Histoire des idées politiques (rappel historique)
Connaître l’évolution des idées politiques, économiques et sociales permet de mieux comprendre la
signification des changements de l’ordre politique ou de l’aménagement juridique de la société.
Pendant plusieurs siècles, la société européenne et notamment française a été dominée par les valeurs
des penseurs de l’Antiquité grecque, puis de la chrétienté. Le XVIIIe siècle et les révolutions ont mis à
l’honneur le débat politique et la réflexion sur l’État, la nation, la citoyenneté, les droits de l’homme.
Enfin, les sociétés contemporaines ont été bouleversées par les idées nées du mouvement socialiste et
du nationalisme autoritaire.
Les idées maîtresses des principaux penseurs de ces différents mouvements seront brièvement
analysées. Le choix est nécessairement réducteur. Une étude plus approfondie de 40 grands ouvrages
politiques pourra être trouvée avec profit pour ceux qui souhaitent approfondir cette thématique dans
Les grandes œuvres politiques de Gérard Mairet (Livre de poche).
1. LA PENSEE ANTIQUE
1.1. Platon
- Né en 428 av. J.-C.
- Principales œuvres : La République, La politique, Les lois.
Platon est considéré comme le premier théoricien de la lutte des classes. Sa philosophie conservatrice
et totalitaire prône une société inégalitaire et non libérale, où le destin de l’homme est lié à la société.
Il a développé l’idée de 4 formes de gouvernement :
- la timocratie, le gouvernement par l’honneur, dirigé par la caste des chefs vertueux, voués à l’intérêt
général, et fondé sur une séparation des pouvoirs. Mais Platon reconnaît le risque de déviance vers
l’oligarchie. Ce système est celui des cités grecques archaïques ;
- l’oligarchie, fondée sur le critère de la richesse. Pour Platon, il s’agit d’un système perverti,
dangereux pour la société car porteur de divisions et d’affaiblissement en cas d’attaques extérieures ;
- la démocratie, gouvernement des pauvres contre les riches. Ce système est également condamné car
le pouvoir n’appartient pas aux plus sages, mais aux plus démagogues, et ne respecte pas la
spécialisation des castes qui fait la force des cités ;
- la tyrannie, gouvernement d’un homme agissant pour ses intérêts. Ce système est condamnable pour
Platon, sauf si le tyran peut être orienté dans ses choix par un philosophe.
Ces 4 formes se succèdent : à l’âge d’or timocratique de la Grèce archaïque apparaissent cupidité et
soif de pouvoir, entraînant une oligarchie à accaparer le pouvoir. Les révoltes populaires conduisent à
la démocratie. Celle-ci entraîne nécessairement une mauvaise gestion et des crises, qui suscitent la
recherche d’un protecteur, le tyran. Celui-ci a alors besoin de la guerre pour maintenir son pouvoir et
susciter une unité autour de sa personne, entraînant ruine et risque de domination étrangère. Le
philosophe est seul capable de trouver la vraie voie. Avec le mythe de la caverne, Platon montre que
l’homme ne peut connaître toute la vérité. Platon tire la conclusion qu’il ne faut pas modifier la
société originelle. Il préconise une cité idéale composée de trois groupes : les gardiens parfaits
(gouvernants), les guerriers et les travailleurs. Ces castes sont fonction de la naissance, mais des
évolutions sont possibles selon les compétences personnelles. L’éducation tant physique
qu’intellectuelle est essentielle pour les gouvernants et les guerriers. Le philosophe a un rôle social
primordial à jouer.