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Matière première; Pourquoi le pétrole ne devrait pas descendre sous les 100 dollars le baril
Pascale Besses-Boumard
26 avril 2012
La Tribune
Réunis à Lausanne le week-end dernier, les traders pétroliers ont estimé que tous les éléments
actuels militaient en faveur d'un pétrole cher. Mais pas au delà de 125/130 dollars le baril de
Brent. Sous peine de mettre en péril l'économie mondiale, les producteurs et... les responsables
politiques.
Les prix du pétrole vont-ils encore monter ? Les niveaux actuels sont-ils tenables pour
l'économie mondiale ? C'est bien la question que se posent aujourd'hui tous les économistes et
les professionnels du secteur. A commencer par les responsables des cinq plus grosses maisons
internationales de trading sur pétrole réunis ce week-end à Lausanne dans le cadre d'un sommet
international sur les matières premières. Un problème d'autant plus d'actualité que le Brent a
enregistré ce mois un nouveau record : pour la première fois, il s'est négocié au dessus de la
barre des 100 dollars plus de 200 jours d'affilés.
En 2008, lorsque l'or noir avait atteint son pic historique à 147 dollars, il n'avait tenu au dessus
des 100 dollars « que » 147 jours consécutifs. Et si l'on en croit, les spécialistes, le Brent
pourrait bel et bien rester au-delà de cette barre symbolique encore un bon moment. « A court
terme, il semble impossible de disposer d'une offre conséquente supplémentaire, offre qui
pourrait avoir un impact à la baisse sur les prix », indique Ian Taylor, directeur général de Vitol,
la plus grande institution de trading pétrolier au monde, selon les propos rapportés par le
Financial Times. Quant à Alex Beard de chez Glencore, il ne voit pas le baril descendre en deça
de la barre des 95/100 dollars d'ici à très longtemps.
Un demande importante venant des pays émergents L'évolution des prix de l'or noir est
effectivement primordiale pour l'économie mondiale, une inflation trop importante pouvant
provoquer une récession. Tendance que regarde d'ailleurs de très près Obama, lui aussi très
dépendant des soubresauts de cette matière première en cette période électorale. Si les
traders sont assez unanimes pour anticiper une orientation à la hausse des prix de l'or noir c'est
essentiellement parce qu'ils prévoient tous une demande toujours plus soutenue. Et ce, en dépit
des signes plus que fragiles d'une reprise économique.
Pour eux, ce mouvement de fond provient d'un effet de ciseau très net : d'un côté, une demande
toujours importante de la part des pays émergents et plus particulièrement de la Chine et de
l'autre une production en baisse que ce soit en mer du Nord, au Yémen, en Syrie, au nord Soudan
ou en Argentine. Serpent qui se mord la queue : ces difficultés croissantes à trouver du pétrole
accroissent les coûts d'extraction, eux même répercutés dans les prix finaux.
L'OPEP estime raisonnable un cours de 90/100 dollars le baril
En même temps, les problèmes politiques connus au Moyen-Orient jouent aussi un rôle crucial. La
production iranienne est à un point bas de dix ans et pourrait retrouver les niveaux de la guerre
irano-irakienne de 1980. Les volontés individuelle et collective des membres de l'OPEP sont aussi
déterminantes. « Or ceux-ci semblent trouver raisonnable un prix moyen de 90/100 dollars le
baril », estime David Fyfe de l'Agence Internationale de l'Energie. Raison pour laquelle, les prix
sont récemment revenus d'un plus haut de 125 dollars à 118,75 dollars aujourd'hui.
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Les traders réunis à Lausanne sont d'ailleurs convaincus que le baril peut aller jusqu'à 130
dollars mais qu'il ne pourra très certainement pas le dépasser, compte tenu des risques
économiques encourus. « A 125 dollars le baril, le prix du pétrole est trop élevé tant pour nos
économies que pour les producteurs et les politiciens », convient Pierre Barbé, à la tête des
activités de trading chez Total, tout en reconnaissant qu'il n'entrevoit pas pour autant une forte
baisse à court terme. Reste l'alternative du gaz naturel. Les cours de cette énergie sont à des
plus bas de dix ans, les écarts de prix avec le pétrole n'ayant jamais été aussi importants. Un
gap qui pourrait se combler dans les prochaines semaines. Soit par une hausse des prix du gaz,
soit par une baisse de ceux du pétrole.
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