Ecrit en 2002. Elie Dumas
Scénario de Film Anti-Pub (début)
I. Descente aux enfers
1) Premières images : le héros (appelé ici David) voit une pub à la télé pour un écran
intelligent qui ferait son (sa) parfait(e) ami(e), lui qui vit seul. premières images =
pub en fond sonore.
2) Configuration de l’écran : David a du mal à configurer l’écran : elle (c’est une femme)
lui dit « bonsoir Madame » le matin, elle dérègle le chauffage, etc.… Comique.
L’écran finit par marcher correctement.
3) L’écran a de plus en plus d’influence sur la vie de David : elle lui commande elle-
même ses yaourts pour leur pseudo-qualités nutritives, elle le dégoutte de celle qui
aurait pu être la femme de sa vie, etc.… Il s’engueule avec l’écran. Plusieurs écrans
tapissent désormais chaque mur de son appartement.
Atmosphère de 1984 George Orwell
4) David se rend compte qu’il n’est plus maître à bord : il prend conscience que cet écran
n’est que l’incarnation de la pub quotidienne qui est rentrée chez lui. Il réalise
douloureusement qu’il est devenu le pantin de la pub. Ras le bol.
Première réaction de rébellion : il casse l’écran : pendant qu’il gueule contre l’écran, il
lui jette dessus sa balle de base-ball fétiche, souvenir de son père bien aimé.
symboles : sport = inverse de la pub et de la télé ; David en vient à profaner quelque
chose en quoi il tenait quasi-religieusement (balle = mémoire de son père)
5) Les innombrables écrans de l’appartement se déclenchent un à un quand David les
détruit les uns après les autres. Il se croit libéré, mais la voix lui parle encore : il
l’entend toujours dans sa tête, il l’imagine involontairement la voix avait pris
tellement de présence qu’elle hante encore l’esprit de David : voix en écho
psychédélique.
6) Fuite spatiale : pour essayer de l’oublier, David fuit son appartement : il espère que le
changement de lieu lui changera les idées. Mais dans les rues, c’est pareil, si ce n’est
pire : les immenses écrans sur les immeubles (style Las Vegas) rabâche encore les
même pubs. Il erre de ville en ville (il n’y a plus de campagne)
Cf. Fight-Club
C’est le fond du trou.
II. Combat pour la remontée
Beaucoup plus tard (un an, deux ans ??)
1) David est ermite, vie en sauvage dans les montagnes.
Cf. roman « Le Parfum » de Patrick Suskind
Le retour aux racines naturelles l’a lavé du monde « moderne », il s’est arraché à la vie
urbaine dominée par la pub et le marketing. Il a beaucoup gambergé par écrit sur le
monde dans lequel il vivait, il a même imaginé quelles nouveautés la pub pourrait
malheureusement inventer pour annihiler encore plus la culture, la personnalité des
gens, etc des marques sponsorisent des écoles (pub partout), les routes sont
utilisées comme support d’affiches publicitaires, mettre des pubs sur les chéquiers et
les billets de banques (à la place des figures de grands hommes)Toutes ces idées ne
sont que des trucs encore gentils, pas bétons : premier niveau d’anticipation (trucs qui
vont malheureusement bientôt avoir lieu).
2) Il retourne peu à peu dans la société.
Quand il revient dans le monde « civilisé », il est abasourdit de constater que ce qu’il
avait prévu s’est réalisé ; et même pire !!! Il est sur le cul : l’Histoire, à l’école, est
remplacée par des dates de pubs marquantes, les enfants récitent par cœur des slogans
et des louanges aux pubs, on leur apprend les mérites de certaines marques, la
spiritualité est mise au service de l’impérialisme des marques (des moines prient en
permanence pour le succès d’une marque, dans les églises on idolâtre les marques…)
etc.
C’est précisément le but du film : mettre en garde les gens de l’avancée fulgurante de
la pub : ce que David anticipe, ça a lieu, et même pire ; c’est comme le film lui-
même : il anticipe plein de trucs, mais il arrivera encore bien pire !
De manière très extérieure, il isole chaque ficelle de la pub : tous les mécanismes
publicitaires lui sautent aux yeux de débilité (il avait réussi à se détacher des habitudes
de la consommation). On prend les gens pour des pantins, la pub les influence comme
des moutons, elle met la pression (« édition limitée »), etc. David comprend comment
il se faisait berner, avant : revoir les mêmes pubs qu’au début mais avec un œil
critique (c’est le spectateur qui devient critique) Dénoncer ici tous les rouages de la
pub (cf. Ignacio Ramonet, ou Frédéric Beigbeder, par exemple).
David montre les absurdités du système publicitaires, ou met au point un antidote à
chaque technique pour rester maître de soi-même.
3) FINS POSSIBLES
a) Eperdument impuissant face au système, David ne parvient pas à lutter
efficacement pour retrouver le monde aux bases morales dont il rêve. L’horreur
vécue consciemment le pousse à se suicider de désespoir.
b) David accepte de vivre dans la pub, il baisse les bras s’abêtit, devient esclave et
donne raison à la pub comme tout bon citoyen.
c) Il étudie les cas du passé qui ressemblent à sa situation : la résistance
psychologique des juifs dans les camps d’extermination créer une petite
communauté spirituelle selon laquelle l’espoir d’un au-delà meilleur les unit.
Les indiens massacrés par les colons destructeurs de leur culture accepter le
changement tout en conservant ses spécificités (ils se sont intégrés dans la société
mais ont conservé leurs coutumes dans le domaine familial.)
d) David trouve des gens à qui se rallier. D’abord des clochards : comme lui, ils sont
extérieurs au système, ils le voient d’un œil critique, d’un point de vue agressif.
Cette société les rejette, alors ils rejettent la société et le système de pubs. Seuls les
clochards sont autant extérieurs à la pub, puisqu’ils ne peuvent pas consommer !
David commence par former avec eux une petite communauté qui le conforte dans
ses idées anti-pubs et l’encourage à continuer ses efforts.
Ils deviennent moins discrets, David s’affirme, fait des requêtes officielles vers les
agences de pub, vers les programmeurs des émissions de télé, mais c’est inefficace
au début.
Puis un grand nom de la pub (qui rime avec Séguéla ou Beigbeder) montre une
certaine empathie à David : lui aussi est dégoutté de ses propres pubs ; cet homme
devient un allié de taille, qui a de l’influence sur les autres compagnies.
Progressivement, ils rétablissent les valeurs d’antan.
Fin idéale : oui aux technologies modernes, mais au service de l’épanouissement de chacun,
et pas au service d’une marque destructrice. C’est la qualité d’un produit qui le rend célèbre et
qui attire naturellement les clients.
Eléments de pubs futures (anticipation) :
Niveau 1 :
- affiche de pub partout partout, surtout juste à coté de l’endroit ça
s’achète.
- les personnages (ou élément de culture d’un pays) sur les billets de banques
sont remplacées par de la pub. (déjà fait sur les chéquiers !!)
- un produit coûte pile la valeur d’un billet ; le billet prend alors le nom du
produit. Ex : ça coûte 2 Cocas et demi.
Niveau 2 : la culture, le sentiment de nation, et l’histoire du pays disparaissent au profit du
marketing.
Niveau 3 : vous dépensez sans vous en rendre compte. Fidélité par abonnements,
inscriptions, cartes, points, etc. esclavage, on vous pompe le fric sur quelque chose de,
si possible, nécessaire, voire vital. Ex : médicaments, l’air, l’eau,…
Idées : l’argent ne se mange pas. Quand il n’y aura plus rien à manger, ceux qui ont beaucoup
d’argent ne pourront tout de même pas se nourrir. On ne peut pas s’habiller avec non plus.
Levier très fort et pratique : Si l’argent est vu par les utilisateurs eux-mêmes comme mauvais
et dangereux, alors ils le supprimeront d’eux–mêmes / Limite : billets + pièces.
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