2. INDICATIONS ET MODALITES DU DEPISTAGE DE L'INFECTION PAR LE VIH
La pneumopathie aiguë communautaire de Mme M. n'était pas en elle même une indication
à la prescription d'une sérologie VIH. C'est devant les anomalies du bilan biologique
(hyperprotidémie, anomalie de la NFS) que la sérologie s'est imposée.
Si le diagnostic d'infection par le VIH n'avait pas été réalisé aux urgences, Mme M. aurait fait partie
des 50 000 personnes en moyenne infectées par le VIH mais ignorant leur séropositivité (année
2008). Cette prévalence de l'infection par le VIH non diagnostiquée est lié à un retard de dépistage
dont certains facteurs ont été mis en évidence (âge ≥ 30 ans, mode de transmission autre que par
rapports homosexuels, femmes migrantes, sexe masculin, le fait d’être en couple et le fait d’avoir
des enfants).
Mais est ce que les anomalies observées sur le bilan biologique de Mme M. étaient une bonne
indication à réaliser une sérologie VIH ?
Selon les récentes conférences de consensus, le dépistage du VIH doit être systématiquement
proposé dans les cas suivants et réalisé après accord du patient :
un test de dépistage à toutes les personnes de 15 à 70 ans hors notion d'exposition à un
risque, avec pour principaux acteurs du dépistage les médecins généralistes (en cours
d'évaluation)
personnes ayant des facteurs de risques connus: homosexuels masculins, usagers de drogues
par voie intraveineuse, travailleurs du sexe, personnes originaires d'une zone à forte endémie
(Afrique sub-saharienne, Guyane), avec dépistage annuel
lors d'une suspicion d'infection sexuellement transmissible/HBV/HCV, d'un risque
d'exposition au VIH (relations sexuelles non protégées, viol), lors d'une première
prescription de contraception, en cours d'incarcération
au décours d'une grossesse (ou projet de grossesse), à tous les futurs pères
régulièrement pour les partenaires des personnes infectées par le VIH
en cas de tableau cliniquement ou biologiquement évocateur de VIH
Il s'agit donc de rappeler aussi les signes cliniques évocateurs d'une infection VIH:
en phase de primo-infection pouvant réalisant un tableau de syndrome viral aigu persistant:
fièvre, amaigrissement, éruption cutanée maculo-papuleuse, ulcérations buccales et/ou génitales,
adénopathies disséminées, myalgies/arthralgies, pharyngite, troubles digestifs, céphalées, autres
signes neurologiques (paralysie faciale périphérique, méningo-encéphalite, mononévrite)
zona, candidose buccale ou génitale, leucoplasie chevelue de la langue, diarrhée chronique,
sueurs nocturnes, cachexie
infections opportunistes: candidose œsophagienne, tuberculose, pneumocystose, toxoplasmose
cérébrale, infection à CMV, infections à cryptocoque
cancers: lymphomes, sarcome de Kaposi, cancers invasifs du col utérin, LEMP
Par ailleurs, des anomalies biologiques doivent faire penser à l'infection par le VIH: leucopénie,
thrombopénie, anémie, syndrome mononucléosique (hyperlymphocytose avec grands lymphocytes
basophiles), cytolyse hépatique, hyperprotidémie, hypergammaglobulinémie polyclonale