vie en collectivite et developpement psychologique de l`enfant

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D.E.J.J
Association Nationale d’Education Populaire
Agrément du Secrétariat d’Etat de la Jeunesse, aux Sports et aux Loisirs
115 Rue Breteuil - 13006 Marseille -
- Fax : 04 91 04 65 70
VIE EN COLLECTIVITE ET
DEVELOPPEMENT PSYCHOLOGIQUE DE L’ENFANT
Tout groupe social, quelqu’il soit, a pour objectif fondamental de se maintenir, se perpétuer, voire se
développer. Il est amené à maîtriser et à contrôler le renouvellement de ses membres. Si l’on prend l’exemple d’un
peuple ou d’une nation, cette maîtrise se pose en terme d’éducation (ou de « socialisation », si l’on reprend le jargon
des psychosociologues) des nouvelles générations. Par l’éducation, les « anciens » transmettent un certain nombre de
valeurs, normes, conceptions concernant tous les aspects de la vie aux générations montantes. Ceci permet à ces
jeunes, d’une part d’être des adultes adaptés à leur groupe d’origine, et d’autre part d’acquérir une identité sociale par
rapport aux membres des groupes « étrangers ».
Ce travail d’éducation nécessite un investissement énorme à tous les niveaux (matériel, affectif, financier,
symbolique etc...). Il y va de la survie du groupe. Les premières personnes impliquées dans cette action sont
évidemment les parents. Cependant, il faut bien avoir à l’esprit que le couple parental n’est que la partie visible de
« l’iceberg » éducatif. En amont et en aval de ce couple, il y a bien sûr la famille plus large (les frères et les soeurs, les
grands-parents qui jouent un grand rôle souvent méconnu dans la constitution de la personnalité du jeune), mais
d’autres agents sociaux ont aussi une grande influence, comme par exemple les institutions scolaires, les mass-média
(télévision, cinéma, livres, journaux), les centres de loisirs, les organisations idéologiques (mouvements religieux et
politique)
DE L’ENFANT VERS L’ADULTE
Le développement d’un individu est fortement marqué, induit par les multiples influences qu’il subit durant toute sa
formation. On est en droit, alors , de parler de maturation de la personnalité parce qu’elle se « construit » dans le
temps. Il est largement admis que la personnalité se « stabilise » à l’âge adulte (sauf cas particuliers qui sont plus du
registrez des troubles psychologiques, ce point ne sera pas traité ici car il déborde des limites de ce article). Plus tard,
dans le courts de sa vie tout individu peut être amené à vivre des crises, des tensions, des difficultés, mais on parlera
plus réaménagements, de remaniements de la personnalité que de véritable restructuration. Parler d’action éducative
de sens que pour la période de la vie qui va de l’enfance à la fin de l’adolescence. La personnalité est dans une
certaine mesure) encore malléable.
Cette maturation de la personnalité se manifeste par des changements à des moments assez précis : on parle
alors de stades, de phases, de périodes, de moments critiques. On a pu ainsi déterminer les grandes étapes du
développement intellectuel, affectif, psychomoteur, social, linguistique etc... Pour que son épanouissement se fasse
dans les conditions les plus satisfaisantes, l’enfant a besoin d’une « nourriture » (c’est-à-dire au sens très large du
terme, de stimulations) non seulement de qualité de la part de son environnement mais il faut que cette
« alimentation » arrive à des moments appropriés. La personnalité de l’enfant est fonction à la fois d’éléments
constitutionnels (c’est-à-dire héréditaires ou génétiques) et d’éléments acquis à partir des influences des différents
milieux où évolue ce jeune. Ceci fait que même avec l’environnement le plus satisfaisant, une enfant qui est privé de
certaines potentialités innées ne pourra pas tirer tous les bénéfices de cette éducation ; de même, on pourra penser que
certaines capacités resteront latentes chez un autre enfant parce qu’il n’a pas en la chance d’avoir un entourage
stimulant.
Les besoins, les intérêts, les capacités des enfants varient suivant l’âge. Ce qui fait que toute stimulation
(intellectuelle, affective, sociale ou autre n’est pas bonne indifféremment à tout âge. Des études ont montré que
l’éducation n’est efficace que si l’on tient compte des rythmes des enfants. Des acquisitions trop précoces ne sont pas
vraiment rentables, dans la mesure où l’on s’est rendu compte que les enfants qui n’avaient pas subi cet apprentissage
précoce arrivaient spontanément au même niveau que ceux qui l’avaient suivi. En revanche, on a remarqué qui des
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enfants privés de certaines stimulations au moment opportun, pouvaient se trouver gênés dans leur évolution future,
même s’ils recevaient après ces stimulations. L’influence du milieu (en l’occurrence, celle que désigne l’ensemble des
« éducateurs » joue un rôle décisif dans la maturation psychologique, que cette influence aille dans un sens positif ou
négatif. On a de plus grandes chances d’être dans le bon sen s si l’on reconnaît les besoins de l’enfant ainsi que les
différents moments et les différents rythmes de son évolution.
Il est certes, difficile d’agir sur ce qui est inné (encore que les récents développements de la recherche médicale
ouvrent des perspectives dans ce domaine-là), par contre on peut avoir une influence sur l’évolution dans son
environnement facilitant son épanouissement. Les mouvements de jeunesse sont une de ces structures extrêmement
intéressantes de ce point de vue.
Ils proposent des expériences de vie collective. A ce titre, ils ont un rôle éducatif. Il serait intéressant de réfléchir sur
ce qu’est cette vie en collectivité, et à quels besoins psychologiques cette action éducative répond.
LA NOTION DE VIE EN COLLECTIVITE
L’homme étant un être social par définition, on comprend intuitivement que des expériences de vie de groupe
sont nécessaires pour que l’enfant devienne un adulte adapté. L’expérience la plus banale montre qu’à partir d’un
certain moment le milieu familial ne suffit plus au jeune, il ressent le besoin de rencontrer d’autres personnes, hors du
cocon familial. Le jeune a besoin de choisir lui-même, en toute autonomie sans passer par les parents des amis. Cette
recherche d’expériences et de relations sociales nouvelles est tout à fait saine psychologiquement. Elle est fortement
liée à l’éducation transmise par la famille. Il y a des familles qui privilégient et qui favorisent beaucoup la vie sociale
de leur enfant. Cela est une très bonne chose. Dans d’autres cas, malheureusement on trouve des familles closes sur
elles-mêmes, en fait closes sur l’enfant. Si le jeune voit que ses parents ont une vie sociale riche et qui leur procure
beaucoup de plaisir,, il sera d’autant poussé lui-même à recherche des expériences de vie sociale. Si la famille est trop
fermée à tout ce qui peut être relations extérieures, le jeune pourra peut-être éprouver des difficultés à entrer en
relation avec autrui.
De toute façon, quelque soit le cas de figure, le mouvement de jeunesse est une bonne indication pour ces jeunes.
Même si l’intégration de certains qui ont quelques problèmes relationnels peut exiger peut-être pus de disponibilité de
la part des animateurs. Le mouvement de jeunesse met le jeune en contact d’autres jeunes, avec un projet d’action sur
la personnalité de ces jeunes. Il existe de nombreuses autres organisations qui « gèrent » des groupes d’enfants,
comme par exemple les écoles, les centres aérés, les patronages, les internats etc... Ce sont aussi des lieux de vie en
collectivité. Elles ont des objectifs multiples : l’instruction, les loisirs, le remplacement de familles défaillantes. Dans
le cas des mouvements de jeunesse, il y a une volonté plus ou moins clairement exprimée de « former » un certain
type d’adulte, avec certaines qualités, options et valeurs.
Cet objectif peut être explicite ou non les animateurs peuvent en avoir conscience ou non, il est présent. Le
moyen utilisé pour atteindre cet objectif est évidemment des activités de groupe, le groupe, l’animateur a un outil
pédagogique privilégié pour faire évoluer les jeunes. ou d’opposition mais aussi des solidarités et des échanges, des
petites injustices mais aussi des
grandes collaborations. Il y a des leaders et il y a des marginalisés. On pourrait trouver un reflet de la vie sociale
globale. Lors des activités proposées dans les mouvements de jeunesse,
Un mouvement de jeunesse, dans une certaine mesure, peut être décrit comme une « mini-société ». Il y a des règles à
ne pas transgresser, il y a des « bous », toutes les personnes qui en font partie ont des staturs, des rôles plus ou moins
précis. On peut se trouver en face de conflits
les jeunes se frottent à d’autres jeunes de la même génération. Ils seront tous, demain, les adultes qui gèreront la
société.
On comprend en quoi ces expériences de relations interpersonnelles sont nécessaires au jeune. En lui donnant le goût
de la vie en groupe , elles permettent l’épanouissement de toutes ses capacités d’entrer en relation avec un « autrui ».
Cet autrui qui peut être un modèle qu’on voudrait imiter, mais aussi un adversaire (voire un ennemi) qui possède tous
les défauts du monde qu’on ne supporte pas ce que l’on voudrait éliminer, ou plus simplement un concurrent qu’on
voudrait combattre et qui oblige à faire toujours mieux ou à aller toujours plus loin...
L’éducation a des bénéfiques parce qu’elle favorise et développe certaines capacités psychologiques, nous allons voir
lesquelles.
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EDUCATION COLLECTIVE ET BESOINS DES ENFANTS
La sociabilité est la capacité que l’on a à nouer des relations avec les autres et de vivre en collectivité. Ce
n’est pas une chose aussi facile que l’on croit même si cela paraît évident. C’est bien sûr sur cet aspect là de la
personnalité que la vie en collectivité est la plus utile et la plus riche.
Dans les différentes activités de loisirs, se jouent des situations où les différents intérêts, celui des enfants et
éventuellement celui de la collectivité peuvent s’affronter. Les désirs de chaque enfant ne convergent pas toujours il
faut alors apprendre à négocier, trouver des compromis. L’enfant peut même être amené à renoncer à des projets qui
le tiennent à coeur. Il y a un apprentissage douloureux qui amène le jeune à maîtriser son égocentrisme spontané et )
tenir compte des autres. En fait, il y a une sorte de déplacement de l’objet de son égocentrisme : ce n’est plu lui mais
son groupe qui devient son centre d’intérêt. C’ est une forme d’éducation morale qui est proposée là.
D’autres besoins psychologiques fondamentaux sont satisfaits par cette forme d’éducation, comme par exemple
appartenir à un groupe être reconnu et estimé, être soutenu par autrui. Apprendre à communique, à échanger avec
l’autre. Prendre conscience que rien n’est dû, que pour recevoir il faut donner. Tout cela ne peut être acquis que dans
le cadre d’une éducation collective que peut offrir les mouvements de jeunesse.
La collectivité valorise aussi d’autres capacités psychologiques importantes pour l’épanouissement de l’enfant
: l’imagination et la créativité. Il y a évidemment plus d’idées dans plusieurs têtes que dans une seule tête. De plus, la
présence d’autres enfants stimule et permet même un certain esprit d’émulation et de compétition. A cela s’ajoute le
climat particulier des groupes qui favorise une certaine liberté d’expression. Tous ces éléments font que les jeunes
sont amenés à dépasser leurs propres limites, à lever leurs propres inhibitions qui peuvent brider leur imaginaire.
Cette créativité se manifeste, s’extériorise en « objets » qui ont une grande importance affective. Les « créateurs » ont
pu réaliser quelque chose de « bon » à leurs yeux mais aussi pour autrui. Créer c’est lutter contre la destruction, c’est
toujours une victoire sur le néant...sur la mort.
Cette créativité existe chez tout un chacun, mais les possibilités de création ne sont données qu’à quelques
uns, malheureusement. être amené à investir beaucoup affectivement. Cet investissement a parfois pour objet
l’animateur. Celui-ci doit savoir utiliser cette « charge » affective dans l’intérêt du jeune.
L’affectivité, ce n’est pas seulement l’amour, c’est aussi l’agressivité. La vie de groupe permet de maîtriser
cette agressivité. Le jeune peut presque en jouer et ainsi prendre du recul. Les Toutes nos actions, toutes nos
expériences sont colorées par notre affectivité. C’est ce que nous exprimons dans nos discours en termes d’agréabledésagréable , plaisir-souffrance, amour-haine. Entre ces pôles opposés de la vie psychique, on trouve évidemment
toutes les nuances des états affectifs. Or l’affectivité tient une très grande place chez le jeune. Elle est aussi très
présente chez l’adulte, mais ce dernier la maîtrise mieux. Dans ces relations avec les autres, le jeune peut
compétitions, les plaisanteries, l’humour sont des moyens pour canaliser et utiliser d’une manière socialement
acceptable cette agressivité naturelle.
L’animateur doit être sensible à ces climats de groupe, sinon des tensions peuvent naître qui peuvent être
difficilement maîtrisables. C’est tensions peuvent même être mortelles pour l’avenir du groupe. Le désintérêt, la
passivité, les conflits entre les jeunes, les chahuts ou même les oppositions à tout ce que peut proposer l’animateur
sont différents symptômes du dysfonctionnement du groupe. Le moniteur est partie prenante de ces tensions de
groupe, il n’est pas extérieur à ce qui se passe. Quand des problèmes de ce type se posent, on a trop facilement
tendance à considérer que c’est la « faute » du groupe ou de quelques « mauvais éléments » qui perturbent les
activités. Ceci dit, même si l’affectivité joue un grand rôle dans la vie des groupes, on n’arrive pas heureusement à de
telles extrémités.
Les stimulations existent aussi au niveau intellectuel et culturel dans ce type d’expériences collectives. Le
jeune se trouve bombardé de nombreuses informations. Les autres enfants, l’animateur, les différentes activités
proposées (jeux, activités manuelle, visites, activités artistiques) sont autant de « donneurs » d’informations. Cest
acquisitions sont d’une autres qualité que celles qui viennent de l’école. Dans la mesure, où elles sont faites à partir
d’intérêts des jeunes, dans un esprit ludique, et dans une activité pratique, concrète. Les jeunes se sentent impliqués
(où alors ils ne participent pas.. et sont dans un échange perpétuel avec d’autres. Toutes ces caractéristiques
s’opposent presque terme à terme avec ce qui se fait à l’école : les apprentissages sont livresques, et l’enseignement
est individualiste et induit le jeune à la passivité dans une relation de dépendance maître-élève, et bien sûr il y a une
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atmosphère d’obligation. On peut penser que ce qui se fait dans les mouvements de jeunesse est très proche de ces
pédagogies nouvelles actives qui n’ont pas vraiment réussi à s’implanter à l’Education Nationale.
On terminera sur un dernier point qui est le développement psycho-moteur. On y pense pas, mais l’apport des
différents activités sur la maîtrise psychomotrice n’est pas négligeable. L’enfant n’est pas seulement un esprit qui
mûri c’est aussi un corps qui se « construit ». Le jeune a un besoin perpétuel de le faire bouger, d’où l’importance des
activités physiques. Le jeune peut ainsi faire des progrès dans l’adresse, dans la force, dans la souplesse, dans l’effort.
Et il n’y a pas seulement le corps-effort, comme dans les activités sportives, il y a aussi le corps-plaisir dans la danse,
le maquillage, le déguisement... . Etre bien dans sa peau est à prendre au mot, et pas seulement sur le plan de la
métaphore.
EN GUISE DE CONCLUSION
On aura compris que les mouvements de jeunesse ont un rôle éducatif important pour aider les jeunes à
devenir des adultes épanouis. C’est-à-dire des hommes et des femmes capables de s’identifier aux valeurs de la
société globale sans trop sacrifier à leur spontanéité personnelle. Ou autrement dit des adultes capables de satisfaire
leurs besoins psychologiques sans être antisociaux, sans esquiver la prise de responsabilité en vue de maintenir ou de modifier éventuellement la société là où ils
se trouvent.
La fonction des animateurs (ou des moniteurs) des mouvements de jeunesse est bien sûr fondamentale. Se
pose, alors, la question de leur recrutement, leurs motivations et de leur éventuelle formation pour ce type de pratique
éducative.
Une seconde question ouverte est celle des rapports entre le mouvement de jeunesse et les familles. Pour que
le jeune tire le maximum des bénéfices des activités proposées par le mouvement, il est nécessaire que les valeurs
dispensées par le milieu familial ne soient pas en opposition avec celles développées par le mouvement de jeunesse.
La manière dont la famille valorise ou non ce type d’éducation collective a une influence sur l’intérêt ou le désintérêt
de l’enfant. Ce qu’apport la famille doit être complémentaire à ce qu’apporte le mouvement de jeunesse et non en
contradiction, sinon aucun travail réellement éducatif ne pourra être fait. Et le grand perdant risque d’être l’enfant.
D’où la nécessité urgente de réfléchir sur des formes de collaboration ou de dialogues entre les mouvements
de jeunesse et les familles.
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