Fiche projet scientifique
Porteur du projet : Danielle ATTIAS
Nom du Projet : croissance de l’innovation versus crise des organisations
Description : Contexte, Objectif, Originalité
Contexte
La multiplicité et la diversité des crises actuelles interrogent autant les organisations que les
systèmes socio-économiques qui les sous-tendent. Des crises industrielles, énergétiques ou
sanitaires à la dernière crise financière et économique, un constat s’impose. Ces crises font
irruption dans un contexte socio économique en plein bouleversement sans que les politiques
publiques puissent apporter des réponses efficientes et pérennes. La succession de ces crises -
rapide et brutale - est en lien évident avec la course à l’innovation. Conflits violents et crises
organisationnelles trouvent souvent leurs origines dans des gestions managériales défaillantes
[France Télécom, Continental, Ikea, Heuliez] ou encore dans des systèmes financiers opaques
et dérégulés i.e. la dernière crise financière mondiale. En effet, le management n’a pas
toujours su anticiper les changements structurels tels l’émergence de l’économie de
l’innovation, la pression des marchés, la demande croissante de financements ou encore une
gestion de l’intelligence « stockée » dans l’entreprise. L’économie de l’innovation a conduit à
multiplier de nouveaux modèles de représentation d’entreprise (business models) parfois en
décalage avec les modes de gestion des ressources humaines en interne. Cette profonde
mutation socio-économique engendre des crises qui, selon les auteurs et les disciplines, sont le
produit d’une évolution ou la manifestation d’une rupture, d’un changement radical du
système. Les crises seraient-elles inhérentes à tout système et, en conséquence, issues d’un
processus évolutif « dans l’ordre des choses » [ce que défendent les théoriciens libéraux] ou a
contrario l’arrêt d’un emballement, d’une surchauffe et le retour à un ordre antérieur, signe
d’assainissement et d’apaisement – analyse couramment défendue par les financiers.
Alors, pourquoi s’intéresser aux crises ? Parce que les crises sont un révélateur d’un
déséquilibre, traduisent un processus de dérégulation en cours. E. Morin parle des crises
comme d’un « moment de vérité » ou du moins un moment où la vérité peut se dire. C’est
aussi l’occasion d’une mise à plat du fonctionnement organisationnel et la possibilité de
s’interroger sur les relations internes/externes des organisations, sur le mode de contrôle et le
pouvoir, sur la capacité des acteurs à se mobiliser dans un contexte de changement, sur l’avant
et l’après. Cependant, si le concept de crise est polysémique (de la crise sociétale à la crise
financière), la crise se manifeste toujours par une inversion radicale d’un état d’équilibre
continu et « normal ».
L’incertitude quant à l’issue des crises contraint à imaginer des solutions nouvelles ou à créer
des process innovants. En effet, soit un dépassement de la crise est possible et une
« recomposition » est à l’œuvre, soit c’est un processus de régression avec un risque
d’implosion ou de mort du système, par exemple organisationnel.
Objectif
La littérature sur les crises, principalement en gestion et en sociologie, s’interroge sur la crise
dans l’organisation et non pas sur la crise de l’organisation. L’accent est mis soit sur le
comportement de l’acteur ou du groupe social soit sur la « gérabilité » des crises, leur
prévention [P. Lagadec et les risques nucléaires] ou sur l’apprentissage positif des crises « on
a toujours à apprendre d’une crise… ». Peu d’auteurs s’intéressent à la crise comme un