Troubles des cordes

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Le Temps de la Médecine
LE TEMPS DE LA MEDECINE
Soigner la voix
Les pathologies des cordes vocales
Les pathologies des cordes vocales sont nombreuses et variées. Les altérations de la voix qu'elles
entraînent ne sont cependant pas pathognomoniques, de même qu'il n'existe pas de corrélation entre le
degré d'altération de la voix et la taille de l'éventuelle lésion responsable. Panorama des troubles les plus
fréquemment rencontrés avec le Dr Elizabeth Fresnel, phoniatre (Laboratoire de la voix, Paris).
Les dysphonies dysfonctionnelles sans lésion des cordes vocales
C'est le motif de consultation le plus fréquent, avec plus de 2 patients sur 3 concernés. Elles ont en général
pour origine un malmenage ou un surmenage vocal et sont dues à une fuite d'air lors de la phonation, par
insuffisance de pression glottique, alors même que les cordes vocales sont anatomiquement normales.
Le plus souvent postérieures, ces fuites peuvent également être médianes (glottes ovalaires) ou, plus
rarement, antérieures. La voix est tout d'abord voilée puis une compensation s'effectue avec un forçage
vocal et le cercle vicieux fatigue-forçage vocal s'installe. Le traitement est orthophonique et, si le patient est
motivé, les résultats sont bons dans 100 % des cas.
Dans ce cadre des dysphonies dysfonctionnelles entrent également : les dysphonies liées à un reflux
gastro-œsophagien, pathologie fréquente chez les professionnels de la voix en raison des fortes pressions
intra-abdominales et de l'anxiété ; les dysphonies psychogènes.
Le nodule
Conséquence d'un dysfonctionnement ou d'un malmenage des cordes vocales, le nodule est fréquent chez
l'adulte mais également chez l'enfant qui crie, notamment lors des matchs de foot (l'arrêt du foot entraîne
d'ailleurs sa disparition...). Il est responsable d'une dysphonie avec aggravation progressive évoluant par
cycle.
Toujours placé à l'union des tiers antérieur et moyen des cordes vocales, il est le plus souvent bilatéral, en
vis-à-vis, et le diagnostic pose peu de problèmes.
Le traitement consiste en premier lieu en une rééducation vocale, une indication opératoire pouvant être
éventuellement posée pour les « vieux » nodules.
Le polype
Lui aussi souvent secondaire à un malmenage vocal, le polype est responsable d'une dysphonie, avec une
voix grave, voire bitonale. De forme lisse ou mamelonnée, d'implantation sessile ou pédiculée, il est en
général hémorragique.
Si une rééducation orthophonique ne le fait pas disparaître, il faut procéder à une chirurgie sous
laryngoscopie en suspension, impérativement suivie d'une rééducation pour éviter une récidive.
Le polype peut être favorisé par une intoxication alcoolo-tabagique ou une exposition aux poussières.
Le cancer des cordes vocales
Si, comme pour les autres pathologies des cordes vocales, la dysphonie est le contexte clinique révélateur
d'un carcinome, il n'en reste pas moins que celui-ci peut être l'évolution finale de zones de dysplasies,
particulièrement chez les fumeurs. C'est pourquoi il est indispensable que des dysplasies laryngées
diagnostiquées et traitées précocement soient l'objet d'une surveillance rapprochée chez des patients
toujours exposés au tabagisme.
Le traitement peut, selon le stade du carcinome, aller jusqu'à la cordectomie, voire la laryngectomie
partielle ou totale. Il est aujourd'hui démontré que l'arrêt du tabac entraîne une réversibilité des lésions
dysplasiques, tout au moins quand elles sont simples ou moyennes.
La laryngite aiguë
Due à une infection virale ou bactérienne, la laryngite aiguë peut être également d'origine allergique. C'est
une inflammation aiguë du larynx avec un œdème cordal d'aspect inflammatoire, éventuellement
ecchymotique. Sous traitement, essentiellement médical (aérosolthérapie, antibiotiques, corticoïdes), et
repos vocal l'évolution est favorable en 1 à 7 jours. Il est utile également de supprimer tous les irritants
prédisposants : tabac, alcool, poussières, froid, humidité...
Les paralysies laryngées
Le plus souvent unilatérales, elles se caractérisent par une voix soufflée, d'intensité diminuée, dysphonie à
laquelle peuvent s'associer des troubles de la déglutition. Souvent évident à l'oreille, le diagnostic est
confirmé par stroboscopie qui met en évidence une corde immobile.
De nombreuses étiologies sont possibles (centrales, bulbaires, périphériques) mais les causes les plus
fréquentes en pratique sont d'origine postvirale et celles liées à la chirurgie du cou, à la neurochirurgie des
hernies discales cervicales et à la chirurgie cardio-thoracique ou pulmonaire.
La dysphonie spasmodique
C'est une dystonie rarissime (1 cas répertorié tous les sept ans en moyenne pour un ORL), par atteinte de
la musculature laryngée, avec une transmission familiale autosomale dominante. Elle se traite par injection
de toxine botulique.
> Dr DELPHINE OLIVIER
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