L’ACTION PUBLIQUE DE LUTTE CONTRE LE VIH/SIDA
ACTEURS, CONTROVERSES ET DYNAMIQUES
Analyse comparée à partir des exemples sud-africain, burkinabé et camerounais
Depuis un peu plus de vingt cinq ans, les sciences humaines et sociales essaient de
comprendre et d’interpréter les dynamiques de l’épidémie de VIH/Sida. La science politique
africaniste est cependant en marge de ce mouvement cognitif malgré le développement de
nombreux paradigmes sur les politiques publiques. Cette méfiance de l’africanisme à l’égard
du VIH/Sida manifeste vraisemblablement une sorte de souffrance épistémologique
fortement liée à ce trop plein d’institutionnalisme des politiques publiques, adoubé par le fort
étatisme qui caractérise encore les études africaines en science politique. A tel point qu’elles
ne s’intéressent pas aux autres acteurs sociaux désormais présents dans la fabrication des
objets politiques, au-delà de la rigidité de l’Etat classique par ailleurs introuvable dans les
mécanismes de gouvernance du VIH/Sida en Afrique. Pourtant, à bien y réfléchir, l’épidémie
de VIH/Sida produit des effets incontestablement politiques : elle génère et entretient des
enjeux de pouvoir ; elle interroge les mécanismes de gouvernance des problématiques
sociales ; elle révèle la désétatisation de l’espace public par des formes d’entrées non électives
mais participatives, etc. A cet effet, elle renouvelle les paradigmes de l’Etat en Afrique en les
transposant sur les acteurs qui émergent à côté de l’Etat dans la production de l’action
antisida. Cette thèse analyse les dynamiques de l’épidémie de VIH/Sida à partir des théories
et des concepts produits par la science politique, en ciblant dans une sorte de comparaison, le
rôle et la place des acteurs politiques et associatifs, des controverses et des dynamiques de
l’épidémie, dans la construction politique du VIH/Sida en Afrique du Sud, au Burkina Faso et
au Cameroun.
Mots clés : Action publique, ARV, Agenda gouvernemental, Afrique du Sud, Burkina Faso,
Cameroun, Changements sociaux et politiques, Mobilisations collectives, ONG, Politiques
d’accès aux traitements, Politisation, Société civile, VIH/Sida.
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PUBLIC ACTION IN THE FIGHT AGAINST HIV/AIDS
ACTORS, CONTROVERSIES AND DYNAMICS
A comparative analysis of South African, Burkinabe and Cameroonian cases
For more than twenty-five years, human and social sciences have been trying to understand
and to interpret the dynamics of the HIV/AIDS epidemic. However, African studies in
political science are at the margins of this cognitive movement despite the development of
paradigms on public policies. This mistrust of Africanist towards HIV/AIDS research
expresses an epistemological limitation related to the dominance of institutional and statist
approaches that still characterize African studies in political science. An outcome of this
mistrust is a disinterest in non-state social actors that are active in the making of political
objects, especially considering the absence of the state in the governance of HIV/AIDS in
Africa. However, the HIV/AIDS epidemic incontestably produces political effects: it
generates and maintains power struggles; it questions the mechanism of the governance of
social problems; it reveals the withdrawal of the state from public space in favour of non-
elected but participative forms of entry into public space. As a result the HIV/AIDS epidemic
necessitates the renewal of research paradigms on the state in Africa and their transposition
onto the civil actors that emerge alongside the state in the fight against HIV/AIDS. This thesis
analyses the dynamics of the HIV/AIDS epidemic using political science theories and
concepts and a comparative approach to the role and the place of political and associative