentera, lors de l’achat, de suivre les directives de sa mère quant au prix ou à la marque (Brée, 1987). Il existe un aspect personnel de l’implication ; c’est-à-dire que l’implication doit refléter une relation entre la personne (le moi, le je) et un objet, parfois dans le cadre d’une situation (Derbaix, Pecheux, 1997). Dans cette optique, l’implication est donc la recherche d’une correspondance entre le moi et les multiples options offertes sur le marché. Cependant, l’implication varie en fonction de l’individu, des produits et des marques, des circonstances et de la communication. L’implication joue donc un rôle très important chez l’enfant, et ce à plusieurs niveaux. En effet, plus un enfant sera impliqué pour un produit, plus il sera réceptif aux noms de marques de ce produit, et plus il tiendra compte de cet attribut et y accordera de l’importance lors de ses choix. Parallèlement, s’il est impliqué pour un produit, l’enfant mémorisera davantage le nom des marques, et il sera donc capable d’en citer plusieurs (Rouen Mallet, 2002). De même, pour le cadeau et la promotion en général : l’implication joue incontestablement un rôle d’antécédent de la sensibilité de l’enfant aux cadeaux et aux promotions, et ce, plus que d’autres variables plus spécifiques telles que l’âge ou la socialisation (Muratore, 2002). L’enfant prend également davantage de plaisir à regarder et consulter l’attribut « marque » lors de son choix s’il se sent impliqué (Rouen Mallet, 2002). Ainsi, connaître l’implication de l’enfant pour un produit donne déjà une très bonne idée de sa sensibilité aux marques pour ce produit (Rouen Mallet, 2002). Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires 1.1.5. L’ensemble évoqué L’ensemble évoqué est souvent confondu avec la notoriété. Or, ces deux notions sont différentes. La notoriété est le degré de connaissance de la marque par le consommateur ; tandis que l’ensemble évoqué est l’ensemble de marques que le consommateur va considérer pour réaliser son choix, en d’autres termes, ce sont les marques acceptables à ses yeux. Il est évident que pour qu’une marque apparaisse dans l’ensemble évoqué d’un consommateur, et notamment d’un enfant, celle-ci doit être connue par ce dernier. Autrement dit, la notoriété serait un pré requis de la considération (Rouen Mallet, 2002). D’après Brown et Wildt (1992) et Hauser et Wernerfelt en 1990 (cités par Mac Neal, 2003), plus qu’un ensemble de marque pris en compte dans une situation d’achat, l’ensemble évoqué serait un environnement symbolique élaboré faits de codes verbaux et visuels dans lequel le nom de marque est niché. Selon Mac Neal (2003), le but d’une entreprise, et notamment d’un industriel de céréales en ce qui concerne les enfants, est de tout faire pour que sa marque fasse partie de l’ensemble évoqué de l’enfant. Suite à son étude demandant à des enfants de reproduire graphiquement une boîte de céréales, il a pu s’apercevoir que quasiment tous les enfants ont ajouté un nom de marque à leur dessin. Ce qui signifie que lorsqu’on parle à l’enfant d’un aliment en particulier, un nom de marque lui vient immédiatement à l’esprit. Pour réaliser leur dessin, les enfants se sont appuyés sur le packaging d’une marque de céréales appartenant à leur ensemble évoqué. Dès lors, il apparaît important pour une marque d’appartenir à l’ensemble évoqué de l’enfant. En effet, Brée (1987) a remarqué que lorsqu’on demandait à un enfant d’acheter un produit, il se permettait d’acheter une autre marque que celle recommandée par la mère s’il y gagne sur un autre aspect (prix, taille…). Seulement, il ne tient compte que des marques qu’il connaît… Dans sa conclusion, Rouen-Mallet (2002) note qu’une marque a davantage de chances d’intégrer l’ensemble évoqué de l’enfant si elle est typique, plutôt que top of mind. D’autre part, 71% des enfants qu’elle a interrogés considèrent un nombre de marques inférieur à l’ensemble des marques de la catégorie de produit qu’ils connaissent ; la taille des ensembles évoqués des enfants n’excédant en général pas trois marques. Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires 1.1.6. La socialisation de l’enfant Scott Ward (cité par Rouen Mallet, 2002) définit la socialisation du consommateur comme l’ensemble des processus par lesquels de jeunes personnes acquièrent des savoir-faire, une connaissance et des attitudes, influençant fortement leurs comportements d’achat (Roedder John, 2001). La socialisation de l’enfant a lieu pendant une période cruciale de son développement cognitif et social. Les agents de socialisation ont un rôle très important à jouer, et ont une forte influence sur les plus jeunes (Mizerski, 1995). Les agents de socialisation sont au nombre de trois : les parents – et plus généralement la famille – les pairs, et les médias. 1.1.6.1. Les parents La famille, et plus particulièrement les parents, est l’agent de socialisation majeur et le lieu d’apprentissage par excellence. En effet, la famille apporte l’expérience première dont la transmission des valeurs ; la communication familiale étant le vecteur de transmission de ces valeurs. Les parents fournissent un modèle à l’enfant, et l’apprentissage de ce dernier se fait par imitation. Les parents lui transmettent des normes, des attitudes et des valeurs en communiquant avec lui, de manière verbale ou non, certaines attentes et comportements type à développer (Gollety, 1999). Dans un premier temps, la famille a un rôle instrumental, c’est-à-dire qu’elle enseigne à l’enfant tous les aspects basiques de la consommation tels que les buts liés à l’argent, au rapport qualité-prix et au processus dynamique de consommation (Brée, 1990). Le simple mode de consommation de la famille permet déjà à l’enfant de repérer des noms de marques, d’en préférer certaines et de les mémoriser (Rouen Mallet, 2002). Les parents doivent tout de même être prudents dans leur enseignement. En 1979, Bjorklund et Bjorklund (cités par Brée, 1990), décèlent en effet une erreur parentale fréquente qui est d’agir comme ils croient que leurs enfants le désirent alors qu’ils projettent simplement leurs propres désirs sur eux. Des disparités existent entre les familles ; ainsi, les meilleures connaissances des problèmes de consommation seraient tenues, selon Moschis et Moore, par les enfants des familles pluralistes (1979, cités par Brée, 1990). En bref, les parents sont à la fois des éducateurs, des médiateurs d’information, des forces compensatoires – un refus parental motivé et expliqué contribue à familiariser l’enfant Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires avec le monde de la consommation – et des stimulateurs de la consommation en stimulant le processus d’acquisition du savoir-faire (Gollety, 1999). Malgré les idées reçues, le processus de socialisation à la consommation ne s’effectue pas uniquement dans un sens. En effet, l’enfant n’est pas passif dans cet apprentissage – apprentissage qui dure toute la vie – il influence lui aussi son entourage, et notamment ses parents. La famille est un groupe social dynamique composé d’acteurs qui apprennent, c’està-dire qui éduquent et reçoivent un enseignement. C’est d’ailleurs pour cela qu’on parle de socialisation réciproque ou inversée (Gollety, 1999). Ceci se traduit concrètement par la transmission des enfants aux parents des informations que les enfants ont acquises dans le milieu dans lequel ils évoluent (école, loisirs…). Apprendre à un enfant à s’adapter à un monde qui évolue exige des parents de se référer aux nouvelles sources d’informations. C’est entre sept et douze ans que l’enfant influence le plus les achats familiaux ; ils modifient de plus les habitudes de consommation familiale. A titre d’exemple, en tenant compte de leur pouvoir d’achat direct et de leur pouvoir de prescription, la moitié des nouveaux produits de la maison sont introduits par les enfants. De plus, le rôle des parents, autrefois autoritaire, est aujourd’hui plus amical. De leur côté, les enfants sont de mieux en mieux informés et de moins en moins crédules (Gollety, 1999). Les parents ont donc tout intérêt à « investir » dans l’éducation de leurs enfants, car ils obtiendront un retour sur investissement important et croissant au fur et à mesure que leurs enfants vont grandir (Polachek et Polachek ; cités par Brée, 1993). Concrètement, les enfants peuvent apprendre à leurs parents à utiliser leur nouvel électroménager, leur ordinateur, ou encore revoir leur tenue vestimentaire. La socialisation de chacun passe donc par différentes interactions sociales au sein de la famille, interactions bénéfiques à tous (Gollety, 1999). En effet, un transfert de compétences ne peut avoir qu’une influence positive étant donné que cela découle de l’enseignement d’un savoir-faire acquis ailleurs (Brée, 1993). 1.1.6.2. Les pairs Etant petit, l’enfant se réfère exclusivement à ses parents. Cependant, dès l’âge de sept ans, il cherche à se libérer du contrôle parental ; il quitte ainsi symboliquement son égocentrisme. Et, bien qu’il n’accepte plus d’être « jugé » par ses parents, il l’accepte de la Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires part de ses pairs auprès desquels il cherche une certaine proximité ; le groupe lui apporte sécurité et autorité, et répond à son désir de conformité (Brée, 1990). Ainsi, posséder une marque pour un enfant sera un moyen de se faire accepter par ses copains, ce sera la clé pour intégrer le groupe. Car, contrairement à leurs aînés, les enfants ont besoin de prouver leur appartenance au groupe de manière visuelle (Dammler, 2002). Contrairement à la famille qui influence l’enfant davantage sur les produits de consommation privée, les copains quant à eux influencent leurs homologues pour les produits de consommation publique. Cela signifie qu’ils ont compris la symbolique de la consommation et considèrent la marque comme indicateur social (Rouen Mallet, 2002). Certains chercheurs affirment que le groupe est plus important pour les enfants des familles modestes, mais aussi pour les garçons (Brée, 1990). Cependant, d’autres chercheurs ne sont pas d’accord avec ces résultats. 1.1.6.3. Les médias Avec les parents et les pairs, les médias ont aussi un rôle non négligeable dans la socialisation de l’enfant. A l’heure actuelle, l’enfant est depuis tout petit habitué à être en contact avec les médias, volontairement ou non. Il y est ainsi très vite habitué et sait en user et en abuser (Brée, 1990). La télévision arrive en tête des sondages auprès des enfants pour déterminer leur média préféré, suivi du cinéma. Les évolutions sociales et morales de ces dernières décennies ont eu comme conséquence que les parents, et notamment les mamans, avaient moins de temps à consacrer à leurs enfants. Une des conséquences directes est que les mamans ont utilisé la télévision comme une « nounou » (Brée, 1990). Le problème est que les enfants, seuls face à la télévision, doivent regarder et critiquer seuls, mais la critique de l’enfant est uniquement basée sur de l’émotionnel, c’est pourquoi elle est souvent biaisée. La télévision étant un agent socialisateur touchant simultanément beaucoup d’individus, il semble dès lors intéressant de l’utiliser pour toucher le maximum de personnes Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires et/ou pour transmettre des valeurs que l’on désire communes ou encore pour banaliser des actes (Beuf, 1979 ; cité par Brée, 1990). En 1980, Banks prévenait déjà des limites de ce média tant apprécié des enfants en avançant que la télévision favorise l’isolement. Cependant, il ajoute que « elle assure pour l’enfant les mêmes fonctions que les gens de parenté dans les sociétés villageoises précédant la révolution industrielle : l’aider à se positionner à partir de points de repères de la société, et donc à se fixer dans un groupe social ». 1.2. L’enfant et les marques Auparavant, et ce jusqu’en 1995 environ, la marque vivait presque indépendamment du produit. Aujourd’hui, le défi de la marque est double : elle doit retrouver une certaine contingence matérielle : l’authenticité et exister dans l’ordre du discours et du symbole : parler à l’imaginaire. Les produits cessent donc de servir, logique besoin, et commencent à signifier, logique marque (coursenligne, 2003). La mission de toute marque, quelque soit la catégorie de produit, est de devenir la référence ; autrement dit une marque forte. En effet, une marque forte est un produit et un service, elle a un imaginaire de marque, une symbolique (Kapferer, 2000). Nous consommons ainsi : le physique de la marque, son produit, ses performances, ses services associés sa personnalité portée ou non par une icône de marque qui en dope le potentiel symbolique ses valeurs la relation proposée 1.2.1. La sensibilité de l’enfant aux marques C’est un fait ; de manière générale, l’enfant est sensible aux marques. D’ailleurs, l’emploi du pluriel (sensibilité aux marques) montre la force du lien qui existe entre le consommateur ou le prescripteur et l’ensemble d’une catégorie de produits (Muratore, 2002). Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires De plus, Brée ajoute que, dès six ou sept ans, les enfants sont capables de citer les marques qu’ils aiment et celles qu’ils n’aiment pas. De même, à partir de cet âge l’enfant est capable d’affirmer une préférence pour l’une ou l’autre (Haynes et alii, cités par Pecheux et Derbaix, 2002). Lorsqu’il a un choix à faire, l’enfant le fait sur la base d’un compromis : il va retenir le produit qu’il estimera lui procurer la satisfaction globale optimale (Brée, 1987). En d’autres termes, les enfants prennent en considération quelques éléments d’informations du produit desquels il pourra donner du sens et choisira le produit adéquat en se basant sur ces quelques indices. C’est là qu’intervient l’importance de la marque. L’enfant choisira le produit qui lui dira le plus clairement possible « Hé, je suis exactement ce dont tu as besoin ! ». C’est pourquoi une marque dont le cœur de cible est l’enfant doit prouver ce qu’elle prétend être, et notamment en utilisant des stratégies de communication amicales et destinées aux enfants (Dammler, 2002). Cette communication sera déterminante quand on sait que l’enfant raisonne de façon binaire, schématique et tranchée : il y a la marque légitime, et les autres qui ne méritent aucun intérêt (Rouen Mallet, 2002). A titre d’exemple, voici quelles étaient les dix marques préférées des enfants en 1993. TOP TEN DES MARQUES JEUNES 1. Coca-Cola 6. Reebok 2. Mac Donald’s 7. Nesquik 3. Nike 8. Chocapic 4. Adidas 9. Pepito 5. Hollywood 10. Crunch Source : Classement des dix marques préférées des enfants en 1993, issu de la Revue des Marques, 1993, p6. Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires 1.2.2. L’influence de différentes variables La sensibilité de l’enfant aux marques est fonction de plusieurs variables et notamment les variables socio-démographiques, mais aussi les promotions – et plus particulièrement le cadeau – ou encore le packaging, élément très important pour les enfants car vecteur principal de reconnaissance visuelle (Rouen Mallet, 2002). 1.2.2.1. L’impact des variables socio-démographiques Tout d’abord, concernant les variables sociodémographiques, Rouen Mallet (2002) conclut d’une part que l’âge et le sexe de l’enfant influencent faiblement la sensibilité de l’enfant aux marques ; même si les garçons semblent légèrement plus sensibles aux produits « publics » que les filles, et les filles seraient plus sensibles aux produits « privés » que leurs homologues masculins. De leur côté, Belk, Mayer et Driscoll (1984) déduisent de leur étude que le sexe n’est pas un critère significatif dans l’élaboration de stéréotypes ; même si les filles en ont un peu plus que les garçons, et ce, toutes catégories de produits confondues. D’autre part, la présence d’aînés dans le foyer n’a pas d’influence significative sur la sensibilité de l’enfant aux marques (Rouen Mallet, 2002). La classe sociale est source de différence dans le sens où les enfants de classe sociale plus élevée élaborent plus de stéréotypes que les autres. Par ailleurs, les enfants ont tendance à élaborer plus de stéréotypes lorsqu’il s’agit de produits que des personnes de leur propre classe sociale sont plus susceptibles de posséder (Belk, Mayer et Driscoll, 1984). 1.2.2.2. L’effet de la promotion Dans un deuxième temps, l’enfant est sensible aux marques qui offrent une promotion. Les deux attributs les plus importants pour l’enfant sont le prix et la quantité (Brée, 1987). C’est sur ces deux aspects que l’enfant désire tirer le plus de satisfaction. En général, lorsqu’ils sont sur le point d’acheter, les enfants cherchent le meilleur rapport qualité prix, tout en restant dans la limite des marques qu’ils connaissent. Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires Le cadeau est une offre promotionnelle qui plaît beaucoup à l’enfant, mais uniquement chez les plus jeunes, c’est-à-dire chez les moins de neuf ans. Parfois même, le cadeau n’a pas un poids suffisant pour emporter la décision finale (Brée, 1987). La promotion semble en effet avoir moins d’importance aujourd’hui aux yeux des enfants qu’elle ne l’était il y a plus de vingt ans. En effet, après avoir comparé ses résultats à ceux de Rossiter qui avait fait quasiment la même étude en 1976, Mac Neal remarque que les enfants prennent la promotion moins en considération qu’auparavant, peut-être parce qu’à l’heure actuelle la promotion est très présente, sur de nombreuses marques et ce fréquemment (Mac Neal, 2002). 1.2.2.3. L’importance du packaging Un point que les industriels ne doivent pas négliger s’ils souhaitent atteindre les enfants est le packaging. Le packaging, par définition, est un élément de reconnaissance visuelle de la marque ; il doit être pensé pour améliorer l’utilisation du produit (Michel, 2004). En effet, le packaging joue un rôle essentiel auprès des enfants, il est pour eux un repère visuel incontournable et souvent le catalyseur du désir du produit grâce à ses éléments visuels, sa structure, les informations qu’il dispense et l’intérêt qu’il apporte (Rouen Mallet, 2002). Une marque ne signe pas uniquement par son nom mais par un ensemble de signes visuels distinctifs dont le packaging fait partie. Cela est dès lors indispensable de miser sur cet atout, surtout lorsque l’on sait que même s’ils ne savent pas lire, les enfants reconnaissent les marques de par le packaging. Pour cela, il faut tout d’abord définir concrètement les objectifs du packaging. D’après Rouen Mallet (2002), il doit être équilibrant et rassurant, et être ludique et identifiant. De plus, il doit transmettre les valeurs de la marque, être mémorisable et impactant. Michel (2004) ajoute que le packaging permet de signer et d’authentifier ses produits ; il joue un rôle de reconnaissance. C’est pourquoi le choix des couleurs est également très important, d’autant plus qu’elles ont une signification. Le packaging a aussi, idéalement, des vertus fonctionnelles et pratiques. Le packaging a également un rôle de vendeur muet : il doit attirer l’attention du consommateur, et notamment de l’enfant, lui présenter son contenu et l’encourager à faire Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires l’achat. Il est même judicieux de concevoir le packaging pour tous pays et cultures confondus, puisque tout est basé sur le visuel (Mac Neal, 2002). Les enfants des stades préopératoire et opératoire concret sont déjà capables, à des degrés différents, d’évaluer plusieurs marques (Muratore, 1999). A cet âge, ils comprennent les marques grâce aux représentations visuelles comme le packaging. Car, contrairement aux adultes, les enfants utilisent leurs sens pour comprendre les marques ; le plus important étant la vue (Dammler, 2002). 1.2.3. L’attitude de l’enfant envers une nouvelle marque Dans de nombreuses catégories de produits où les différences sont faibles, ou imperceptibles pour l’enfant, la marque est quasiment le seul élément distinctif. Les enfants étant sensibles aux marques, celles-ci sont donc largement considérées par ces derniers (Pecheux, Derbaix, 2002). En 1986, Sherry (cité par Pecheux et Derbaix, 2002) disait que l’enfant vivait dans un environnement constitué de marques (brandscape). Elles font partie de la vie quotidienne de l’enfant, l’enfant a donc plus tendance à parler marques que produits (Derbaix, cité par Pecheux et Derbaix, 2002). De manière générale, le but des messages publicitaires est de faire connaître à l’enfant l’existence des marques, et notamment des nouvelles, de le convaincre de les essayer, de les acheter ou de les demander à ses parents (Pecheux et Derbaix, 2002). Selon Eagly et Chaiken (1993, cités par Pecheux et Derbaix, 2002), l’attitude soustend l’idée qu’il faut une évaluation de l’objet de l’attitude pour que l’attitude envers l’objet existe. Une représentation mentale de l’attitude va ensuite être stockée en mémoire et activée chaque fois que le répondant rencontrera l’objet de l’attitude ou un indice de rappel de celui-ci Le fait de révéler son attitude permet donc de fixer l’attitude, ce qui constitue un point d’ancrage. Cette phase de fixation semble indispensable pour une marque nouvelle. Il existe tout de même plusieurs façons de fixer l’attitude : soit par un discours publicitaire dans lequel il est demandé aux enfants s’ils aiment la marque ou non, soit par des discussions avec des amis ou les parents, immédiatement après avoir vu une publicité présentant la marque (Pecheux et Derbaix, 2002). Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires Dans tous les cas, il semble nécessaire de fixer l’attitude envers la marque chez l’enfant, et surtout s’il s’agit d’une marque nouvelle, immédiatement après ou pendant l’exposition à celle-ci. Cette fixation de l’attitude permettra à l’enfant d’évaluer cette même marque plus tard sans nouvelle source d’informations. Une marque a réellement tout intérêt à fixer l’attitude de l’enfant quand on sait qu’il y a un impact de l’attitude envers la marque et sur son choix parmi des marques concurrentes, à condition que cette attitude envers la marque nouvellement formée ait été fixée pendant ou immédiatement après exposition à l’annonce (Pecheux et Derbaix, 2002). 1.3. L’enfant et la publicité Les enfants aiment la publicité. Si l’on parle à un enfant de publicité, pour lui, il sera évident que l’on parle de télévision. Nous verrons donc l’importance de la télévision pour l’enfant, puis nous verrons l’attitude de l’enfant envers l’annonce, pour pouvoir donner les clés de la réussite pour réaliser une bonne publicité pour enfants, puis nous analyserons l’influence que la publicité peut avoir sur lui ; enfin, nous verrons que la publicité est capable d’influencer les enfants à tel point que ces derniers élaborent des stéréotypes de consommation. 1.3.1. La publicité télévisuelle sinon rien La télévision est un média dominant, notamment en ce qui concerne la publicité des produits pour enfants (Rossiter, 1976). Kapferer trouve que les enfants sont émerveillés devant un spot publicitaire. Evidemment, qui dit spot publicitaire, dit télévision. Feuerhahn (1978, cité par Brée) trouve quatre raisons à la source de cette fascination : la structure du discours publicitaire est très proche de celle des émissions pour enfants de par son langage et sa durée les stéréotypes des personnages et des situations rassurent l’enfant, le sécurisent, et lui renvoient l’image d’un monde dont il a besoin les objets promus semblent de qualité, et l’ensemble du spot sécurise l’enfant de par son mode d’emploi Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires les répétitions des messages publicitaires rassurent l’enfant quant à la pérennité des choses et de l’environnement La télévision, apparue dans les années 1950, est tout de suite devenue un moyen de communication plus sophistiqué (Lawrence, 2003). Depuis, l’explosion des chaînes de télévision enfantines a entraîné un développement important des licences. Cela a ainsi permis au petit écran de diffuser des personnages connus auprès des enfants ; cela a non seulement entraîner la popularité des personnages mais aussi de la télévision. 1.3.2. L’attitude envers l’annonce publicitaire 1.3.2.1. Définition Lutz (1985, cité par Derbaix, Blondeau et Pecheux, 1999), définit l’attitude envers l’annonce publicitaire comme une « prédisposition à répondre d’une manière favorable ou défavorable à une annonce publicitaire lors d’une exposition particulière ». Elle est définie par Derbaix (1995, cité par Robin, 2000) comme « une réaction attitudinale à l’annonce au moment de l’exposition et/ou juste après ». Derbaix, Blondeau et Pecheux (1999) la définissent quant à eux comme « l’attitude envers l’annonce est une tendance ou une réaction psychologique qui s’exprime par l’évaluation d’une annonce publicitaire lors d’une exposition publicitaire ». L’aad dépend beaucoup de l’implication de la personne, et notamment de l’enfant, au produit ou à la catégorie de produit. Plus l’implication est élevée, plus l’attitude envers l’annonce est stable, et donc prévisible. Dans ce cas, de la qualité des arguments dépendra l’effet publicitaire sur la personne. Cependant, la publicité n’est pas le seul facteur à entrer en compte ; les croyances liées à la marque influencent beaucoup l’individu et conditionnent l’attitude envers la marque (Robin, 2000). 1.3.3.2. L’attitude de l’enfant envers l’annonce publicitaire Derbaix, Blondeau et Pecheux (1999) ont réalisé une étude pour analyser l’attitude de l’enfant envers l’annonce publicitaire. Ils concluent que l’attitude de l’enfant face à un spot est spontanée, instinctive et sincère. Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires L’enfant est en ce sens plus simple que l’adulte car il ne se pose pas de questions : la publicité lui plaît ou pas, il ne peut y avoir de compromis. Par ailleurs, leur attitude renvoie toujours à l’hédonisme, à l’évitement de la souffrance, à la recherche de plaisir – une des motivations de l’enfant dans chacune de ses activités. Autrement dit, l’enfant réagit en fonction de ce qu’il a ressenti, il ne cherche pas à analyser le message (Brée, 1993). 1.3.2.3. Comment créer une annonce publicitaire efficace ? Arrivés au stade analytique, les enfants sont capables de considérer la publicité selon leur propre optique, c’est-à-dire à un but informatif, et selon l’optique des autres, c’est-à-dire à un but incitatif. En effet, en grandissant, les enfants passent d’un statut de spectateur – la publicité paraissant uniquement informative, amusante et honnête – à un statut qui leur permet de la critiquer et de l’analyser. De plus, il existe une forte interaction entre parents et enfants au sujet de la publicité ; pour en tirer profit, les parents doivent éduquer leurs enfants à ce sujet (Roedder John, 2001). D’après plusieurs études, les enfants seraient capables très tôt – avant sept ans – d’identifier un spot publicitaire. Néanmoins, s’il s’agit d’un spot sous la forme d’un dessin animé, il est possible que le jeune enfant le confonde avec un réel dessin animé (Brée, 1990). Par ailleurs, il n’y a pas de corrélation, selon Kapferer et Lyon (1983, cités par Brée, 1990), entre le fait d’aimer une publicité et le fait d’avoir envie du produit promu. De plus, Ward (1972, cité par Brée, 1990) ajoute que vers dix ans, l’intérêt des enfants pour la publicité décroît, sans savoir si cela est dû à leur opinion personnelle, ou à l’influence des pairs. De manière générale, il semble donc difficile, voire impossible dans certains cas, de prévoir la réaction des enfants face à une publicité tant ceci est dépendant de leurs émotions. Ce qui paraît important dans une publicité à destination des enfants est de bien tenir compte des éléments d’exécution ; à savoir la musique, les couleurs, le rythme, le scénario, ou encore le personnage. En effet, selon Brée (1993), ces éléments vont être déterminants, surtout chez les enfants. Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires 1.3.3. L’influence de la publicité sur l’enfant Selon Mac Neal (1987, cité par Mizerski, 1995), les publicitaires ont la capacité de convaincre les enfants d’aimer et de désirer quasiment tous les produits. L’influence de la publicité dépend néanmoins de l’âge de l’enfant, mais aussi de ses agents de socialisation – les parents, professeurs, pairs et le gouvernement. D’après Raju et Lonial (1990, cité par Mizerski, 1995), les plus vulnérables face à la publicité seraient les enfants appartenant aux stades préopératoire et opératoire concret, c’està-dire de deux à onze ans, car leurs structures cognitives sont seulement en train de se développer et ils sont plus sensibles aux influences extérieures. D’après ces mêmes auteurs, des expositions répétées à une publicité pour un produit particulier et destiné à l’enfant peut augmenter la préférence pour le produit. Mizerski (1995), quant à lui, déduit de son étude d’une part, que la publicité modifie favorablement les préférences par rapport à une catégorie de produit dans laquelle la cible est l’utilisateur ; et d’autre part, que l’influence des sources de socialisation non commerciales telles que les parents nuit significativement à l’effet de la publicité. Pour ce qui est de la première conclusion de Mizerski, Gorn et Goldberg (1974, cités par Brée, 1990) posent une limite à l’effet favorable de la répétition des annonces publicitaires. L’idéal est de trois expositions à l’annonce selon eux ; au-delà, l’attention des enfants diminue. 1.3.4. La création de stéréotypes Par définition, un stéréotype est « un ensemble de caractéristiques attribuées à un groupe humain » (Belk, Mayer, Driscoll, 1984). Les conclusions de leur étude ont permis de révéler que certaines « catégories » de personnes étaient plus enclines à créer des stéréotypes. Ces stéréotypes sont souvent la conséquence de l’action des médias. De manière générale, les gens ont plus de stéréotypes concernant des produits qui les touchent le plus. C’est le cas pour le même âge ou pour le même sexe. Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires Les enfants, par exemple, font davantage de stéréotypes sur les produits que les personnes du même sexe qu’eux sont susceptibles de posséder ou de consommer. De même, une personne appartenant à une tranche d’âge créera plus de stéréotypes envers un produit que ses homologues de même âge sont susceptibles de posséder. Par ailleurs, les personnes les plus âgées, les femmes, ou encore les personnes appartenant à des classes sociales plus élevées ont tendance à créer davantage de stéréotypes que les autres. L’expérience personnelle avec le produit et avec ses possesseurs influent également sur la création de stéréotypes, et ce de manière certainement plus importante que ne le font les médias, et en particulier la télévision pour les enfants (Belk, Mayer, Driscoll, 1984). Gorn et Florsheim (1985), quant à eux, ont voulu voir si les enfants avaient plus de stéréotypes pour des produits qui les concernent. Leur étude a été réalisée à partir de deux produits qu’un enfant n’est pas susceptible de consommer : le rouge à lèvres et les boissons sans sucre. Il s’est avéré qu’en effet, les enfants, exposés à des publicités pour ces produits destinés aux adultes, créaient davantage de stéréotypes s’ils pensaient consommer ce produit plus tard. La publicité joue également un rôle non négligeable dans ce phénomène. Elle parvient à créer des liens entre les produits et des caractéristiques plus générales à l’origine des stéréotypes. Par exemple, le lien entre le rouge à lèvres et la beauté semble évident aux yeux des enfants lorsqu’ils regardent une publicité qui promeut ce produit. A l’inverse, le lien n’est pas si évident en ce qui concerne les boissons non sucrées : l’enfant doit d’abord faire le lien entre la boisson non sucrée et le fait d’être mince, puis il doit faire le lien entre minceur et beauté. Ainsi, on s’aperçoit que les publicités, même à destination des adultes, sont vues par les enfants et influencent leur perception de la société, notamment en faisant véhiculer certains stéréotypes. Mayer et Belk (1982, cités par Roedder John, 2001) ajoutent que les enfants commencent déjà à juger les gens à partir des produits qu’ils consomment. Ceci est également un effet indirect qu’a la publicité sur l’enfant. Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires 1.3.5. La publicité à destination des enfants est-elle efficace ? Afin de pouvoir répondre à cette question, il faut la subdiviser en quatre parties (Brée, 1990) : L’enfant retient-il la publicité ? L’enfant comprend-il la publicité ? L’enfant croit-il à la publicité ? L’enfant veut-il tout ce qu’il voit dans une publicité ? Premièrement, l’enfant souffre de carences organisationnelles, c’est-à-dire qu’il a des difficultés à s’organiser dans sa mémoire ; c’est pourquoi sa mémoire à long terme n’est pas très développée. La répétition des messages publicitaires permet donc de pallier cela. Une conséquence directe de cette difficulté à stocker l’information est l’oubli du nom des marques par les enfants, ou la confusion entre certaines d’entre elles (Brée, 1983). Deuxièmement, il est possible que l’enfant ne comprenne pas la publicité, ou ne la comprenne pas de la bonne façon ; ceci à cause de plusieurs dérives de la part des industriels. Il est donc important de rendre la publicité accessible à l’enfant. Troisièmement, les enfants aiment le merveilleux. Seulement, cela doit tout de même sembler vraisemblable ; sinon, les enfants, s’ils détectent un détail paraissant faux, rejettent la publicité immédiatement. Sans oublier que bien que plus de la moitié des enfants de cinq ans croient tout ce que la publicité dit, ce score devient quasiment nul à l’âge de douze ans (Ward, 1977, cité par Brée, 1990). Enfin, contrairement aux idées reçues, les enfants ne réclament pas à leurs parents tout ce qu’ils ont vu dans les publicités. Un seul indicateur serait tout de même pertinent, il s’agit de l’âge : plus l’enfant est jeune, plus il est demandeur. Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires 1.4. L’enfant et les personnages imaginaires Les personnages imaginaires sont aujourd’hui beaucoup utilisés par les marques pour enfants. Cependant, ce phénomène n’est pas récent ; le personnage, à l’origine, n’était même pas destiné à l’enfant. En effet, les premiers personnages sont apparus à la fin du 19ème siècle – avec notamment le « Bonhomme Michelin » en 1898 – mais ils se sont vraiment développés entre 1900 et 1950 pour les marques pour adultes. L’utilisation de personnages au tout début du marketing était une approche efficace pour faciliter la relation entre une marque et son consommateur (Lawrence, 2003). Qu’en est-il à l’heure actuelle ? Qu’est-ce qu’un personnage imaginaire aujourd’hui ? Quel est son rôle ? Comment est-il perçu par sa cible ? Et du point de vue industriel, pourquoi et comment bien utiliser un personnage imaginaire en ce début de troisième millénaire ? 1.4.1. Qu’est-ce qu’un personnage imaginaire en marketing ? 1.4.1.1. Définition Plusieurs éléments constituent et identifient une marque : les signes dénominatifs (les éléments verbaux) les signes semi figuratifs (le logotype) les signes figuratifs (l’emblème, qui précise certains traits du logo) les signes sonores (le jingle et la mélodie) Tous ces éléments enrichissent le capital marque, et permettent la reconnaissance de la marque (Brée et Cegarra, 1994). Le logo notamment, est l’un des éléments physiques indissociable des produits et de la communication de la marque. Qu’il soit une forme ou un objet, le logotype apporte un signe de reconnaissance à la marque et lui donne un sens en transférant les valeurs de l’objet à la marque (Michel, 2004). Mais s’il en est un auquel le consommateur est le plus sensible, c’est sans conteste l’emblème ; ce qui signifie pour l’enfant le personnage (Brée et Cegarra, 1994). Le personnage de marque fait partie intégrante du produit ou du service proposé par la marque. Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires Le personnage de marque, contrairement au personnage publicitaire, est imaginaire. Il peut représenter un animal ou bien un être imaginé de toutes pièces. En général, comme le personnage revendique ses valeurs, la marque choisit un personnage sympathique, rigolo… afin lui qu’il apporte proximité et chaleur (Michel, 2004). Selon Brissy (1996, cité par Rouen Mallet, 2002), le personnage serait la troisième composante de la marque, après le paquet et le nom de marque. 1.4.1.2. Distinction entre différents types de personnage Il faut tout d’abord bien faire la distinction entre un personnage de marque – ce que nous appelons plus communément personnage imaginaire – et un personnage publicitaire ou un personnage sous licence. Le personnage publicitaire a pour fonction de faire reconnaître la marque ; il valorise, démontre et accompagne le produit. Ce type de personnage est principalement utilisé pour communiquer auprès des adolescents et des adultes (Brée et Cegarra, 1994). L’utilisation d’un personnage publicitaire connaît tout de même quelques inconvénients. Il peut tout d’abord y avoir un phénomène de saturation de la part du consommateur. Ensuite, il arrive un moment où le personnage dépasse la marque. Enfin, ce type de personnage peut immobiliser la marque et l’empêcher d’évoluer (Michel, 2004). La solution que préconise Michel (2004) est d’éviter des personnages trop « réalistes », en utilisant par exemple des symboles animaliers qui ont l’avantage d’exprimer clairement les valeurs de la marque sans lui nuire. Un personnage sous licence est un personnage connu du large public, généralement un personnage de dessin animé, qu’une marque utilise ponctuellement pour attirer de nouveaux consommateurs. D’après Dammler (2002), pour qu’une licence soit efficace elle doit rassembler les éléments clés visuels afin de communiquer avec l’enfant et lui dire « Je suis fait pour toi ». Ces mêmes éléments visuels doivent se retrouver sur le packaging, dans les publicités, et partout ailleurs où la marque se trouve, dans le but que l’enfant puisse l’identifier correctement. Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires La marque doit être vigilante en utilisant une licence à garder la même identité, la même personnalité ; il s’agit juste de l’adapter à un nouveau contexte. 1.4.1.3. La signification du personnage imaginaire Chacune des caractéristiques du personnage a une signification. Le nom du personnage tout d’abord doit renseigner et orienter l’enfant vers la marque (Montigneaux, 2002). Ensuite, chaque partie du corps n’est pas anodine. Que ce soit de par la taille des membres, la présence ou l’absence de sourcils, ou le nombre de doigts, tout a son importance et reflète la personnalité de la marque. De manière générale, le haut du corps représente l’intellect du personnage, tandis que le bas du corps correspond à son instinct. Voici quelques-uns des éléments du personnage qui rengorgent de signification. La tête : élément incontournable, une tête de taille importante signifie que le personnage sait dominer ses pulsions grâce à la pensée. La tête est également le lieu de communication par excellence. Les yeux : si l’on voit les deux yeux du personnage et qu’il regarde franchement, cela montre qu’il est courageux. La bouche : elle est très importante pour les tout petits qui explorent le monde grâce à elle. Le nez : symbole masculin et viril par excellence Les mains : si elles sont ouvertes, cela est synonyme de disponibilité et de confiance. Le nombre de doigts aussi est important ; si le personnage n’a que quatre doigts, c’est qu’il s’adresse aux plus petits Les membres : s’ils sont frêles, cela renvoie à l’enfant l’image de sa propre faiblesse. Par ailleurs, si les pieds du personnage sont plats, cela signifie qu’il a les pieds sur terre. Les vêtements : à partir de cinq ans, les vêtements sont nécessaires pour l’enfant ; la nudité étant vécue comme une punition. Un personnage est le plus souvent réalisé dans un style cartoon, avec des formes douces, ce qui donne une sensation de vie et une impression de mouvement. Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires Le personnage dispose également d’une charte graphique, et doit être adapté aux mœurs notamment si cela est nécessaire (Montigneaux, 2002). 1.4.2. Pourquoi utiliser un personnage ? 1.4.2.1. Pour que la marque soit reconnue Le personnage est avant tout un élément de reconnaissance visuelle pour la marque. Présent sur tous les supports de communication, il permet à l’enfant de reconnaître plus aisément la marque parmi tout l’éventail qui s’offre à lui. 1.4.2.2. Pour créer une relation avec l’enfant Quand on sait combien l’affectif est important chez l’enfant et que la relation enfant personnage est fondée sur cette facette, avoir recours à un personnage permet à la marque de véhiculer sa personnalité auprès des enfants (Rouen Mallet, 2002). Le personnage constitue un élément important et attractif du packaging. Il permet d’introduire un univers imaginaire prolongé par des jeux, des histoires, des offres promotionnelles ou encore par une participation à un club (Montigneaux, 2002). C’est entre 4 et 11 ans que l’enfant est le plus sensible au personnage. Dès lors, il semble nécessaire d’établir une relation avec l’enfant dès son plus jeune âge pour que le personnage remplisse au mieux sa fonction affective ; le personnage doit être satisfaisant qualitativement. La marque, par le biais de son personnage, doit idéalement proposer un projet à l’enfant pour assurer la pérennité de la relation. La relation est la composante du personnage imaginaire la plus délicate à appliquer, mais c’est la plus importante aussi. L’enfant va « juger » cette relation au travers des caractéristiques physiques du personnage ainsi qu’au travers de son discours. Etant donné qu’il doit entrer en communication avec l’enfant, le personnage doit être : souriant, joyeux, avenant, sympathique, charmant (pour accueillir l’enfant), optimiste, positif, encourageant, enthousiaste (pour aider, soutenir et encourager l’enfant), et il doit montrer de l’empathie, être attentif (pour comprendre l’enfant). Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires Pour plaire à l’enfant, le personnage doit lui indiquer une certaine forme de conduite. Cependant, il ne doit pas établir avec l’enfant une relation de type pédagogique, auquel cas l’enfant ne sera pas séduit. Il est pour l’enfant soit comme un frère, soit comme un ami… (Montigneaux, 2002). 1.4.2.3. Pour fidéliser l’enfant Les personnages imaginaires existant depuis plusieurs dizaines d’années, les parents ont généralement connu le personnage que leurs enfants adorent. Ceci est un atout pour la marque, car les parents sont rassurés de voir que le personnage représente une marque pérenne, ce qui va probablement, à moyen ou long terme, fidéliser la famille (Lawrence, 2003). 1.4.3. Comment les enfants le perçoivent-ils ? Les 7-12 ans notamment sont très sensibles aux marques et au marketing en général (Lawrence, 2003). Mac Neal a réalisé une étude en 2002 sur les enfants et les packagings dans laquelle il leur a demandé de dessiner, uniquement d’après leurs souvenirs, un paquet de céréales. Les résultats de son étude montrent que 42% des enfants ont dessiné un personnage sur le devant du paquet ; 32% sur le dos du paquet, en général c’était le même personnage que celui dessiné devant. Au total, les personnages, animaux ou humains, ont été représentés dans plus du tiers des dessins. Il tire également comme conclusion que les enfants reconnaissent mieux les personnages que les porte-parole humains, probablement sont-ils plus mémorisables car ils sont plus sympathiques. De plus, même les plus jeunes enfants ont été capables de représenter un paquet de céréales d’après leurs souvenirs. Les personnages pourraient former des préférences chez les enfants envers certaines catégories de produits. De plus, plus l’enfant grandit, et plus il est apte à reconnaître et à associer le personnage à sa catégorie de produit (Mizerski, 1995). Ceci est dû au développement de sa mémoire, une meilleure capacité à traiter l’information, à un apprentissage plus important… Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires Fisher (1991, cité par Mizerski) conclut à son étude qu’une exposition fréquente à un personnage permettrait un taux plus élevé de reconnaissance du produit et du personnage, et mènerait à des attitudes favorables envers le produit, ce qui inciterait l’enfant à acheter le produit plus tard. Le personnage peut même devenir le symbole vivant de la marque pour l’enfant (Ogilvy, 1983, cité par Mizerski, 1995). 1.4.4. Comment bien choisir et bien utiliser un personnage ? Le choix et l’utilisation du personnage sont déterminants pour son succès. Selon Lawrence (2003), une des questions cruciales que doivent se poser les industriels est : comment garder son personnage pertinent et contemporain ? La conception du personnage va beaucoup dépendre de l’âge de l’enfant (Lawrence, 2003). De 0 à 2 ans, il faut créer un personnage doux qui insiste sur le physique du bébé. Un exemple connu est Mickey. De 3 à 5 ans, les personnages restent doux et traditionnels, mais insistent moins sur les caractéristiques du bébé. De 5 à 7 ans, arrivent les personnages de dessins animés, tels que Tom et Jerry ; ces personnages sont plus agressifs et ont avec eux leur « meilleur ennemi ». De 8 à 12 ans, les enfants apprécient plus des personnages plus compliqués, plus sophistiqués, voire même plus ironiques, comme les Simpsons. Il semble très important de bien imaginer et créer son personnage imaginaire étant donné que si ce n’est pas le cas, les enfants, et notamment les plus âgés, peuvent aller jusqu’à boycotter la marque (Lawrence, 2003) s’ils ne trouvent pas de cohérence entre le personnage et la marque. Le personnage est soit choisi selon sa fonction, soit selon son statut (Brée et Cegarra, 1994). Selon sa fonction, le personnage peut être : Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires La simple expression visuelle du nom de la marque par une représentation humaine ou imaginaire (ex : Uncle Bens). Un complément iconique du nom de marque (ex : Lacoste) Le symbole des principaux attributs du produit (ex : M. Propre) Le lien affectif avec la cible (ex : Pepito) Selon son statut, le personnage est utilisé comme : « personnage – produit » : composante de la marque produit associé à un produit spécifique (ex : le tigre de Frosties) « personnage – symbole » : fédère un ensemble de produits proposés par une marque et va en renforcer l’image Dans tous les cas, l’idéal est que le personnage permette l’identification de la marque. Il est possible de donner le même nom au personnage et à la marque (ex : Pepito) ; mais cela est gênant pour une extension de marque. Une solution intermédiaire est de donner au personnage un nom qui fait directement référence à la marque (ex : Quicky pour Nesquik) (Brée et Cegarra, 1994). De manière générale, les personnages sous forme animale ou les personnages inventés de toutes pièces plaisent plus aux enfants que les personnages humains et sont plus faciles à utiliser pour la marque ; ils sont donc fortement recommandés. 1.5. Personnalité de marque et relation à la marque La marque a une personnalité, des valeurs, un positionnement : la marque est un individu avec son identité. De plus, la marque est vecteur et garant du principe de plaisir (coursenligne, 2003). 1.5.1. Définitions La personnalité de marque se définit comme l’ensemble des caractéristiques humaines associées à la marque (Michel, 2004). Elle ne peut se définir qu’à partir de traits utilisés pour caractériser l’individu. Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires Le concept de personnalité de marque rend possible au consommateur la comparaison entre sa propre personnalité – du moins ce qu’il croit qu’elle est – et la personnalité des marques qu’il consomme ou qu’il aimerait consommer. Par conséquent, le consommateur peut s’identifier à la marque et/ou valoriser la relation qu’il entretient avec elle. De manière générale, un individu aime consommer des marques ayant une personnalité proche de la sienne (Michel, 2004). Pour Kapferer (2000), l’identité de marque – terme générique pour parler de la personnalité de marque – intensifie le lien qui existe entre l’individu et la marque et donne à ce lien une profondeur émotionnelle. L’identité de marque tend ainsi à rendre la marque moins substituable. Kapferer ajoute qu’il est judicieux pour une marque challenger de jouer sur cet atout qu’est la personnalité de marque afin de susciter curiosité et désir envers la marque. Ceci est possible notamment en misant sur le packaging et le personnage qui sont d’excellents éléments de reconnaissance visuelle pour l’enfant ; ils sont de plus des éléments affectifs permettant de développer une personnalité de marque conçue pour séduire le jeune consommateur (Rouen Mallet, 2002). 1.5.2. L’échelle de personnalité de la marque de Jennifer Aaker et son adaptation Tout comme un individu possède une personnalité, une marque peut, elle aussi, être identifiée grâce à cet attribut. Plusieurs travaux ont été réalisés sur ce sujet, et plusieurs échelles de personnalité ont été créées ; Koebel et Ladwein (1999) ont choisi de travailler à partir de l’échelle créée aux Etats-Unis par Jennifer Aaker (voir figure 1), l’objectif de leur travail étant de proposer une adaptation française de cette échelle (voir figure 2). Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires Figure 1 :L’échelle de personnalité de la marque élaborée par Aaker Echelle de personnalité de la marque – EPM américaine Sincérité Excitation Compétence Sophistication Rudesse Réaliste Familiale Provinciale Honnête Sincère Concrète Saine Audacieuse Dans le vent Excitante Fougueuse Calme Jeune Imaginative Unique Moderne Indépendante Fiable Travailleuse Sûre Intelligente Technique Organisée Gagnante Leader Sûre d’elle Distinguée Séduisante Belle Envoûtante Féminine Douce Masculine Virile Robuste Rude Qui vit au grand air Authentique Gaie Sentimentale Amicale Contemporaine Koebel et Ladwein (1999) différencient dans un premier temps personnalité de marque d’une part et image, concept de marque et représentation sociale d’autre part. L’image de marque ne serait qu’une appellation générique. La représentation sociale, quant à elle, se définit comme l’ensemble des croyances et des évaluations associées à la marque ; et elle définit mieux l’image de marque. Ceci suppose que la marque soit une entité sociale partagée par l’ensemble des individus appartenant au champ social. Enfin, le concept de la marque rassemble les produits qui exploitent le label de marque et d’autres caractéristiques liées à la marque, quoique indépendantes du produit (Ladwein, 1998). Ces distinctions faites, il devient plus aisé d’appréhender la notion de personnalité de marque. Celle-ci ne peut donc se définir qu’à partir de traits de personnalité utilisés pour qualifier un humain et nécessite de la consistance et de la stabilité dans le temps. Le consommateur devient alors plus à même de se situer par rapport aux marques en comparant par exemple sa propre personnalité avec celle de la marque. Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires Les traits de personnalité de la marque peuvent par exemple être l’extraversion, la dominance, la masculinité, la maîtrise de soi… Toute forme d’expression de la marque – publicité, promotion, logotype, packaging, expérience avec le produit – a une influence sur la personnalité que vont lui attribuer les individus en fonction de la manière dont ils l’auront perçue (Koebel et Ladwein, 1999). Suite à leur étude, l’échelle française compte moins d’items (30 au lieu de 42 initiaux) mais une dimension supplémentaire (6 facteurs au lieu de 5 initiaux). Figure 2 : L’échelle de personnalité de la marque développée par Koebel et Ladwein Echelle de personnalité de la marque – EPM française Domination Compétence Consciencieuse Masculinité Expansivité Séduction Unique Indépendante Sûre d’elle Fiable Robuste Technique Sûre Réaliste Travailleuse Organisée Intelligente Honnête Masculine Virile Rude Audacieuse Imaginative Fougueuse Dans le vent Gagnante Gaie Envoûtante Séduisante Belle Sentimentale Féminine Excitante Distinguée Contemporaine Leader Cette échelle de personnalité de la marque paraît dès lors très utile si l’on souhaite créer des typologies pour chaque marque dans un secteur d’activité. On note dans leur étude des différences de personnalité liées à ces secteurs. Le facteur « dominant sexualisé », par exemple, correspond aux produits à forte valeur symbolique ; tandis que le facteur « consciencieux fiable » a été attribué à des produits technologiques. Cette échelle de personnalité de marque peut également être utile pour réaliser des segmentations ou encore pour des actions de communication. Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires 1.5.3. Transposition d’une échelle de personnalité aux marques D’après Ferrandi et Valette Florence (2002), les chercheurs ont été très intéressés par le concept de personnalité de la marque car il permet de différencier les marques et d’augmenter la signification personnelle de la marque aux yeux du consommateur. La personnalité de marque pourrait ainsi aider les entreprises à mieux cerner leurs clients et prospecter des personnes appartenant à leur cœur de cible. Ces deux chercheurs ont donc choisi d’utiliser les « mini-marqueurs », échelle élaborée par Saucier en 1994, et de voir si cette échelle est transposable aux marques. En d’autres termes, ils ont cherché à voir si les personnes utilisaient les mêmes mots pour décrire un individu et une marque. La personnalité de marque est comme un dénominateur commun pouvant être utilisé pour commercialiser une marque à travers les cultures. L’image de marque est un terme générique correspondant à la conception et à l’ensemble des représentations qu’a le consommateur de la marque. La personnalité de marque, quant à elle, se définit uniquement à partir de traits caractérisant un individu. Costa et Mc Crae (1998, cités par Ferrandi et Valette Florence, 2002) définissent les traits de personnalité comme les « tendances à montrer des modes cohérents de cognition, d’affect et de comportement des individus ». L’échelle de Saucier rassemble quarante items dans des facteurs bipolaires qui résument les cinq grands facteurs OCEAN (Ouverture, le caractère Consciencieux, Extraversion, Amabilité, Neurotisme) de la personnalité humaine. Les traits de personnalité, selon Park (1986, cité par Ferrandi et Valette Florence, 2002), sont créés et communiqués aux autres au travers de ses attitudes, de son comportement ou de ses caractéristiques physiques. De même, le contact direct ou indirect qu’a le consommateur avec la marque a une influence directe sur la perception des traits de personnalité de la marque. Ferrandi et Valette Florence (2002) ont donc transposé l’échelle de Saucier dans le contexte français (voir figure 3); les résultats sont satisfaisants. L’échelle de Saucier est donc Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires transposable à la marque. L’échelle française est constituée de 15 items articulés autour de cinq dimensions. La représentation des traits de personnalité associés à l’individu et à la marque semble donc cohérente et plausible. Figure 3 : L’échelle de Saucier Version initiale Version française Extraversion : Disorganized Extraversion : Désorganisé Talkative Sloppy Bavard Débraillé Extroverted Inefficient Extraverti Inefficace Bold Careless Audacieux Négligeant Energetic Emotional stability : Energique Stabilité émotionnelle : Shy Unenvious Timide Non envieux Quiet Relaxed Tranquille Relax Bashful Moody Réservé Lunatique Withdrawn Jealous Renfermé Jaloux Agreeableness : Temperamental Amabilité : Capricieux Sympathetic Envious Compatissant Envieux Warm Touchy Chaleureux Susceptible Kind Fretful Gentil Agité Cooperative Intellect or openness : Coopératif Ouverture : Cold Creative Froid Créatif Unsympathetic Imaginative Peu compatissant Plein d’imagination Rude Philosophical Impoli Philosophe Harsh Intellectual Sévère Intellectuel Conscientiousness : Complex Consciencieux : Complexe Organized Deep Organisé Malin Efficient Uncreative Efficace Balourd Systematic Unintellectual Méthodique Manuel Practical Pratique Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires Cette étude est l’une des premières validations interculturelles de cette échelle. La personnalité de marque augmente donc la préférence et l’usage du consommateur ; elle suscite chez lui des émotions et augmente son niveau de fidélité et de confiance. Cependant, le fait que le consommateur transpose correctement les adjectifs de personnalité humaine à la marque est-il dû au niveau de consommation, au degré d’implication, à des facteurs situationnels… ? 1.5.4. Personnalité de marque et image de soi Vernette (2003) a cherché à voir si le consommateur cherche des marques ayant la même personnalité de marque que lui. Pour cela, il utilise les quatre niveaux de l’image de soi définis au préalable par Sirgy et al. en 1997, et Jamal et Goode en 2000 (cités par Vernette, 2003) : le soi réel : « ce que je pense être » le soi rêvé : « ce que je rêverais d’être » le soi social réel : « ce que les autres pensent de moi » le soi social rêvé : « ce que je voudrais que les autres pensent de moi » Le concept de soi trouve son origine en psychologie, et a fait l’objet de nombreuses recherches. Le concept de soi prend en compte beaucoup de paradigmes ; il repose sur une perception individuelle consciente et organisée de la manière dont un individu se définit et réagit par rapport à son environnement, en s’appuyant sur ses traits de caractère, ses valeurs, ses aptitudes et ses expériences. En marketing, le concept de soi est assimilé, de façon réductrice, à l’image de soi (Vernette, 2003). Selon Sirgy (1982, cité par Vernette, 2003), l’image qu’un consommateur a de luimême influencerait son choix, et la consommation permettrait d’exprimer une certaine image de soi. L’approche consistant à appréhender l’image de soi selon les quatre dimensions citées permet donc de voir les interactions entre ces dimensions, et leur impact sur la consommation. Dès lors, peut-on dire qu’une marque possède une personnalité de marque ? (Ferrandi et Valette Florence, 2002) Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires Certains résultats montrent que cela paraît difficile : seules deux dimensions sur cinq sont identifiées (Capara et Barbaranelli, 2002 ; cités par Vernette, 2003). A l’inverse, Aaker, puis Koebel et Ladwein (1999) ont construit et validé une échelle de personnalité de la marque. De même, l’échelle de Saucier utilisée par Ferrandi et Valette Florence (2002) montre qu’il est possible de conserver les grandes dimensions des échelles, même si on reformule quelques items. Vernette (2003) relève deux principaux problèmes liés à la personnalité de marque et à l’image de soi. Premièrement, de nombreux items de personnalité humaine ne semblent pas pertinents pour qualifier une marque. Deuxièmement, les échelles se focalisent sur la dimension du soi réel. Les résultats de son étude montre des différences significatives entre les différentes dimensions du soi. Il existe ainsi certaines catégories de produits dont les marques ont tout intérêt à ressembler à la personnalité réelle de l’acheteur ; c’est le cas notamment des voyages, des vins, des banques, des magasins… D’autres catégories de produits, telles que l’ameublement, l’automobile, le maquillage, la maroquinerie, n’ont pas besoin d’avoir une personnalité congruente à celle de l’acheteur. D’autres enfin, comme les parfums et la mode homme, ne doivent pas ressembler à la personnalité de l’acheteur. Le même phénomène a été observé pour le soi rêvé et le soi social rêvé. Autrement dit, la congruence entre image de soi et personnalité de marque dépend beaucoup de la catégorie de produit considérée. La congruence est différente selon les dimensions du soi ; parfois elle est voulue, parfois elle est refusée. 1.5.5. La relation à la marque De manière générale, une marque développe un slogan publicitaire qui marque les esprits, et elle devient connue. Cette notoriété suffit très souvent à la marque à être synonyme de qualité et donc à avoir une bonne image. Ceci est vrai pour les marques à destination des adultes. Cela ne l’est pas pour celles qui veulent atteindre et fidéliser les jeunes consommateurs. Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires La solution pour ces marques est d’instaurer une relation stable et durable avec l’enfant ; cette relation est plus aisée en ayant recours à un personnage imaginaire (Montigneaux, 2002). L’idéal dans une relation est de créer des échanges symbiotiques entre partenaires égaux (Talabardon, 2000). L’enfant a besoin d’être connu et reconnu par la marque pour être séduit. Si la marque parvient à parler à l’enfant, le pari est gagné. Cette reconnaissance de la part de la marque instaure une certaine familiarité qui rassure et sécurise l’enfant. Cependant, cette relation doit être interactive ; l’enfant ne peut rester passif (Montigneaux, 2002). En effet, la qualité de la relation à la marque évolue selon le principe de réciprocité qui fonde toute relation (Talabardon, 2000). La relation marque enfant suppose en effet un échange et doit être vivante pour plaire à l’enfant. La marque va donc faire réagir l’enfant notamment en suscitant sa curiosité ou en stimulant son imagination. L’enfant va alors devoir lire, écouter, découvrir, deviner, être astucieux pour répondre à l’appel de la marque, ce qui va lui procurer beaucoup de plaisir (Montigneaux, 2002). On s’aperçoit ainsi que la relation influence la personnalité, de l’enfant et de la marque, et, inversement, les acteurs influencent la relation ; il faut donc être vigilant par rapport à cela (Talabardon, 2000). Pour être efficace, la relation doit s’appuyer sur trois principes : personnalisation, pertinence, permanence des messages. La personnalisation consiste à considérer l’enfant comme un être unique, ayant des attentes différentes des autres ; pour cela, la marque reconnaît et traite l’enfant en tant que tel. La pertinence correspond à la proposition d’une offre adaptée à l’enfant. De plus, le discours de la marque doit adopter la vision des choses de l’enfant et tenir compte de ses préoccupations personnelles. La permanence des messages, quant à elle, signifie que la marque doit communiquer ses messages à l’enfant de manière constante sur ses différents supports tels que le packaging, la publicité, la promotion… tant sur le fond que sur la forme du message. La marque doit aussi entretenir la relation qu’il a avec l’enfant fréquemment, tel un ami prend des nouvelles en téléphonant. L’avantage pour l’entreprise de cette relation est que l’enfant passe du stade de prospect, à celui de client, puis il devient supporter de la marque, avant de devenir son avocat, pour enfin parvenir à être son partenaire (Montigneaux, 2002). Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires 2. Méthodologie 2.1. Mise en place de la problématique La revue de littérature nous a permis de recenser les informations concernant l’enfant et la consommation en général, et l’enfant et les personnages en particulier. L’enfant, et notamment le préadolescent, est donc à l’heure actuelle la préoccupation de nombreuses entreprises tant son pouvoir d’achat et de prescription est élevé. Il apparaît aujourd’hui très sensible aux marques, à la publicité – et notamment à la publicité télévisuelle – et aux personnages imaginaires. Parallèlement, les entreprises construisent et communiquent de plus en plus sur leur personnalité de marque. Dès lors, il apparaît judicieux de se demander « Comment la personnalité d'une marque parvient-elle à influencer l'attitude d'un enfant de 8 à 11 ans par le biais de son personnage? ». 2.2. Objectifs et questions d’étude Le but de ce mémoire est d’apporter un plus à la théorie marketing concernant les enfants et leur relation, si elle existe, avec les personnages imaginaires. Les objectifs sont ici exploratoires puisque nous cherchons à montrer de nouveaux facteurs expliquant la relation de l’enfant avec les personnages imaginaires. Ce mémoire essaiera de : Montrer qu’il existe une relation entre l’enfant et le personnage imaginaire, emblème de la marque Montrer que le personnage permet une attitude favorable de l’enfant envers la marque et donne un sentiment de proximité à l’enfant Montrer que le personnage est le moyen idéal lorsqu’on s’adresse à des enfants de véhiculer la personnalité de la marque Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires 2.3. Conception de l’étude Nous avons donc essayé de répondre à la problématique mise en place en réalisant une étude qualitative sous la forme d’entretiens semi directifs auprès d’enfants âgés de 8 à 11 ans. L’étude porte sur Quick et son personnage Quickos, lancé en janvier 2003 en France. Cf. annexe stratégie de Quick 2.3.1. Définition de la population La population étudiée ici est composée entièrement d’enfants âgés de 8 à 11 ans. Nous ne nous sommes pas intéressés au niveau social ou économique des interviewés. Ce sont même des questions que nous n’avons pas du tout posées. En revanche, ce qui nous intéressait, mis à part leur âge, était leur classe, l’établissement qu’ils fréquentaient, la ville où ils habitaient ainsi que le nombre et l’âge de leurs frères et sœurs, pour voir si, éventuellement, ces facteurs avaient une quelconque influence sur l’attitude de l’enfant envers la marque et/ou le personnage. 2.3.2. Composition de l’échantillon Notre échantillon se compose de 12 enfants de 8 à 11 ans habitant la région Nord-Pasde-Calais. Un point important que nous avons tenu à respecter est la parfaite mixité de l’échantillon ; en effet, nous avons interrogé six garçons et six filles. L’échantillon se compose d’une part, d’une fille de huit ans, une fille de neuf ans, quatre filles de dix ans ; et d’autre part, de deux garçons de huit ans, un garçon de neuf ans, deux garçons de dix ans, et un garçon de onze ans. 2.3.3. Méthode d’accès aux interviewés Les enfants interrogés faisaient plus ou moins directement partie de notre entourage. Il s’agissait donc de contacter les parents et de convenir ensemble d’une date pour l’entretien. La méthode d’accès était en ce sens assez facile. Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires Cependant, lorsqu’on connaît l’interviewé, il n’est pas toujours facile de poser les limites : on est pris entre la « familiarité » de notre relation et le sérieux de l’étude. Malgré tout, cela s’est très bien déroulé. Nous essayions de mettre l’enfant en confiance dès le début de l’entretien afin qu’il n’hésite pas à « se dévoiler ». 2.3.4. Guide d’entretien Le guide d’entretien que nous avons élaboré se présente sous la forme d’un entonnoir : c’est-à-dire qu’on commence par parler du thème en général, pour arriver, petit à petit au cœur du sujet. 2.3.4.1. Composition du guide d’entretien Nous avons commencé par parler tout d’abord de la catégorie de produit (les fast food/ les hamburgers) pour ensuite parler de la marque Quick et aboutir à Quickos, le personnage imaginaire de l’enseigne. Dans un dernier temps, nous avons essayé d’évaluer la relation qu’il pouvait exister entre le personnage et l’enfant. Des précautions sont à prendre lorsqu’on établit un guide d’entretien, d’autant plus lorsqu’il s’agit d’enfants. En effet, la collecte des informations, comme le souligne Brée (1991), a toujours été un des obstacles majeurs dans les études ayant pour cible les enfants. L’enfant est limité de par ses expériences encore peu nombreuses, sa structure cognitive en développement, son apprentissage limité, ses connaissances assez peu étendues, et aussi de par son égocentrisme limitant par notamment ses centres d’intérêt à sa propre personne ou à son environnement proche (Derbaix, Pecheux, 1997). Brée (1991) ajoute que ces problèmes sont réellement gênants chez les enfants de moins de sept ans. Au-delà, les lacunes sont moins aiguës, les enfants entrent dans le stade opératoire, ils abandonnent les comportements basés uniquement sur la spontanéité au profit d’une affectivité de plus en plus intellectualisée. Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires Quelque soit l’âge de l’enfant, les questions interro négatives par exemple sont à bannir. 2.3.4.2. Pré-tests Pour valider le guide d’entretien, nous avons eu recours à trois pré-tests ; c’est-à-dire que les trois premiers entretiens réalisés ont servi à évaluer et à adapter si nécessaire le guide d’entretien. Ces pré-tests n’ont pas été inutiles. En effet, plusieurs modifications ont été apportées au guide d’entretien à leur suite. Tout d’abord, au niveau du vocabulaire, nous nous sommes aperçu que les enfants ne comprenaient pas certains mots utilisés. Ce fut le cas de « fast food » que nous avons décidé de supprimer de l’étude, nous avons préféré annoncer aux enfants qu’ « on allait parler des hamburgers pour commencer ». Ensuite, les adjectifs « prétentieux » et « rusé » étaient souvent inconnus ou mal compris, surtout par les plus jeunes. Nous les avons donc respectivement remplacés par « crâneur » et « malin ». Par ailleurs, nous avons remarqué que, à quelques exceptions près, les enfants n’étaient pas très bavards ; ils se contentaient la plupart du temps de répondre aux questions posées. C’est pourquoi, nous avons eu l’idée d’introduire le sujet de l’anniversaire fêté chez Quick. Ainsi, l’enfant parlait de ce qu’il avait vécu, et était fier de nous raconter cet anniversaire, sachant que nous, interviewer, nous ne connaissions pas ce concept. De même, dans le petit questionnaire (cf. supra) destiné à mesurer l’attitude de l’enfant envers la marque, nous avons rajouté l’item « C’est sympa de fêter son anniversaire chez Quick ». Cf. annexe : le guide d’entretien 2.3.4.3. Questionnaires Dans le but d’avoir quelques données chiffrées suite à cette étude, nous avons fait le choix de réaliser un petit questionnaire mesurant l’attitude de l’enfant envers la marque Quick. Celui-ci a été proposé aux enfants au cours de l’entretien. Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires Cf. annexe questionnaire Concernant le choix des échelles, Brée (1991) préconise une échelle à deux échelons pour chaque polarité. En effet, les enfants considèrent l’échelon central comme une attitude positive ; or, il est impossible de leur proposer une échelle asymétrique. Voilà pourquoi deux échelons pour l’attitude favorable, et deux pour l’attitude défavorable semblent équilibrer les choix et rassurer ainsi l’enfant. Pour ce qui est de la nature de l’échelle, l’avantage d’utiliser une échelle iconique est que cela évite tout problème de lisibilité de l’enfant puisqu’il lui suffit de se référer à l’expression des visages qui lui sont présentés (Brée, 1991). L’échelle iconique apparaît comme plus affective, et l’échelle de type Likert comme plus cognitive (Derbaix, Pecheux, 1997). Par ailleurs, ils ajoutent que l’échelle peut commencer indifféremment par l’un ou l’autre pôle, cela n’a pas d’effet sur les réponses. Pour notre questionnaire présenté aux enfants durant l’entretien, nous avons choisi d’utiliser un mix entre échelle iconique et échelle de type Likert, c’est-à-dire que nous avons proposé aux enfants des visages associées à « NON-non-oui-OUI ». Ainsi, l’enfant se rendait mieux compte de la signification des visages et inversement des mots. Cette échelle a été élaborée et utilisée par Derbaix et Pecheux en 1997 et a semblé être efficace. Cf. annexe résultats questionnaires 2.3.5. Déroulement d’un entretien Chaque entretien s’est déroulé de la même façon. Après s’être mis d’accord avec ses parents sur l’horaire, nous nous sommes rendu chez l’enfant à interviewer. Nous lui avons demandé comment il allait, nous lui avons conseillé de se mettre à l’aise. Ensuite, nous lui avons demandé s’il était prêt, et nous lui avons annoncé le thème. Et nous avons mis le dictaphone sur « enregistrer » ; l’entretien débutait. Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires Pendant l’entretien, il fallait réussir à le faire parler, sans pour autant qu’il s’égare du sujet. Mais ceci n’est pas arrivé. Au contraire, il fallait, pour la plupart, les questionner davantage pour qu’ils parlent plus. L’ambiance était sereine pendant l’entretien. Nous précisions bien qu’il n’y avait pas de bonne ni de mauvaise réponse, qu’il fallait qu’il nous donne son propre avis ; et que, s’il voulait dire des choses qu’il aimerait garder confidentielles, nous n’allions pas aller tout répéter aux parents ensuite. L’entretien passait vite en général. L’un des interviewés, lorsque nous lui avons dit que c’était terminé, a même dit « Déjà ? ». Cependant, bien qu’ils ne duraient que 25 à 30 minutes, les entretiens ne pouvaient durer plus longtemps dans le sens où les enfants donnaient leurs réponses rapidement ; de plus, contrairement aux adultes, ils n’aiment pas et ne savent pas trop parler d’eux sans sujet précis. Sans oublier qu’après une demi-heure, les enfants ne sont plus aussi attentifs qu’en début d’entretien. 2.3.6. Analyse des résultats L’étude menée étant une étude qualitative et exploratoire réalisée sous la forme d’entretiens semi directifs, nous mènerons une analyse de contenu mêlée à des extraits d’entretiens. L’analyse de contenu a permis de faire ressortir les thèmes principaux de l’étude, tandis que les extraits d’entretiens illustrent ce que nous avançons. En associant ces deux méthodes, l’analyse sera claire et structurée. 3. Résultats L’étude menée auprès des enfants nous a apporté beaucoup d’informations. L’analyse des résultats a abouti à cinq grandes conclusions : l’âge, l’implication ainsi que les parents de l’enfant ont beaucoup d’influence sur leur consommation ; de plus, on s’aperçoit que les Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires enfants sont en effet très sensibles à la communication en général, et le personnage imaginaire véhicule bien la personnalité de la marque auprès des enfants. 3.1. L’âge de l’enfant a un effet sur ses attentes et donc influence son point de vue L’âge de l’enfant est un critère déterminant dans son processus de consommation. De manière générale, plus l’enfant est jeune, plus il est sensible aux actions marketing. 3.1.1. Le jeune enfant est plus sensible à la promotion Nous avons remarqué que les enfants les plus jeunes parmi ceux que nous avons interrogés étaient les plus sensibles à la promotion, et notamment au cadeau proposé dans la Magic Box, le menu enfant de Quick. Autrement dit, les enfants âgés de huit et neuf ans sont sensibles à la promotion de type cadeau ; tandis que les autres n’y prêtent plus beaucoup d’attention. Parfois, le cadeau est la source de la préférence. Clémence, 9 ans, préfère Quick C : Non, mais c’est aussi parce que je préfère aller à Quick parce que les jeux ils sont mieux à Quick. B : D’accord. Et est-ce que tu as déjà fait un anniversaire à Mac Do ? C : Oui. B : Et alors, lequel est le mieux ? C : Ben c’est à Quick le mieux. B : C’est au niveau des jeux ou… qu’est-ce que t’as préféré ? C : Ben, on peut avoir un cadeau à la fin. Valentin, 8 ans, préfère Quick B : Ouais. Ok. Est-ce que tu aimes ce type de restaurant ? V : Oui. B : Pourquoi ? V : Euh, le jouet est bien… Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires B : Ouais… Tu parles dans les menus enfants là ? V : Oui. Le cadeau promu peut aussi être à l’origine du choix de la marque. Julien, 8 ans, préfère Mac Do B : Ok. Alors, est-ce que tu y vas souvent à Quick ? J : Non, je vais plus souvent à Mac Do. B : A Mac Do ? J : Ouais, ça dépend des jeux qu’il y a dans les menus. … B : Ok. Donc tu n’y vas pas souvent alors à Quick ? J : Ben j’y vais parfois, mais c’est rare. B : Et quand tu y vas, tu prends un menu enfant ? J : Ah ben oui, ça, c’est sûr ! Pour le jeu. … B : Et à Mac Do, tu y es déjà allé pour un anniversaire ? J : Oui, je suis déjà allé aux deux. B : Et c’est quoi le mieux ? Tu préférais quoi toi ? J : Mac Do. B : Mac Do ? J : Sauf le jeu qu’ils donnent après, c’est ça que j’aime pas. … B : Donc c’est que pour la nourriture que tu préfères aller à Mac Do ? J : Oui, et puis aussi pour les jeux. B : Les jeux dans le menu enfant, hein ? J : Ouais. Kenny, 9 ans, préfère Quick B : Soit non, pas du tout, soit un petit non, soit un petit oui, soit oui j’adore. Ok ? Il n’y a pas de bonne réponse, pas de mauvaise réponse, c’est ce que tu penses. Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires K : Je prends le jouet ! B : C’est pour ça que tu achètes le menu enfant, pour le jouet ? K : Ben, non parce qu’on peut prendre aussi un hamburger avec… Ah ben ça c’est sûr ! Audrey, 10 ans, préfère Quick B : D’accord. Et toi, enfin tu n’es peut-être plus trop concernée si tu ne prends plus le menu enfant, tu penses quoi du jouet qu’il y a dans le menu enfant ? A : Ben c’est de mieux en mieux je trouve. B : De mieux en mieux ? A : Oui. B : Mais ça ne te pousse pas à prendre un menu enfant pour autant ? A : Non. Y avait juste le truc Priscilla parce que je voulais voir comment ça marchait. C’est juste pour voir comment ça marche que je veux les jeux. Cependant, en grandissant, les enfants s’intéressent de moins en moins au cadeau. Ils reconnaissent même que cela s’adresse aux plus jeunes. Nicolas, 10 ans, préfère Quick B : Ok. Et au niveau du jouet que tu as dans le menu enfant, est-ce que ça t’intéresse ou pas ? N : Ben, quelquefois ça m’intéresse, quelquefois non. C’est tout. B : Et, est-ce que c’est parce qu’il y a un jeu qui t’intéresse que tu vas aller acheter un menu enfant ou… ? N : Non. Alexandre, 10 ans, préfère Quick B : Et les jouets que tu peux avoir dans la, dans le menu enfant, est-ce que ça t’incite à y aller ? A : Ben, ben avant quand j’étais petit je ne voulais que le cadeau… B : Ouais… A : Donc c’est pour ça que j’y allais. Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires Lorsqu’on leur demande ce qu’ils préfèrent dans l’un ou l’autre des restaurants, les enfants répondent en premier « la nourriture », puis en deuxième position arrive « le jouet ». 3.1.2. Le jeune enfant est plus sensible au personnage De même que pour le cadeau, plus l’enfant est jeune, plus il est sensible au personnage ; il affirme davantage que le personnage pourrait devenir son ami. Kenny, 9 ans, préfère Quick B : Ok. Donc, est-ce que tu te sens proche de ce personnage ? K : Proche euh… ? B : Est-ce que tu pourrais dire que c’est ton ami ou est-ce qu’il pourrait devenir ton ami ? K : Ben oui. B : Pourquoi ? K : Ben, parce que… il est marrant, avec lui j’arrêterais pas de rigoler ! Il a une petite voix, tandis que moi j’en ai une grosse, alors… B : Donc c’est important pour toi pour tes amis d’être rigolo ? K : Oui, ça peut faire marrant avec lui, dès qu’il parle… B : Ok. Et le fait que tu ne le connais pas, ça ne te dérange pas ? K : Non. B : Non ? Il pourrait devenir ton ami quand même ? K : Ben oui. Marie, 8 ans, préfère Quick B : Est-ce que tu te sens proche de ce personnage ? Est-ce qu’il pourrait devenir ton ami ? M : Oui. B : Et pourquoi il pourrait devenir ton ami ? M : Parce qu’il est gentil. B : Et parce qu’il est drôle, non ? M : Oui. Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires Valentin, 8 ans, préfère Quick B : Ok. Euh, est-ce que tu te sens proche de ce personnage ? En le voyant comme ça, est-ce qu’il pourrait devenir ton ami ? V : Ouais. B : Ouais ? Pourquoi ? V:… B : Quelles sont ses qualités que tu apprécies ? Est-ce que c’est parce qu’il est gentil, est-ce que c’est parce qu’il est imaginatif, est-ce que c’est parce qu’il est à la mode ? V : Parce que… il est à la mode et imaginatif. Même si les plus jeunes ont été unanimes, et ont tous déclaré que Quickos pourrait devenir leur ami, certains des enfants de dix ans se sentent également proche du personnage de l’enseigne. Marine, 10 ans, préfère Mac Do B : Est-ce que tu pourrais dire qu’il est ton ami ou qu’il pourrait le devenir ? M : Ben oui parce qu’il a l’air gentil ! Nicolas, 10 ans, préfère Quick B : Non ? Ok. Donc, est-ce que tu te sens proche de ce personnage ? N : Non. B : Est-ce qu’il pourrait devenir ton ami ? N : J’aimerais bien. B : T’aimerais bien ? Et qu’est-ce qu’il faudrait pour que ça se fasse ? N : Ben, je sais pas moi, que je le rencontre un jour déjà. … B : Et pourquoi tu dis que ça peut être ton ami ? Parce qu’il est drôle… ? N : Ben je sais pas, quelquefois y a des monstres qui font quand même rigoler, et puis c’est un monstre marrant alors euh… en plus il est fabriqué avec à manger alors ben… B : Donc il est attirant quoi ? N : Ouais. Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires Ophélie, 10 ans, préfère Mac Do B : Donc, pour toi, c’est pas très important en fait le personnage ? O : Non, mais pour les petits on dirait que ça l’est. B : Donc pour toi, les petits ce serait des enfants de quel âge ? O : De 4 à 8 ans. 3.2. L’implication de l’enfant pour la catégorie de produit a une influence sur Tout comme l’âge, l’implication est un facteur primordial à prendre en compte dans le comportement du consommateur. Les résultats montrent en effet que plus l’enfant est impliqué, plus il connaît de produits et d’enseignes, et plus il est précis dans la description du personnage. 3.2.1. Son degré d’expertise en matière de noms de produits Quatre des douze enfants interrogés n’ont cité aucun nom de hamburger. Il s’agit des enfants qui n’aiment pas les hamburgers ou qui n’en sont pas friands. De plus, pour ceux qui en ont cités, on remarque qu’ils ne connaissent en général que ceux qu’ils ont l’habitude de consommer, ou qu’ils ont déjà consommé, ne serait-ce qu’une fois. Ceci souligne bien que si l’enfant ne se sent pas impliqué, il ne retient pas, ou ne veut pas retenir des noms de produits ou de marques. Alexandre, 10 ans, préfère Quick B : Qu’est-ce que tu demandes quand tu vas… ? A : Un giant je crois, ouais, c’est ça. B : Ouais… C’est tout, toujours la même chose ? A : Ouais. B : D’accord. Et, est-ce que tu connais d’autres noms, même des hamburgers que tu ne manges pas ? A : Euh, des… nan, je connais pas. Julien, 8 ans, préfère Mac Do Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires B : Est-ce que tu connais d’autres noms de hamburgers, même si tu ne les manges pas ? J : Fondue gratinale…, euh, extrême cheese, et puis je ne connais plus rien d’autre. Ophélie, 10 ans, préfère Mac Do B : Pas trop ? Lesquels tu manges quand même quand il t’arrive d’en manger ? O : Euh… euh… le big mac. B : Ouais… c’est tout ? O : Ouais, je prends tout le temps le même. Kenny, 9 ans, préfère Quick B : Est-ce que tu connais des noms de hamburgers ? K : Non. B : Bon. Quand est-ce que tu as… K : Ah si, euh, double effet beef ! B : Oui. K : C’est tout. B : Et tu as vu ça où ? K : A Quick. B : A Quick oui. K : Alors, il y a le bacon, l’extrême cheese… Marine, 10 ans, préfère Mac Do B : Ah ! Ca fait plaisir ! Alors, lesquels est-ce que tu manges ? Les noms que tu connais… M : Ben… ça dépend… je prends soit des hamburgers, soit des cheeseburgers. B : Hum hum. Mais tu ne connais pas des noms en particulier ? M : Non. B : Ok. Donc quand tu manges des hamburgers, tu prends le menu enfant seulement ? M : Ben, ça dépend. B : Ca dépend ? Et tu ne connais pas les noms des autres ? M : Ben… je prends des big mac souvent. Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires Aymerick, 11 ans, préfère Mac Do B : Lesquels est-ce que tu manges ? A : Les gros. B : Des gros ? Ouais. Et, est-ce que tu connais des noms ? A : Ouais. B : Vas-y. A : Euh, big mac, cheese… enfin tout ça. B : Ouais. Et, est-ce que tu connais d’autres noms, même des hamburgers que tu ne manges pas… ? A : Non. 3.2.2. Son degré d’expertise en matière de noms d’enseignes Les enfants ont quasiment tous cité Quick et Mac Donald’s. Ils ont également su nous citer des noms d’autres enseignes de restauration. De la même façon que pour les produits, plus l’enfant est impliqué, plus il connaît de noms différents d’enseignes. Ophélie, 10 ans, préfère Mac Do B : Où est-ce que tu vas les manger ces hamburgers quand tu en manges ? O : Mac Do. B : Mac Do ? Que au Mac Do ? O : Euh, ouais. … B : D’accord. Et vous allez où au restaurant ? O : Alors, on a été plein de fois… euh au Crocodile, à… comment ça s’appelle ? Les 3 Brasseurs, Quick, Mac Do, euh… y a plein de choses… Flunch, qu’est-ce qu’il y a encore ? Courtepaille non, euh… y a plein de choses, mais je ne m’en rappelle plus. Aymerick, 11 ans, préfère Mac Do B : Ok. Et où est-ce que tu vas manger des hamburgers ? A : A Mac Do, à Mac Donald’s. … Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires B : Ouais ? Et vous allez où ? A : On va souvent au Tingad. C’est un restaurant arabe. Marine, 10 ans, préfère Mac Do B : Ok. Et où ? Où est-ce que vous allez ? M : Ben, comme ma mère elle aime bien on va à Buffalo Grill… B : Ouais… M : Après… au mexicain… B : Ouais… M : Au chinois… à Mac Do… ben c’est souvent au Buffalo Grill qu’on va donc euh… après ben… pas souvent… on va à Flunch, on a peut-être été une ou deux fois… Audrey, 10 ans, préfère Quick A : Ca c’est le vendredi soir, sinon quand on y va avec des amis, on va à la pizzeria ou… enfin c’est surtout à la pizzeria. B : Hum hum. A : On ne va pas souvent au Buffalo Grill… mais c’est pas à Mac Do ou à Quick en tout cas. B : Et quand tu dis avec des amis c’est quel jour de la semaine ? A : Soit le samedi soir, soit… ah oui, des fois on va à Crocodile aussi. Soit le samedi soir, soit le dimanche soir, soit des jours de semaine. Mais ça c’est très rare. Anne-Sophie, 10 ans, préfère Mac Do B : Et donc, quand vous allez au restaurant, vous allez où ? A : Ben on va à Flunch, des fois à Pizza Paï… Valentin, 8 ans, préfère Quick B : Ok, c’est pas grave. Hum, quels sont les restaurants où l’on peut manger des hamburgers que tu connais ? V : Buffalo Grill. B : Il y a des hamburgers là-bas ? V : Oui. Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires B : Ah bon. Et sinon ? V : Euh, Quick, … et Mac Do. Alexandre, 10 ans, préfère Quick B : Un mois ? D’accord. Et où est-ce que tu vas en manger quand tu en manges ? A : Euh, soit chez Mac Do, ou chez Quick. 3.2.3. Sa connaissance du personnage et sa précision dans la description de celui-ci Il ressort des entretiens que les enfants les plus impliqués dans la catégorie de produits connaissent plus et mieux les personnages imaginaires. Cela se note surtout dans la précision de la description spontanée des enfants. Les enfants connaissent beaucoup mieux le physique du personnage que son nom. Et ils sont unanimes sur le fait que Quickos est un garçon (parce qu’il a des cheveux courts, une tête et des vêtements de garçon, il a un nom de garçon…) et qu’il n’est pas séduisant. Clémence, 9 ans, préfère Quick B : D’accord. Ok. Alors, est-ce que tu connais le personnage de Quick ? C : Euh oui, mais je sais pas vraiment comment il s’appelle. B : Tu sais pas son nom ? C : Non. B : Mais tu l’as déjà vu ? C : Ah si, c’est Quickos. … B : Dis moi un peu comment tu le vois. Décris le. C : Alors, sa tête, c’est un hamburger… B : Ouais… C : Et ses cheveux, c’est des frites… B : Ouais… C : Et y a euh…, il a un tee-shirt avec des couleurs rose, rouge et jaune… Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires B : Hum hum… C : Et il a un short rouge… B : hum hum… C : Des chaussures rouges. Julien, 8 ans, préfère Mac Do B : Ok. Alors, euh…, Quick a un personnage. Est-ce que tu le connais ? J : Oui, Quickos ! B : Tu le connais ? J : Ouais, il est trop bien ! B : Il ressemble à quoi ? J : Euh, ben…, une tête d’hamburger, avec des frites plantées dessus, et ensuite le corps, c’est un bonhomme. Nicolas, 10 ans, préfère Quick B : Ben, un personnage, pour le représenter. Ca ne te dit rien ? Tu ne l’as jamais vu ? N : Non. Enfin, je suis pas sûr… B : Dis toujours. N : Ah non, non, c’est pas ça… Ah si ! Ah, mais je ne sais pas son nom… B : Il ressemble à quoi alors ? N : Ben, sa tête c’est un hamburger, sa bouche, c’est une rondelle de saucisson, ses cheveux c’est des frites, et puis ben son corps, c’est blanc. B : C’est pas blanc, mais t’es pas loin… N : C’est du sandwich son corps… … B : Ok. Donc est-ce que tu pourrais me le décrire comme ça, comme tu le vois ? Même si tu vas te répéter un petit peu… N : Ben ouais, quand même ! Donc, euh…, sa tête c’est de la nourriture, c’est moitié un peu monstre, et moitié humain… parce qu’il a des pieds, il a des mains… B : C’est un monstre qui fait peur ? N : Non, c’est un monstre rigolo. Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires B : Et au niveau de son corps ? N : Ben sa tête elle est assez large avec sa bouche… B : Hum hum… N : Ses cheveux ils sont drôles, on pourrait le manger… après il n’a que quatre doigts… Kenny, 9 ans, préfère Quick B : Ok. Alors, maintenant euh… Eh bien, Quick a un personnage, tu m’en as parlé… K : Quickos. … B : Hum, est-ce que tu peux me le décrire, là comme tu le vois ? K : Ben, sa tête ça fait des pains à hamburger… B : Ouais… K : Ben au-dessus y a des frites… B : Ouais… K : Ses yeux ils sont normaux… à part que ça fait des petites boules… B : Hum hum… K : Sa bouche ça fait comme euh… ah, je sais plus comment on dit… Ben sinon, ses mains elles sont normales, à part qu’il n’a que quatre doigts… à ses pieds, il a des bottes… B : Ouais… K : Son habit, euh son pull, il a une fermeture et il y a du rose, du rouge et du jaune… B : Ouais… Audrey, 10 ans, préfère Quick B : Oui mais est-ce que tu aimerais y aller avec tes copains ? Merci. Euh, est-ce que tu connais le personnage de Quick ? A : Euh non. C’est quoi ? B : Tu ne l’as jamais vu, ça fait deux ans qu’il existe. Un personnage chez Quick, que tu vois sur la Magic Box… A : Ah oui, c’est Quickos ! B : Ah ben tu vois que tu le connais ! Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires A : C’est celui avec des frites là, sa bouche c’est un hamburger et il a des frites à la place de ses cheveux. … A : Ben il a des frites à la place des cheveux. B : Ouais… A : Il a des yeux sur les cheveux. C’est un peu bizarre. Sa bouche c’est un hamburger… Et son corps, ben je sais pas, il a des vêtements, des mains, des pieds… Ca ne représente rien comme… 3.3. Les parents ont une influence sur leurs enfants Il est évident que les parents exercent une grande influence sur leurs enfants. Cette influence se ressent aussi dans les comportements de consommation des enfants. Les enfants, par phénomène d’imitation, font et aiment ce que font leurs parents. Les parents restent sans conteste la première source de socialisation de l’enfant ; les pairs, eux, n’ont qu’une influence à partir de l’adolescence, c’est-à-dire vers douze ans. 3.3.1. Par rapport à leur lieu et à leurs habitudes de consommation Les parents imposent, souvent de manière involontaire, leurs habitudes de consommation à leurs enfants. On remarque notamment que dix enfants sur douze ont l’habitude de manger des hamburgers achetés au fast food chez eux, car les parents estiment qu’il est plus pratique de procéder ainsi. D’autres habitudes se transmettent : les hamburgers faits maison, le choix de l’enseigne, ou encore les conseils concernant la santé. Kenny, 9 ans, préfère Quick B : Ah. Donc, qu’est-ce que tu manges comme hamburgers ? Qu’est-ce que tu connais ? K : Ben je sais pas comment ça s’appelle, mais Maman elle met ben ça fait un rond comme ça, dedans y a des petites graines de sésame… B : Ouais… K : Elle met… ah… du fromage…, du ketchup… euh non, de l’hachis et du ketchup. B : Donc, c’est ta Maman qui les fait ? K : Oui. … B : D’accord. Donc tu préfères ceux de ta Maman ? Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires K : Euh… oui ! Nicolas, 10 ans, préfère Quick B : Donc est-ce que tu aimes ça les hamburgers ? N : Ben, ça dépend. B : Ca dépend ? N : Ca dépend, parce que moi je suis difficile. Je préfère euh… quand ma mère elle les fait… B : Ouais… N : Et en particulier quand il y a une seule chose dedans. B : D’accord. Donc tu préfères ceux faits par ta maman. N : Oui. Audrey, 10 ans, préfère Quick A : A Belle Epine, soit à Mac Do soit à Quick. B : D’accord. Et plus souvent où ? A : Ben en fait, Maman elle préfère Quick et Papa Mac Do, alors c’est à tour de rôle. Anne-Sophie, 10 ans, préfère Mac Do B : Ouais… Et au niveau de la nourriture ? A : C’est bon, mais il y a beaucoup de trucs surgelés donc c’est pour ça que ma mère elle n’aime pas trop que j’y aille en fait. B : D’accord. A : C’est pour ça qu’elle veut pas trop que j’y aille en fait, mais sinon euh ça va. B : Donc c’est ta mère qui ne veut pas que tu y ailles ou… ? A : Si, mais comme elle sait que c’est pas trop des produits frais, elle préfère que je mange des euh tout ce qui est légumes en fait plutôt. … B : Pourquoi tu vas à Mac Donald’s alors plutôt qu’à Quick? A : Ben je sais pas. Ben en fait, c’est ma mère qui y va, moi j’y vais jamais, je lui dis ce que je veux et c’est elle qui va le chercher en fait. B : D’accord. Donc elle dit toujours, je vais à Mac Do… Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires A : Ouais, elle va toujours à Mac Do. 3.3.2. Par rapport à leur fréquence de consommation du produit Les enfants vont plus ou moins souvent manger des hamburgers. En les écoutant, on comprend que ce sont les parents qui décident de la fréquence de consommation de leurs enfants. Kenny, 9 ans, préfère Quick K : Ca dépend, des fois c’est à Mac Do, des fois c’est à Quick. B : Ok. Et tu vas plus à l’un ou à l’autre ? K : Ben avant, on allait plus à Mac Do, mais maintenant on va toujours à Quick. B : Et pourquoi vous avez changé ? K : Ben, parce que on préfère Quick Marine, 10 ans, préfère Mac Do B : Et tu y vas souvent justement ? M : A Mac Do ? B : Ouais. M : Tous les vendredis parce que maman elle n’a pas le courage de faire à manger. B : D’accord. Et donc, c’est toujours Mac Do ? M : Oui. B : Et pourquoi, c’est toi qui veux ou quelqu’un d’autre… ? M : Non, je sais pas, c’est comme ça. On a l’habitude. Audrey, 10 ans, préfère Quick B : D’accord. Euh, est-ce que tu y vas souvent, rien qu’à Quick ? A : A Quick ? Non, pas du tout, non. B : Tu y vas à l’occasion ? Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires A : Ouais. Peut-être deux fois par an, je sais pas. Deux, trois fois par an. B : Et donc c’est à quelle occasion que vous y allez ? A : Ben quand on va à Belle Epine, et comme on rentre trop tard pour manger, et qu’il n’y a plus rien dans le frigo, on mange sur place. … B : Ok. Est-ce que c’est parce que tu as vu un jouet qui t’intéressait que tu vas aller chez Quick ou chez Mac Do ? Enfin du moins avant. A : Non. C’est quand Papa et Maman ils veulent. 3.3.3. Les copains n’influencent pas encore l’enfant Pendant l’enfance, les pairs n’ont pas encore d’influence sur l’enfant, tout au moins sur la catégorie de produit étudiée. En effet, les enfants ne savent pas, en général, ce que consomment leurs copains en matière de hamburgers ; et même quand ils le savent, cela n’influence pas leurs choix. Valentin, 8 ans, préfère Quick B : D’accord. Et tes copains, où est-ce qu’ils vont pour manger des hamburgers ? V : Je ne sais pas. Nicolas, 10 ans, préfère Quick B : Et tes copains, où est-ce qu’ils vont manger des hamburgers ? N : Ben, je pense que c’est pareil que moi. B : C’est-à-dire ? N : Ben Quick, Mac Do, Flunch… B : Mais ils n’en ont pas un de préféré ? N : Je sais pas. Ils ne me disent pas ce qu’ils mangent B : Vous ne parlez pas de ça ? N : Non. Aymerick, 11 ans, préfère Mac Do B : Et tes copains, est-ce que tu sais où ils vont manger des hamburgers ? Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires A : Non. B : Vous n’en parlez jamais ? A : Non. Ophélie, 10 ans, préfère Mac Do B : Ok. Est-ce que tu sais où tes copains vont pour manger un hamburger ? O : Y en a qui vont… il y en a beaucoup qui vont à Quick… Marine, 10 ans, préfère Mac Do B : Ouais. Et tes copains ? Où est-ce qu’ils vont pour manger des hamburgers ? M : Ben… ben je sais pas vraiment mais… non, je sais pas. B : Non ? Du tout ? M : Non. Je connais une copine qui va à Quick. B : Mais tu ne sais pas pourquoi elle va à Quick ? M : Non. 3.4. Les enfants sont sensibles à la publicité et à la communication en général A l’heure actuelle, les enfants sont hyper sensibles à la communication, et plus particulièrement à la télévision. La publicité télévisuelle a donc beaucoup d’impact sur eux, tout comme les divers supports de communication de la marque tels que le packaging. 3.4.1. Les enfants sont très sensibles à la publicité télévisuelle Média numéro un, la télévision a un succès incontestable auprès des enfants. Leur connaissance et leur sensibilité à la publicité télévisuelle en sont la preuve. Tous les enfants, ou presque, ont vu Quickos à la télévision, qu’ils aiment les hamburgers ou non. Marine, 10 ans, préfère Mac Do B : Ok. Euh… donc Quick en fait a un personnage, est-ce que tu le connais ? M : Oui, c’est une sorte de nounours je sais pas il est bizarre… aux pubs on le voit. Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires B : Tu l’as vu à la télé ? M : Ouais, aux pubs. Je vois pas vraiment ce que c’est parce que euh… Anne-Sophie, 10 ans, préfère Mac Do B : Non ? Ok. Euh, donc Quick a un personnage. Est-ce que tu le connais ? A : Euh, oui, c’est avec des cheveux jaunes je crois, non ? B : Ouais… A : C’est parce que je le vois à la télé en fait. B : Et, tu sais son nom ? A : Non. B : Tu saurais le décrire, avant que je te le montre ? A : Ben il a un maillot jaune avec des traits rouges je crois. Aymerick, 11 ans, préfère Mac Do B : Parce que Quick il a un personnage… A : Quickos… je crois. B : Ouais. Comment tu le connais ? A : A la télé. Clémence, 9 ans, préfère Quick B : Mais tu l’as déjà vu ? C : Ah si, c’est Quickos. B : Oui ! Donc, tu l’as vu quand ? C : Euh, à la télé, et des fois ils donnent des cadeaux, et c’est un nounours Quickos. Julien, 8 ans, préfère Mac Do B : Ok. Et tu le connais depuis quand ? J : Ben depuis que je l’ai vu à la télé. Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires La publicité est donc un excellent moyen de communication auprès des enfants. Ils ont vu le spot plusieurs semaines auparavant pour certains, mais ils savent qui est Quickos. Quelques-uns d’entre eux ont même été capables de raconter une publicité en détails. Audrey, 10 ans, préfère Quick B : Ok. Et tu l’as vu dans la pub… Il faisait quoi dans la pub ? A : Ben il montrait les jeux qu’il y avait, la semaine ou le mois, et après il faisait euh, il disait son nom, il disait salut et Quickos et je sais pas quoi et après il repartait et il tombait par terre toujours. Julien, 8 ans, préfère Mac Do B : D’accord… Il faisait quoi dans la pub ? J : Euh, ben…, en fait il allumait une bougie, et deux minutes après elle s’éteignait, il la rallume, et puis il y a un pétard qui explose ! … B : Et après ils n’en ont plus fait ? J : Si, y en a toujours, mais cette fois-ci c’est plus avec les jeux Quickos, c’est avec des autres jeux, par exemple des jeux Adibou… et puis tout ça… Alexandre, 10 ans, préfère Quick A : Il y en a une où il vole en fait, mais il est accroché il y a des nuages là et euh… ouais sinon il est à son anniversaire où il souffle ses bougies et euh… c’est à peu près tout ce dont je me souviens. Kenny, 9 ans, préfère Quick K : Ben euh… malin parce que ah… à chaque fois, euh, quand il saute… et puis j’ai vu à la télé, c’était comme un petit film et puis euh, il y avait des trucs comme à l’armée, des trucs verts, des feuilles d’arbre pour ne pas passer, et il se cachait derrière les arbres pour pas qu’on le voie. Clémence, 9 ans, préfère Quick C : En fait, il se cache… B : Ouais… C : Et après, il sort, et il parle… il se présente, après il parle de Quick… B : D’accord… Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires C : Et il parle euh…, des euh…, des nouveaux trucs à Quick. Euh, il dit les cadeaux qu’on peut gagner dans la Magic Box… 3.4.2. Les enfants sont sensibles au packaging du produit De même que pour la télévision, quoique en moindre proportion, les enfants sont réceptifs aux actions de communication, et plus particulièrement au packaging. Durant l’entretien, nous leur présentions la Magic Box pour qu’ils voient Quickos « en action ». Ce support était pratique dans le sens où ils le connaissaient. Julien, 8 ans, préfère Mac Do B : Tu l’as vu à la télé ? J : Ouais. B : Quand ça ? J : Ben dès qu’il est né, dès qu’il est arrivé chez Quick. B : Et tu te souviens c’était quand ? J : Ouais, le premier jour, ils avaient donné des peluches avec Quickos qui faisaient des actions et puis tout ça… B : A la télé ou dans le restaurant ? J : Dans le restaurant et à la télé. Kenny, 9 ans, préfère Quick B : Quickos, oui. Donc le voilà. Tu le connaissais, tu connaissais sa tête ? K : Euh oui, je l’ai déjà vu chez ma cousine, parce qu’elle a des jouets comme ça. B : D’accord. K : Et puis je lui ai demandé et elle me l’a dit. B : Ok. Je te montre aussi la Magic Box… Le voilà ! Donc tu l’avais déjà vu ? K : Oui. B : Donc tu l’as vu sous quelle forme, sous forme de jouet ? K : Euh non, la boîte. Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires Marine, 10 ans, préfère Mac Do M : Je l’ai peut-être vu quand j’ai été à Quick quand on a été, j’ai choisi mon menu et puis je l’ai vu dessus. C’est sûrement ça. B : Ah. Ok. M : Ben ils ont des papiers, je l’ai sûrement vu là-bas. 3.5. Le personnage véhicule sa personnalité de marque L’étude montre que la majorité des enfants a une bonne image de Quick ; par ailleurs, ils connaissent tous Quickos. On peut donc en conclure que le personnage parvient à transmettre aux enfants sa personnalité de marque, et à provoquer une attitude favorable envers la marque. 3.5.1. Proximité, qualité de l’output et qualité de l’interaction Nous avons mesuré trois dimensions de la personnalité de marque : la proximité, la qualité de l’output et la qualité de l’interaction. La qualité de l’output et la qualité de l’interaction sont toutes deux appréciées des enfants ; la proximité en revanche partage les avis. En effet, sur les douze enfants interrogés, seul un enfant n’est pas satisfait de la qualité de l’interaction car il a été déçu une fois. Tous sont d’avis de dire que la qualité de l’output est bonne. Ophélie, 10 ans, préfère Mac Do B : Est-ce que tu trouves que les hamburgers de Quick sont bons ? O : Ouais. Alexandre, 10 ans, préfère Quick B : Sinon, est-ce que tu trouves en général les hamburgers de Quick bons ? A : Ouais. B : Ouais ? Dans tous ceux que tu as goûté… Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires A : Hum hum. Julien, 8 ans, préfère Mac Do B : Ok. Et est-ce que tu trouves que les vendeurs sont agréables, accueillants ? J : Pas du tout. B : Non ? J : A Mac Do ils sont accueillants je dirais plutôt, par contre à Quick euh… c’est même pas bonjour, même pas au revoir ! B : Et l’animateur ou l’animatrice que tu as eu… J : Enervant ! Pour la proximité, six enfants la reconnaissent, et six non. Ce sont particulièrement les plus jeunes qui se sentent proches du personnage ; tandis que les plus grands (10 et 11 ans) ne pourraient pas devenir l’ami de Quickos, notamment car il est plus jeune qu’eux. Valentin, 8 ans, préfère Quick B : Ok. Euh, est-ce que tu te sens proche de ce personnage ? En le voyant comme ça, est-ce qu’il pourrait devenir ton ami ? V : Ouais. B : Ouais ? Pourquoi ? V : Parce que… il est à la mode et imaginatif. Clémence, 9 ans, préfère Quick B : Il pourrait devenir ton ami… C : Ouais. Kenny, 9 ans, préfère Quick B : Ok. Donc, est-ce que tu te sens proche de ce personnage ? K : Proche euh… ? Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires B : Est-ce que tu pourrais dire que c’est ton ami ou est-ce qu’il pourrait devenir ton ami ? K : Ben oui. B : Pourquoi ? K : Ben, parce que… il est marrant, avec lui j’arrêterais pas de rigoler ! Il a une petite voix, tandis que moi j’en ai une grosse, alors… Marie, 8 ans, préfère Quick B : Et pourquoi il pourrait devenir ton ami ? M : Parce qu’il est gentil. Marine, 10 ans, préfère Mac Do B : Oui ? Ok. Euh… est-ce que tu te sens proche de ce personnage ? M : Ben… je sais pas. B : Est-ce que tu pourrais dire qu’il est ton ami ou qu’il pourrait le devenir ? M : Ben oui parce qu’il a l’air gentil ! Alexandre, 10 ans, préfère Quick B : D’accord. Et il faudrait quoi pour qu’il devienne ton ami ? A : Ben qu’il soit humain. B : Ouais… A : Et, je sais pas, un peu plus grand. Anne-Sophie, 10 ans, préfère Mac Do B : Non ? Tu ne pourrais pas dire qu’il peut être ton ami ? A : Non. B : Non ? Pourquoi ? A : Ben, je ne le vois que rarement, je ne le connais pas vraiment assez… Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires 3.5.2. Le personnage provoque une attitude favorable envers la marque On note tout d’abord que sur les huit enfants qui connaissent Quickos, sept d’entre eux préfèrent Quick. Même si l’on n’a pas pu mesurer leur opinion sur Quick avant et après l’arrivée de Quickos, il semble pertinent de dire que le personnage crée, de manière générale, une attitude favorable envers la marque. Kenny, 9 ans, préfère Quick K : Ben, parce que on préfère Quick, parce que les jeux ils sont mieux là-bas, les jouets aussi… après ben… il y a plus de ah…, les chaises elles sont hautes, et il y a des dips, tandis qu’à Mac Do, y a des nuggets, et y a pas de dips à Mac Do. … K : Ben, euh…, ben comme tout à l’heure… y a les jouets, c’est plus petit, et des fois y a moins de monde. Clémence, 9 ans, préfère Quick B : Qu’est-ce que tu penses de Quick en général ? Donc, du restaurant, de l’ambiance, de ce que tu veux… C : Ben, que…, ben qu’ils servent bien… B : Tu parles du personnel ? C : Ouais. B : Ouais… C : Euh, que c’est bon… B : Ouais… C : Que y a … que y a des jeux… B : Hum hum… C : Et voilà. B : Donc, c’est que tu aimes en fait en Quick ? C : Ouais. Et que on gagne des cadeaux aussi. Audrey, 10 ans, préfère Quick B : Qu’est-ce que tu penses de Quick en général ? Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires A : Ben moi je préfère Quick que Mac Do parce qu’à Mac Do déjà y a plus de monde, enfin je trouve que c’est plus connu et tout… B : Ouais… A : Et Quick, les hamburgers, ils sont plus bons. 4. Discussion 4.1. Synthèse des résultats Notre étude nous apporte plusieurs résultats très intéressants sur l’enfant consommateur. La majorité des résultats obtenus sont en cohérence avec la littérature existante étudiée auparavant. Nous avons tout d’abord remarqué que l’âge et l’implication de l’enfant étaient de bons indicateurs en ce qui concerne sa sensibilité aux marques, et plus particulièrement à la promotion, aux personnages et à son degré d’expertise en matière de noms de produits et d’enseignes. L’enfant, s’il est petit, sera plus sensible à la promotion et aux personnages. S’il est impliqué, l’enfant aura un degré d’expertise élevé concernant le produit ; il connaîtra plusieurs marques, leurs personnages, et sera très précis dans leur description. Ceci est en cohérence avec les résultats qu’ont obtenu Brée et Cegarra (1994) : les enfants retiennent d’abord les caractéristiques physiques du personnage avant d’assimiler son nom. Rouen Mallet (2002) précise que le stade analytique (7-12 ans) représente la période au cours de laquelle l’enfant développe le plus ses savoir-faire et ses connaissances en matière de consommation ; il apprend également ce qu’est le symbolisme de la consommation. D’autre part, nous avons conclu que les parents exerçaient une influence très importante sur leurs enfants concernant les habitudes de consommation notamment. Ils représentent ainsi le premier vecteur de socialisation de l’enfant, devant les pairs ou encore les médias. Comme le précise Gollety (1999), la famille est le lieu d’apprentissage de la consommation par excellence pour l’enfant ; les parents transmettent leurs connaissances et leurs valeurs à leurs enfants. C’est pourquoi ils exercent une si grande influence sur eux. Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires Les pairs n’exercent, quant à eux, pas d’influence sur l’enfant à cet âge. Les enfants ne savent que rarement ce que consomment leurs copains, et même s’ils le savent, cela n’a pas d’impact sur leurs choix. Selon Brée (1990), les pairs apprennent à l’enfant à prendre conscience de la valeur sociale des biens. Or, dans notre étude, nous n’avons pas retrouvé cette importance de la valeur sociale de la consommation. Peut-être est-ce dû à la catégorie de produit, ou au fait qu’ils ne sortent pas encore, à dix ans, avec leurs copains. Dans tous les cas, cela représente une conclusion différente de la théorie existante. Autre conclusion de notre étude, les enfants sont très sensibles à la publicité, et notamment à la publicité télévisuelle. Ils sont également, de manière générale, réceptifs aux actions de communication de la marque, et particulièrement au packaging qui véhicule tous les éléments composant la marque. La publicité est le vecteur de communication idéal pour toucher l’enfant. Brée et Cegarra (1994) ont notamment conclu à leur étude que la publicité d’un personnage permettait d’améliorer le lien que font les enfants entre le personnage et la catégorie de produits à laquelle il appartient. Une seconde conclusion de leur étude est que la publicité influence la reconnaissance spontanée de la marque grâce au personnage imaginaire qui la représente. Si le personnage parvient à parler à l’enfant par le biais de la publicité, il est certain que l’enfant s’en souviendra : il se rappellera de la marque, de la catégorie de produit, et du personnage bien entendu. Comme l’a montré Rossiter (1976), la mémoire visuelle de l’enfant est très développée, c’est pourquoi la couleur (du personnage, du packaging) est très importante dans la reconnaissance et la préférence pour une marque ; l’enfant y sera très sensible. Enfin, on s’aperçoit que l’enfant comprend bien la signification du personnage imaginaire qui reflète la personnalité de la marque. Par ailleurs, le personnage tend à provoquer une attitude favorable de l’enfant envers la marque. Les traits de personnalité de la marque évalués dans l’étude étaient la proximité, la qualité de l’output et la qualité de l’interaction. En ce qui concerne la proximité, les enfants étaient partagés ; certains se sentent proches du personnage, d’autres non. L’absence de proximité est en partie due au fait que le personnage étudié n’est pas plus âgé que les enfants interrogés. Les plus jeunes (8-9 ans) se Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires sentaient donc proches de lui, tandis que les autres déclaraient ne pas pouvoir devenir l’ami du personnage, car il était trop jeune. En effet, le personnage est le lien entre le présent de l’enfant et son avenir d’adulte. Pour que cette médiation ait lieu, le personnage doit être plus âgé que l’enfant afin que ce dernier puisse faire du personnage son modèle aspirationnel ; en d’autres termes, il doit pouvoir se projeter dans le temps à travers le personnage pour imaginer son avenir (Montigneaux, 2002). 4.2. Limites de l’étude Notre étude ne pouvant se prétendre exhaustive, elle comporte bien entendu plusieurs limites. Ces limites sont liées d’une part à l’échantillon, d’autre part au choix de la marque, et enfin au problème de traitement de l’information par l’enfant. 4.2.1. Taille de l’échantillon La taille de l’échantillon est bien sûr la première limite de notre étude. Douze entretiens peuvent en effet difficilement être généralisables à toute la population. Même si, au bout d’une dizaine d’entretiens, il nous semblait déjà obtenir certaines redondances dans les réponses. 4.2.2. Echantillon de convenance Nous avons sélectionné nous-mêmes les interviewés parmi les membres de notre entourage ; les enfants interrogés n’ont donc pas été choisis de manière aléatoire. Malgré tout, ils ont su apporter une richesse d’informations à l’étude menée. Cet échantillon de convenance représente néanmoins une autre limite de cette étude. 4.2.3. Sélection d’une seule marque Dans le cadre de l’étude exploratoire, nous nous sommes focalisés sur une seule marque : Quick. Or, il aurait probablement été intéressant d’observer la relation enfant personnage à travers plusieurs marques d’une même catégorie de produit par exemple. Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires 4.2.3. Limites cognitives de l’enfant Une dernière limite de l’étude est que les personnes interrogées sont des enfants. En effet, l’enfant a quelques difficultés en matière de traitement de l’information, principalement dus à ses limites cognitives. En 1990, Brée relève certains de ces problèmes : ils sont liés à la perception, à l’attention pendant l’entretien ; ils souffrent également d’un manque de vocabulaire et d’une absence de stratégie à stocker des informations dans la mémoire à long terme. Ces problèmes ont été décelés pendant les entretiens, notamment chez les enfants de huit et neuf ans. Au-delà, ces difficultés s’estompent. 4.3. Voies de recherche L’étude menée dans l’élaboration de ce mémoire nous a permis de pouvoir apprécier la relation qui lie l’enfant à la marque par le biais du personnage imaginaire. Cependant ce travail n’est pas exhaustif. Il paraîtrait donc intéressant de réaliser notamment le même type d’étude sur des enfants ayant une autre culture. En effet, on remarque que, notamment pour les échelles de personnalité de marque, la culture a un effet très important sur les résultats de l’étude ; chaque échelle a dû être adaptée à la culture du pays pour être utilisée à bon escient. Etudier la relation, si elle existe, entre l’enfant et le personnage emblématique d’une marque pourrait ainsi compléter notre étude. La relation entre l’enfant et le personnage est-elle vécue de la même façon à l’étranger ? Ou est-ce un phénomène typiquement français ? Par ailleurs, une étude traitant du même sujet mais se référant à d’autres marques et à d’autres catégories de produits permettrait de généraliser, ou au contraire de réfuter, les résultats obtenus. Il serait d’autant plus pertinent de réaliser une étude de plusieurs marques à l’intérieur d’une même catégorie de produits ; ainsi, la comparaison entre les relations établies entre le personnage et l’enfant serait plus aisée. Et notamment si l’on choisit un personnage connu et/ou médiatisé que l’on comparerait à un ou des autres qui le seraient moins. De cette façon, en plus de la relation enfant personnage, il serait possible d’appréhender l’impact de la publicité des personnages imaginaires sur les enfants. Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires En troisième et dernier lieu, il serait fort intéressant d’analyser l’évolution de la relation entre l’enfant et le personnage au cours de la vie de la personne. Autrement dit, voir comment sa perception du personnage, et donc de la marque, évolue lorsque l’enfant devient adolescent puis adulte. Est-ce que le personnage lui aura permis de créer des liens forts entre la marque et lui au point de lui rester fidèle tout au long de sa vie ? Ou au contraire, le personnage est-il uniquement un moyen éphémère de créer chez l’enfant une préférence pour la marque ? 4.4. Implications managériales Quelques implications managériales découlent de ce travail. Tout d’abord, afin de créer ou développer une marque ciblant les enfants, il est nécessaire pour les industriels de respecter le SMIC (Substance Minimum Induite par la [très jeune] Consommation), c’est-à-dire respecter le minimum qu’une marque pour enfant peut posséder (Rouen Mallet, 2002) : un imaginaire fort (véhiculé par la publicité et/ou un personnage) une qualité irréprochable, perceptible et perçue une sécurité absolue une régénération du produit dans l’écosystème de l’enfant une transparence sur la composition du produit un bénéfice produit et d’usage une reconnaissance affichée par la marque envers l’enfant un service exclusif de la marque pour l’enfant un excellent rapport qualité-prix Par ailleurs, lorsque l’on sait que la fidélisation coûte quatre à huit fois moins cher que la prospection, on s’aperçoit de tout l’intérêt qu’a l’entreprise d’instaurer une relation, quitte à développer un personnage imaginaire pour fidéliser sa cible enfantine. Selon Rouen Mallet (2002), la marque devrait communiquer sur tous les éléments qui la composent (nom, logo, couleurs, packaging, personnage). Ceci aiderait les enfants à se souvenir plus aisément de la marque, mais aussi à la reconnaître au travers de ses composants, et notamment son personnage. Sans oublier que cela serait également bénéfique à la personnalité de la marque car elle serait mieux véhiculée et mieux comprise du plus grand nombre. Il semble donc Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires primordial pour la marque de bien concevoir son personnage après avoir défini la cible au préalable, et de le tester. Car une fois lancé, il est difficile pour la marque de changer de personnage. Si l’enfant, exposé à la communication de la marque, sait la reconnaître, la citer, l’identifier, cela signifie qu’elle fait partie de son ensemble évoqué. Or, plusieurs études ont montré que si la marque appartient à l’ensemble évoqué de l’enfant, elle a de grandes chances d’être choisie, ou tout au moins essayée ; surtout que l’ensemble évoqué de l’enfant se limite souvent à deux ou trois marques. Dès lors, il paraît pertinent de faire une publicité télévisuelle pour lancer le personnage, pour le présenter à l’enfant et proposer une relation ; puis, faire des piqûres de rappel pour que l’enfant n’oublie pas son « nouvel ami ». Concernant la promotion, Muratore (1999) conseille aux industriels de proposer des « double promotions ». Globalement, certains enfants aiment les jeux-concours et les cadeaux, et d’autres les réductions de prix et du produit en plus. Il serait judicieux de proposer soit deux types de promotion sur un même produit, par exemple un jeu-concours et 3€ remboursés en caisse ; soit une certaine proportion des produits avec un cadeau et une certaine proportion des produits proposant 10% de produit en plus. Ainsi, cela aura permis à l’entreprise de toucher 80% du marché, étant donné que 20% des enfants sont insensibles aux promotions. En effet, la promotion de type cadeau ne touchant que les plus jeunes, il paraît important de proposer un autre type de promotion, plus susceptible de plaire aux autres enfants. En matière de publicité, le défi à relever pour toute entreprise dont la cible est l’enfant est de promouvoir en distrayant (Derbaix, Blondeau et Pecheux, 1999). En effet, les enfants ne recherchent que du plaisir dans tout ce qu’ils font, et donc dans la publicité également. Cependant, il ne faut pas oublier le produit au profit du spectacle. Il faut donc être vigilant quant à cela, et trouver un équilibre qui satisfera l’enfant d’une part et la marque d’autre part. Mac Neal (2002), quant à lui, note quelques omissions importantes dans les dessins des enfants. Ceux-ci sont peu nombreux à inscrire le nom du fabricant sur le dessin qu’ils ont fait du paquet de céréales. Ceci est la conséquence d’une mauvaise communication de l’entreprise sur son propre nom. Or, quand on sait que l’enfant est le consommateur de demain, il paraît incontournable de lui faire savoir le nom du fabricant des produits qu’il consomme. Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires Ce mémoire dont le sujet est « L’enfant et les personnages imaginaires » nous a permis, grâce à sa revue de littérature et grâce à son étude exploratoire, de répondre à la problématique soulevée en introduction. A savoir : comment la personnalité d'une marque par le biais d'un personnage imaginaire parvient-elle à influencer la qualité de la relation à cette marque ? Arrivé au stade opératoire concret (selon les termes de Piaget), l’enfant apprend beaucoup et progressivement sur le monde de consommation qui l’entoure. Plus il grandit et plus il évolue. Son évolution ne se fait pas par miracle. Des agents de socialisation sont là pour lui transmettre leur savoir et leur savoir-faire. Parallèlement, l’enfant développe sa mémoire et sait mieux l’utiliser, il sait mieux traiter l’information qui s’offre à lui… De par toutes ces (r)évolutions, l’enfant grandit. Cependant, ces acquisitions se font petit à petit, et tant qu’il n’atteint pas l’âge adulte, l’enfant reste un enfant. Autrement dit, il se distingue de ses aînés de par plusieurs facteurs. Le plus important est l’affectif ; c’est la facette de l’enfant qui est la plus développée. Ceci se traduit notamment par une plus importante sensibilité aux marques et au marketing en général. En effet, l’enfant est particulièrement réceptif aux marques. Certaines variables sociodémographiques expliquent d’ailleurs ce phénomène ; ces variables restent néanmoins assez aléatoires. L’implication, à l’inverse, est un facteur bien plus fiable pour expliquer le comportement de l’enfant. L’enfant est tout de même, de manière générale, sensible à la promotion – et notamment de type cadeau – et aux actions de communication de la marque telles que le packaging. Plus encore que le packaging, l’enfant est ultra sensible à la publicité, et plus particulièrement à la publicité télévisuelle – la télévision étant plus qu’un moyen de communication pour l’enfant, il est un agent de socialisation. La publicité, si elle est fondée sur de l’imaginaire mais semble pertinente, risque de plaire à l’enfant. Si c’est le cas, l’attitude de l’enfant envers la marque ne pourra qu’être positive. Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires Pour être sûre de réussir à parler à l’enfant, la marque a tout intérêt à créer un personnage imaginaire qui sera le porte-parole de la marque destiné à l’enfant. En effet, en plus de communiquer la personnalité de la marque, le personnage crée une relation entre la marque et l’enfant. Ainsi, l’enfant se sent considéré par la marque et devient acteur de sa propre consommation. L’enfant est conquis et restera fidèle à la marque. La question qui se pose alors est : comment « conserver » cet enfant consommateur fidèle lorsqu’il ne sera plus un enfant ? Faut-il toujours utiliser le même personnage puisque c’est ce personnage qui l’a conquis et qui est à la base de la relation entre l’enfant et le personnage ? Faut-il créer un autre personnage plus adapté en fonction de l’âge (de l’adolescent, puis de l’adulte) ? Faut-il trouver une stratégie autre que le personnage mais qui permet de prolonger, de conforter, voire d’améliorer la relation ? Toute la réflexion se trouve ici. Le personnage imaginaire sait sans conteste parler à l’enfant au nom de la marque. Mais au-delà de douze ans, comment procéder pour établir une relation marque consommateur ? Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires BIBLIOGRAPHIE MEMOIRE Ouvrages o Brée J. (1993), Les enfants, la consommation et le marketing, Editions PUF. o Chastellier R. (2003), Marketing jeune, Pearson Education France, Paris. o Dolto F. (1987), Tout est langage, Livre de poche. o Kapferer J-N. (2000), Remarques, les marques à l’épreuve de la pratique, Editions d’Organisation. o Michel G. (2004), Au cœur de la marque, Editions Dunod. o Montigneaux N. (2002), Les marques parlent aux enfants grâce aux personnages imaginaires, Editions d’Organisation. Articles o Belk R., Mayer R., et Driscoll A. (1984), Children’s recognition of consumption symbolism in children’s products, Journal of Consumer Research, 10, 4, pp 386-398. o Bree J. (1987), L’enfant et le processus de consommation: l’utilisation des attributs “marque, prix et prime” dans l’acte d’achat, Recherche et Applications en Marketing, 2, 2, pp 1-29. o Brée J. (1990), Les enfants et la consommation : un tour d’horizon des recherches, Recherche et Applications Marketing, 5, 1, pp 45-70. Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires o Brée J. (1991), Quelques problèmes de choix d’échelles pour mesurer les attitudes chez les enfants, Recherche et Applications Marketing, 6, 4, pp 27- 58. o Brée J., et Cegarra J-J. (1994), Les personnages, éléments de reconnaissance des marques par les enfants, Revue Française du Marketing, 146, 1, pp 17-35. o Dammler A. (2002), « I want the one with Harry Potter on it », International Journal of Advertising and Marketing to children, 3, 2, pp 3-9. o Derbaix C., Blondeau S., et Pecheux C. (1999), L’enfant et l’attitude envers l’annonce publicitaire : mise en œuvre du construit et précisions conceptuelles, Recherche et Applications Marketing, 14, 3, pp 23-39. o Derbaix C., et Pecheux C. (1997), L’implication et l’enfant : proposition d’une échelle de mesure, Recherche et Applications Marketing, 12, 1 pp 45-68. o Ferrandi J-M., et Valette-Florence P. (2002), Premiers tests et validation de la transposition d’une échelle de personnalité humaine aux marques, Recherche et Applications Marketing, 17, 3, pp 21-39. o Gollety M. (1999), Lorsque parents et enfants s’apprennent mutuellement à consommer…, Décisions Marketing, 18, pp 69-80. o Gorn G., et Florsheim R. (1985), The effects of commercials for adult products on children, Journal of Consumer Research, 11, 4, pp 962-967. o Ji M-F, et Mac Neal J-U. (2003), Children’s visual memory of packaging, The Journal of Consumer Marketing, 20, 5, pp 400-427. o Koebel M-N., et Ladwein R. (1999), L’échelle de personnalité de la marque de Jennifer Aaker : adaptation au contexte français, Décisions Marketing, 16, pp 81-88. o Lawrence D. (2003), The role of characters in kids marketing, International Journal of Advertising and Marketing to children, 4, 3, pp 43-49. Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires o Mizerski R. (1995), The relationship between cartoon trade character recognition and attitude toward product category in young children, Journal of Marketing, 59, 4, pp 58-71. o Muratore I. (1999), La sensibilité de l’enfant aux marques et aux promotions, Décisions Marketing, 18, pp 51-59. o Muratore I. (2002), Implication, âge et socialisation : trois antécédents de la sensibilité de l’enfant au cadeau et aux marques, Recherche et Applications Marketing, 17, 4, pp 3-21. o Pecheux C., et Derbaix C. (2002), L’attitude de l’enfant envers une nouvelle marque : de la nécessité d’une phase de fixation ?, Recherche et Applications Marketing, 17, 3, pp 63-79. o Roedder John D. (2001), 25 ans de recherche sur la socialisation de l’enfantconsommateur, Recherche et Applications Marketing, 16, 1, pp 87-129. o Rossiter J-R. (1976), Visual and verbal memory in children’s product information utilization, Advances in Consumer Research, 3, 1, pp 523-528. o Rouen-Mallet C. (2002), Sensibilité aux marques et formation de l’ensemble évoqué chez l’enfant, thèse. Autres sources o (2003), Marketing to kids, Brand Strategy, 172, pp 36-37. o coursenligne.sciences-po.fr/ 2003_2004/etudes_marketing/cours_1.pdf. o Déniel P. (2005), Nestlé donne un nouveau visage à Yoco, LSA, 1889, p77. Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires o Eschwège A. (2005), Yoco veut conjurer l’obésité des enfants, Marketing Magazine, 93, p46. o La Revue des Marques, 1993. o Robin E. (2000), L'attitude envers l'annonce publicitaire et l'attitude envers la marque. Le cas du parfum féminin, mémoire. o Rose L. (2004), L’enfant, roi des marques, Marketing Magazine, 90, pp39-46. o Talabardon M. (2000), Marque - consommateur : quelles relations ?, mémoire. o Vernette E. (2003), Personnalité de marque et image de soi. Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires SOMMAIRE DES ANNEXES Annexe 1 : La stratégie de Quick Annexe 2 : Le guide d’entretien Annexe 3 : Quickos Annexe 4 : Le questionnaire Annexe 5 : Les résultats des questionnaires Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires ANNEXE 1 STRATEGIE DE QUICK Le 15 janvier 2003, Quick lance son personnage de marque : Quickos. Quick désirait créer un imaginaire pour les enfants ainsi qu’un outil de dialogue. L’enseigne a donc décidé de créer un personnage complètement imaginaire qui serait l’interlocuteur des enfants. Quickos est une marionnette de huit ans qui a « un caractère bien trempé, un physique qui ne s’oublie pas et un langage bien à lui ». En effet, Quickos aime faire des rimes et termine ses mots de fin de phrase par « os ». D’après ses créateurs, Quickos est drôle, il ne se prend pas pour un héros, il est farceur, tendre et câlin. Ainsi, il correspond bien à l’imaginaire qu’ont les enfants de Quick. Quickos fait particulièrement craquer les 5-8 ans. Il est présent lors des anniversaires entre copains. Un anniversaire Quick, c’est des jeux, des cadeaux, des souvenirs adaptés à l’âge de l’enfant. Une équipe de professionnels, dont un animateur, s’occupe de tout ; les parents sont ainsi tranquilles. Un anniversaire Quick, c’est 100% de joie et de bonne humeur dans les 412 restaurants où sont servis chaque jour 500 000 repas. La satisfaction moyenne des enfants ayant déjà participé à un anniversaire Quick est de 4.8 sur 5 ; et 98% d’entre eux veulent y retourner et proposent à leurs amis d’y fêter leur anniversaire. D’où l’importance de Quickos lors des anniversaires pour véhiculer la personnalité de marque de l’enseigne auprès des enfants… et des parents ! Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires ANNEXE 2 GUIDE D’ENTRETIEN 1. Implication dans la catégorie de produit Catégorie de produit : le hamburger Plus sur les « hamburgers » d’abord… - Aimes-tu les hamburgers ? o lesquels manges-tu ? connais-tu les noms (cheese, big bacon..) = degré d’expertise - Quand as-tu mangé la dernière fois un manges-tu ces hamburger ? Lieu de consommation - Où vas-tu manger ces hamburgers ? - Manges-tu sur place ou hamburgers chez toi ? - Connais-tu d’autres endroits où l’on vend ces hamburgers ? Quels sont les fast food que tu connais ? - Aimes-tu ce type de restaurant ? Pourquoi ? 2. Quick Connais-tu « Quick » ? (si non cité) Que penses-tu de Quick ? Y vas-tu souvent ? Tous les combien ? Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires Mesurer son attitude (en utilisant l’échelle de Pécheux et Derbaix) a. J’aime aller au Quick b. Quick est un restaurant sympa c. J’aime aller à Quick pour acheter une Magic Box d. Quick est un restaurant où j’aime aller avec mes amis, avec des copains… 3. Quickos Connais-tu le personnage de Quick / qui représente Quick ? Comment s’appelle-t-il ? (on montre le dessin de Quickos) Peux-tu le décrire ? son physique (Est-ce un homme ? Est-il séduisant ?) son allure son attitude ses qualités/ défauts (s’il ne les a pas donnés avant) de personnalité, lesquels Parmi ces traits attribuerais-tu à Quickos ? (Imaginatif, sympa, farceur, drôle, joyeux, il a son langage propre, accueillant, il est à la mode, rêveur, prétentieux, rusé, jaloux) (s’il ne les a pas donnés avant) Qualité de la relation Te sens-tu proche de Quickos ? (proximité) Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires Trouves-tu les hamburgers de Quick bons ? (qualité de l’output) Les vendeurs sont-ils agréables / accueillants ? (qualité de l’interaction) 4. Pour terminer sur l’éducation et autres… Quel âge as-tu ? En quelle classe es-tu ? Dans quelle école ? (établissement + ville) As-tu des frères et sœurs ? (prénoms + âge) As-tu l’habitude d’aller au restaurant avec tes parents ? Si oui, où ? Tous les combiens ? Quel jour de la semaine ? Où vont tes copains pour manger des hamburgers ? Si non évoqué avant : - Préfères-tu : Mac Donald’s Quick Pourquoi ? - Mac Donald’s a-t-il aussi un bonhomme (qui le représente, un « quickos ») ? Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires ANNEXE 3 QUICKOS Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires ANNEXE 4 : LE QUESTIONNAIRE Prénom N. Age Ville Date de l’entretien Mets une croix dans la case qui correspond le mieux à chaque phrase selon toi. J’aime aller au Quick Quick est un restaurant sympa J’aime aller à Quick et acheter une Magic Box Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires Quick est un restaurant où j’aime aller avec mes amis, avec des copains C’est sympa de fêter un anniversaire chez Quick Betty Ruffin – Maîtrise Marketing Vente – IAE de Lille – Année universitaire 2004-2005 L’enfant et les personnages imaginaires ANNEXE 5 : LES RESULTATS DES QUESTIONNAIRES Résultats questionnaires Quick Moyenne 1 2 3 4 totale J’aime aller au Quick 1 3 4 4 Quick est un restaurant sympa 0 3 6 3 J’aime aller à Quick et acheter une Magic Box 4 1 4 3 amis, avec des copains 3 3 2 4 C’est sympa de fêter un anniversaire chez Quick 2 0 6 4 Moyenne 2 2 4,4 3,6 Quick est un restaurant où j’aime aller avec mes Principaux résultats tirés de l’entretien : Sur 12 enfants, il y a 6 filles et 6 garçons. 8 enfants sur 12 sont consommateurs de Quick, et 8 enfants sur 12 également connaissent Quickos. 10 enfants sur 12 vont au fast food et prennent à emporter 7 enfants sur 12 préfèrent Quick à Mac Donald’s. 3