Statistique, Développement et Droits de l‘Homme Session C-Pa 6c Une matrice de comptabilité sociale pour Haïti (1986-87) Ederne VICTOR Montreux, 4. – 8. 9. 2000 Statistique, Développement et Droits de l‘Homme Une matrice de comptabilité sociale pour Haïti (1986-87) Ederne VICTOR Institut haïtien de statistique et d'informatique Angle rue J. Janvier et Bd Harry Truman Port-au-Prince, Haïti T. + 509 221 5812 F. + 509 222 2669 [email protected] RESUME Une matrice de comptabilité sociale pour Haïti (1986-87) La matrice de comptabilité sociale, dorénavant MCS, constitue un système comptable qui permet d’élargir la structure des comptes nationaux en intégrant dans un cadre unique les flux de production par secteurs d’activités, les rémunérations des facteurs, et les comptes de revenus et de dépenses des différents agents économiques. Elle se présente sous la forme d’un tableau carré entrées-sorties où pour une année donnée, sont enregistés des flux comptables de recettes (en ligne) et de dépenses (en colonne). L’idée d’une MCS fut développée pour la première fois au cours des années 60 dans le cadre de « program for growth » de l’Université de Cambridge. C’est dans cette optique qu’un groupe de travail dirigé par R. Stone compila une MCS pour la Grande-Bretagne, laquelle fut utilisée comme support de données pour élaborer et résoudre les premières versions du «Cambridge growth model». Cependant, les premières MCS opérationnelles furent réalisées par G. Pyatt dans les années 70 au sein des missions du Bureau international du travail (BIT). Car elles ont joué le rôle d’outil de programmation économique pour certains pays tels le Sri-Lanka, l’Iran et la Colombie. Au cours des décennies suivantes, elles sont de plus en plus adoptées par de nombreux autres pays en développement à cause de leur flexibilité et de leur simplicité conceptuelle. Trois MCS purement scientifiques ont été déjà construites pour l’économie haïtienne. Elles se réfèrent toutes à l’ancienne base de calcul des comptes nationaux. Il devient ainsi nécessaire de construire une MCS basée sur la nouvelle base des comptes nationaux, ne serait-ce que pour mettre à jour ces dernières et dégager les éventuels changements structurels survenus dans l’économie. Cette MCS représente une première étape d’un travail de modélisation économique dont l’objectif consistera à analyser la problématique de croissance économique et d’intégration régionale. Pour ce faire, on va d’abord construire une MCS agrégée de six comptes afin de s’assurer de la cohérence globale de la base de données; ensuite, on va évidemment ventiler les branches d’activités, les produits et le compte du reste du monde pour prendre en compte les objectifs poursuivis. RESUME A 1986-87 Social Accounting Matrix for Haiti 2 Montreux, 4. – 8. 9. 2000 Statistique, Développement et Droits de l‘Homme The matrix of social accountability, hereafter referred to as MSA, constitutes an accounting system that makes it possible to expand the structure of national accounts by integrating them in a unique framework of the product flows by operational sectors, returns on factors, and the income and expenditure accounts of the different economic agents. It is displayed in the form of a quadratic table of inflow and outflow or for a given year or is recorded in the accounting flows of revenues (in rows) and expenditures (in columns). The idea of MSA was first developed within the framework of the “Program for Growth” at Cambridge University during the sixties. Using this method, a work group headed by R. Stone complied a MSA for Great Britain, which was used to support the facts for elaborating and resolving the first version of the “Cambridge Growth Model.” However, the first operational MSAs were worked out by G. Pyatt in the office of the International Labor Office (ILO) during the 70s. They played a role as a tool of economic programming for certain countries such as Sri Lanka, Iran and Columbia. During the course of the subsequent decades, they were increasingly adopted by a number of other developing countries due to their flexibility and conceptual simplicity. Three purely scientific MSAs have already been formulated for the Haitian economy. They are all based on the former calculation basis of the national budget. Consequently, it became necessary to formulate an MSA based on the new basis of the national budgets if only to clarify them and pinpoint possible structural changes that have occurred in the economy. This MSA represents a first work stage in creating an economic model, the purpose of which will be to analyze the issues of economic growth and regional integration. To accomplish this, an MSA composed of six accounts has to be constructed to ensure the global coherence of the basic facts. Then there will be a breakdown into the different branches of operations, products and the accounts of the rest of the world to consider the desired objectives. 1. Introduction La matrice de comptabilité sociale, dorénavant MCS, constitue un système comptable qui permet d'élargir la structure des comptes nationaux en intégrant dans un cadre unique les flux de production par secteurs d'activités, les rémunérations des facteurs, et les comptes de revenus et de dépenses des différents agents économiques. Elle se présente sous la forme d'un tableau carré entrées-sorties où, pour une année donnée, sont enregistrés des flux comptables de recettes(en ligne) et de dépenses(en colonne). L'idée d'une MCS fut développée pour la première fois au cours des années 60 dans le cadre de "program for growth" de l'université de cambridge. C'est dans cette optique qu'un groupe de travail dirigé par R. Stone compila une MCS pour la Grande-Brétagne, laquelle fut utilisée comme le support de données pour élaborer et résoudre les premières versions du "cambridge growth model". Cependant, les premières MCS opérationnelles furent réalisées par G. Pyatt dans les années 70 au sein des missions du bureau international du travail(BIT). Car elles ont joué le rôle d'outil de programmation économique pour certains pays tels le Sri-Lanka, l'Iran et la Colombie. Et, elles sont de plus en plus adoptées par de nombreux autres pays en développement à cause de leur flexibilité et de leur simplicité conceptuelle. Au cours des décennies 80 et 90, le nombre de pays (re)expérimentant les MCS ne cesse d’augmenter. Cet engouement pour les MCS est dû au fait qu’elles ont permis de répondre à de nouvelles questions macro-économiques(croissance économique, les phases de distribution et d’utilisation du revenu au niveau sectoriel,…) qui sont difficilement interprétables sur la base de données fournies par le système de comptabilité nationale. Et, elles sont également appropriées à l’environnement économique des PVD en mutation rapide; alors, ces pays y trouveront une alternative de modélisation qui tient compte de leurs caractéristiques structurelles et de leurs spécificités. De nos jours, ces MCS sont à la base des études portant sur des sujets les plus variés tels : les réformes de politiques économiques, les effets des chocs extérieurs, les changements dans 3 Montreux, 4. – 8. 9. 2000 Statistique, Développement et Droits de l‘Homme la structure économique et sociale d’un pays et plus récemment, la réforme des retraités, la dégradation de l’environnement, etc. 2. Structure de la MCS Les deux premières étapes préparatoires à la construction d’une MCS sont la conception globale du système et la disponobilité des données. La conception du système est établie à partir des objectifs de l’étude; il s’agit là d’une démarche idéale et provisoire tant que celle-ci n’est pas confrontée à la banque de données de l’économie en question. Pour ce qui touche à la disponibilité des informations, elle renvoie à l’identification et à l’accessibilité aux sources de données. La combinaison de ces deux phases conduit au choix de l’année de base. Ainsi, l'année 1986-87 a été retenu comme référence du fait que beaucoup d'informations sont disponibles autour de cete année. 2.1 Cadre de référence de la MCS Le cadre de référence considéré ici pour la MCS diffère quelque peu de celui plutôt théorique présenté dans le nouveau Système de Comptabilité des Nations Unies (SCN93). Celui-ci n’est autre que la juxtaposition de la séquence des comptes du SCN93; l’intérêt de ce schéma réside dans la mise en évidence des principaux soldes comptables tels que dégagés dans le SCN93; faudrait-il bien d’ailleurs que le SCN93 soit implémenté pour qu’un tel tableau soit rempli; cette structure, en la désagrégeant, inclut toutes les informations contenues dans une MCS, mais celles-ci ne sont pas suffisamment explicitées. Or une MCS est au prime abord appelée à illustrer les mécanismes de distribution au sein d’une économie; pour y arriver, elle utilise ses propres classifications définies bien sûr à partir de celles des comptes nationaux. Le cadre central de référence arrêté est présenté au tableau 1 en annexe; il renferme en ligne et en colonne les mêmes comptes à savoir : le compte de facteurs de production, les trois comptes d'agents (ménages, Etat et entreprises), le compte de capital, le compte d’activités, le compte de produits et le compte du reste du monde; il va sans dire que cette MCS est bornée à la sphère réelle de l’économie haïtienne. Cependant, il est éminemment important de bien comprendre le contenu des cellules du tableau 1 afin d’éviter toute mésinterprétation en lisant les MCS chiffrées de l’économie haïtienne. a) Les facteurs Le compte de facteurs reçoit en ligne leurs revenus pour avoir prêté leur service au processus de production ou à la génération de valeur ajoutée. Ces revenus sont payés par les secteurs de production soit sous la forme de salaires, soit sous la forme de profits. Ces revenus de facteurs correspondent principalement à certaines composantes de la valeur ajoutée telle que présentée dans le compte d’exploitation de la comptabilité nationale. Les revenus de facteurs n’intègrent pas par contre les impôts payés sur la production, car l’Etat en tant que tel n’est pas un facteur de production. Les ressources de ce compte sont aussi alimentées par le reste du monde. Ceci se rapporte d’une part aux salaires perçus par les travailleurs haïtiens frontaliers ou ceux-là employés dans les enclaves extra-territoriales (ambassades, etc.); d’autre part, les revenus de facteurs en provenance du reste du monde arrivent également sous la forme de rapatriement de profits sur les investissements directs effectués par les résidents haïtiens à l’étranger. Cependant les intérêts payés par le reste du monde ayant rapport aux investissements en portefeuille ou simplement à des prêts ne sont pas pris en compte à ce niveau; en fait, ils ne constituent pas des revenus de facteurs. Les facteurs versent artificiellement, en colonne, les revenus perçus à leurs propriétaires; ainsi, les ménages touchent les salaires et les revenus mixtes tandis que les entreprises privées ou publiques recoivent les excédents d’exploitation. L’Etat s’étend ici aux institutions sans but lucratif au service des ménages. Ce regroupement découle du fait que celles-ci ont en principe la vocation 4 Montreux, 4. – 8. 9. 2000 Statistique, Développement et Droits de l‘Homme de prolonger l’Etat en ce sens qu’elles fournissent aux ménages des services non marchands. Ceci étant dit, l’Etat haïtien partagent également les revenus de facteurs; théoriquement, l’excédent net d’exploitation de l’Etat devrait être nul; mais, compte tenu que certaines entités de cette institution, non pas les entreprises publiques, s’adonnent à la production de services marchands (la presse nationale, etc.), l’Etat dégage en conséquence un certain profit. Finalement, le reste du monde touche des profits sur leurs investisements directs en Haïti. Toujours est-il que les intérêts versés au reste du monde ne sont pas comptabilisés dans cette case pour la même raison évoquée précédemment. b) Les ménages Il ne faut jamais perdre de vue le principe de base d’une MCS. Les lignes enregistrent les ressources alors que les colonnes font état des dépenses. On a commencé à exposer les ressources des ménages que sont les revenus de facteurs; à ceux-là il faut ajouter les transferts courants reçus par les ménages soit de la part de l’Etat (bourses d’étude, allocations, etc.), soit des entreprises (dividendes distribuées des entreprises, intérêts, loyers, etc.). Une part des transferts courants des ménages vient du reste du monde. On songe, à ce titre, aux émigrés haïtiens supportant financièrement leurs parents en Haïti. A ce stade, il ne serait pas superflu de préciser que les revenus de la propriété (intérêts, dividendes et loyers) figurés dans le compte de distribution primaire des comptes nationaux ne sont pas des revenus de facteurs. Ils sont traités, dans le cadre des MCS, comme des transferts courants. Ceci est dû au fait que ces revenus ne sont pas issus de la valeur ajoutée dégagée par l’institution en question. A titre d’illustration, les intérêts versés par les institutions financières aux ménages ne constituent pas un revenu tiré de la production de ces derniers; cette remarque est valable pour toutes les autres institutions, même le reste du monde. Les ménages dépensent leurs ressources à la consommation finale, aux paiements de transferts courants ou à l’épargne qui est une forme d’utilisation des ressources. Pour ce qui est des transferts, les ménages versent des impôts directs sur le revenu et des cotisations sociales à l’Etat ou des intérêts aux entreprises sur les emprunts contractés. A l’inverse des lignes, les ménages résidents paient aussi des transferts courants au reste du monde. c) L’Etat L’Etat n’a pas pour seules ressources les revenus de facteurs et les transferts courants versés par les ménages. Les entreprises font également des transferts courants à l’Etat sous la formes d’intérêts, de dividendes (les entreprises publiques), d’impôts directs sur les bénéfices, d’idemnité ou de pénalité, etc. On doit compléter les ressources de l’Etat au moyen des recettes classiques du gouvernement que sont les taxes nettes sur la production, les impôts indirects nets sur les produits et les transferts courants du reste du monde. Un autre type de recettes peu familières est constitué des taxes à l’exportation. Car jusqu’en 1988, l’Etat haïtien prélevait encore des taxes sur les principaux produits exportés tels le café, le cacao, le sisal, etc.; ces dernières taxes s’ajoutent aux impôts indirects sur les produits. Pour accomplir sa mission, l’Etat se sert de ces ressources afin d’opérer des transferts, d’acquérir des produits de consommation finale ou d’épargner. Les transferts payés par l’Etat aux entreprises et au reste du monde sont principalement consistés en des intérêts sur la dette publique, des primes d’assurance et des quote-parts versées aux organisations internationales. d) Les entreprises Les opérations des entreprises se passent d’explication. Elles peuvent être décrites par analogie aux ménages et à l’Etat. D’ailleurs, à partir de ces deux derniers, on a déjà beaucoup 5 Montreux, 4. – 8. 9. 2000 Statistique, Développement et Droits de l‘Homme parcouru les ressources et les dépenses des entreprises. En fait, il n’y a pas de particularité en ce qui a trait aux transactions des entreprises; l’essentiel est de se rappeller que les notions de recette et de dépense traduisent la même idée en se posant la question : qui verse quoi à qui ? . Mentionnons toutefois que cette institution englobe les entreprises non financières, les sociétés financières (y compris les compagnies d’assurance) nationales et étrangères. e) Les autres comptes Les autres comptes parlent d’eux-mêmes; il s’agit des mêmes concepts comptables réorganisés de manière à répondre à des interrogations spécifiques. Le compte de capital s’alimente, au niveau national, à partir des épargnes des agents économiques; l’épargne étrangère, appelée importation nette de capitaux ou déficit du compte courant de la balance des paiements extérieurs, vient en supplément pour former l’épargne totale. Cette épargne sera affectée à l’investissement de façon à accroître la capacité productive de l’économie. Les activités font référence à la production brute; le coût total de cette production est esquissé en colonne; il comprend les consommations intermédiaires, la rémunération des facteurs de production et les taxes nettes sur la production. Les produits de la vente de cette production constituent les ressources de ce compte. En ligne, ce compte est appelé à mettre en évidence la structure par produits de la production nationale. Le compte des produits n’est autre que l’équilibre ressources-emplois des comptes nationaux. Il fait ressortir en colonne l’offre totale de biens et services au prix du marché; cette offre globale a trois composantes que sont la production locale, les importations et les impôts indirects nets sur les produits; sont exposées, en ligne, les utilisations de ces ressources en consommation finale, en consommation intermédiaire, en investissement et en exportations. Remplaçons, à présent , les lettres par leur valeur afin d’avoir un premier cliché chiffré de l’économie haïtienne en 1986-87. 3. Une MCS agrégée chiffrée en 1986-87 Le chiffrage de cette MCS est le résultat d’une activité de collecte de longue haleine, puisqu’il revient de rassembler, confronter et concilier des donnés de sources assez diverses. Pour le moment, on a exploité en quelque sorte comme sources les comptes de recettes et de dépenses du gouvernement et la balance des paiements; mais, on remarquera que la majorité des flux utilisés est puisée dans les comptes nationaux de 1986-87. Aussi, est-il indispensable de présenter, ne serait-ce que brièvement, les grandes caractéristiques du système comptable haïtien? Les comptes nationaux actuels ont pour base intérimaire l’année fiscale 1986-87, en attendant qu’une base plus récente soit mise en place. Haïti, contrairement aux pays de l’union européenne par exemple, n’a pas un système comptable propre adapté à son contexte. Donc, l’unité des comptes nationaux de l’IHSI confectionne des comptes en se référant strictement au système de comptabilité nationale des nations-unies. Ces comptes sont essentiellement présentés selon le SCN68; toutefois, ils laissent entrevoir timidement certaines recommandations prescrites par le nouveau système(SCN93) qui est, disons, extrêmement gourmand en statistiques élaborées. Le système haïtien, en outre des agrégats macro-économiques, dresse des équilibres ressources-emplois (ERE) pour un total de 36 produits; ces derniers correspondent en général aux rubriques de deux chiffres de la CPC, mais on y retrouve aussi des ERE pour plusieurs produits plus agrégés. De plus, vingt comptes de production et d’exploitation sont publiés dans les comptes économiques de 1986-87; ces activités se rapportent à la nomenclature de la CITI (révision 3). Ces comptes vont des catégories de deux chiffres de la CITI à des niveaux beaucoup plus agrégés. Finalement, les comptes de distribution(primaire et secondaire) et d’utilisation du revenu et le compte d’accumulation complètent la séquence des comptes des secteurs institutionnels. Ces institutions sont les plus 6 Montreux, 4. – 8. 9. 2000 Statistique, Développement et Droits de l‘Homme agrégées; on n’a distingué que six agents économiques : les sociétés non financières, les sociétés financières, les administrations publiques, les ménages, les institutions sans but lucratif au service des ménages et le reste du monde. Et, comme matrice comptable, le système a rendu disponible uniquement un tableau input-output pour l’année de base. L’estimation de la MCS agrégée pour 1986-87 est schématisée dans le tableau 2 en annexe; elle est très simple mais aussi très significatif. En effet, certains comptes tels le compte de facteurs, le compte d’activités et le compte de produits sont très condensés. De là, ils cachent des informations assez précieuses; ils ne permettent même pas d’avoir une idée grossière sur la distribution fonctionnelle du revenu et les échanges inter-industriels. En dépit de tout, cette MCS décrit de manière globale l’économie haïtienne et garantit la cohérence interne de nature comptable des données (recettes =dépenses, quel que soit le compte). Passons maintenant à la lecture de cette matrice de comptabilité sociale. On peut commencer la lecture par celle du compte des activités, car c’est elles qui sont la source des revenus au niveau de l’économie. En colonne, les secteurs productifs de l’économie haïtienne ont réalisé une production totale de 23 447 372 milliers de gourdes (MG). Ils achètent, pour ce faire, 10 950 350 MG d’intrants intermédiaires; du reste, ils distribuent 12 186 132 MG sous forme de revenus de facteurs et paient 310 890 MG à titre d’impôts indirects sur la production à l’Etat; en ligne, les produits issus du processus de production sont vendus ou encore mieux sont versés au compte de produits; les rentrées tirées de ces ventes constituent les recettes de ces secteurs. En fait, les produits vendus n’incluent pas les taxes sur les produits (TCA, droits d’accise, etc.) parce qu’elles ne sont pas des ressources pour ce compte. Le compte de produits fait ressortir, en colonne, les ressources totales, c’est-à-dire l’offre globale en biens et services; une partie de ces produits (23 447 372 MG) provient du système productif national alors que l’autre partie (4 089 233 MG) est importée du reste du monde; il convient d’ajouter à ces deux composantes les taxes grévant les produits afin de ramener leur valeur au prix du marché. En ligne, ces ressources disponibles sont ensuite affectées dans l’économie haïtienne à la consommation finale de l’Etat et des ménages (respectivement 1 463 810 MG et 10 845 136 MG), à la consommation intermédiaire (10 950 350 MG) ou à l’investissement (2 466 411 MG). Les recettes du reste du monde s’élèvent à 4 785 162 MG; le gros de ces recettes provient des importations de produits (4 089 233 MG); une bonne part est aussi versée par les ménages (284 600MG), l’Etat (31 358 MG) et les entreprises (267 332 MG) comme paiement de transferts courants. Le solde est constitué de revenus de facteurs (112 081 MG) payés par l’économie nationale sur les investissements des étrangers dans le pays. Les dépenses courantes du reste du monde sont établies de la manière suivante : les exportations d’Haïti soit 2 511 438 MG, les transferts courants aux ménages, à l’Etat et aux entreprises à concurrence de 565 800 MG, 1 131 210 MG et 284 669 MG respectivement et les revenus de facteurs (29 650 MG) versés à l’économie étudiée; sur ce compte apparaît un agrégat important dont le montant est égal à 262 395 MG; il est connu sous le nom d’épargne étrangère et est égal, au signe près, au solde du compte courant de la balance des paiements extérieurs. Il est parfois aussi appelé, dans l’hypothèse de déficit, importation nette de capital étranger dans la mesure où le déficit courant extérieur est identique à la somme des importations de capitaux (investissements directs, prêts et subventions de capital) nettes des exportations de capitaux (dont le remboursement du principal de la dette exteriéure) et de la diminution des avoirs extérieurs monétaires; auquel cas, l’épargne étrangère est positive. Par contre, sous l’hypothèse contraire, il s’agirait d’une exportation nette de capital et l’épargne étrangère serait affectée de signe négatif. Les recettes totales des entreprises sont de deux natures : les revenus factoriels (2 177 766 MG) et les transferts courants. Ces derniers sont versés par les ménages, l’Etat et le reste du monde pour des valeurs égales à 6 312 MG, 138 595 MG et 284 664 MG respectivement. Ces recettes 7 Montreux, 4. – 8. 9. 2000 Statistique, Développement et Droits de l‘Homme servent à couvrir les dépenses de transfert courant des entreprises et le reste, soit 781 089 MG, est épargné; quant aux transferts versés par les entreprises, 1 224 142 MG vont aux ménages, 334 779 MG viennent gonfler les recettes de l’Etat alors que le reste du monde en bénéficie 267 332 MG. Une lecture analogue peut être faite pour les deux autres institutions tout en mentionnant, néanmoins, leurs dépenses de consommation finale. Terminons la lecture de la MCS par le premier compte (facteurs); les recettes de ce dernier ne sont que des revenus factoriels payés soit par les secteurs d’activités économiques (12 186 132 MG) soit par le reste du monde (29 650 MG); ces revenus sont distribués aux agents économiques de la manière suivante : 9 891 946 MG aux ménages, 33 989 MG à l’Etat, 2 177 766 MG aux entreprises et 112 081 MG au reste du monde. De cette MCS, on obtient l’identité macroéconomique des ressources et des emplois assurant la cohérence globale de cette base de données, à savoir : Produit intérieur aux coûts des facteurs + Impôts indirects sur la production + Impôts indirects sur les produits + Importations de produits = Produit intérieur brut au prix du marché = Consommation privée Consommation publique + Investissement + Exportations de produits 12 186 132 310 890 700 540 4 089 233 17 286 795 10 845 136 1 463 810 2 466 411 2 511 438 4. Une MCS désagrégée en 1986-87 Le tableau 3 annexé présente une désagrégation possible de la MCS agrégée du tableau 2. Cette désagrégation découle de la ventilation des activités, des produits et du compte du reste du monde. En effet, les activités et les produits ont été subdivisés chacun en 12 sous-comptes; le compte du reste du monde différencie les transactions avec les pays de la CARICOM de celles opérées avec les autres pays. Examinons maintenant le procédé adopté à cette fin. 4.1 Méthodologie de désagrégation Les douze branches d’activités retenues ont été choisies selon leur poids respectif dans l’économie haïtienne; car les comptes économiques d’Haïti de 1986-87 ont établi vingt comptes de production dont certains sont d’une importance négligeable. On n’a isolé que les activités ayant dégagé une valeur ajoutée d’au moins de 200 millions de gourdes. En réalité, cette désagrégation correspond plutôt à une certaine restructuration des données de base fournies par la comptabilité nationale. Mais il faut aussi dire que la sélection des comptes est très influencée par la disponibilité des données. Si, par exemple, on divise l’économie en trois grands secteurs : l’agriculture, l’industrie et les services; on constatera que l’industrie est subdivisée en 12 branches, les services en 7 alors que l’agriculture est restée une et indivisible. Dans ce cas, il est extrêmement difficile de soumettre une ventilation plus fine que les 20 branches. D’ailleurs, il est évident que les activités agricoles auraient pu être décomposées en des sous-branches assez significatives telles les activités proprement agricoles, la chasse, la pêche, et c’est justement à ce niveau que la désagrégation du compte d’activité est révélée peu satisfaisante; sinon, pour les deux autres grands secteurs, les activités les plus importantes (les textiles, le commerce, etc.) sont traitées séparément. 8 Montreux, 4. – 8. 9. 2000 Statistique, Développement et Droits de l‘Homme La désagrégation des produits est étroitement liée à celle des activités; on pense au principe comptable selon lequel une branche réalise un produit et un seul. Ceci a la vertu de faire ressortir clairement et nettement les échanges inter-industriels; toutefois, on conviendra que les branches ne sont jamais tout-à-fait homogènes dans la réalité. Les échanges extérieurs sont classés suivant la zone géographique; le critère d’appartenance à la communauté de la caraïbe (CARICOM) sert à partitionner le compte du reste du monde. Pour y parvenir, on a eu recours aux statistiques douanières. En effet, les exportations d'Haiti par pays de destination sont disponibles à l'Administration Générale des Douanes (AGD). Il est important de remarquer que, en 1986-87, Haiti était très peu intégrée dans la Caraïbe en se basant sur le poids des transactions commerciales. Ceci influence donc directement les échanges de services (transport, communication, services financiers,…) évoluant logiquement dans le même sens que les échanges de marchandises. Ainsi, on a considéré que les services sont échangés avec des pays autres que les membres de la CARICOM. Qu'elle soit agrégée ou désagrégée, le principe pour lire et interpréter une MCS ne change pas. Cela dit, on ne vas pas reprendre la lecture des comptes de cette MCS désagrégée. 5. Conclusion La particularité d'une MCS réside dans le fait qu'elle combine dans un cadre unique des données de diverses sources. En ce sens, cette MCS est très importante dans la mesure où elle permet de restructurer les données économiques et de s'assurer de leur cohérence globale. Ainsi, elle peut être utilisée dans la formalisation de modèles économiques afin d'analyser l'impact des politiques économiques. Toutefois, certaines subtilités ont surgi au cours de la construction de cette MCS. Il s'agit, d'une part, de concilier les classifications utilisées dans la MCS et celles des comptes nationaux. Il a fallu, d'autre part, répartir les services échanges dont les sources ne sont pas très précises. Ce travail souffre évidemment de certaines lacunes. Il n'a pas ventiler le compte des facteurs et celui des ménages. Ce faisant, les mécanismes de distribution ne sont pas mis en évidence. Mais la désagrégation de ces comptes ne constitue pas une obligation; car la ventilation retenue dépend plutôt des objectifs assignés à la MCS et de l'état de la banque de données du pays. REFERENCES KEUNING, S.J. and REINERT K..A. (1988). Guidelines to the construction of a social accounting matrix. Review of income and wealth, 34:71-100. PYATT, G. and ROUND, J. I. (1985). Social accounting matrices- a basis for planning. ed. World bank. Washington. STONE, R.(1985). The disaggregation of the household sector in the national accounts, in Social accounting matrices : a basis for planning, By PYATT and ROUND. Ed. world bank. United Nations Statistical office. System of national accounts. New York. Institut Haïtien de Statistique et d’Informatique (IHSI). Les comptes économiques d’Haïti-base intérimaire 1986-87. 9 Montreux, 4. – 8. 9. 2000 Statistique, Développement et Droits de l‘Homme Tableau 1. Cadre de la MCS pour l'économie haitienne (1986-87) Comptes Souscomptes Code Facteurs Institutions Ménages Institutions Ménages Etat Entreprises 2.3 revenus de facteurs payés aux entreprises , avant imposition 3 4 Produits 5 RDM 6 Produits transferts courants des ménages aux entreprises transferts courants de l'Etat aux ménages RDM TOTAL Entreprises distributio n de la valeur ajoutée aux facteurs de production 2.1 revenus de facteurs des ménages, avant imposition 2.2 revenus de transferts facteurs de courants des l'Etat ménages à l'Etat Activités TOTAL Etat 1 Facteurs Capital Capital Activités revenus de total des facteurs revenus de payés par facteurs le RDM transferts courants des entreprises aux ménages transferts courants des entreprises à l'Etat taxes indirectes nettes sur la production impôts indirects nets sur les produits transferts courants de l'Etat aux entreprises épargne des épargne de épargne des ménages l'Etat entreprises production nationale de produits consommati consomma on privée tion par l'Etat total des revenus des ménages transferts courants du RDM à l’Etat total des recettes courantes de l’Etat transferts courants du RDM aux entrreprise s déficit du compte courant de la balance des paiements extérieurs total des revenus des entreprises épargne totale (nationale et étrangère) total de la production Exportatio total des ns (fob) utilisation s des produits revenus de transferts transferts transferts importatio total des facteurs courants des courants courants des ns (caf) recettes payés au ménages au de l'Etat entreprises courantes RDM RDM au RDM au RDM du RDM total des total des total des total des total de total de la total des total des revenus de dépenses dépenses dépenses la production ressources dépenses facteurs courantes courantes des formatio en du RDM des de l'Etat, entreprises, n brute produits, ménages, épargne épargne de au prix du épargne comprise comprise capital marché comprise de la nation 10 Montreux, 4. – 8. 9. 2000 investiss consomma ement tion intermédia ire transferts courants du RDM au ménages Statistique, Développement et Droits de l‘Homme Tableau 2.MCS agrégée pour l’économie haitienne (1986-87) (en milliers de gourdes – MG) Comptes Souscomptes Code Facteurs Institutions Ménages Etat Institutions Ménages 12,186,132 2.1 9,891,946 66,714 Etat 2.2 33,989 44,942 Entreprises 2.3 2,177,766 6,312 138,595 567,612 855,315 Capital Activités 3 Produits RDM 5 1,224,142 334,779 310,890 700,540 781,089 4 6 Produits RDM 29,650 12,215,782 565,800 11,748,602 1,131,210 2,556,350l 284,669 2,607,342 262,395 2,466,411 23,447,372 112,081 10,845,136 1,463,810 284,600 31,916 267,332 2,556,350 2,607,342 12,215,782 11,748,602 TOTAL Entreprises 1 Facteurs TOTAL Capital Activités 2,466,411 10,950,350 11 Montreux, 4. – 8. 9. 2000 23,447,372 2,511,438 4,089,233 2,466,411 23,447,372 28,237,145 4,785,162 28,237,145 4,785,162 Statistique, Développement et Droits de l‘Homme Tableau 3. MCS désagrégée pour l'économie haitienne (1986-87) (En milliers de gourdes - MG) Comptes Facteurs Institutions Capital Activités Produits RDM Sous-comptes Ménages Etat Entreprises Agriculture, chasse, sylviculture & pêche Fabrication de produits alimentaires et de boissons Fabrication de textiles, d'art d'habil et des prod en cuirs Production et dist d'élect, de gaz et d'eau Autres activités industrielles Construction Commerce Hôtel et restaurants Transp,, entreposage et communication Intermédiation financière Autres services marchands Service non marchand Prod de l'agriculture, de la chasse, de la pêche,… Produits alimentaires et boissons Fils, art textiles, etoffes de bonneterie, prod en cuirs,… Electricité, gaz et eau Autres produits industriels Service de construction Service de commerce Service d'hôtellerie et de restauration Service de transport, de communication,… Service d'intermédiation financière Autres services marchands Service non marchand Caricom Autres pays Total Montreux, 4. – 8. 9. 2000 Code 1 2.1 2.2 2.3 3 4.1 4.2 4.3 4.4 4.5 4.6 4.7 4.8 4.9 4.10 4.11 4.12 5.1 5.2 5.3 5.4 5.5 5.6 5.7 5.8 5.9 5.10 5.11 5.12 6.1 6.2 1 9,891,946 33,989 2,177,766 2.1 44,942 6,312 567,612 2.2 2.3 66,714 1,224,142 334,779 138,595 855,315 3 4.1 3,765,734 4.2 636,372 4,262 45,513 1,479,283 433,493 10,518 13,106 377,736 4,705 623,442 488,823 3,036 19,817 296,902 588 292,790 8,258 112,459 23,675 8,609 2,207 6 502 344 2 148 984 781,089 4,649,468 1,854,730 683,570 78,738 1,412,392 156,778 35,199 298,471 1,975,964 779,172 437,962 382,544 566,560 1,463,810 112,081 12 215 782 284,600 11 748 602 31,916 2 556 350 267,332 2 607 342 2 466 412 Statistique, Développement et Droits de l‘Homme Tableau 3 (suite) Comptes Facteurs Institutions Capital Activités Produits RDM Total Code 1 2.1 2.2 2.3 3 4.1 4.2 4.3 4.4 4.5 4.6 4.7 4.8 4.9 4.10 4.11 4.12 5.1 5.2 5.3 5.4 5.5 5.6 5.7 5.8 5.9 5.10 5.11 5.12 6.1 6.2 4.3 537,858 4.4 221,967 4.5 641,353 4.6 586,214 4.7 2,375,036 4.8 338,715 4.9 861,557 4.10 481,087 4.11 609,240 26,284 3,591 39,160 8,370 59,660 15,341 21,034 43,356 44,319 4.12 1,130,999 5.1 5.2 5.3 83,493 222,879 101,251 6,500,536 2,146,633 1,044,380 3,225 132,664 111,718 284,462 22,410 18,790 235 28,500 8,433 5,690 1 044 380 4,189 3,533 62,320 29,651 181,166 33,979 1,292 541 688 166,990 585,763 11,295 83,248 745,562 26,387 2,234 13,161 584,207 141,907 107,935 32,579 1 996 416 34,123 15,812 4,704 1 834 588 13,021 102,812 3,198 847 330,369 14,056 265,381 3 164 380 125,734 709,313 16,697 17,991 45,870 2,882 12,485 358,835 729 559 5,631 16,166 3,501 23,789 22,277 100,224 16,557 1,537 57,686 37,524 23,328 190,802 14,252 10,486 8,785 2,764 1,029 39,556 68,345 6,184 1,476 125,410 222,385 17,126 3,583 154,117 16,164 18,587 56,956 34,858 71,543 5,224 1 294 578 13 Montreux, 4. – 8. 9. 2000 1 369 754 916 697 1 008 857 1 624 709 5,248 717,182 696,768 92,373 100 589,888 8 023 863 1,619 541,768 3 612 892 39 649,777 1 893 068 Statistique, Développement et Droits de l‘Homme Tableau 3 (suite) Comptes Facteurs Institutions Capital Activités Produits RDM Total Code 1 2.1 2.2 2.3 3 4.1 4.2 4.3 4.4 4.5 4.6 4.7 4.8 4.9 4.10 4.11 4.12 5.1 5.2 5.3 5.4 5.5 5.6 5.7 5.8 5.9 5.10 5.11 5.12 6.1 6.2 5.4 5.5 11,934 280,983 5.6 5.7 5.8 5.9 5.10 5.11 5.12 6.1 18,716 1,120 688 238,375 1,101 6.2 29,650 565,800 1,131,210 284,669 243,680 2,351 302,212 7,498 1,985,693 1,833,653 935 1,332 3,163,048 2,351 450 350 1,000 600 1,292,227 1,369,304 916,347 1,007,857 5,501 4,117 2,136 2,311 8,322 1,463,810 83 770 123,067 33,648 814,425 3,159 920,133 1,660,842 451,300 143,453 21,400 328 746 20,970 1,585,893 5 534 381 2 078 649 3 167 165 1 294 363 602,701 1 978 372 14 Montreux, 4. – 8. 9. 2000 63,579 988 248 32,900 1 040 757 1 463 810 22 728 4 762 435 Total 29 650 11 748 602 2 556 350 2 607 342 2 466 412 6 502 344 2 148 984 1 044 380 541 688 1 996 416 1 834 588 3 164 380 1 294 578 1 369 754 916 697 1 008 857 1 624 709 8 023 863 3 612 892 1 893 068 328 746 5 534 381 2 078 649 3 167 165 1 294 363 1 978 372 988 248 1 040 757 1 463 810 22 728 4 762 435 Statistique, Développement et Droits de l‘Homme Montreux, 4. – 8. 9. 2000