1- Le manque de pro-activité - Système de gestion

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Royaume du Maroc
Ministère de la Fonction Publique et de la Modernisation de l’Administration
Centre Africain de Formation et de Recherche
Administratives pour le Développement
Fondation pour le renforcement des capacités
en Afrique
11ème Forum Panafricain sur la modernisation des
services publics et des institutions de l’Etat
Thème : « La gouvernance publique responsable et son rôle dans le
renforcement et la consolidation de l’Etat de droit en Afrique »
organisé en marge de la 53ème Session du
Conseil d’Administration du CAFRAD
LES INSTITUTIONS NATIONALES DE PROMOTION
DE L’ETHIQUE ADMINISTRATIVE ET D’UNE
GOUVERNANCE RESPONSABLE FONDEE SUR LES
VALEURS DE L’ETAT DE DROIT
Présenté par
Dr SEDEGAN Emmanuel F.
Conseiller Technique à l’Industrie du Président de
la Chambre de Commerce et d’Industrie du Bénin
12-13 Octobre 2015
Marrakech (Maroc)
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CENTRE AFRICAIN DE FORMATION ET DE RECHERCHE ADMINISTRATIVES
POUR LE DEVELOPPEMENT (CAFRAD).
11ème Forum Panafricain sur la Modernisation des services publics et des Institutions de
l’Etat.
THEME CENTRAL
« La gouvernance publique responsable et son rôle dans le renforcement et la consolidation
de l’Etat de droit en Afrique »
DATE ET LIEU :
Les 12-13 Octobre 2015 à Marrakech (Maroc)
COMMUNICATION:
LES INSTITUTIONS NATIONALES DE PROMOTION DE L’ETHIQUE
ADMINISTRATIVE ET D’UNE GOUVERNANCE RESPONSABLE FONDEE SUR LES
VALEURS DE L’ETAT DE DROIT
Présentée par :
Dr SEDEGAN Emmanuel F.
Conseiller Technique à l’Industrie du Président de la Chambre de Commerce et
d’Industrie du Bénin.
Ancien Conseiller Technique à la Réforme Institutionnelle au MTFPRA-DS.
Géopolitologue, Economiste, Mathématicien, Universitaire, Ecrivain.
E-mail: [email protected] Site Web :www.sedegan.com
Tél (229) 95 342 909 WHATSAPP-VIBER/ (229)65787355
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PLAN
INTRODUCTION
I- Etat des lieux et Clarification conceptuelle
II- Problématique
III- Les valeurs de l’éthique administrative et de la gouvernance
responsable
IV- Le phénomène du manquement à l’éthique administrative et à
la gouvernance responsable
V- Les institutions nationales de promotion de l’éthique
administrative et de la gouvernance responsable
VI- Recommandations
CONCLUSION
Références bibliographiques
3
INTRODUCTION
La gouvernance est un domaine où personne ne possède de recettes miracles passe-partout ou
de méthodologie copiées-collées. Au-delà des grands principes universels, chaque pays est
engagé dans un processus propre, à la fois fruit d’une histoire particulière et d’un ensemble
d’équilibres, d’enjeux et de rapports de force entre des acteurs en permanente évolution.
Selon Ousmane Sy (2014), une des causes de la crise de l’action publique, donc de la
gouvernance en Afrique, est la panne structurelle des États-nations post-coloniaux, et donc de
l’acceptation d’un modèle et d’un manque de vision et de rêve pour le continent. « La
construction d’une société démocratique, la lutte contre la corruption et la production de
richesses partageables pour le bien-être de tous ne peuvent se faire en dehors des valeurs, des
normes et de référentiels connus compris et admis des Africains »
Dans son œuvre politique et philosophique ‘’De l’esprit des lois’’, Charles MONTESQUIEU
(1749) donnait de ‘’l’Etat de droit’’ une approche de définition qui laissait comprendre qu’un
Etat de droit est celui dans lequel il y a séparation de pouvoirs en entités autonomes d’une part
et où les gouvernants et les gouvernés sont enfermés dans le droit.
Ainsi donc, l’Etat de droit se fonde sur l’exercice du pouvoir par au moins trois entités que
sont le Législatif, l’Exécutif et le Judiciaire. Et tous les sujets (gouvernants et gouvernés) se
soumettent au droit pour que l’arbitraire ne s’installe. La primauté du droit est alors un
principe fondamental de tout Etat de droit. Ce régime poursuit in fine la consolidation du
« vivre ensemble » qui appelle à la promotion d’un certain nombre de valeurs au nombre
desquelles on peut mentionner l’éthique administrative qui est un préalable à érection d’une
gouvernance responsable.
Qu’est-ce donc que l’éthique ? Comment se manifeste le manquement à l’éthique ? Qu’est-ce
que la gouvernance responsable et quels en sont les principes ? Quelles sont les institutions
nationales de promotion de l’éthique administrative et de la gouvernance responsable fondée
sur les valeurs de l’Etat de droit ? Quelles sont leurs limites et les avancées qui sont les leurs
dans la marche vers le progrès à laquelle sont appelés les citoyens en quête de
développement ?
L’exposé va s’atteler à fournir des approches de réponses aux questionnements. D’abord,
nous tenterons de procéder à une clarification conceptuelle des termes majeurs qui composent
le titre de la communication (éthique administrative, gouvernance responsable, état de droit),
ensuite, il sera abordé les bases de l’éthique administrative et les institutions en charge de la
promouvoir. Enfin, un regard sera jeté sur les bases de la gouvernance responsable et les
institutions en charge de sa promotion.
I- Etat des lieux et Clarification conceptuelle
1- Ethique administrative
Sur l’éthique dans l’administration, les études sont très peu nombreuses. Ici et là quelques
allusions y sont faites, mais on ne trouve guère de réflexions, du moins publiées, qui traitent
de la question dans son ensemble ou qui traitent du problème en tant que normes à respecter
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par les agents dans leurs relations avec les usagers ou même dans leurs relations entre eux. On
peut même dire qu’il y a une espèce de tendance injustifiée à vouloir éviter de parler du sujet
sans doute de crainte d’être amené à parler de son contraire, c’est-à-dire du manquement à
l’éthique et, par voie de conséquence, d’une pathologie sociétale. C’est, justement, le nœud de
tout le problème où la complication apparaît de plus belle et la question devient délicate
lorsqu’il s’agit de mettre en exergue les tares inhérentes à toutes les administrations mais,
naturellement, variables selon le degré de développement et de maturité qui caractérise
chacune d’entre elles. Une administration ne peut être développée qu’à la condition d’être
respectueuse d’un ensemble de valeurs à caractère universel et qui, à force de répétition,
deviennent partie intégrante du droit sans avoir à y être mentionnées. Sans doute, dira-t-on
que c’est là un travail de très longue haleine qui nécessite, de par l’attention qui doit lui être
constamment accordée, la patience de plus d’une génération et la volonté ferme et résolue de
remettre chaque fois qu’il le faut l’ouvrage sur le métier.
Lorsque l’on parle d’éthique, on est nécessairement amené à penser à des notions qui lui sont
voisines, telles la déontologie ou la morale mais dont elle se distingue. Car, tout en ayant un
brin de cousinage avec ces deux concepts, l’éthique est tout autre chose, et si ce n’était pas le
cas, elle n’aurait pas eu besoin d’un terme spécifique pour être désignée.
La déontologie c’est, nous dit le Littré, la « science des devoirs ». C’est un ensemble de
normes de conduite et de pratiques professionnelles qui découlent de la nature de la
profession, des buts et des fonctions de celle-ci dans la société. Par conséquent, pour
quelqu’un qui exerce une profession libérale ou publique, ce seraient les règles et les devoirs
qui s’imposent à lui dans la pratique ; ce qu’il fait pour servir au mieux ceux qui ont à affaire
à lui dans le cadre bien entendu de sa profession. Pour un médecin, par exemple, ce serait
respecter les règles de bonne conduite envers ses patients et ses confrères. Pour un
fonctionnaire public, ce serait servir, observer l’obligation de réserve, fonctionner selon les
instructions de ses supérieurs mais dans les limites de la légalité.
Entendue donc à la lumière de la déontologie, l’éthique a une connotation bien plus large, en
ce sens que bien qu’elle semble s’y rattacher, elle déborde les contours propres à une notion
finalement plus étroite qui se réfèrent à l’exercice d’une profession.
En revanche, par rapport à la morale, elle se rapproche davantage. Parfois, elle y est diluée.
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Ensemble de règles de conduite admises au sein d’une société et système de valeurs et de
devoirs qui régissent les rapports sociaux, la morale n’est pas loin de l’éthique dont elle est
synonyme. Car on ne peut pas parler d’éthique sans penser à la morale et vice versa.
De ce point de vue, elle se situe au-dessus de la norme juridique, c’est une affaire entre soi et
sa conscience. Pourtant le manquement à la morale ou l’éthique peut fort bien entraîner une
sanction s’il y a une superposition entre la règle relevant de l’éthique et la règle de droit à
laquelle le législateur devra donner un sens aussi large que possible pour que justement elle
puisse englober la notion d’éthique. Il y a donc tout lieu d’avancer que lorsqu’une règle de
droit ou un code parlent d’obligations sous peine de sanctions, ce sera une norme juridique et
non point une règle relevant de l’éthique.
Sous le bénéfice de ces précisions tendant beaucoup plus à éviter les confusions qu’à apporter
une définition dans un domaine où celle-ci ne pourrait être que très relative, on dira, sous le
contrôle des spécialistes de la question, que l’éthique dans l’administration évoque la stricte
observance d’un ensemble de règles se rattachant à la fonction de responsable ou de simple
agent et qui, bafouées ou transgressées, constituent un manquement à des obligations
lesquelles, sans être expressément toutes prévues dans un texte juridique, ne constituent pas
moins des normes qu’il faut respecter.
Considérée sous cet angle, l’éthique peut être perçue non pas parce qu’elle est, mais plutôt par
son contraire. Elle est semblable à l’ordre public. On ne peut pas dire exactement ce que c’est,
mais on peut parfaitement imaginer ce que peut être une société vouée au désordre. De la
même manière, s’il n’est pas très aisé de brosser un tableau complet et détaillé d’une
administration soumise aux règles de l’éthique, il ne serait pas difficile de peindre aux
couleurs les plus choquantes une administration où l’éthique est bien loin d’occuper une place
privilégiée. A ce propos, on conviendra de la difficulté de traiter du sujet dans un pays
déterminé sans glisser dans l’exagération dans la mesure où les illustrations que l’on peut
donner en exemple ne sont pas spécifiques à un pays exclusivement de tout autre, mais
peuvent exister ici et là, seulement à des degrés différents.
Dans tous les cas, une discussion qui se voudrait bénéfique sur l’éthique et l’administration
suppose nécessairement un minimum de franchise et, peut-être même, l’abandon de tout
euphémisme tendant à minimiser le mal.
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2- Gouvernance et gouvernance responsable
La gouvernance, au-delà de la connotation idéologique que l’on peut lui attribuer (idéologie
de désengagement de l’État - providence, glissement du gouvernement vers la gouvernance, et
de l’intérêt général vers celui des particuliers, J.-Ch. Mathias, Politique de Cassandre, Sang de
terre, 2009) ou des écueils et autres dégradations des conditions de vie qui peuvent lui faire
obstacle (pollutions, surpêche, déforestation, dérèglement climatique, pandémisation des
épidémies, T. Dietz, E. Ostrom, P.-C. Stern, The struggle to govern the Commons, 2003), ou
encore de la prolifération des catégories conceptuelles susceptibles de la galvauder :
gouvernance fonctionnelle, politique, publique, privée, locale, urbaine, territoriale,
européenne, onusienne, gouvernance de l’entreprise, de la famille, gouvernance stratégique,
universitaire, gouvernance des technologies de l’information, d’internet, la bonne
gouvernance, conserve indéniablement un noyau dur irréductible. En ce sens qu’elle peut être
reconnaissable parmi nombre de concepts plus ou moins proches (gouvernement, gestion,
transparence, performance, partenariat, démocratisation…), de par certaines de ses
caractéristiques intrinsèques génératrices d’une dynamique sociale multidimensionnelle
indéniable : accès à l’information, lutte contre la corruption, ouverture et responsabilisation,
gestion efficace des ressources, culture professionnelle, reconnaissance des générations
futures, protection de l’environnement et développement durable.
Etymologiquement, ce terme, dérivé de gouverner, est issu du latin gubernare, qui est
emprunté au grec kubernâo, racine qu'on retrouve dans le terme cybernétique.
Au milieu du XVe siècle, le terme de gouvernance désigne la charge domestique de la
gouvernante alors qu'à partir de 1478 il désigne aussi les provinces de l'Artois et de la
Flandre, alors que celles-ci ont un statut administratif particulier. Il est passé dans la langue
anglaise au XIVe siècle (governance).
Le terme est tombé en désuétude en France, en partie parce qu’il était associé à l’Ancien
Régime. Il est resté dans la langue anglaise, où il est apparu dans un contexte très différent à
partir des années 1970 : celui de l’entreprise, à travers l'expression de corporategovernance
(Gouvernance d'entreprise). C'est donc à partir du secteur privé qu'a resurgi cette notion, qui
désignait alors un mode de gestion des firmes fondé sur une articulation entre le pouvoir des
actionnaires et celui de la direction. Il s'agit alors de poser la question du type d’acteurs
impliqués dans la prise de décision au sein de l’entreprise, et de leur mode d’interaction.
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Dès 1975, le Rapport de la Commission Trilatérale (mai 1975: « Governability of
Democracies ») y incorpore le terme gouvernance qui se substituera peu à peu à celui de «
Governability ».
La pensée politique et administrative emprunte ensuite au management d’entreprise la notion
de gouvernance en deux étapes.
La première étape correspond à la révolution libérale des années 1980, entraînant une
nouvelle façon de penser le politique. Avec la remise en cause du rôle de l’État notamment
dans les pays anglo-saxons, émerge une conception fonctionnelle de la gouvernance liée à la
logique dite du New Public Management (management public). Cette logique repose sur une
vision minimaliste de l’État selon laquelle celui-ci-doit revenir à son "cœur de métier" en
décentralisant sur d’autres acteurs les fonctions considérées comme non stratégiques, comme
le font d’ailleurs à la même époque les grands groupes industriels confrontés à la
mondialisation.
La deuxième étape est celle des années 1990, où émerge une réflexion plus profonde sur le
rôle de l’État régulateur, en réaction à la vision, jugée techniciste, du New Public
Management. Des auteurs comme Guy B. Peters, Donald J. Savoie ou Pierre Calame insistent
alors sur le fait que la crise de l’État ne connaît pas seulement une crise interne touchant à ses
fonctions et à sa structure. Cette crise concerne davantage la capacité de l’État à asseoir sa
légitimité ainsi qu’à formuler des politiques publiques en phase avec les besoins socioéconomiques.
D'autres travaux évoquent moins la notion de crise de l'État que celle de sa transformation.
Des auteurs comme Bob Jessop ou encore Neil Brenner réfèrent les modifications de la
puissance publique actuellement à une série d'évolutions macro-sociologiques et macroéconomiques qui ont affecté la centralité de l'État et de ses institutions dans le pilotage et la
régulation politiques. Les travaux de Patrick Le Galès ou encore de Bernard Jouve en se
centrant sur les collectivités locales (villes, métropoles, région) ont permis de mesurer de la
portée et les limites de tels changements qui affectent l'ordre politique actuel. La gouvernance
est ici un mode de gouvernement qui intègre les associations et les "parties prenantes" dans
une logique démocratie participative. Savoir si la gouvernance penche du côté de la mainmise des entreprises et des intérêts particuliers ou du côté d'une ouverture et d'un mode de
décision moins hiérarchique est l'objet d'âpres débats entre spécialistes.
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Actuellement
Dans les sociétés occidentales régies par la démocratie libérale, la gouvernance renvoie aux
interactions entre l’État, le corps politique et la société, et donc aussi aux systèmes de
lobbyismes et de coalitions d'acteurs publics et privés. La bonne gouvernance vise à rendre
l’action publique plus efficace et proche du bien public et de l'intérêt général, et donc plus
légitime. Elle est supposée rendre les sociétés plus facilement ou harmonieusement
gouvernables. Elle suppose donc aussi un système qui ne surexploite pas ses ressources et qui
soit capable de résilience (notion de développement durable). C’est une notion qui a été
abondamment utilisée par les théoriciens de l’action publique, les politologues et les
sociologues depuis le Sommet de la Terre qui en 1992 a mis en exergue le besoin urgent d'un
développement plus soutenable...).
C'est donc aussi une théorie de la régulation sociale, qui pour fonctionner doit être déclinée à
toutes les échelles de gouvernement. Ainsi on parle de gouvernance locale, de gouvernance
urbaine, de gouvernance territoriale, de gouvernance européenne, et de gouvernance mondiale
: Il n'y a donc pas un modèle unique de gouvernance mais bien des systèmes de gouvernance.
La manière dont fonctionnent les institutions a une incidence sur la résilience de
l'environnement. Dans le passé, beaucoup de communautés et sociétés ont pu affronter, durant
plusieurs siècles, d'importants changements de leur environnement. Les changements
importants et brutaux sont plus difficiles à supporter.
Certains chercheurs estiment que les conditions environnementales idéales d'une bonne
gouvernance sont et seront de plus en plus rares à cause de problèmes nouveaux et critiques,
tels que les pollutions globales ou transfrontières, la surpêche, la déforestation tropicale à
grande échelle, et le dérèglement climatique qui concernent de très grande échelle, et qui
peuvent se développer rapidement et sous l'influence de facteurs pour lesquels l'échelon local
n'a pas de prise à lui seul. Quelques stratégies de gouvernance semblent néanmoins permettre
de mieux affronter ces questions ; ce sont notamment l'information, le dialogue et une
construction plus collaborative de solutions, entre les parties concernées, ainsi qu'avec les
fonctionnaires, scientifiques et acteurs économiques, via des systèmes apprenants,
encourageant l'expérimentation et le changement.
La science administrative anglo-saxonne l’assimile au management public (New Public
Management), doctrine de gouvernement qui préconise le recours aux agences (c’est aussi le
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cas dans les pays scandinaves comme la Suède) ou à des Autorités administratives
Indépendantes (AAI).
Certains détracteurs de la « bonne gouvernance » y voient une idéologie du désengagement de
l'État-Providence, voire une théorie de la décomposition de l’État, à l'œuvre depuis le tournant
néolibéral des années 1980. Par exemple, Jean-Christophe Mathias dénonce l'abandon du
terme "gouvernement" au profit de celui de "gouvernance" en expliquant qu'il s'agit là d'une
rupture du pouvoir décisionnaire de l'État garant de la souveraineté populaire, remplacé par
une démocratie participative n'ayant - selon lui - aucun attribut réellement politique. Pour ce
chercheur indépendant, "le glissement du gouvernement à la gouvernance démontre que l'on
est passé d'une civilisation de la souveraineté populaire incarnée dans la loi républicaine,
garante de l'intérêt général, à une société pragmatiste, particulariste et utilitariste, garante
d'intérêts économiques singuliers, dans laquelle la notion de bien commun n'a plus de place
véritable."
3- Etat de droit
L'État de droit (ou régime politique où la primauté du droit est vécue dans le cadre de la
séparation de pouvoirs) est une situation juridique dans laquelle toute personne a des droits
mais aussi des devoirs, et se trouve par sa volonté à « avoir des droits » à se soumettre au
respect du droit, du simple individu et surtout la puissance publique.
Charles MONTESQUIEU (1749) le caractérise par la séparation de pouvoirs entre au moins
trois entités autonomes que sont le Législatif, l’Exécutif et le Judiciaire. Dans un tel régime, la
primauté du droit vient s’opposer à l’utilisation arbitraire de la puissance publique.
II- Problématique
Bien que la présence de ces institutions indique l'engagement des gouvernements de veiller à
ce que les citoyens puissent demander la réparation contre les pratiques de mauvaise
administration et de corruption, les organes et institutions publics dans de nombreux pays
africains font encore la démonstration des abus et de corruption, qui sont à l'origine de
certaines crises dans les pays. Cela a conduit à la détérioration des services publics et à la
mauvaise gestion de l'économie au sens large. Les citoyens, qui sont censés être les
bénéficiaires, deviennent toujours les victimes, car ils sont privés de bons services auxquels
ils ont droit.
10
Les institutions de médiation et de lutte contre la corruption semblent être dépassées par
l'ampleur et l'impact de la corruption et de la mauvaise administration. Le courage de
combattre la corruption et la mauvaise administration est le plus souvent menacé. Les
problèmes de ces institutions sont aggravés par l'environnement hostile dans lequel ils opèrent
et l’inadaptation de l'infrastructure opérationnelle. Le travail de ces institutions n'est pas facile
à cause de l'absence d'engagement de la part des décideurs politiques. D'autres problèmes
incluent le manque de fonds suffisants, la bureaucratisation et la négation de la liberté pour les
Médiateurs et les responsables de lutte contre la corruption pour travailler de manière
indépendante dans leurs missions.
Il est évident que certains mécanismes de prévention de la corruption et de la mauvaise
administration sont nécessaires. D’une certaine manière, la promotion de la bonne
gouvernance dans les institutions publiques obéit aux principes suivants: Responsabilité
(sociale, économique, éthique, écologique, etc.), transparence, impartialité, équité,
indépendance et discipline.
Des actions décisives contre la violation de ces principes dans la fonction publique serviront
certainement à minimiser l'impact de la corruption et de la mauvaise administration. Ainsi, la
coopération de tous les acteurs est nécessaire afin de s'attaquer résolument au problème. Il est
également important de noter que la lutte contre la corruption commence par le caractère
moral et l'intégrité de toutes les personnes impliquées dans la gestion des services publics.
Indépendamment de toutes les règles, procédures, principes et politiques en place, l'élément
de bonne conduite morale de l'individu dans la fonction publique et le respect des valeurs
fondamentales des services publics sont également importants. Le caractère moral et
l'intégrité forment d’un point de vue de l’éthique, les attributs fondamentaux des bons
dirigeants et des employés qui appliquent la bonne gouvernance.
Dans ces circonstances, les institutions de médiation et de lutte contre la corruption dans les
pays africains ont besoin d'échanger régulièrement les expériences et de renforcer leurs
capacités pour soutenir leurs propres missions et activités. Ces institutions doivent se
retrouver régulièrement pour partager les expériences et les causes de l'échec à lutter contre la
corruption.
Le concept de bonne gouvernance apparaît, pour l’Afrique, à la toute fin des années 80,
notamment à la faveur du rapport de la Banque Mondiale de 1989 intitulé: "L’Afrique
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subsaharienne : De la crise à la croissance durable". Le terme de gouvernance en lui-même
n’a pas bénéficié d’une définition précise, elle ferait référence à l’action ou à la manière de
gouverner et recouvre partiellement l’idée de "gouvernement". L’application d’une "bonne
gouvernance" en Afrique subsaharienne illustre un paradoxe puisqu’elle suppose la fin d’un
monopole étatique dans la régulation économique et sociale qui n’a jamais véritablement
existé. On promeut la fin "du tout à l’État", la décentralisation et la délégation vers des
opérateurs privés alors que les faiblesses de l’État ont régulièrement été constatées.
Initialement, la notion de société civile intervient dans le cadre de cette bonne gouvernance au
même titre que la décentralisation et la redécouverte d’un développement plus participatif et
centré sur le local (en rupture avec le volontarisme étatique et les macro-projets). La
conception initiale du projet de société civile est, comme un peu partout dans le monde à
pareille époque, articulée autour d’une logique de "vases communicants". Khilnani résume
bien l’investissement idéologique de la société civile au tournant des années 90 : "La société
civile incarne aux yeux de ceux qui l’invoquent la volonté de restituer à la société des
pouvoirs économiques, sociaux ou d’expression que les États auraient usurpés." (Khilnani,
2001). Comme le signale Hewitt de Alcantara : "en insistant sur l’importance de la société
civile, on oppose indûment dans une dichotomie fausse le peuple à l’État. On donne
l’impression qu’une société civile forte exige un gouvernement faible ou que celui-ci opprime
automatiquement celle-là." (Hewitt de Alcantara, 1998).
Cette conception revancharde s’inspire sans doute de la situation observée en Europe centrale
(Pologne, Tchécoslovaquie) et où le renversement des dictatures communistes a été marqué
notamment par des mobilisations contestataires animées par des organisations "civiques".
Mais elle ne semble pas bien adaptée à la réalité politique africaine dominée davantage par
des "soft state" et des "Léviathan boiteux" (Callaghy, 1987). Aussi, si la logique des vases
communicants où "à un peu moins d’État correspond un peu plus de société civile" paraissait
s’adapter aux contextes précis des sorties des régimes très autoritaires d’Europe de l’Est par
exemple, elle s’est avérée inadaptée au contexte de la crise de l’État en Afrique
subsaharienne. Le rêve néo-libéral d’un État "minimum" face à une société (civile) maximum
n’est donc pas directement transposable en Afrique subsaharienne à moins de renforcer cet
État, au minimum d’autoriser son redéploiement en même temps que l’on soutient le "réveil"
de la société civile (cf. Kothari, 1996). D’ailleurs la Banque Mondiale soulignait dès 1989 :
"Ce dont l’Afrique a besoin, ce n’est pas de moins d’État, mais d’un gouvernement plus
efficace qui cherche moins à intervenir directement et davantage à permettre aux autres d’être
12
productifs. (…)" (Banque Mondiale, 1989 : 6). Dès lors, la nécessaire démocratisation des
régimes africains (cf. discours de La Baule de F. Mitterrand) et l’apparition d’une société
civile présumée sur le mode de la "revanche" cachait des objectifs nettement plus orientés
vers la refonte de l’interventionnisme étatique. L’apparition du thème de la société civile au
sein de l’arsenal conceptuel de la bonne gouvernance a sans doute davantage participé au
redéploiement de l’État qu’à sa disqualification en qualité d’opérateur du développement. Nos
propos sont illustré par le cas du Bénin qui, bien que virtuellement en faillite à la fin des
années 80 est parvenu à se maintenir dix ans plus tard au cœur de l’arène du développement.
Parmi les conditions présidant à l’extension du projet de constitution de sociétés civiles en
Afrique subsaharienne, l’on doit tenir compte de la prolifération des associations de type
ONG qui bénéficient à la fois de la libéralisation de certains régimes autoritaires au sud du
Sahara comme de l’appui important de la part des agences internationales de développement
pour s’implanter dans les arènes locales du développement. Ces nouvelles ONG illustrent bien
ce projet de constitution d’une société civile dont elles seraient à la fois les représentantes (on
parle ainsi des "organisations de la société civile") et les chevilles ouvrières. Nous
considérons les ONG comme des associations qui se donnent explicitement et publiquement
des objectifs et définissent leurs intérêts comme différents de la somme des intérêts et
objectifs des membres (par opposition aux mouvements mutualistes ou coopératifs, par
exemple ou encore aux organisations grassroots). Elles ne sont pas principalement des
syndicats ou des caisses mutuelles, elles revendiquent une parole publique, une place dans
l’espace public. Elles développent des structures et des règles plus ou moins formalisées. Elles
se définissent le plus souvent comme apolitiques, c’est-à-dire ne défendant a priori aucune
cause partisane. Elles se présentent souvent comme non confessionnelles, c’est-à-dire qu’elles
ne se préoccupent pas, a priori, d’œcuménisme. Néanmoins, ce non-confessionnalisme
n’implique pas une absence d’identité religieuse, soit à titre personnel, soit à titre collectif.
Elles se proclament issues ou représentantes naturelles de la "société civile". De nombreux
partenaires étrangers ou locaux les considèrent comme telles. Au Bénin, il y avait selon les
sources disponibles entre 1500 (USAID, 1998) et 2700 ONG (MCRI-SCBE, 2000) recensées.
Cependant, la plupart des études qui ont été consacrées à ces nouvelles associations montrent
qu’une fraction réduite d’entre elles sont véritablement actives. Bien qu’intervenant sur
l’ensemble du territoire, elles sont installées principalement dans le Sud du pays, plus
généralement à Cotonou (pour plus de 2/3 des ONG répertoriées). Cette installation cotonoise
13
leur permet de côtoyer un grand nombre de bureaux représentatifs des organismes du
complexe développeur international ainsi que l’essentiel des ministères béninois. L’apparition
des associations de type ONG au Bénin est un phénomène plus récent que dans d’autres pays
d’Afrique de l’Ouest (Mali, Burkina Faso) où ces associations étaient apparues à la suite
d’interventions humanitaires (liées aux sécheresses et famines). La croissance du "secteur
ONG" a été spectaculaire au cours de la première décennie du "Renouveau
Démocratique".Cette croissance est encore plus importante de nos jours : plus de 5000 ONG
au Bénin !
Toutes les valeurs ne sont pas éthiques, c’est-à-dire que toutes les valeurs ne servent pas à
discerner le moral de l’immoral, le bon du mauvais, le juste de l’injuste. Différents types de
valeurs coexistent : des valeurs éthiques, économiques, politiques, cognitives (intellectuelles),
etc. Le concept de valeur en tant qu’élément de la philosophie morale a été semble-t-il
réhabilité à la fin du XIX ième siècle après une longue éclipse.
Aux Etats-Unis les valeurs ont longtemps été un concept majeur dans les livres consacrés à
l’administration publique. Dès 1880, les valeurs consacrées se référaient à l’expertise, la
rationalité et l’efficacité comme vertus démocratiques. Le néologisme « technocracy » est
d’ailleurs un mot nouveau apparu aux Etats-Unis à la même époque et qui légitimait le
phénomène administratif. Dès le début du XX ième siècle, la rationalisation fut alors perçue
comme un moyen de réaliser l’intérêt général, en luttant contre la corruption et la captation
partisane des services publics.
Kernaghan C. (1996) se réfère à la « Task Force on Public Service Values and Ethics » au
Canada qui classe en trois catégories les valeurs de la fonction publique :
1.
les valeurs éthiques pour distinguer le bien du mal (intégrité, loyauté) ;
2.
les valeurs démocratiques (impartialité, autorité de la loi) ;
3.
les valeurs professionnelles (efficience, performance, prise de risque, liberté d’action).
A ces valeurs, le code canadien de valeurs et d’éthique, entré en vigueur en septembre 2003, a
ajouté les valeurs humaines telles que le respect ou la courtoisie.
Pour l’OCDE, les valeurs essentielles traditionnelles du service public tournent autour de trois
principes fondamentaux : l’intégrité du service public, sa continuité, et la légalité des
décisions. Ces valeurs essentielles traditionnelles justifient l’adoption pour les agents publics
d’un statut différent et « la redéfinition des valeurs essentielles du secteur public est devenue
14
un objectif stratégique clé dans de nombreux pays de l’OCDE dans le but de renforcer la
confiance du public ».
Les valeurs ne sont pas strictement compartimentées (ainsi les concepts de loyauté et de
liberté d’expression doivent être mis en relation). Les valeurs peuvent aussi se retrouver dans
plusieurs catégories. Ainsi, le sens des responsabilités est une valeur éthique, démocratique et
professionnelle.
On distingue aussi des valeurs d’abstention (ne pas discriminer, ne pas porter atteinte à la
position concurrentielle de l’autorité) et des valeurs d’action (être proactif).
Il existe des valeurs traditionnelles (égalité, obéissance, neutralité) et des valeurs nouvelles
(liberté d’action, innovation, transparence, prise de risque, satisfaction du client) qui
s’additionnent aux premières.
Les valeurs nouvelles sont en général plus des valeurs professionnelles (des lignes de
comportement pour être performant) que des valeurs morales.
La définition pratique de certaines valeurs a aussi mué, le traditionnel principe général du
changement (encore appelé mutabilité) permettant de modifier unilatéralement l’organisation
et les conditions de fonctionnement du service public s’est transformé en adaptation,
flexibilité. Certaines nouvelles valeurs ne sont donc pas nécessairement aussi neuves qu’on
pourrait l’imaginer. Elles ont simplement changé de parures.
Les nouvelles méthodes d’organisation et de gestion produisent un impact sur les valeurs
aussi bien démocratiques et éthiques que marchandes.
Les convictions générationnelles des fonctionnaires, les valeurs de fonctionnaires sont celles
de leur génération, selon Eleanor Glor. Dans le cadre du NPM, « les fonctionnaires sont
perçus comme des personnes extrêmement motivées par leurs propres intérêts. ». Le NPM
instille « un modèle économique de comportement » selon le même auteur, « les
fonctionnaires de la génération mature (nés avant 1945) partagent les valeurs que sous-tendent
la bureaucratie comme le besoin de règles, d’autorité et de conformité » et « Ils ont une
éthique commune du droit et de l’ordre ».
La nouvelle génération qui est la source principale des futurs fonctionnaires s’engage surtout
vis-à-vis de son groupe et pas du gouvernement : « Ils ne croiront pas les idéaux contenus
dans les codes », « Ils savent qu’il est difficile de trouver un emploi, c’est pourquoi ils n’ont
pas besoin qu’on leur dise de faire leur boulot. En outre ils le font honnêtement ».
15
Selon Glor, un code de valeurs destiné aux fonctionnaires ne pourrait s’adresser aux trois
générations en raison du décalage générationnel.
La plupart des valeurs introduites aujourd’hui dans l’administration publique ne sont plus
morales ou politiques. Elles sont professionnelles, économiques, axées sur le résultat,
pragmatiques voire opportunistes. Le système de valeurs est plus orienté vers l’innovation que
vers la transmission de pratiques ou de savoirs par les personnes les plus expérimentées.
Certains parlent de valeurs matérialistes indifférentes à l’humain. Les valeurs NMP sont dites
par certains « froides, calculatrices, et implacablement fonctionnelles ». En même temps,
selon d’autres auteurs, elles ouvrent des possibilités d’épanouissement personnel par les
promesses d’autonomie et de créativité dans le travail.
III- Les valeurs de l’éthique administrative et de la gouvernance
responsable
A- Les valeurs de l’éthique administrative
Alors que les notions de confiance, d’intégrité et de reddition de comptes paraissent évidentes,
en particulier lorsqu’elles sont présentées comme étant des remèdes aux maux dont souffrent
nombre d’institutions et d’administrations publiques, la notion d’éthique administrative
semble bien complexe. Cependant, elle ne peut produire des résultats efficients en l’absence
de la déontologie administrative qui elle se compose de l’ensemble des règles régissant un
secteur d’activités et se présente donc comme une source principale (un référentiel légal) de
l’éthique dans l’Administration publique.
A la suite de cette source légale de l’éthique, on peut mentionner comme base ou source
légitime :
-
les us et coutumes qui prévalent dans la culture sociétale acceptés comme convenances
publiques (vérité, justice, solidarité … etc.) ;
-
le civisme (l’attachement à la cité qui met en avant les intérêts collectifs et au second
rang ceux qui sont personnels et partisans) ;
-
les civilités (les bonnes manières de faire, de dire et de se comporter) ;
-
la Charte Nationale de la Gouvernance de développement du Bénin.
16
B- Les principes de la gouvernance responsable
Les critères fondamentaux servant de base à une bonne gouvernance et une gouvernance
responsable peuvent se résumer à :
-
Primauté au droit ;
-
Transparence ;
-
Prévisibilité ;
-
Responsabilité.
L’arbitraire et l’autoritarisme, qui s’opposent aux principes de l’Etat de droit où la règle d’or
est la primauté du droit, ne peuvent laisser prospérer une gouvernance responsable dès lors
que l’acteur public peut se baser sur l’utilisation abusive de la puissance pour violer les règles
et opprimer les sujets ou administrés.
Avec la montée d’un pouvoir non institutionnalisé que représentent les forces dites «
organisations de la société civile » qui tirent leur légitimité du peuple mandant, les
Administrations publiques ne peuvent plus continuer d’ignorer la pression sociale et la veille
citoyenne qui proviennent des masses populaires organisées.
L’action publique ne peut plus être « cachée » et non visible du citoyen. L’action publique
sera donc davantage légitimée en fonction du degré de transparence qui la caractériserait.
Il est apparu clairement, avec le développement des outils managériaux, que la gouvernance
est efficiente si elle est planifiée avec donc une prévisibilité de l’action publique permettant
aux citoyens de suivre et d’apporter leurs alternatives à la gouvernance dont ils sont
bénéficiaires ou victimes selon qu’elle apporte bien-être ou souffrance.
La bonne gouvernance ou gouvernance responsable va de pair avec le principe de
responsabilité, compatible à l’imputabilité ou l’acteur public répond personnellement de ses
actes devant l’autorité légale ou instances habilitées.
Il importe de souligner que la gouvernance publique ne peut s’améliorer en l’absence d’un
dialogue social et politique réel.
En effet, le dialogue social apparait comme le cadre privilégié devant servir de base à la
prévention et au règlement à l’amiable des conflits de travail, et des tensions sociales extra
professionnelles.
17
Quant au dialogue politique, il intéresse les pouvoirs publics et les acteurs du système partisan
en quête de l’exercice du pouvoir d’état (mouvance et opposition politiques).
Au Bénin, c’est la charte nationale pour la gouvernance du Bénin adoptée en novembre 2011
qui précise les principes de gouvernance responsable. Ainsi, la gouvernance pour le
développement du Bénin repose essentiellement sur les principes de développement de
conscience, de transparence, de responsabilité, d’imputabilité, d’obligation de résultat et de
compte rendu, de participation, de subsidiarité, d’efficacité, de développement durable, de
justice et d’équité.
Les principes spécifiques à chaque domaine de gouvernance sont :
• gouvernance politique : l’animation de la vie publique par les partis politiques ; la
transparence dans le financement des partis politiques ; l’alternance politique ; le respect de
l’autorité de l’Etat ; la gouvernance concertée ; l’éthique en politique ; la valorisation du statut
de l’opposition ;
• gouvernance administrative : la primauté de l’intérêt général ; l’efficacité et l’efficience des
services publics ; la culture du résultat ; la récompense du mérite et la juste sanction des fautes
; l’égalité des usagers devant le service public et l’Administration publique ; l’impartialité,
l’équité et le respect de la légalité dans les prestations de service public ; la continuité du
service public ; la décentralisation/déconcentration et le développement local participatif ;
• gouvernance sociale, culturelle et environnementale : la famille en tant qu’une institution de
transmission des valeurs ; la culture de la ponctualité ; l’efficacité et l’efficience dans la
redistribution de la richesse nationale ;
• le respect du genre notamment l’égalité de chance entre filles et garçons ; le civisme ; le
développement durable ; la participation des populations à la gestion de l’environnement ; la
valorisation des potentialités naturelles ; la prévention et la gestion des crises et catastrophes
naturelles ;
• gouvernance juridique, juridictionnelle et sécuritaire : le respect de l’Etat de droit et des
droits humains ; l’accessibilité de tous au droit et à une justice efficace et équitable ;
l’indépendance de l’appareil judiciaire ; la réduction des délais de jugement de justice ; la
célérité dans les procédures et l’exécution des décisions de justice ; l’impartialité dans la
répression des délits et infractions ; la protection du dénonciateur des fautes, délits et crimes ;
18
• gouvernance économique, financière et des entreprises : la rationalisation des finances
publiques ; le secteur privé comme moteur de l’économie et de la création des richesses ; la
programmation du développement à tous les niveaux ; l’intelligence économique ; la
responsabilité sociale des entreprises ;
• gouvernance du système de l’information, de la communication et de la technologie : la
liberté des médias ; l’accès aux sources de l’information ; la recherche scientifique ;
l’innovation ; le système informatique intégré ;
la régulation ; le pilotage du système de
l’information ;
• gouvernance de l’information statistique : la qualité de l’information ; le contrôle et la
crédibilité des statistiques ; l’exhaustivité et la pertinence des données statistiques.
IV- Le phénomène du manquement à l’éthique administrative et à la
gouvernance responsable
On ne peut pas exclure qu’il existe un phénomène plus ou moins étendu du manquement à
l’éthique dans l’administration ; sans doute n’est-il pas généralisé, mais il n’existe pas moins.
D’après ses manifestations, il est possible de s’arrêter sur certaines de ses causes.
A- Les manifestations
C’est un phénomène qui se manifeste dans plusieurs directions. Les exemples sont fort
nombreux, mais, pour l’illustration, on n’en retiendra que trois.
1 – L’abus des privilèges
De par leur importance et les missions assignées à leurs titulaires, certaines fonctions
impliquent toute une série d’avantages qui se rattachent à la nature de leur exercice. Ces
avantages peuvent être de divers ordres et naturellement varier d’une fonction à l’autre.
Ainsi en est-il des postes de responsabilité où, très souvent, on peut remarquer une utilisation
personnelle fort abusive de tout ce qui appartient à l’administration. On n’ira pas jusqu’à dire
qu’un fonctionnaire ne doit strictement pas faire usage du téléphone à des fins purement
personnelles, mais nous pensons plutôt à celui qui n’utilise jamais le sien. Ceci n’est qu’une
illustration parmi d’autres.
L’abus peut également toucher les véhicules administratifs qui deviennent à la disposition de
la famille proche et même lointaine. Et la situation devient caricaturale lorsque certaines
factures personnelles émargent au budget de l’administration et que cela devient un acte
19
routinier contre lequel froncer les sourcils signifie que l’on est complètement en dehors des
règles du jeu !
2 – La corruption et la concussion
Tout le monde se souvient encore de ce rapport de la banque mondiale publié en 1995 où une
grande partie avait été consacrée à la corruption. Il y était écrit : « La corruption semble être
une réalité ».
Il n’est pas nécessaire de revenir sur cette affirmation que l’on ne peut malheureusement pas
démentir. Le vécu quotidien et ce que les usagers de l’administration n’ont de cesse de
dénoncer confirment la triste réalité qui ne peut être ignorée que par quelqu’un qui ne désire
rien voir ou reconnaître. On peut, nous semble-t-il, distinguer entre trois formes de corruption.
- La corruption élégante
Appelée ainsi du fait que ceux qui l’exercent le font avec une discrétion telle qu’elle peut
passer presque inaperçue. Il s’agit de cadeaux coûteux et réguliers que le responsable
administratif reçoit et accepte à l’occasion des fêtes de fin d’années par exemple. De la sorte,
il devient l’obligé et le débiteur de la personne qui lui témoigne une amitié que seul un
corrompu peut qualifier de désintéressée. Ces cadeaux ont leur prix : asservir le responsable
administratif et maîtriser son pouvoir de décision qui devient grevé d’hypothèques.
- La corruption détournée
Elle se rapproche de la première à la différence qu’au lieu d’être régulière, elle est marquée
par une espèce de ponctualité. Le cadeau arrive pour préparer la décision quelque temps avant
qu’elle ne soit formulée. Il y a alors un dialogue muet qui s’instaure entre les deux acteurs qui
savent parfaitement que ce qui vient d’être reçu appelle une contrepartie et que rien n’a lieu
pour rien.
- La corruption vulgaire
C’est la plus criarde et la plus fruste des corruptions. Elle est pratiquement négociée et dans
certains cas, elle fait intervenir quelque intermédiaire qui tâte le pouls pour s’enquérir du
degré de réceptivité du partenaire et également du prix de la transaction.
Dès lors qu’elle donne satisfaction des deux côtés, elle devient un moyen efficace et, dece
fait, inévitable. En somme, une procédure nouvelle, supplétive, qui s’enkyste dans la pratique
administrative.
20
3 – L’enrichissement rapide ou miraculeux
Le principe est qu’une fonction publique ne saurait enrichir. Pourtant que de cas flagrants
démentent cette naïveté. Certaines fonctions constituent des sources d’enrichissement pour
ceux qui les occupent. Et dans le monde de la Fonction publique, de même que l’on peut
relever des cas de fonctionnaires qui durant toute leur carrière n’arrivent même pas à s’acheter
une maison d’habitation, et qui accèdent à la retraite avec presque ce qu’ils possédaient au
moment de leur entrée en fonction, de même que l’on peut relever des cas d’enrichissement
miraculeux qui incitent à s’interroger sur l’origine d’une fortune injustifiée. Leur présence ou
leur passage dans l’administration constitue l’un et l’autre un moyen de changement radical
de leur statut social. Si bien que si l’on s’amuse à calculer tout ce qu’ils ont perçu comme
salaires au long de leur carrière, en supposant qu’ils n’ont jamais dépensé un seul sou, on a le
plus grand mal à arriver au montant global de leur capital ou de leur patrimoine. Nous
pensons à cette catégorie de fonctionnaires aux origines notoirement très modestes et qui, en
fin de carrière, deviennent des hommes d’affaires qui ne demandent qu’à être oubliés. Sans
doute ne sont-ils pas nombreux, mais ils existent.
Telles sont quelques illustrations du phénomène du manquement à l’éthique. Il y en a peutêtre d’autres, mais elles nous ont semblé les plus éloquentes et les plus courantes. Mais peuton parler du phénomène sans s’arrêter sur quelques-unes de ses causes ?
B- Les causes
On ne saurait sans prétention tenter de cerner l’ensemble des causes qui sont à la base du
manquement à l’éthique au sein de l’administration. Une telle entreprise nécessite une étude
sérieuse, fondée sur des données issues d’enquêtes et d’analyses. A défaut de cela, il semble
possible de relever ce qui d’emblée apparaît comme permettant la création d’un
environnement favorable au développement du phénomène : c’est l’indifférence de la société.
Parler d’indifférence est un euphémisme. En réalité, c’est de tolérance qu’il s’agit. Dans une
certaine conception populaire, heureusement de moins en moins répandue, on conçoit
parfaitement qu’un poste de responsabilité constitue pour son détenteur une source
d’enrichissement tout à fait légitime. Se faire de l’argent là où celui-ci passe devant soi n’est
pas quelque chose de vraiment condamnable. C’est se faire son beurre.
La question du pourboire, que l’on appelle très simplement « le café », est une pratique à
laquelle se soumet toute une frange de la population quand il s’agit parfois d’avoir ne serait-ce
qu’un papier administratif ou de bénéficier du silence de l’administration au niveau local. Il
21
suffit de voir les constructions illégales dans certaines cours d’immeubles ou sur leurs
terrasses pour se convaincre que ceci ne peut pas se faire sur des jours et des jours sans que
les responsables ne fassent preuve de cécité. Et sans, bien entendu, qu’il n’y ait eu quoi que ce
soit qui les incitent à exercer leur contrôle les yeux fermés. A cet égard, on peut multiplier les
exemples et remarquer avec amertume que dans bien des domaines, pour citer Shakespeare,
lorsque l’argent précède, toutes les portes s’ouvrent !
Par ailleurs, de temps à autre, on assiste à des publications d’articles de journaux dénonçant
des cas de corruption ou de détournements de deniers publics, chiffres à l’appui, mais le plus
souvent cela reste sans suite. Aucune action en diffamation n’est intentée, ce qui prouve que
celui qui ne l’intente pas est loin de n’avoir rien à se reprocher. Pire encore, aucune enquête
n’est ouverte, on préfère classer le fait divers. Ce qui n’est pas sans contribuer à la création
d’un climat d’impunité où la différence entre ce qui est juste et ce qui est condamnable
devient une question extrêmement difficile à établir.
Le plus curieux est que malgré le fait que l’on n’ait plus aucun doute sur l’existence et
l’ampleur du phénomène du manquement à l’éthique dans l’administration en général et de
celui de la corruption en particulier, jamais on n’en a parlé de manière franche dans un
quelconque projet de réforme administrative. Certes, il y est quelquefois question de
moralisation, terme feutré et très discret par rapport à ce qu’il désigne, mais convenons qu’en
persistant à minimiser le mal et son effet délétère, on perd de vue le remède qui lui convient.
En fait de remède, reconnaissons qu’il n’y en a pas vraiment. Car, par définition, un remède
c’est quelque chose qui annihile ce que l’on cherche à combattre. Néanmoins, ceci n’exclut
pas la possibilité d’opter pour certaines mesures tendant à réduire le phénomène.
C- Les dérives : le cas au Bénin de la deuxième phase du Programme
Pluriannuel d’appui au secteur de l’Eau et de l’Assainissement (PPEA-II)
En effet,
le Royaume des Pays-Bas, par la voix de sa ministre adjointe pour le
Développement, Lilianne PLOUMEN a suspendu le mercredi 6 Mai 2015 son aide bilatérale
au gouvernement du Bénin en raison d’acte de prévarication découvert à la suite d’un audit
de performance technique et financière lancé en 2014. Selon le communiqué, quatre millions
d’euros, soit 2,6 milliards de FCFA versés pour des projets d’accès à l’eau potable s’étaient
évaporés. La ministre a précisé que l’aide était interrompue jusqu’à ce que le gouvernement
béninois prenne des mesures concrètes pour mettre un terme à la fraude. Après le cas du
Danemark qui a suspendu son aide au Bénin, l’histoire se répète et la gouvernance
22
économique du Bénin expose ses tares au grand jour. Ce scandale, aux conséquences montre à
quel point la crise des valeurs a établi son règne dans l’administration publique béninoise en
même temps qu’il ouvre les conjectures pour le rétablissement de la bonne gouvernance.
Le Bénin faisait partie de la liste restreinte des 15 pays de concentration de l’aide publique au
développement. Le partenaire hollandais intervient au Bénin depuis 43 ans et reste le plus
grand contributeur du pays en matière de projets d’accès à l’eau potable. La Hollande a axé
ses programmes d’aide au développement sur le développement du secteur privé, la santé
reproductive et les droits sexuels, l’eau, l’hygiène, l’assainissement et la sécurité alimentaire.
La fraude découverte a été commise dans le cadre de la deuxième phase du Programme
Pluriannuel d’appui au secteur de l’Eau et de l’Assainissement (PPEA-II). L’appui financier
porte sur un montant de 40,524 milliards de FCFA pour la période 2013-2015. Le montant
détourné est estimé à 2,6 milliards de FCFA (comme on le disait plus haut) soit 6% dudit
programme. L’audit a révélé que des dépenses ont été effectuées sans autorisation et des
sociétés nouvellement créées se sont vu attribuer d’importantes sommes d’argent. A l’horizon
2018, le PPEA aurait pu bénéficier d’un nouvel appui qui serait focalisé sur : la gestion et
l’extension du système d’eau dans les zones rurales avec un accent particulier sur le stockage
à petite échelle. Cette possibilité restera définitivement à l’étape de souhait si le
gouvernement béninois ne prend pas de réelles mesures pour améliorer la qualité de sa
diplomatie et faire face à ses problèmes de crise de valeur et de manque de pro activité.
1- Le manque de pro-activité
Se fondant sur les dispositions de l’article 110 du règlement intérieur de l’Assemblée
nationale, un député a exigé du gouvernement des explications concrètes pour éclairer
l’opinion publique. Une telle demande d’explication est certes à louer mais elle témoigne du
manque de pro-activité du citoyen béninois en général en ce qui concerne la demande de
transparence et de reddition de compte de son gouvernement. En réalité, avant le communiqué
de la ministre adjointe néerlandaise, la presse béninoise a fait part de l’avertissement des Pays
Bas de suspendre son aide ; aucune réaction officielle n’a été enregistrée. Il y a un besoin
patent que les différentes parties prenantes établissent un système efficace de prévention de
crise. Les parlementaires et les organisations de la société civile devront mettre en place des
mesures concrètes pour astreindre le gouvernement à une transparence dans la gestion
économique et à une reddition effective de comptes. Malheureusement, le vote pour la levée
23
de l’immunité parlementaire du Ministre en charge de l’eau, devenu entre-temps « Honorable
Député » n’a pas prospéré.
2- Des erreurs diplomatiques
Il y a eu bon nombre de scandales liés à la gouvernance au Bénin (ICC, Cen-Sad, etc.). Dans
certains de ces scandales, le Président de la république a indiqué ne pas être au courant. Ce
n’est pas le cas dans le scandale actuel où la première autorité du pays était informée avant le
communiqué de la ministre adjointe néerlandaise.
A l’issue du conseil extraordinaire des ministres du mardi 07 avril 2015, le gouvernement
avait décidé de mettre sur pied un Programme d’urgence 2015 pour l’alimentation en eau
potable en zone rurale. Ce programme, qui ressemble à s’y méprendre au projet néerlandais
pour lequel la fraude a été commise, devait être financé pour la somme de 3 milliards à
mobiliser auprès des sociétés et offices d’Etat et des opérateurs de GSM. Ce projet non
budgétisé et inexistant dans le programme annuel d’activité du gouvernement suggère une
décision prise à la hâte pour cacher une irrégularité et envoie un signal éloquent aux
partenaires néerlandais.
En outre, dans ce dossier, le ministre de l’économie et des finances est monté au créneau pour
signifier à l’opinion publique que le gouvernement n’était pas au courant du rapport d’audit.
Ceci a suscité la réaction de l’ambassade qui a sorti un second communiqué qui discrédite
définitivement le gouvernement béninois dans ce dossier. De telles erreurs diplomatiques
peignent une image négative du Bénin sur la scène internationale. Il faudra améliorer la
communication à cet égard et décourager par des actes officiels tout mensonge publique.
3- Une crise de valeur
Les agents du ministère à différents niveaux manquent de prendre leur responsabilité morale
par rapport à une situation qui entache la réputation de l’institution qui leur assure leur
revenu.
Face à une telle situation, le gouvernement béninois devra innover en envoyant, par exemple,
en formation aux Pays-Bas ses fonctionnaires qui occupent des postes stratégiques. Ces
formations dans le pays partenaire devront porter sur les thèmes de la bonne gouvernance, la
responsabilité civique et morale, la transparence et la reddition de compte. Une telle initiative
permettra aux fonctionnaires béninois de s’exposer aux bonnes pratiques en matière de bonne
gouvernance et d’intégrité. Ils deviendront les ambassadeurs des valeurs apprises au sein de
24
leurs institutions et contribueront à mettre en place des systèmes efficaces qui promouvront la
prise de responsabilité morale et la bonne gouvernance. Ceci permettra à la Hollande de se
rendre compte de la volonté du gouvernement béninois de restaurer la confiance avec son
partenaire de 43 ans. Par ailleurs, de façon progressive, l’accent devra être mis sur une
coopération économique gagnant-gagnante par les deux pays pour réduire les effets pervers de
la corruption inhérente au système de l’aide.
En matière de gouvernance, le Bénin et les Pays-Bas parlent des langues aussi différentes que
le français et le néerlandais. En effet, les Pays-Bas sont classés 7ème et le Bénin 126ème
d’après le rapport 2011 de l’indice de la gouvernance mondiale. Au risque de perdre d’autres
partenaires après le Danemark et dans le but de profiter de la coopération bilatérale avec ses
pays partenaires, le Bénin devra consentir des efforts réels pour améliorer la qualité de sa
diplomatie et apporter des solutions concrètes à ses problèmes chroniques de manque de proactivité et de crise de valeur.
V- Les institutions nationales de promotion de l’éthique administrative et
de la gouvernance responsable au Bénin
1- Les institutions en charge de la promotion de l’éthique administrative
L’éthique n’étant pas une notion étrangère au champ public, elle est une valeur essentielle à la
promotion d’une Administration publique de développement dès lors qu’elle renforce le
sentiment d’appartenance à un groupe auprès de l’agent public et anoblie les relations
interprofessionnelles de ce dernier avec les autres acteurs des groupes au sein desquels il
opère.
Ainsi, les institutions en charge de la prévention, du règlement et de l’arbitrage des différents
comme des conflits sont- elles tous membres du corpus en charge de la promotion de l’éthique
administrative.
Au Bénin, on peut noter :
- le Comité de Direction (regroupant les principaux responsables d’une organisation, société,
ministère … etc.) ;
- le Conseil de discipline (qui statue en cas de faute répréhensible) ;
- le Comité Paritaire Mixte de la Fonction Publique (qui statue sur les conflits de travail dans
le secteur public) ;
25
- le Conseil National du Travail (qui statue sur les conflits de travail dans le secteur privé).
- le Cadre de Concertation Gouvernement Centrales Syndicales ;
- le Haut-Commissariat à la Gouvernance Concertée ;
- le Haut-Commissariat à la Solidarité ;
- les Comités sectoriels de dialogue social ;
- les institutions constitutionnelles socio-administratives et juridico-judiciaires (Cour
Constitutionnelle, Cour Suprême, Haute Cour de Justice, Conseil Economique et Social,
Haute Autorité de l’Audiovisuelle et de la Communication, La Médiature… etc.).
2- Les institutions en charge de la promotion de la gouvernance responsable
L’action publique ne saurait parvenir à sa finalité qui est de servir le citoyen si elle n’est pas
soumise au contrôle et à l’évaluation publique.
Au Bénin, des mécanismes de contrôle tant au niveau interne et l’externe à l’Administration
publique sont mis en place pour promouvoir une action publique efficiente (rapport
qualité/coût).
A l’interne, on peut mentionner :
- les inspections dont notamment :
GE) ;
- les Organisations syndicales (qui jouent le rôle de partenaire social et de contrepouvoir) ;
A l’externe, on peut mentionner :
- la Cour Suprême (à travers la Chambre des Comptes)
- l’Assemblée Nationale (dans sa prérogative du contrôle de l’action gouvernementale) ;
- les Juridictions (à l’occasion des plaintes ou des auto-saisines).
26
3- Les autres institutions et organismes
3.1-
SP/MAEP
:
Secrétariat
Permanent
du
Mécanisme
Africain
d’Evaluation par les Pairs
Le secrétariat est chargé principalement du suivi et de l’évaluation des avancées des pays en
matière de Gouvernance dans le but de contribuer au respect des normes de convergence du
MAEP ; d’améliorer l’état de la gouvernance et accroitre l’efficacité de l’action publique.
Dans cette optique, il a été assigné au Secrétariat permanent du MAEP de promouvoir la
transparence de l’action publique, de faire le suivi évaluation de la mise en œuvre des
recommandations du MAEP, de participer à toutes les instances et réunions de l’Union
africaine, du MAEP, du NEPAD ainsi qu’à toutes les rencontres internationales en relation
avec la gouvernance, de sensibiliser de façon permanent la population sur la bonne
gouvernance et la citoyenneté.
3.2- Social Watch (Contrôle Citoyen)
Social Watch est une initiative internationale des organisations de la société civile impliquées
dans les processus de suivi des résolutions des Nation Unies par rapport au Sommet Social
pour le Développement de Copenhague et à la Quatrième Conférence Mondiale sur les
femmes à Beijing.
Social Watch International a été créé en 1995 et est formé d’Organisations Non
Gouvernementales, d’Institutions, ou de Groupes de citoyens nationaux, ayant pour but de
participer, au niveau de la Société civile, au contrôle et au suivi de la mise en œuvre des
engagements pris à l’échelle internationale par les gouvernements et les institutions
internationales à travers des évaluations, des rapports et à travers l’organisation de plaidoyers
afin de susciter la volonté politique nécessaire pour la mise en œuvre de ces engagements.
Social Watch International envisage de développer des approches participatives pour créer des
espaces pour le dialogue et l’échange au sein des OSC et avec les gouvernements,
d’influencer les politiques de développement social et de provoquer un changement positif.
Ceci se traduit par l’organisation de larges coalitions, le renforcement de mouvements à la
base en particulier les capacités des pauvres et de leurs organisations au niveau local en vue
de leur participation effective au processus de développement.
27
Dans la mesure où les Objectifs du Millénaire pour le Développement résument l’esprit de
Copenhague et de Beijing, leur suivi est un pas conséquent correspondant à la stratégie qui est
à la base du réseau Social Watch.
Social Watch International a comme objectif prioritaire de faire rendre compte aux
gouvernements des promesses qu’ils ont faites lors des conférences internationales sur le
combat de pauvreté et l’égalité des sexes.
VI- Recommandations
• promouvoir une gouvernance globale, harmonieuse et intégrée de tous les secteurs de la
société béninoise notamment le secteur public, le secteur privé et la société civile ;
• respecter les principes de transparence, de responsabilité, d’imputabilité, de reddition des
comptes, d’efficacité, d’équité et d’évaluation publique à tous les niveaux de la vie politique,
économique et sociale ;
• faire prévaloir, en toutes circonstances, l’intérêt général sur l’intérêt particulier ou partisan ;
• gouverner par l’exemple en se fondant sur les valeurs morales et républicaines et en
recherchant l’efficacité ;
• mettre en place une administration républicaine et performante dirigée et animée par des
femmes et des hommes intègres en toutes circonstances, qui se réfèrent à un système de
valeurs et des principes qu’ils sont prêts à incarner, à promouvoir et à imposer comme normes
et règles de conduite à tous les niveaux de la société en général et de l’Administration en
particulier ;
• promouvoir le mérite professionnel à tous les niveaux de l’Administration publique et des
Institutions sans discrimination ;
• respecter effectivement l’égal accès de tous les clients usagers aux prestations de
l’Administration publique et leur droit à l’information et à la communication ;
• travailler sans relâche pour la compétitivité de l’économie et le mieux-être par la recherche
du vrai, du bien et du beau grâce à la science et à la technologie ;
• privilégier, avant tout, l’intérêt général dans les prises de décisions ;
• susciter et encourager le Partenariat Public/Privé ;
• doter les pays africains de tous les instruments et normes de lutte contre la corruption, en
assurer leur mise en œuvre et bannir la culture de l’impunité ;
• promouvoir la culture de paix et de cohésion sociale ;
• incarner et promouvoir à travers leurs comportements les valeurs à tous les niveaux de la
société,
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• respecter en toutes circonstances le bien commun ;
• respecter les lois, règlements et Institutions de la République ;
• cultiver l’esprit de paix et de cohésion sociale ;
• accepter l’autre, dans sa différence, avec un esprit de tolérance ;
• faire preuve de dignité et de discipline.
CONCLUSION
Le processus de démocratisation en cours en Afrique est toujours dans une phase
embryonnaire et ne peut se consolider que si cette expérience démocratique rime avec le
développement qui est la promesse du bien-être pour tous.Malheureusement, après un quart
de siècle de pratique démocratique, les populations considèrent toujours comme un rêve cet
état de bonheur ou de prospérité promis. L’amélioration des conditions de vie de la population
devient donc une impérieuse nécessité que doit relever les gouvernants avec l’appui et la
contribution des gouvernés.Cette condition ne peut être remplie que si les gouvernants
arrivent à améliorer les performances économiques qui passent par une gouvernance
améliorée, un état de droit promu.
Les gouvernants à eux seuls ne peuvent être responsables. D’autres acteurs, non étatiques ont
une certaine influence certaine sur les pouvoirs publics et donc une part de responsabilité à
assumer. La veille citoyenne et le contrôle de l’action publique apparaissent donc comme des
préalables à une gouvernance de qualité, responsable respectueuses des valeurs de l’état de
droit donc principalement la primauté du droit et l’égalité de tous devant la loi.
Ceci nous rappelle une phrase du grand maître du droit que fut Jean Rivero, dite dans un
domaine peut-être différent du nôtre, mais résumant ce par quoi nous aimerions clore: «
L’essentiel pour une civilisation, n’est pas que la règle soit obéie, mais qu’au moment
même où elle est violée, le violateur se sente coupable d’une transgression ». Par contre,
en ce qui concerne les manquements à la gouvernance responsable elle doit être prise en
compte par le renforcement de l’arsenal juridique existant et surtout par la publication des
résultats des audits et des rapports des organes de contrôle de l’Administration publique.
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REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
Articles
- Ethique et administration, par Mohammed Amine BENABDALLAH (2008) Professeur à
l’Université Mohammed V Rabat-Souissi ;
- Gouvernance en Afrique : Etat des lieux, par Tchabouré Aimé GOGUE (2001)Professeur à
la Faculté des Sciences Economiques et Sciences de Gestion (FASEG), Université de Lomé ;
- L’éthique administrative à l’épreuve de ses usages, par Alexandre PIRAUX (Pyramides
numero16) ;
- Le Bénin à l’épreuve de la Gouvernance économique, par Renauld Alain AKAKPO (2015) ;
- Société civile et nouvelle gouvernance au Bénin : quelques réflexions illustrées à partir de
l’analyse du nouveau secteur ONG à Cotonou, par Gautier PIROTTE et Marc PONCELET
(2003)
Documents sur le Bénin
- la Constitution du 11 décembre 1990 ;
- la loi n°86-013 du 26 février 1986 du 26 février 1986 portant Statut Général des Agents
Permanents de l’Etat ;
- la loi n° 98-004 du 28 janvier 1998 portant Code du Travail en République du Bénin et les
textes subséquents ;
- la loi n°2011-20 du 12 octobre 2011 portant lutte contre la corruption et autres infractions
connexes en République du Bénin ;
- le Décret n°2008-377 du 24 juin 2008 portant régime juridique d’emploi des agents
contractuels de l’Etat ;
- le Décret n°2008-813 du 31 décembre 2008 portant code des valeurs et d’éthique de la
Fonction publique ;
- Charte nationale pour la gouvernance du développement du Bénin ;
- la corruption et la gouvernance au Bénin : rapport des résultats de l’enquête diagnostique
(juin 2007) ;
- la réforme administrative au Bénin : document-cadre ;
30
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République du Bénin.
CAFRAD, 2010
31
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