appréhender, voire impossible, car seuls des prélèvements discrets et des analyses ultérieures en
laboratoires (par cytométrie en flux, biologie moléculaire, microscopie, etc.) sont susceptibles de fournir
cette information. Il n’existe donc pas pour l’instant de système d’analyse automatique et in situ capable
de les détecter et de les quantifier très rapidement (voire en temps réel).
Parmi les méthodes d’investigation à l’échelle cellulaire, la cytométrie en flux est une
technologie qui s’impose de plus en plus en microbiologie marine car elle permet l’analyse à haute
vitesse des cellules (plusieurs milliers de cellules analysées par seconde). Ces cellules sont entraînées par
un liquide vecteur et sont interceptées une par une par une source lumineuse (un ou plusieurs lasers) et
les propriétés optiques de diffusion de la lumière et d’émission de fluorescence permettent de
discriminer les différents groupes de cellules présents, ainsi que leur concentration dans l’échantillon.
L’analyse rapide et sa haute résolution qui permet de détecter les bactéries et les virus (Marie et al.,
1999) permettent d’envisager l’étude de la distribution des assemblages microbiens à une fréquence
impossible par des méthodes plus conventionnelles (type microscopie).
Notre laboratoire est équipé de cytomètres non conventionnels, le CytoSub et le Cytosense
(Dubelaar et al., 1999, Dubelaar et Jonker, 2000), conçus spécialement pour l’analyse du phytoplancton.
Leur conception permet l’analyse de grosses particules (dans la gamme 1-1000 µm) et l’enregistrement
du profil des signaux générés lors de l’interception des particules par le faisceau laser. Cette information
complémentaire qui autorise l’analyse des chaînes de cellules n’est pas disponible sur des cytomètres
plus conventionnels limités à une classe de taille < 10 μm. De plus ces cytomètres sont autonomes et
peuvent être déployés in situ ou sur le terrain (navire, laboratoire mobile, local dédié). Il permet une
analyse automatique qui peut aller jusqu’à un échantillon toutes les 10 minutes. Notre laboratoire fait
partie des pionniers dans l’utilisation de cet instrument (thèse de Thyssen M.) et les travaux réalisés soit
en immergeant le cytomètre in situ, soit en l’utilisant à bord d’un navire d’opportunité a fait l’objet de
plusieurs publications (Thyssen et al, 2008 a, 20008b et 2008c ; Malkassian et al 2011).
Actuellement notre groupe s’intéresse au phytoplancton de l’étang marin de Berre, zone
soumise à de nombreux forçages naturels et anthropiques. Dans le cadre d’un projet soutenu par l’INSU
(projet EC2CO « MISE ») un monitorage automatisé du phytoplancton par cytométrie est prévu à
différentes périodes afin de mettre en évidence la dynamique de ces assemblages en fonction des
variables environnementales. Le stage que nous proposons offre la possibilité de participer à ce projet
non seulement en travaillant sur l’analyse des données déjà acquises, mais aussi en participant aux
prochaines campagnes. L’objectif du stage est de caractériser la diversité du phytoplancton de l’étang et
de suivre la dynamique des groupes phytoplanctoniques définis par cytométrie. La haute fréquence
d’analyse (toutes les heures) et l’analyse à l’échelle individuelle permettent de déterminer le cycle
cellulaire de ces groupes. Un effort particulier sera consacré à l’étude de l’influence d’évènements
sporadiques (régime de vent, apports d’eau douce, etc) sur la dynamique de ces groupes
phytoplanctoniques, aussi bien en termes de variation d’abondance (biomasse) que de modification du
rythme cellulaire. L’originalité du projet réside dans la capacité d’étudier des évènements sporadiques
généralement hors de portée de méthodes d’échantillonnage classiques (manuellement à partir d’un
navire).
Références citées :
Antoine D (1998). Apports de la télédétection spatiale de la "couleur de l'Océan" à l'océanographie.
Océanis, 24:81-150.
Dubelaar GBJ, Gerritzen PL, Beeker AER, Jonker RR, and Tangen K (1999). Design and first results of
CytoBuoy a wireless flow cytometer for in situ analysis of marine and fresh waters. Cytometry,
37:247-254.
Dubelaar GBJ, and Jonker RR (2000). Flow cytometry as a tool for the study of phytoplankton. Scientia
Marina, 64:135-156.