THE02 -Le langage théâtral – Introduction Pour organiser la lecture d'une pièce de théâtre, après avoir établi la "fiche d'identité" de la pièce (nom de l'auteur, date de parution, présence éventuelle d'une préface...), on peut diriger son analyse dans deux grandes directions : on peut étudier l'ensemble des informations liées au langage théâtral ; on peut d'autre part examiner tous les points se rapportant à l'action théâtrale représentée. D’autre part, l’organisation spatio-temporelles de la pièce est soumise à des impératifs et des limites que l’on pourra aussi étudier. I - Le langage théâtral 1)- Le code de la pièce : Lorsqu'on étudie le langage d'une pièce, il faut d'abord reconnaître le code auquel elle se réfère : l'auteur lui-même peut donner de précieuses indications dans le titre qu'il a choisi ; on peut aussi se reporter au sujet que traite la pièce, à l'époque à laquelle elle a été écrite, à l'esthétique dont se réclame l'auteur, etc. Enfin, des points plus précis peuvent également nous éclairer : le registre de langue utilisé, la récurrence ou l'absence de certains mots ou encore le sens daté donné à certains termes utilisés dans le texte, les principaux champs lexicaux présents dans la pièce ou encore le choix d'une forme versifiée ou prosaïque. L'ensemble de ces indications nous permettent de définir le genre de la pièce à étudier (comédie, tragédie, drame...), son esthétique (baroque, classique, romantique...) et son époque (langue du Moyen-âge, du XVIIème siècle...). 2)- Le texte lui-même : Le texte de théâtre comporte deux parties distinctes : les paroles que prononcent les acteurs et les didascalies (indications données par l'auteur à propos du décor, des costumes, des gestes ou intonations d'un personnage...). Dans la plupart des éditions, les didascalies sont données en italique et souvent entre parenthèses. Les paroles prononcées par les personnages se présentent le plus souvent sous la forme de dialogues au cours desquels s'échangent des répliques. On appelle tirade une réplique plus longue que d'ordinaire, destinée en général à informer, émouvoir ou convaincre l'interlocuteur. Lorsqu'un personnage est (ou se croit) seul sur scène, il prononce un monologue. Celui-ci a pour fonction de révéler au spectateur les réflexions secrètes du personnage qui prononce à haute voix ce qu'en réalité il se contenterait de penser. Lorsqu'un personnage dit quelque chose à part soi et que seul le public est censé l'entendre, on appelle cela un aparté. Il arrive qu'un aparté se transforme en interpellation directe du public, en particulier dans les comédies où un personnage peut s'adresser directement aux spectateurs, pour les faire participer à ce qui lui arrive ou à sa réflexion. Lorsque les échanges sont particulièrement rapides, en particulier lorsque, dans une pièce versifiée, les interlocuteurs se répondent vers pour vers, on parle de stichomythie. La présence massive ou très discrète de didascalies, l'équilibre entre les répliques ou au contraire la présence de tirades nombreuses pour l'un des rôles, au détriment d'un autre rôle, le rythme des échanges, l'établissement d'une communication avec le public, la compréhension des personnages entre eux ou au contraire la difficulté à communiquer entre eux qu'ils manifestent : autant d'indications précieuses pour comprendre l'intérêt d'une scène et ce qu'a voulu y suggérer le dramaturge. Il faut également analyser en détail le langage utilisé par chacun des personnages : types de phrases, formes de phrases, langage utilisé... S'il s'agit d'une étude plus précise d'une scène, voire d'un passage d'une scène, il faut aussi considérer le type de texte présent (narratif, descriptif, informatif, argumentatif) et sa fonction (expressive, impressive, injonctive...). II - L'action théâtrale 1)- Les personnages : La première didascalie d'un texte de théâtre nous livre en général la liste des personnages. Celle-ci comporte des indications qui permettent de situer les personnages les uns par rapport aux autres, de percevoir entre eux des liens ou des oppositions. Chaque personnage est d'abord défini de manière élémentaire, en fonction de son sexe, de son âge, de son rang social, de son appartenance à un parti politique... D'autres différences apparaissent au fil de la pièce et révèlent la fonction des personnages les uns par rapport aux autres, comme dans un texte romanesque : on distingue ainsi le sujet, l'objet, les opposants et les adjuvants. Le personnage de théâtre n'a pas besoin d'être décrit physiquement ni présenté psychologiquement : il sera présent sur scène par l'intermédiaire de l'acteur qui en endosse le rôle. Ce que nous connaîtrons du personnage sera déduit de ses propos, de ses gestes, de ses intonations, indiqués par le dramaturge lui-même dans les didascalies ou créés par l'acteur sur les indications de tel ou tel metteur en scène. Il arrive qu'avant d'apparaître sur scène, un personnage soit évoqué par un ou plusieurs autres personnages. Il faut alors être attentif aux différents points de vue, en général très significatifs des relations qui existent entre ces personnages. 2)- L'action proprement dite Définition du Robert : "Suite de faits et d'actes constituant le sujet d'une œuvre dramatique ou narrative." L'action dramatique repose sur un conflit de forces. Ces forces peuvent être mues par des individus, mais elles peuvent aussi correspondre à des sentiments (passion, jalousie) ou à des valeurs morales (honneur) ; le conflit peut jaillir entre plusieurs personnages ; il peut aussi se manifester à l'intérieur d'un seul personnage qui en montrera la présence par l'intermédiaire du monologue. Dans la première scène, ou scène d'exposition, sont présentées souvent les grandes lignes du conflit qui a déjà éclaté ou qui menace. Sur ce conflit principal, ou intrigue principale, peuvent se greffer des conflits secondaires, ou actions secondaires. Le nœud dramatique est la manifestation d'un conflit entre les forces qui participent(ou s'opposent) à l'action principale. L'intrigue est l'ensemble des péripéties (c'est-à-dire des incidents) qui font avancer ou retarder l'action. L'intrigue est résolue dans le dénouement, c'est-à-dire dans les dernières scènes de la pièce. III - Le temps et l'espace 1)- Le temps Il faut distinguer le temps de la représentation (en général deux ou trois heures) du temps de l'histoire vécue par les personnages. Cette histoire avait commencé avant le début de la pièce et il arrive que certains épisodes en soient relatés au début de la pièce, par l'intermédiaire de récits. Dans le théâtre classique, une convention voulait que le temps de l'histoire ne soit pas trop différent de celui de la représentation. Mais depuis, la perspective a beaucoup changé et il n'est pas rare qu'il s'étire sur plusieurs mois, voire plusieurs années. 2)- l'espace L'espace scénique est assez réduit : il est limité par les dimensions de la scène et comprend les décors. Il peut être ouvert ou fermé ; il peut comporter portes ou fenêtres et suggère alors un autre espace, imaginaire, qui se situerait en coulisses : une porte visible pour le spectateur s'ouvre sur une pièce ou un jardin imaginaire ; d'une fenêtre, un personnage décrit un paysage inaccessible au regard du spectateur... Enfin, l'espace scénique se prolonge dans la salle et il arrive qu'un personnage utilise pour lui-même l'emplacement normalement réservé aux spectateurs. Conclusion La particularité du texte théâtral est qu'il est écrit pour être joué sur une scène. Il faut donc tenir compte de l'écriture proprement dite, comme pour tout écrit littéraire, mais aussi de tout ce qui relève de la représentation théâtrale, y compris l'interprétation qu'en donne le comédien sous la direction du metteur en scène.