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Pour parler de choc pétrolier, il faut donc une augmentation très
importante du prix du baril sur un an ou moins. Lors du 1er choc pétrolier de
janvier 1974, le prix réel du baril avait bondi de 132 % en un mois. Lors du
2e choc pétrolier du début des années 80, le prix réel avait fait un bond de 117 %
en avril 1980 par rapport à avril 1979. Lors de la 1ère guerre d’Irak, le prix réel du
pétrole avait bondi de 107 % entre juin 1990 et octobre 1990. Dans les trois cas,
l’économie américaine et l’économie mondiale sont tombées en récession.
D’août 2003 à août 2004, le prix réel du baril de pétrole de type WTI a
bondi de 39 %. Depuis deux ans, il a augmenté de 51 % en utilisant un prix
moyen de 45 dollars américains pour le mois d’août 2004. Il faudrait donc que le
prix du baril s’élève à 60 dollars ou plus le baril pour que l’économie américaine
et l’économie mondiale tombe en récession. Le prix actuel est toutefois déjà un
facteur important de ralentissement de l’économie américaine.
Pourquoi sommes-nous si vulnérable ?
Les risques d’une flambée additionnelle des prix sont particulièrement
grands parce que pour la première fois la demande est aussi grande que la capacité
de production disponible à court terme. La reprise économique mondiale a
entraîné une augmentation de la demande globale estimée à 3,2 % comparée à
plus ou moins 2 % au cours des dix dernières années. La demande globale de
2004 est estimée à 82,2 millions de barils par jour. Le rationnement de l’offre
n’est donc pas intentionnel de la part des producteurs comme ce fut le cas lors des
deux premiers chocs pétroliers. On peut dire que tous les pays produisent à pleine
capacité alors que pour effectivement stabiliser les prix il faudrait que l’OPEP ait
une capacité excédentaire de près de 4 %. À court terme, il y a peu de chose que
les producteurs peuvent faire puisque le développement des nouveaux puits ou
des centres de production pour les sables bitumineux d’Alberta, prend en
moyenne deux ans plutôt que quelques mois pour mettre en marche de nouvelles
unités de production. À court terme, nous sommes donc à la merci d’un acte
terroriste sur les installations pétrolières d’Arabie saoudite ou d’une détérioration
de la situation politique au Nigeria, au Venezuela, en Russie, sans parler de l’Irak,
entraînant un arrêt significatif de la production pendant quelques mois.
Pour tenter de stopper l’ascension du prix du pétrole, l’Administration
américaine pourrait au moins arrêter les achats destinés aux réserves stratégiques
dont les stocks s’élevaient à 978 millions de barils en août 2004. Ses achats ont
été de 49 millions de barils depuis le début de l’année. Mais là encore l’objectif
des réserves stratégiques est de répondre aux pénuries en cas d’interruption de
l’offre et non pas de stabiliser le prix du pétrole. Même si l’Administration
américaine le voulait, il ne faut pas oublier que cela ne représente que 49 jours de
consommation de l’économie américaine.